Le vent nocturne s'engouffrait dans la pièce par une fenêtre mal fermée, soulevant des papiers éparpillés au sol. La lumière tamisée de la lampe vacillait, projetant des ombres déformées sur les murs fissurés. Assis sur un matelas trop mince pour être confortable, il fixait un écran de téléphone fissuré, ses doigts crispés autour de l'appareil.
Un message venait de s'afficher :
"Nous avons le regret de vous informer que votre candidature n'a pas été retenue."
C'était la quinzième fois ce mois-ci. Quinze tentatives. Quinze échecs.
Il poussa un soupir tremblant et laissa tomber son téléphone sur le lit. Une sensation de vide s'insinua dans sa poitrine, une impression d'inutilité qui ne cessait de croître ces derniers mois.
Il avait tout essayé.
Depuis qu'il avait été banni de chez lui, il avait enchaîné les petits boulots, supplié des employeurs, dormi dans des foyers, et vendu ce qui lui restait de valeur pour tenir encore un peu. Mais peu importe ses efforts, la vie semblait avoir déjà décidé qu'il n'était qu'un échec ambulant.
Son dernier entretien, il y avait mis tout ce qui lui restait d'énergie. Il avait préparé chaque réponse, tenté d'afficher un sourire confiant malgré la fatigue qui pesait sur ses épaules. Mais dès qu'il était entré dans la salle, il avait vu le regard de son interlocuteur. Ce regard qui disait "Tu n'es pas ce qu'on cherche."
Alors à quoi bon ?
Un passé effacé
Il se leva lentement et marcha vers la fenêtre.
Il se souvenait encore des derniers mots de son père :
"Tu n'as jamais été qu'un poids mort. Si tu quittes cette maison, ne reviens jamais."
Il était parti sans se retourner, convaincu qu'il leur prouverait qu'ils avaient tort. Mais aujourd'hui, il n'était plus sûr de rien.
Il jeta un coup d'œil à l'extérieur. La rue était vide, éclairée seulement par quelques lampadaires fatigués. Le bruit lointain d'un klaxon résonna quelque part dans la ville, vite étouffé par le silence pesant de la nuit.
La hauteur était suffisante. Une chute rapide. Une fin certaine.
Il grimpa sur le rebord de la fenêtre, les orteils agrippant le métal froid.
Le vent fouetta son visage, glissant sur sa peau comme une caresse glaciale. Il inspira profondément.
Un pas. Un seul.
Mais au moment où il s'apprêtait à lâcher prise, une vibration retentit dans le silence.
Son téléphone.
Il fronça les sourcils et hésita un instant avant de descendre du rebord. Il attrapa l'appareil d'une main tremblante.
Un message d'un numéro inconnu.
> "Vous êtes invité à participer à Tower Games."
Son souffle se coupa.
Il fixa l'écran, incapable de détourner le regard.
La Tour…
Tout le monde connaissait Tower Games.
Diffusée en direct dans le monde entier, cette émission était à la fois un jeu et une condamnation. Les participants y entraient en sachant qu'ils n'en ressortiraient probablement pas vivants.
La Tour, un immense édifice aux origines inconnues, servait d'arène pour une série d'épreuves aussi sadiques qu'imprévisibles. Certains disaient que seuls les désespérés recevaient l'invitation. D'autres affirmaient que c'était un programme orchestré par une organisation secrète, au-delà des lois et des gouvernements.
Mais une chose était sûre : personne ne savait où elle se trouvait.
Et pourtant, il venait de recevoir cette invitation.
Son cœur battait à tout rompre. Ses mains tremblaient.
Il aurait pu ignorer le message. Bloquer le numéro.
Mais qu'avait-il à perdre ?
Il hésita, puis tapa une réponse.
> "Qui êtes-vous ?"
Quelques secondes passèrent avant qu'une réponse n'apparaisse.
> "Un recruteur. Nous cherchons ceux qui n'ont plus rien à perdre."
Un frisson parcourut son échine.
> "Pourquoi moi ?"
> "Parce que vous étiez sur le point de faire un choix définitif. Nous vous offrons une autre option."
Ses yeux s'écarquillèrent.
Comment pouvaient-ils savoir ce qu'il allait faire ?
Il se retourna, parcourant la pièce du regard, une sensation oppressante s'installant dans son estomac.
Il tapa à nouveau.
> "Qu'est-ce que je dois faire ?"
Aucune réponse.
Seulement trois coups frappés à sa porte.
Il se figea.
L'air sembla se raréfier dans la pièce.
Son regard glissa vers la poignée. Il déglutit difficilement et s'approcha à pas lents.
Sa main trembla lorsqu'il ouvrit la porte.
Trois hommes se tenaient devant lui, vêtus de longues capes sombres. Leurs visages étaient masqués par des têtes de corbeaux aux yeux vides et brillants.
L'un d'eux tendit une enveloppe scellée.
— Bienvenue dans Tower Games.
Sa gorge était sèche.
Il hésita avant de prendre l'enveloppe d'une main fébrile.
Il savait qu'il aurait dû refuser. Qu'il aurait dû refermer la porte et oublier cet instant.
Mais il ne le fit pas.
Parce que pour la première fois depuis longtemps… quelqu'un lui offrait une chance.
Et peu importait ce qui l'attendait dans la Tour, il savait une chose :
Il préférait mourir en jouant… plutôt que disparaître sans que personne ne se souvienne de lui.