Ugh…
Une douleur sourde lui martelait le crâne, et son estomac criait famine.
Ken reprenait doucement conscience, mais un poids écrasant semblait peser sur son corps. Il essaya d'ouvrir les yeux, pourtant…
Qu'est-ce qui se passe ?
Une sensation étrange le parcourait. Ce léger balancement, cette vibration constante sous lui… Il connaissait trop bien cette impression. Il était en mouvement.
Une voiture ?
Toujours incapable d'ouvrir les yeux, il ne pouvait que deviner sa situation. Mais une chose était certaine : il n'était plus sur un banc. Non, il était assis… sur un siège.
Et il avait raison.
Ken se trouvait actuellement à l'arrière d'un van noir, celui-là même qui s'était arrêté devant lui juste avant qu'il ne perde connaissance. En d'autres termes…
Il venait de se faire kidnapper.
Un frisson glacé lui parcourut l'échine.
Il tenta de rouvrir les yeux, sans succès. Ce n'était pas la douleur qui l'en empêchait. Non…
Mes yeux… Pourquoi… ?
Une réalisation brutale lui traversa l'esprit.
Ils sont bandés. Merde !
Sa respiration s'accéléra. Il essaya de parler, mais un grognement étouffé sortit à la place.
Ugh ! Ugh !
Sa bouche était scotchée.
Pris de panique, il essaya de bouger les mains… Impossible. Elles étaient solidement attachées l'une contre l'autre. Ses jambes aussi.
Putain de merde, c'est quoi ce bordel ?! Quelqu'un peut m'expliquer ce qui se passe ?!
Il se débattit, remuant frénétiquement sur son siège. Ses muscles tendus criaient protestation, mais ses liens ne cédèrent pas d'un millimètre.
Puis soudain—
« Tout doux, mon grand… Calme-toi. »
Une voix masculine, moqueuse, résonna juste à côté de lui.
Ken se figea.
Un frisson désagréable lui parcourut le corps. Une pression froide, métallique, venait de se poser contre son front.
Un flingue… ?
Son cœur rata un battement. L'objet sur sa peau… C'était indiscutablement un pistolet. Un Desert Eagle.
L'homme qui lui faisait face accentua la pression du canon, comme pour savourer son impuissance.
« ... Avant que tu ne reçoives un joli petit trou dans le cerveau avant l'heure. »
La menace était claire. Pourtant, quelque chose clochait.
Ken aurait dû être terrifié. Il aurait dû trembler, sentir l'adrénaline l'envahir, son instinct de survie hurler à son cerveau de réagir.
Mais rien de tout ça n'arriva.
Hein ?
Son esprit bouillonnait, incapable de comprendre ce qui lui arrivait.
Pourquoi… Pourquoi est-ce que je suis aussi calme ?
Son cœur battait normalement. Son souffle était stable. Pas une goutte de sueur, pas un seul tremblement.
C'était… bizarre.
C'est une blague ?
Il tenta d'évaluer la situation.
Ok, mettons les choses au clair. Je viens de me faire kidnapper. On m'a ligoté, bâillonné, bandé les yeux, et en plus, j'ai un flingue sur le front. Alors, quelqu'un peut m'expliquer…
Pourquoi est-ce que je suis aussi détendu ?!
Il força son esprit à analyser son propre corps, cherchant une explication rationnelle. Son cœur ne battait pas plus vite qu'en temps normal. Son souffle était maîtrisé, sans effort. Il ne ressentait aucune peur.
Je suis devenu insensible à la peur ?
Non. Ce n'était pas ça. Il se souvenait encore de ce que c'était que d'avoir peur. Son passé en était rempli. La peur, il la connaissait trop bien.
Mais là…
C'était comme si son corps entier lui murmurait :
Un flingue ? Et alors ?
L'homme à côté de lui fredonna un air joyeux, tapotant son front avec l'arme de temps à autre.
Mais Ken… ne ressentait toujours rien.
Pas d'effroi, pas de rage, pas même de curiosité.
Juste… une indifférence glaciale.
Une pensée absurde lui traversa l'esprit.
C'est donc ça, perdre la raison ?
Oui… Ce serait plus logique que je sois devenu fou.
Après tout ce que j'ai traversé… ce ne serait pas étonnant.
La voiture continuait d'avancer, l'ambiance à l'intérieur toujours aussi pesante, sans aucun véritable changement. Mais en réalité, Ken était en train de vivre quelque chose de totalement inédit.
Je ne rêve pas, hein ?
Jusqu'à il y a à peine quelques heures, son instinct était celui d'un humain ordinaire. Mais en cet instant précis… quelque chose avait changé.
Son corps, ou plutôt son intuition, lui murmurait quelque chose d'absurde.
Si je le voulais… je pourrais neutraliser l'homme à côté de moi.
Pas seulement lui.
Je pourrais aussi maîtriser le conducteur—probablement son complice—et sortir de cette voiture sans encombre.
Et cela, malgré les contraintes qui l'entravaient.
Une telle pensée aurait dû le faire rire. Comment pourrait-il se battre, attaché comme il l'était ?
Non… Ce n'est pas juste une pensée.
Ce n'était pas un simple fantasme d'évasion d'un esprit désespéré.
C'était une certitude.
C'est insensé…
Son esprit dessinait déjà un plan d'attaque précis. Chaque mouvement, chaque coup porté, chaque réaction de ses adversaires. Tout était limpide.
C'était comme… un programme préinstallé dans son cerveau.
Un rictus imperceptible, à peine visible sous le ruban adhésif qui scellait sa bouche, étira ses lèvres.
Depuis quand… je pense comme ça ?
Puis, soudainement, un souvenir lui traversa l'esprit.
CQC.
Son cœur manqua un battement.
Peu importe comment j'y réfléchis… Ce schéma ressemble au CQC que j'ai vu dans ce film !
Les images défilaient dans sa mémoire. Des scènes de combat rapproché, des techniques de neutralisation… Mais pourquoi ?
Puis, comme un écho lointain, une autre mémoire ressurgit.
[ Privilège permanent 'Expert en CQC' accordé.
Fin de la période gratuite. ]
… Hein ?
Il se souvint.
Plutôt, il avait vu quelque chose. Un écran bleu. Une voix robotique avant de s'évanouir
Je n'avais pas halluciné…
Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait que cette voix était intimement liée au sang-froid anormal qu'il éprouvait en ce moment. À cette confiance absurde, presque surnaturelle.
Il doutait encore. Mais une chose était certaine :
Je peux les maîtriser.
Il en était sûr.
Pas une vague impression. Pas une hypothèse.
Une certitude absolue.
Son instinct ne mentait pas. Il savait que, d'une manière ou d'une autre, il pouvait gagner.
Imaginer un plan, c'est une chose. Le mettre en pratique, c'en est une autre…
Il inspira profondément, ralentissant volontairement son rythme cardiaque.
Je vais attendre encore un peu.
Tout ce qui lui arrivait aujourd'hui était insensé. Une suite d'événements qu'aucune logique ne pouvait expliquer.
Il ne comprenait plus rien.
Ses repères, ses croyances… tout s'effondrait.
Non… Ce n'est pas la réalité. C'est un cauchemar.
Un simple rêve délirant dont il espérait se réveiller au plus vite.
… Soupir.
Il expira lentement, tentant de se calmer.
Mais comme si l'univers s'acharnait contre lui, un nouvel événement brisa ce fragile équilibre.
Une interface bleue apparut brusquement devant ses yeux bandés.
Hein… ?!
Il ne voyait rien... Pourtant, cette interface bleue était parfaitement visible.
Des inscriptions apparurent sous ses yeux, suivies de cette même voix mécanique, implacable.
[ Quête trimestrielle obligatoire - Niveau 1 : Barman
Durée : 2 semaines
Compétences payantes :
Serveur expert : 10 000 ¥ (1 semaine)
Expert en commérage : 1 000 ¥ (1 semaine)
Expert nettoyeur : 100 ¥ (1 semaine)
Pénalité en cas d'échec : -100 000 ¥
Pénalité en cas d'impossibilité de paiement : Mort. ]
Ken cessa de respirer.
OH. MON. DIEU.