Trois années s'étaient écoulées. Trois ans durant lesquels Sora s'était préparée dans l'ombre, mûrissant son plan avec une seule idée en tête : la vengeance.
En France, elle n'était plus la jeune fille innocente qui avait découvert, un soir, qu'elle était la fille d'un criminel légendaire. Non. Elle était devenue une guerrière, une héritière du chaos.
Sous l'entraînement acharné des anciens alliés de Corneille, elle avait appris à se battre, à manier les armes, à se fondre dans l'ombre. Chaque jour, elle subissait des exercices impitoyables, repoussant les limites de son corps et de son esprit. Sa mère, elle, l'encourageait sans relâche.
— Ton père voulait un empire. Tu seras celle qui le vengera.
Ces mots résonnaient dans son esprit comme une malédiction. Son père, Corneille, avait été anéanti par une femme : Anastasia. Elle en était persuadée, la seule façon d'honorer sa mémoire était d'éliminer cette femme et tout ce qu'elle avait construit.
Mais ce que Sora ignorait, c'était qu'Anastasia n'était pas restée inactive.
Une ombre qui veille
Anastasia avait toujours eu un instinct infaillible. L'ombre de Corneille ne pouvait pas disparaître sans laisser de traces. Elle le savait.
Grâce à ses informateurs, elle avait suivi l'évolution de Sora, sa montée en puissance, ses entraînements, ses alliances. Et elle savait ce que cela signifiait : la guerre allait éclater à nouveau.
Mais Anastasia n'était plus celle qu'elle était dix ans auparavant. Elle avait grandi, elle était devenue bien plus qu'une simple cheffe de la mafia. Elle dirigeait désormais un empire tentaculaire qui s'étendait bien au-delà de Las Vegas.
Sora, malgré toute sa rage et son désir de vengeance, n'était encore qu'une enfant. Une enfant dangereuse, certes, mais une enfant tout de même.
Alors Anastasia prit une décision. Une décision radicale.
Le soir de l'anniversaire de Sora
Sora venait d'avoir dix-huit ans.
Ses alliés, sa mère, tous ceux qui avaient cru en sa vengeance, célébraient cette nuit comme le début d'une nouvelle ère. Ils avaient prévu un grand banquet, un moment où tous les survivants de l'ancien empire de Corneille se retrouveraient pour prêter serment.
— À la mémoire de Corneille ! déclara Marc en levant son verre.
— À la vengeance ! répondirent-ils en chœur.
Mais alors que la fête battait son plein, un grondement sourd résonna au loin.
BOOM.
L'explosion secoua le sol, projetant les invités à travers la salle. Des hurlements résonnèrent, des flammes engloutirent les murs. En quelques secondes, le repaire de Sora fut transformé en un enfer ardent.
Les hommes d'Anastasia étaient partout. Silencieux, rapides, impitoyables. Ils n'avaient qu'un seul ordre : détruire tout, ne laisser personne en vie.
Sora, piégée sous les décombres, suffoquait sous la fumée. Autour d'elle, les corps inertes de ceux qui avaient été sa famille gisaient sans vie.
— Maman ! hurla-t-elle, sa voix déchirante se perdant dans le chaos.
Elle rampa hors des débris, le visage couvert de cendres et de larmes. Son regard parcourut la scène de carnage. Tout était fini. Tous étaient morts.
Sauf elle.
Le serment du sang
Sora tituba hors des ruines, son corps brisé, son cœur en miettes. Elle s'effondra sur le sol, tremblante, les mains ensanglantées.
Un silence de mort régnait autour d'elle.
C'est alors qu'elle comprit.
— Anastasia… murmura-t-elle, ses yeux brûlants de rage.
Elle avait tout perdu.
Mais elle vivait encore.
Anastasia avait voulu l'effacer, la réduire en poussière comme les autres. Mais elle avait sous-estimé sa résistance.
Sora se releva lentement, le regard glacé.
— Je vais la tuer.
Sa voix était calme, mais son cœur était en feu.
Elle n'avait plus rien à perdre.
Elle donnerait tout pour sa vengeance, même sa propre vie s'il le fallait.