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Chapter 7 - Whispers of the Blade

Un silence pesant enveloppait le stade. On pouvait entendre le bruit sec des élèves avalant leurs salives, incapables de détacher leur regard de la scène. Puis, la voix de Lucian exténuée brisa enfin le silence :

"J'ai gagné."

Karen, choquée, observa Jin avant que son expression ne se voile d'une tristesse amère. D'une voix à peine audible, elle murmura :

"Jin…"

Lucian, qui tenait encore fermement le morceau de lame sous la gorge de son adversaire, vacilla soudainement. Ses jambes cédèrent sous son propre poids, et il s'effondra.

Jin réagit aussitôt, tendant les bras pour le rattraper avant qu'il ne touche le sol. Il le soutient, passant un bras derrière sa nuque, et soupira :

"C'est à se demander qui est vraiment le vainqueur…"

Un groupe de soigneurs s'approcha en urgence, leurs mains s'illuminant d'une lueur verte. Jin allongea Lucian avec précaution, puis posa une main sur son épaule et, d'un ton calme, lui dit :

"Repose-toi, frangin. Tu t'es bien battu."

Alors que les soigneurs s'affairaient autour de Lucian, Jin se redressa lentement. Son visage était sombre. Pourtant, lorsqu'il se retourna vers la foule figée, il afficha un large sourire lumineux, se frotta l'arrière de la tête et déclara d'une voix enjouée :

"J'ai perdu !"

Un rire franc accompagna ses paroles, dissipant un instant la tension. Beaucoup crurent à une simple plaisanterie, une manière légère d'accepter la défaite. Mais pas Karen.

Elle le fixait, l'expression dépitée. Ce sourire… elle savait qu'il n'était qu'un masque.

Jin avançait vers la sortie où se pressaient les élèves encore sous le choc. Il passa à côté de Karen sans ralentir.

"Jin…" murmura-t-elle, hésitante.

Mais il continua son chemin, sans un regard, sans un mot. Un vent glacé semblait avoir soufflé entre eux.

À l'abri des regards, le sourire de Jin s'éteignit. Son expression s'assombrit alors qu'il avançait dans un couloir désert. Puis, brusquement, il abattit son poing contre le mur. Un bruit sourd résonna dans le silence. Il resta ainsi, le front appuyé contre son bras, les épaules tremblantes sous la tension.

D'une voix basse et frustré, il lâcha :

"Fais chier…"

Lucian ouvrit les yeux quelque temps plus tard. La lumière tamisée du plafond l'aveugla un instant. Il cligna des paupières, son souffle encore irrégulier, avant de se redresser légèrement.

Il était guéri. Chaque coup, chaque blessure avait disparu, preuve irréfutable de l'efficacité des soigneurs mis à disposition. Pourtant, malgré la disparition des marques visibles, son corps, lui, n'avait pas oublié. Une lourdeur pesait sur ses muscles, un vide étrange dans ses membres.

Car si la chair était intacte, le choc, lui, restait gravé en profondeur.

Le combat, qui bien contre toute attente, était serré, fit rapidement le tour de l'Académie. Désormais, un nom revenait sur toutes les lèvres : le Diable Blanc. Lucian Aether, cet inconnu aux cheveux argentés, avait prouvé qu'il n'était pas un simple élève parmi tant d'autres.

Dès ce jour, il rejoignit le cercle restreint des onze champions, reconnus comme les combattants les plus redoutables de leurs stades.

Le lendemain, Lucian ne se rendit pas à l'Académie. Son professeur lui avait ordonné de se reposer et de se concentrer sur sa méditation. Il avait fait d'immenses progrès et, après ce combat, il sentait une connexion plus profonde avec son Nexus.

Mais il n'était pas le seul à être absent. Jin non plus n'était pas venu.

Dans son dojo, il s'acharnait sur un tronc d'arbre, enchaînant les coups sans relâche. La sueur ruisselait sur son corps tandis que ses poings déjà meurtris s'abattaient encore et encore.

Dans l'ombre, un homme imposant l'observait. Une longue moustache et des cheveux blancs marquaient son âge, mais son regard était froid et implacable.

"Ne t'arrête pas" grogna-t-il. "Même si tu dois crever ici. De toute façon, tu es déjà mort une fois contre ce morveux… Une mort de plus ou de moins, qu'est-ce que ça change ?"

Jin ne répondit pas. C'était comme si il connaissait déjà ce discours par cœur.

Ses poings ensanglantés continuaient de frapper.

Le soleil se couchait déjà lorsque Lucian décida de sortir prendre l'air. Il était enfermé depuis trop longtemps.

En se promenant dans la ville, il échangea quelques civilités avec les commerçants qui fermaient déjà leurs boutiques. 

Il y avait un étrange couvre-feu dans la capitale, et la nuit rendait les rues désertes.

Lucian repassa devant l'église, se souvenant de sa rencontre avec l'homme aux cheveux blonds. Sur un coup de tête, il décida de retourner à l'intérieur. Dès qu'il franchit les portes, une légère douleur à la tête se fit sentir, et il murmura d'un ton agacé :

"Encore une fois ? Qu'est-ce que ça veut dire… ?"

À l'intérieur, l'énorme statue du guerrier inconnu était toujours là, splendide, mais l'église était déserte. Lucian se demanda presque pourquoi une église était là si personne ne venait priait. Il s'approcha de la statue, posa sa main dessus, et chercha à voir la gravure sur l'épée du géant de pierre. Mais rien n'apparut. Il pensa, perplexe : 

*Comment se fait-il ?*

Le silence qui régnait dans l'église devenait de plus en plus angoissant, et la statue semblait se faire plus imposante, presque menaçante. 

*Pourquoi les gravures ne réapparaissent-elles pas ?*

Soudain, une idée traversa son esprit. Et si cela était dû à l'homme aux cheveux blonds ? Il se souvint de ce qui s'était passé avec lui et son épée et se dit :

*Cet homme est-il le Roi ?* Pourquoi était-il là, habillé comme un civil dans une église qui semblait abandonnée ?

Se souvenant de la réaction de son épée près du Roi, Lucian la dégaina instinctivement. Ses yeux s'écarquillèrent. 

Les gravures brillaient, illuminées d'elles-mêmes.

*Que ma lame soit l'ombre du Roi*

*Cet homme… n'était pas le Roi ?*Pensa Lucian.

Il se souvint du frémissement de son épée en présence de l'homme. Et murmura :

*Non, c'est différent, cette fois je n'ai rien ressenti d'étrange avec ma lame, si je n'avais pas vérifié je ne l'aurais jamais aperçut. Qu'est-ce que ça voulait dire ?*

Lucian réfléchissait à des centaines de choses. Le temps passait, et la lune se trouvait maintenant bien haut dans le ciel. Finalement, il sortit de l'église, fixant les gravures sur l'épée. Dès qu'il franchit le seuil, elles s'éteignirent. Lucian pensa :

*C'est donc en rapport avec l'église… mais l'inconnu aux cheveux blonds avait aussi un effet sur elle… Qui a forgé cette épée ?*

Les rues, d'ordinaire animées à cette heure, étaient désertes. Pas un bruit, pas un souffle de vent. Même les enseignes de bois suspendues aux devantures des échoppes restaient figées, comme si le temps lui-même hésitait à reprendre son cours.

Les pavés sous ses pas étaient froids, plus qu'ils n'auraient dû l'être, et une étrange odeur de fer flottait dans l'air, subtile mais dérangeante. Il cligna des yeux. L'espace d'un instant, il lui sembla que les ombres s'étiraient autour de lui, formant des silhouettes indistinctes aux contours tremblants. Était-ce un jeu de lumière, ou autre chose ?

Un frisson imperceptible lui parcourut l'échine lorsqu'il entendit un bruit sourd, étouffé, derrière lui. Un murmure ? Un râle ? Il se retourna brusquement. Rien. Juste la grande porte de l'église, close.

*C'est vraiment bizzare* pensa-t-il

Il se hâta de marcher, ne voulant pas risquer de se faire prendre par les gardes. Soudain, alors qu'il passait à côté d'une petite maison, la porte claqua brusquement. Une femme en sortit en criant d'une voix glacée, assez forte pour faire frissonner Lucian. Il savait garder son sang-froid, mais ce cri aurait pu le faire fuir. La femme, tomba en sortant des petits escaliers devant sa porte, attrapa la jambe de Lucian. Ses yeux, d'un noir profond, étaient entourés de cernes gigantesques, et son regard était empreint de folie.

Elle le fixa intensément, serrant sa jambe, et, d'une voix triste, les larmes aux yeux elle lui dit :

"Rendez-moi mon enfant, s'il vous plaît."

Lucian, confus, tenta de répondre calmement :

"Vous avez perdu votre enfant ? Où ? Je peux vous aider ?"

La femme, dans un excès de rage, hurla à nouveau :

"RENDEZ-MOI MA FILLE !"

Sa voix perça la nuit comme un cri de désespoir, et à son appel, certaines lumières s'allumèrent dans les maisons alentours, curieuses de ce qui se passait.

Lucian, cherchant à apaiser la situation, dit d'une voix calme : 

"Expliquez-moi d'abord où elle est..." Mais avant qu'il ne puisse finir sa phrase, il s'interrompit. Ses sourcils se haussèrent en regardant vers la porte d'où la femme était sorti, une petite fille aux cheveux bruns, tenant un ours en peluche dans ses bras, qui pleurait. La fillette, entre deux sanglots, murmura : 

"Maman, je suis là."

La mère se retourna brusquement, son visage marqué par la rage, et, d'un ton glacé, elle hurla : 

"Tu as beau ressembler à ma fille, tu ne l'es pas, espèce de monstre !" 

Lucian, choqué par ces mots, s'avança vers la fillette. Il se mit à genoux pour arriver à sa hauteur et, d'un sourire doux, essuya ses larmes. Au loin, un garde accourait en direction de la scène, il allait bientôt arriver.

Lucian ébouriffa les cheveux de la petite fille, tentant de la réconforter : 

"Ça va aller, tout va rentrer dans l'ordre, ne t'inquiète pas." 

Il la regarda droit dans les yeux, cherchant à y déceler quelque chose, une lueur particulière. Ils se fixèrent pendant plusieurs secondes, Lucian observant attentivement ses pupilles. 

Soudain, le garde arriva en courant. Lucian se releva et pensa perplexe :

*Elle semble humaine.* 

Il jeta un regard à la mère, en sanglots qui se faisait maîtrisé par le garde, et se demanda dans un murmure intérieur : 

*Est-elle vraiment folle ? Comment peut-elle être aussi certaine que ce n'est pas sa fille ? L'instinct maternel ? Non, ça n'a aucun sens.*

La mère, les larmes ruisselant sur son visage, hurla : 

"Hier j'ai perdu ma fille, elle est revenue, mais je sais que ce n'est pas elle !" 

Le garde, visiblement agacé, leva la main et d'un geste rapide, visa la nuque de la femme pour l'assommer. Cependant, une main se leva pour arrêter son bras. Lucian se tenait devant lui, l'air surpris mais avec une intensité palpable, et dit d'un ton chargé de tension : 

"Qu'est-ce que tu crois faire ?"

Le garde, sans perdre une seconde, répondit avec une froideur implacable : 

"Dégage de là, tu n'as rien à faire ici à cette heure. Je te laisse une chance de t'enfuir tant qu'il est encore temps."

Lucian, sans se laisser intimider, balaya les environs du regard, remarquant que plusieurs civils observaient discrètement à travers leurs fenêtres. Il fixa le garde et dit, d'une voix plus ferme : 

"Regarde autour de toi."

Le garde, visiblement contrarié par l'intervention, retira son bras en soupirant bruyamment : 

"Tchhh..."

Lucian tenta de scruter le visage du garde, mais la casquette qu'il portait assombrissait son visage. La nuit noire n'aidait pas non plus. Toutefois, il remarqua un petit détail : un grain de beauté sur sa joue. Ce serait suffisant pour le reconnaître plus tard.

Le garde, plus calme, raccompagna la femme et sa fille à l'intérieur de la maison. Lucian, hésitant, voulut s'assurer que tout était en ordre, mais il choisit finalement de partir. Écoutant le conseil du garde, il se dit qu'il n'était pas censé être là à cette heure. Il savait que, avec autant de témoins autour, le garde ne tenterait rien de plus. En se dirigeant vers l'extérieur, son esprit se calma peu à peu.

À quelques mètres de là, sans raison apparente, comme guidé par un instinct, Lucian dégaina soudainement son épée. Son visage se figea en voyant les gravures briller encore. 

*Que ma lame soit l'ombre du Roi*

Il s'arrêta, scrutant les environs, mais il n'y avait rien. Lucian savait qu'il n'y avait que deux occasions où les gravures brillaient ainsi : en entrant dans l'église ou en étant à côté de l'inconnu aux cheveux blonds. Une question traversa son esprit :

*Quel est le lien entre ces deux situations ?*

Une pensée perça soudainement son esprit. 

"La statue et l'inconnu... Ces deux entités tangibles... la lame réagit à elles." 

Il chercha autour de lui, mais il n'y avait toujours rien. Puis, l'évidence lui frappa. 

"Le garde ! Non… la petite fille ?!"

Les pensées de Lucian se mêlèrent dans un tourbillon confus.

Il savait qu'il ne fallait pas grand-chose pour que les gravures brillent de cette façon. Mais pour qu'elles brillent aussi longtemps, cela signifiait qu'il avait été en contact avec l'une ou l'autre des deux personnes… ou bien les deux. Il pensa un instant… 

*Est-ce que les deux ont déclenché la réaction ?*

Lucian hésita un instant, son instinct le poussant à retourner vérifier, mais il savait qu'il risquait de se faire arrêter si il persistait. En marchant vers le dortoir, des questions tourbillonnaient dans son esprit. 

*De toute manière, qu'est-ce que cela pourrait signifier ? Si la lame réagissait à la statue, à l'inconnu et au garde qu'est ce que ça voudrait dire ?

Le doute s'insinua dans ses pensées, une tension qu'il ne parvenait pas à chasser. Un frisson glacial lui parcourut l'échine. 

En regardant les rues vides et sombre de la ville, Lucian pensa :

*Mais qu'est-ce qui se passe dans cette ville ?*