Download Chereads APP
Chereads App StoreGoogle Play
Chereads

L'ombre d'une étoile

La_plume_de_Merry
7
chs / week
The average realized release rate over the past 30 days is 7 chs / week.
--
NOT RATINGS
16
Views
VIEW MORE

Chapter 1 - Chapitre 1 : Une sombre nativité.

Noël. Le jour le plus attendu par les enfants du monde entier. Les rues illuminées, les vitrines décorées, les sapins parés de mille couleurs scintillantes. L'odeur enivrante de la dinde rôtie flottait dans l'air, promettant un festin réconfortant. C'était ça, le Noël des autres. Mais pas le mien.

Je me suis souvent demandé si Dieu nous punissait pour les péchés de nos ancêtres, ou si tout cela n'était qu'une épreuve que nous devions surmonter. Je n'ai jamais envié les autres. Non, jamais. Maman m'a toujours appris le contraire. Elle disait que l'envie corrompait l'âme, que la justice et la foi étaient les seules vraies richesses.

Et pourtant, je me demandais… ces enfants, avec leurs montagnes de cadeaux et leurs tables débordantes de mets raffinés, connaissaient-ils le véritable sens de Noël ?

Comme chaque année, maman et moi partions à la messe du réveillon. Puis, au lieu d'un festin luxueux, nous partagions ce que nous avions avec les habitants des quartiers les plus pauvres. Des visages marqués par la vie, des sourires sincères malgré l'adversité, des prières murmurées avec ferveur sous les lumières tamisées de l'église…

Ces instants valaient bien plus que mille cadeaux scintillants sous.

Mais cette année était différente.

Je resserrai mon manteau troué autour de moi, essayant de me protéger du froid mordant. Ma mère se tenait à côté de moi, la tête basse, ses bras croisés sur sa poitrine comme pour masquer le tremblement de ses mains. À ses pieds, une vieille valise contenant nos quelques affaires.

Derrière nous, la porte de notre ancien appartement se referma dans un bruit sec.

— Je suis désolée, ma chérie… murmura-t-elle d'une voix cassée.

Je n'avais rien répondu. À quoi bon ? Les dettes s'étaient accumulées, et le propriétaire n'avait plus voulu attendre. Aujourd'hui, veille de Noël, nous étions à la rue.

Je jetai un dernier regard au petit immeuble défraîchi. Ce n'était peut-être pas un palais, mais c'était chez nous. Là où j'avais grandi, là où maman m'avait appris à prier, à espérer malgré tout.

Mais ce soir, il ne restait plus que le silence des rues désertes et l'incertitude du lendemain.

— Viens, il faut qu'on avance…

Maman attrapa ma main et nous nous mîmes à marcher dans la nuit glacée.

Où allions-nous ? Je n'en avais aucune idée.

Ma mère releva la tête, les yeux embués de larmes. D'une voix douce et rassurante.

— Eh ma chérie… ne désespère pas. La messe du réveillon va bientôt commencer, on y va ?

J'hésitais. Mon cœur était lourd, mais quelque part, j' espérait que cette nuit de prière m'apporte enfin un peu de paix.

L'église était déjà remplie quand nous sommes arrivées. Les bougies allumées sur les immenses chandeliers projetaient une lumière dorée sur les murs de pierre. L'odeur de l'encens flottait dans l'air, mêlée à celle des sapins décorés de guirlandes lumineuses. Tout semblait paisible, presque irréel.

Ma mère me guida vers un banc près de l'allée centrale. Elle s'agenouilla aussitôt, joignant les mains dans une prière silencieuse . Moi, je restai debout un instant, observant la foule. Des familles entières, des enfants excités par la magie de Noël, des vieillards au regard empreint de foi… et moi, au milieu d'eux, complètement vide.

Je finis par m'asseoir et fixai l'autel. Une immense étoile dorée y était suspendue, scintillant sous les reflets des bougies. Le prêtre prit la parole, sa voix grave résonnant sous les arches de l'église.Je baissai les yeux, serrant les poings. Les paroles du prêtre résonnaient en moi plus que je ne voulais l'admettre. "Même dans les ténèbres, l'étoile du Seigneur brille toujours pour ceux qui cherchent à la suivre."

Je n'étais pas sûre de toujours la suivre, mais une part de moi voulait encore y croire. Après tout, si je n'avais plus foi en rien… que me restait-il ?

Les chants commencèrent, doux et puissants à la fois. Ma mère se leva pour chanter avec les autres, mais moi, je restai assise, la gorge serrée. Pourtant, en fermant les yeux, je laissai la mélodie m'envelopper. Une chaleur discrète, presque réconfortante, s'immisça en moi.

Puis, quelque chose attira mon attention. Une présence .Je rouvris les yeux et balayai l'église du regard. Juste derrière l'autel, près des grandes colonnes, un garçon se tenait debout, seul. Il ne chantait pas, ne priait pas. Il semblait juste… observer.

Il était jeune, à peine plus âgé que moi, et pourtant, quelque chose en lui dégageait une sérénité étrange. Quand nos regards se croisèrent, un frisson me traversa. Ce n'était pas de la peur. Plutôt… une sensation familière, comme si je le connaissais déjà.

Et à cet instant précis, sans savoir pourquoi, mon cœur battit un peu plus fort . Après il disparut sans que je le revoie.

La messe se termina. Malgré notre situation pitoyable, cela me redonna une lueur d'espoir.

-Mlle Béatrice, comment allez-vous ?

-Mon Père, je ne dirais pas que tout va bien, mais je ne vous mentirai pas.

-Vraiment ? Qu'est-ce qui se passe ?

-Nous avons été chassées de chez nous ! dis-je, en colère.

-Anastasia ! Surveille ta langue.

-Désolée, Maman.

-Oh, c'est horrible ! La veille de Noël… Quelle sorte de personne peut faire ça ? Peu importe, je vous invite chez moi. Il y aura un banquet, et vous pourrez dormir dans la chambre d'ami.

-Non, non, je ne veux pas vous déranger, mon Père.

-Ne vous inquiétez pas. D'après le proverbe 3:27 : « Si tu une refuse pas ton aide à celui qui en a besoin. »

Nous acceptâmes finalement son invitation, poussées par la fatigue et la peur de rester dehors une nuit de plus. Quand nous arrivâmes chez l'abbé, j'étais surprise par la chaleur qui émanait de sa maison. Bien que grande, la demeure était accueillante, avec des murs recouverts de couleurs chaudes et des tapis épais qui donnaient un air de confort.

L'abbé nous accueillit avec un grand sourire et nous conduisit directement dans une grande salle à manger où un banquet était déjà préparé. Le parfum des mets en train de cuire remplissait la pièce, et la lueur des bougies créait une ambiance intime.

Faites comme chez vous, mes enfants, dit-il en nous guidant vers la table. Vous êtes en sécurité ici, et ce soir, vous oublierez vos soucis.

Je m'assis en silence, observant la maison. Il y avait des photos de famille accrochées aux murs, des souvenirs qui semblaient refléter une vie pleine d'amour et de respect. L'abbé semblait vraiment sincère dans son accueil.

Cependant, un bruit de pas se fit entendre à l'entrée. Deux jeunes hommes, sûrement des adolescents, entrèrent dans la pièce. Ils avaient à peu près mon âge. Ils me lancèrent un regard froid, sans même un sourire. Je les reconnaissais immédiatement. Ce étaient les fils de l'abbé. Ils allaient dans la même école que moi, mais ils m'avaient toujours ignorée, voire méprisée.

L'un d'eux, le plus grand, eut un léger ricanement en me voyant. Je pouvais sentir l'hostilité dans l'air.

Voici mes fils, dit l'abbé en souriant, essayant de détendre l'atmosphère. Vous allez vous régaler ce soir, je l'espère.

-Bonjour, répondis-je timidement.

-Salut, murmurèrent-ils, presque en même temps, sans vraiment me regarder.

Je baissai la tête, ressentant déjà cette tension entre nous. Ils étaient bien trop fiers et bien trop différents de moi. Leurs regards me déstabilisaient, mais j'essayais de ne pas y prêter attention.

Un des garçons, le plus jeune , Rowan , se tourna vers moi avec un regard curieux et un sourire moqueur , brisant le silence pesant. « Tu viens d'où, toi ? » demanda-t-il d'un air innocent mais au fond il le fesait exprès devant tant d'inviter plus riches les uns que les autres .

Je ressentis immédiatement la chaleur de la gêne monter en moi. C'était une question tellement simple, mais qui me paraissait presque inappropriée. Je n'étais pas sûre de ce qu'il attendait comme réponse. Je baissai les yeux et répondis en bafouillant, cherchant mes mots.

« Euh... je viens de... de très loin. »

Les autres restèrent silencieux, certains semblant un peu perturbés par ma réponse vague, d'autres ne m'accordant même pas un regard.

L'abbé, observant sans doute la tension qui commençait à monter, tenta de désamorcer l'atmosphère avec un sourire qui, je le sentais, ne faisait que la rendre plus gênante. Il posa une main sur la table, attirant l'attention.

« Allez, mes enfants, ne soyez pas si réservés. Vous avez tous beaucoup à apprendre les uns des autres ! » dit-il, sa voix joviale, comme si tout allait bien.

Mais ses mots eurent l'effet inverse. Plus il parlait, plus je me sentais étrangère à ce monde. Il leur racontait des anecdotes de son enfance, des souvenirs de famille, des histoires qui les unissaient. J'avais l'impression d'écouter une langue étrangère, où chaque mot, chaque rire, me laissait en dehors de la conversation.

Je n'étais qu'une spectatrice silencieuse, avec le cœur lourd, observant ces enfants comme s'ils venaient d'un autre monde. Leurs rires, leurs petites moqueries amicales, tout cela semblait me glisser dessus sans que je puisse y prendre part.

La soirée s'était écoulée dans une atmosphère étrange, pleine de silences lourds et de conversations qui semblaient dénuées de sens. Une fois le repas terminé, l'abbé, toujours souriant, nous indiqua la chambre où nous pourrions nous reposer.

« Allez, allez, mes enfants, vous devez être fatiguées. Reposez-vous un peu, demain sera une longue journée, » dit-il d'un ton rassurant, comme pour effacer toute tension de la soirée.

Je suivis maman à l'étage, un peu perdue dans mes pensées. La chambre qui m'était attribuée était modeste mais propre, avec un vieux lit en bois et des rideaux de lin qui tamisaient la lumière du dehors. Elle se tourna vers moi après avoir fermé la porte.

« Viens, viens t'asseoir, » me dit-elle d'une voix douce. Elle avait toujours ce regard rassurant, ce regard qui semblait capable de faire disparaître les plus grandes peurs.

Je m'assis sur le lit, ma tête toujours lourde de pensées. Maman s'installa à côté de moi, et ses mains se posèrent doucement sur mes épaules, comme pour me transmettre un peu de chaleur.

« Tu sais, ma chérie, ce n'est pas facile d'être dans un endroit où tout semble différent, » commença-t-elle, sa voix pleine de tendresse. « Mais ne te laisse pas submerger. Ce n'est qu'une étape, et tu verras, avec le temps, tu trouveras ta place ici. »

Je baissai la tête, incapable de croiser son regard. « Je ne m'y ferai jamais, maman. Ils sont tous tellement différents de moi. »

Elle soupira doucement, serrant un peu plus mes épaules. « Peut-être. Mais ça n'a rien à voir avec toi. C'est juste que... certains grandissent dans des mondes différents. Mais toi, tu es forte, tu trouveras une façon de leur montrer qui tu es. »

Je lui adressai un faible sourire, bien que je n'en croyais pas un mot. Tout me semblait tellement insurmontable. Maman , cependant, me regarda avec un sourire plein de compréhension.

« Et si tu ne veux pas le faire pour eux, fais-le pour toi. Il n'y a rien de plus important que de rester fidèle à soi-même, même quand le monde autour de nous semble se jouer de nous et aussi le plus important est ?. »

- De prier et surtout toujours garder la foi.

Ses mots, bien que réconfortants, n'effaçaient pas la distance qui me séparait de cet endroit. Pourtant, quelque part, dans son regard, il y avait une petite lueur d'espoir qui me fit me sentir un peu moins seule.