Lagos, la ville qui ne dort jamais, bourdonnait de vie ce soir-là, mais dans un coin oublié de la ville, Samuel Nwosu, dit Sammy, s'entraînait sans relâche. Le bruit des voitures et des passants était lointain, noyé par les sons des ballons frappés et des cris de détermination. Il n'y avait rien de glamour dans cet entraînement improvisé. Juste lui, seul, avec son ballon et son rêve.
Sammy n'a pas grandi dans l'opulence. Son père, un Nigérian fier et stoïque, avait fait de son mieux pour subvenir aux besoins de la famille, mais les fins de mois étaient souvent difficiles. Sa mère béninoise, quant à elle, lui a toujours inculqué le sens de l'humilité et de l'effort. Cependant, Sammy ne voulait pas être simplement une personne ordinaire. Depuis son enfance, il avait compris que le football était sa chance de sortir de l'anonymat.
Il n'avait pas de stade pour s'entraîner, juste un vieux terrain poussiéreux derrière l'école. Mais chaque dribble, chaque passe, chaque tir était comme une déclaration à l'univers : "Je vais y arriver". Ses amis le surnommaient "le génie du ballon", mais Sammy savait que pour qu'on le reconnaisse vraiment, il devait se faire un nom. Pas à Lagos, pas en Afrique de l'Ouest, mais au niveau mondial.
Le talent de Sammy était évident. Son pied gauche, si précis, était sa force. Il pouvait envoyer un ballon de n'importe où sur le terrain, le placer exactement là où il le souhaitait. Mais ce qui le distinguait vraiment, c'était sa vision du jeu. À 17 ans, il voyait des passes que même certains joueurs professionnels ne pouvaient pas imaginer. Il comprenait les stratégies avant qu'elles ne se forment, anticipait les mouvements de ses adversaires comme un maître d'échecs. Mais il n'avait pas encore trouvé sa place dans le monde du football.
Il y avait bien eu des tentatives. Des matchs d'essai avec des clubs locaux, une bourse d'études pour jouer dans une équipe universitaire. Mais rien n'était suffisant. Il fallait plus. Il fallait Black Eleven.
Sammy avait entendu parler du programme sur les réseaux sociaux, dans des discussions avec d'autres jeunes joueurs, et même dans la rue. Un appel à 100 jeunes talents africains, une sélection extrêmement exigeante qui offrirait aux meilleurs une chance unique : rejoindre l'équipe mythique qui représenterait l'Afrique sur la scène mondiale. Mais la compétition était impitoyable. Seuls les meilleurs survivraient.
La décision de s'inscrire n'a pas été facile. Sammy savait que ça signifierait laisser derrière lui sa vie actuelle à Lagos, ses amis, et sa famille. Il risquait d'échouer et de tout perdre. Mais cette peur, cette angoisse, ne faisait que renforcer sa détermination. Il n'avait pas d'autre choix.
Il se tenait devant l'ordinateur de son petit appartement, la lueur de l'écran éclairant ses traits concentrés. Il avait déjà rempli le formulaire plusieurs fois dans sa tête. L'angoisse de l'échec était presque palpable, mais l'espoir de la réussite brillait plus fort. Il ferma les yeux, inspira profondément, puis cliqua sur le bouton d'inscription.
C'était fait.
Il était inscrit à Black Eleven.
Ce moment marquait non seulement la fin d'une époque, mais aussi le début de son ascension. Sammy savait que la route serait semée d'embûches. Il n'était qu'un parmi 100 jeunes. Mais son cœur battait plus fort que jamais. Ce rêve, il allait le réaliser. Le Black Eleven serait le sien.