Retournons auprès des Féériques du Royaume de la Forêt des Fées maintenant que le Destin met tout en œuvre pour que ces deux jeunes enfants se rencontrent : l'une se trouvait dans les quartiers princiers se préparant pour le grand jour de toute sa vie et l'autre dans les « limbes » de cette terre d'asile pour les Féériques persécutés dans ce monde en perdition.En Haut-Lieu se préparait le Tournoi de Succession au Trône qui déciderait de la future reine du Royaume Féérique. Cependant, celle-ci était occupée dans un autre endroit, bien loin de son royaume.De loin on percevait sa ravissante silhouette, assise sur une montagne, observant l'horizon avec une pomme en main qu'elle dévorait goulument. Bien qu'elle ait une musculature assez définie, sa beauté était sans pareille, qu'il s'agisse de ses cheveux pastel cristallins, de ses yeux d'un bleu pastel incandescent ou de ses magnifiques lèvres brillantes. Son joli minois ne laissait aucune personne indifférente. Malheureusement, ce portrait idyllique était gâché par cette montagne où elle s'était hissée pour se reposer et ses gants brulés et tachés de sang. Le sommet de cette montagne avait été vaporisé par ses soins lors de cette bataille qui venait de se terminer, et donc ce sommet n'était rien de moins que les cadavres des soldats adverses carbonisés qui n'ont pas eu la présence d'esprit de ne pas se frotter à elle.D'ailleurs, il y en avait un qui tentait de s'enfuir alors qu'il était dépossédé de ses jambes, et sans même le regarder, la reine, sans bouger, fit s'abattre sur lui un éclair tomba du ciel et le réduisit en cendre, alors qu'elle se délecta d'une nouvelle pomme qui avait trouvé les poches de sa robe guerrière.La lumière de la cité alliée projetait sur elle une ombre qui la faisait ressembler, avec ses ailes et son regard qui virait au rouge, à un dieu de la mort se délectant de ses victuailles sur la montagne de corps qui lui servait de siège.Une fée en armure de plate arriva jusqu'à elle en volant.- Ma reine, il est temps de rentrer. J'ai envoyé un émissaire annoncer notre victoire.- Sawyereli, tu penses qu'on ne pourrait pas faire un détour à Vicenti pour que je me procure...- Non, vous êtes occupée aujourd'hui. Ceci est déjà un détour.- Très bien Sawyereli, acquiesça la reine, vu que tu m'y obliges.- Car c'est votre devoir. Et pourquoi m'appelez-vous par mon surnom ? Vous m'en voulez encore pour l'autre fois ?- Tu vas me reprocher de ne pas faire attention à l'étiquette et de parler plus formellement ? lui sourit-elle.- Ne jouez pas à l'idiote.La reine esquissa un sourire malicieux.Sur le champ de bataille, aucun être ne saurait lui résister : force, magie, endurance, dextérité, agilité, maîtrise de l'épée et de la hâche... Tout cela, elle le possédait et bien plus encore.
Capable de raser des montagnes, de vaincre les pires créatures de ce monde ténébreux que cela soit sur terre, dans les mers ou dans les cieux, elle n'avait nulle autre égale à son existence. Nul doute que bon nombre de ces détracteurs la qualifiait d'engeance de spriggan, mais tous ne pouvaient que répondre la superpuissance qu'elle était à elle seule. L'« Abominable Arme Vivante de Sylvania », voilà comment était surnommé la reine actuelle de Sylvania.
On disait que cela soit allié ou ennemi, lors de ses combats meurtriers, elle dégageait une aura si effroyable que les soldats les plus faibles psychologiquement s'évanouissaient de peur juste en la ressentant. La plupart de ses adversaires préféraient la réédition que de laisser court à sa folie meurtrière car d'un simple levé de main elle était capable de transformer la topographie de la région.On racontait même que les cieux les plus noirs et les plus ténébreux lui obéissaient.
Voilà comment voyait le monde ayant croisé la route de la plus grande création de la nation-refuge qu'est Sylvania.La reine et son chevalier retournèrent au royaume de Sylvania pour abattre le travail restant pour le bon déroulement de ce tournoi, ce qui permit aux soldats de la cité alliée de pouvoir respirer sans crainte d'être réduit en cendres.Le Tournoi de Succession au Trône était un évènement qu'aucun citoyen du royaume ne pouvait se permettre de louper car il était rare que cet évènement prenne place de leur vivant – même pour les fées de ce royaume qui vivaient des centaines d'années – cela était dû au fait que leur reine vivait sept fois plus longtemps qu'eux, à ce qu'on dit, mais, curieusement, les dernières reines se sont succédées relativement vite.Toutefois, ici, il n'est pas question de la mort de la reine mais de son abdication. Tout cela à cause de la prophétie que la voyante royale avait vu dans l'une de ses visions : « A l'année de ses quinze ans, la nouvelle reine accédera au trône, de gré ou de force, avec l'aide de son compagnon et tous les deux devront faire face à un mal du fond des âges que seuls eux seront capables de stopper car il mettra en péril l'équilibre fragile qui existe au sein de ce monde. Seuls ces deux êtres, liés par le destin et par un autre lien indéfectible, pourront sauver cette planète qui fut autrefois appelé la Terre de ses ténèbres enfouies au fin fond d'elle comme l'ont fait leurs prédécesseurs ».C'était là une raison plus que suffisante pour abandonner son trône. Peu importait la race dont on était issu, le niveau de technologie de notre cité ou la foi de notre population : tous connaissaient la légende du héros. Cet « homme » était censé sauver le monde du mal accumulé en son centre à cause de la méchanceté des Hommes et des Féériques. Du moins, c'est ce qu'on disait.Cependant, au fil des millénaires, cette légende avait perdu de son éclat. Les gens s'en désintéressaient, et rares étaient ceux qui y croyaient encore.Mais la reine Audisélia était bien au courant de cette légende, bien qu'elle adorât le fait d'être reine au sein de ce lieu paisible, elle ne pouvait pas aller à l'encontre du Destin – si le sort de la planète n'était pas en jeu, pour rien au monde, elle aurait sûrement abandonné le trône. Elle aurait sans doute employé la même méthode que le roi Hérode pour se débarrasser de cette manifeste concurrence.Elle se risqua tout de même à demander ce qu'il se passerait si elle allait à l'encontre de cette prédiction, la réponse fut immédiate : « Le courroux divin s'abattra sur vous et vos semblables et les ténèbres régneront sans pareille sur toute la Terre, dévorant tout espoir et toute vie. Ce qu'il s'est passé lors de l'« Ère des Ténèbres » ne sera rien face à cette nouvelle venue puisqu'elles se répandront dans tout l'univers.
- Tout ça..., dit la reine avec un sourire pince sans rire en hochant la tête.Au moins, les aliens partageront notre fardeau ! ricana intérieurement sa Majesté.Cette annonce calma vivement ses ardeurs de révolte contre la Destinée Héroïque – bien que ça ne soit pas la première fois qu'elle s'y frotte et y perde au change.Comme je l'ai dit plus tôt, cette vision faisait fortement penser l'histoire du légendaire héros qui mettra fin à l'Ère des Ténèbres, à la différence que dans cette prémonition, il était question d'une fée qui accompagnerait le héros de légende et il était très rare que la population soit consciente de cette version.Je te paye des sommes astronomiques pour que tu m'obliges à quitter le trône..., je jure de te tuer sale sorcière ! pensa Audisélia en lui souriant.Six mois s'étaient écoulés depuis cette prédiction.Six longs mois pour organiser un tournoi qui aurait pu être organisé en deux. Juste parce qu'il fallait que la reine détourne l'argent du royaume avant de s'installer dans une résidence secondaire pour sa retraite – alors que, comme tous les présidents, elle aurait une retraite à vie !
Cent cinquante-six candidates – au doigt mouillé, avec une marge d'erreur de cent – pour un seul trône ! Voilà la promesse qu'offrait cette compétition d'exception ! Toutes allaient être représentées par leurs champions choisis par leurs familles, leurs castes ou elle-même pour les plus dégourdies – ou les rejetées comme la fée aptère. Ils devront s'affronter dans de terribles combats où leurs vies vont être mises en jeu.Il ne pourra y avoir que quatre finalistes et elles devront, elles, s'affronter grâce à leur intelligence, leur grâce, leur beauté et leurs discours respectifs.Ce sont les actuels ministres de l'actuelle reine Audisélia qui devront juger qui sera la plus à même de devenir la future régente de Sylvania.Dans les limbes, notre Héros venait de se réveiller, encore groggy après avoir été assommé et vendu par des mercenaires croisant sa route. Enfermé dans une cellule sombre et étroite, il se retrouva parmi des compatriotes humains. Ces derniers, l'ayant reconnu, l'avaient immédiatement rejeté dans un coin de la pièce, la peur visible sur leurs visages. Ils craignaient pour leurs vies : aucun d'eux n'imaginait s'en sortir si jamais il reproduisait le massacre qu'il avait perpétré à la prison d'Oranas.En scrutant son environnement, il découvrit, sans grande surprise, qu'il était entravé par des menottes en Ardésium – un des nouveaux métaux apparus sur Fayiera Terra lors de l'émergence du monde des Féériques. On disait de ce matériau qu'il était quatre fois plus résistant que l'acier. Face à cette situation, le Héros ne put s'empêcher de sourire, d'un rictus pince-sans-rire, comme s'il trouvait la situation presque divertissante.La première question qu'il se posa c'est « Où je suis ? ».À la vue des briques recouvertes de mousses et des barreaux, il comprit qu'il ne devait pas se trouver dans une prison humaine avec de la haute technologie. Elle est soit Féérique, soit humaine mais d'un autre temps.Se pourrait-il que j'eusse été retrouvé par les « chevaliers » ? se demanda-t-il, est-ce que mon voyage allait se terminer ici à cause de cette foutue prime ?Mais lorsqu'il vit les torches en luxinite – une pierre lumineuse issu du monde originel des Féériques –, il comprit que cela n'était pas le cas. Ces pierres lumineuses n'étaient utilisées que par les Féériques qui avaient les connaissances nécessaires pour les allumer. Seuls de rares humains en avaient les capacités après un apprentissage ardu de la magie – tout ce temps passé pour finalement être capable d'allumer des torches à peine plus puissantes que des torches de feu.Il pouvait se moquer de la relation coût/résultat du processus d'utilisation des luxinites pour les humains, mais lui-même était incapable d'user de la magie.Une autre question lui vint :À moins que quelqu'un ait appris quelque chose sur moi, aucun mage ou sorcier ne devrait s'intéresser à moi, alors qu'est-ce que je peux bien faire ici avec ces déchets ?En parlant d'eux, il se tourna vers les prisonniers et voulut leur poser la question, après tout, il devait être éveillé depuis bien plus longtemps que lui puisqu'ils n'avaient pas subi l'attaque d'une cinquantaine de fléchettes tranquillisantes sur tout le corps. Mais à leurs petits cris craintifs, il comprit qu'il n'obtiendrait d'eux – ce qui est logique au vu du « bazar » qu'il avait mis lorsqu'il était à la prison d'Oranas, je vais pas me répéter quand même ! D'humeur taquine, il leur fit une grimace pour encore plus les effrayer. Cela fut un grand succès.Il s'allongea sur le sol crasseux de sa geôle en mettant les mains derrière sa capuche, le regard fixé sur le plafond pourri qui se tenait au-dessus d'eux. Il put observer, sans aucune surprise – rien ne le surprenant depuis bien longtemps – que ce plafond était rempli d'énormes araignées vénéneuses qui s'étaient occupées de boulotter l'un de ses compagnons de cellules qui était mort depuis longtemps. À ce moment-là, il se demanda à quoi rimait cette foutue qu'il menait, marchant inlassablement dans les terres désolées d'Europea. Il se dit qu'il était comme un bateau insubmersible qui dérivait sur d'indomptables mers, affrontant marées et tempêtes alors que ce-dit bateau dont le bois était pourri jusqu'à la moelle, la coque était trouée de partout, la barre était brisée et les voiles brûlées, continuait d'avancer. Malgré tout cela, le Héros qui était le capitaine de ce navire de fortune espérait, avec une audace incroyable et une insouciance à toute épreuve, atteindre sa destination finale.Espoir...L'espoir de voir son aventure morbide se terminer sur une note. Avait-il l'espoir que cette note soit joyeuse ? J'espérais pour lui.L'espoir est bien tout ce qui lui restait dans cette traque acharnée dans laquelle il s'était acharné depuis si longtemps. Il devrait peut-être abandonner comme sa mère lui avait ordonné avant de rendre l'âme... NON ! Cet homme lui avait retiré toutes les personnes auquel il tenait ! Il devait payer !Mais voilà. Il ne savait pas comment le retrouver, tout ce qu'il pouvait faire c'est attendre les informations que voulait bien lui communiquer son frère – informations qui étaient la majorité du temps foireuses, on aurait dit qu'il le faisait exprès – en échange d'un « service » qui était, la plupart du temps, mortel.En plus, cet enfoiré le savait ! Il savait les emmerdes dans lesquelles il adorait envoyer le jeune garçon. Il en était conscient mais il ne s'en inquiétait guère, car bien évidemment, il savait que notre cher héros était immortel. Immortel mais pas invincible, donc cela n'empêchait pas le Héros de ressentir de la douleur – imaginez la souffrance que puisse ressentir ce pauvre gamin lorsqu'il ressort d'une centrale d'énergie noire en feu dont il était chargé de faire exploser.Pourtant ! Il s'inquiétait vraiment pour lui ! Pour ce petit gars qu'il avait pris sous son aile au détour d'une route, qu'il s'était mis à considérer comme son protégé, comme son petit frère.C'est bien parce que le Héros voyait l'attention que lui portait ce frère de substitution qu'il acceptait d'être désigné par lui par la dénomination de « petit frère » lors de son premier vrai repas dans ce restaurant miteux au milieu de nulle part, lui qui se nourrissait plus que de vers de terre, de limaces, de cerf et de griffon dont la viande n'était même pas grillée.
Peut-être qu'il viendra à son secours s'il l'appelle, se met à penser le Héros.Pour lui, son frère avait bien plus l'étoffe d'un héros que lui.L'adolescent au corps rempli de cicatrices s'ouvrit l'une de ses plaies à la poitrine et y enfonça trois doigts plus son pouce, sous le regard dégoûté de ses codétenus. Le bruit de la chair qui se déchire, qui s'arrache, était vraiment horrible à entendre. Le Héros sortit de sa poitrine ensanglantée un holophone dégoulinant d'hémoglobine. Il tenta de l'allumer mais rien ne se passa. Il pensa tout d'abord que le sang s'était infiltré dans l'appareil – ÉTONNANT ! – puis eut un doute : son frère ne lui avait-il pas juré que son téléphone était waterproof - c'est quoi le rapport ?Il retourna le cellulaire et s'aperçut de la supercherie : il n'y avait pas de batterie, il y avait juste un bout de papier où il était écrit : « Déso ! J'en avais besoin pour ma manette ! Bisous XOXO ».
Fou de rage, le Héros roula en boule le papier et le jeta sur l'une des araignées, la perturbant pendant son repas. Voyant le perturbateur sans gêne, celle-ci descendit à sa rencontre, voulant apprendre la politesse à ce jeune homme un peu trop turbulent par rapport à ses congénères humains. Au passage, elle en profiterait pour en un faire casse-croûte.En pleine panique, les autres prisonniers se jetèrent sur la grille et hurlèrent au gardien de les laisser sortir, il y avait un suicidaire avec eux. Mais cela était vain : il n'y avait personne pour les entendre.L'araignée et le Héros se tournèrent autour, s'observant l'un l'autre, un avec ses deux yeux rouge pourpre et l'autre avec sa multitude de yeux rouge écarlate. Puis, brusquement, c'est l'araignée qui lança l'assaut, mais cela était déjà fini pour elle : le Héros avait enroulé sa chaîne autour de la patte la plus proche de sa tête et la tordit pour lui enfoncer dans son labium et transperça le haut de sa tête avant de la décapiter complètement et d'attraper sa tête dans sa main devant les yeux épouvantés de ces camarades de cellules qui n'en revenaient pas de ce qu'ils venaient d'être témoin.- Cet enfant ne peut pas provenir de notre monde, lâcha l'un d'entre eux, la voix tremblotante.Le garçon tourna son regard vers les autres araignées pour voir si l'une d'entre elles allaient se risquer à l'affronter. Elles le fixèrent puis retournèrent à leur festin comme si de rien n'était. Après tout, c'était une bouche en moins à nourrir.« Emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre ».Nulle créature ne pouvait le vaincre sur toute la surface de la Terre.Le Héros prit la toile qui sortait du derrière de sa victime et en fit un fil assez fin pour recoudre sa plaie. Il usa de l'un des poils durs qui se trouvait sur l'une des pattes de l'araignée pour en faire son aiguille.Malheureusement, pour les prisonniers, les araignées venaient de terminer l'un de leurs compagnons de cellules, il n'en restait plus que des os et elles semblaient encore avoir faim. Elles descendirent de leur toile et avancèrent vers eux, tout en esquivant soigneusement, celui qu'elles considéraient comme le prédateur ultime, alors qu'il recousait sa blessure, il entendait les supplications de ses codétenus le suppliant de venir à son secours.En toute franchise, il hésita.
Il ne leur devait rien. Ils l'insultaient de monstre et le craignaient. Qu'ils puissent servir au cycle naturel de la nature ne le gênait particulièrement pas... Mais cela n'était pas dans sa nature de laisser des personnes en détresse dans une telle situation, qu'elles soient des infâmes raclures ou non. Il soupira et se releva, siffla pour attirer l'attention des araignées puis fracasser le dos de l'une d'entre elles pour que le message soit bien compris.
C'est moi votre adversaire.Toutes se retournèrent et foncèrent vers lui... comme si le nombre allait être suffisant pour vaincre le Héros – même si là, elles étaient tout de même une trentaine !