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oublie moi

🇨🇬starlyne
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Synopsis

Chapter 1 - Chapitre 1 : l'odeur d'amande

Je marche le long de la plage, les grains de sable se glissant entre mes orteils alors que je laisse mon regard se perdre dans l'immensité de l'océan. L'air est salé, et l'odeur de l'amande me fait frissonner, comme à chaque fois que je m'approche de cet endroit. C'est étrange, non ? Cette odeur qui semble m'attirer, comme un fil invisible. J'ai l'impression qu'elle me suit partout, même quand je ne suis pas ici. Mais c'est une sensation que je ne comprends pas, qui me fait me poser mille questions. La mer, la silhouette… Mais je suis seul ici, encore une fois. Toujours seul.

Mes cernes me rappellent que j'ai trop réfléchi, encore une fois, trop tard dans la nuit. Ces insomnies. Parfois, je me demande pourquoi je continue à dormir aussi peu. Mais quand je ferme les yeux, c'est toujours la même silhouette qui me hante dans mes rêves : celle de cette fille que je ne connais même pas, mais qui m'a sauvé. Je me frotte les yeux, espérant chasser cette vision. Peut-être que je suis juste fatigué.

Aiden m'a dit de ne pas trop m'inquiéter. Il est toujours là, calme, silencieux, avec son regard qui voit tout sans rien dire. Je le connais depuis si longtemps. Trop longtemps, peut-être. Il est mon ancre, mon point de stabilité dans ce monde qui me paraît parfois aussi chaotique que les vagues qui frappent cette plage. Il est la personne à qui je me confie, même si j'ai l'impression qu'il n'a pas besoin de tout savoir. Il me comprend, même dans mes silences.

Je soupire. Si Aiden savait à quel point je suis perdu en ce moment… Mais il ne me juge jamais. Il reste là, attentif, silencieux, un peu comme la mer elle-même. Et je sais que je peux compter sur lui.

Je laisse mes doigts frôler le collier autour de mon cou. L'étoile, toujours là, sans que je sache pourquoi je la porte. C'est un symbole qui me fait sentir un peu moins seul, même si je n'en comprends pas le sens. Peut-être qu'un jour, ça viendra.

Aujourd'hui, je retourne à l'endroit où tout a changé. Là, où la mer m'a englouti, m'a fait perdre conscience, mais où j'ai aussi ressenti cette étrange odeur… L'amande. Et cette silhouette. Une sensation d'inconnu qui me hante, m'envahit, encore et encore.

Mais ce qui me frappe le plus, c'est ce vide. Ce vide qui semble me suivre partout, comme une présence invisible. J'essaye de m'en détacher, de me concentrer sur autre chose. Mais à chaque fois, je suis ramené ici, à cette plage, à cet instant, à cet océan…

Je laisse échapper un soupir, la brise me fouettant le visage. Qu'est-ce que je cherche exactement ? Pourquoi suis-je toujours attiré par cette mer, par cette silhouette que je n'ai jamais rencontrée ?

J'entends soudain le bruit des vagues plus fort, un rugissement presque. Comme si elles me répondaient. Comme si elles savaient ce que je ressens, comme si elles attendaient de moi une réponse.

Je me perds dans mes pensées, comme toujours. Mais aujourd'hui, j'ai l'impression que quelque chose va changer. Quelque chose va enfin me donner les réponses que je cherche.

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Je laisse la mer derrière moi, le cœur toujours aussi lourd. La silhouette me hante encore, mais je dois avancer. Aiden m'attend. On a ce genre de rendez-vous tous les jours maintenant, même si je sais que tout ce qu'il fera, c'est me donner des informations scientifiques que je n'arriverai jamais à comprendre. Mais ça me rassure de le voir, de parler avec lui, même si ce n'est jamais de mes vrais problèmes. Ça me soulage, de discuter de trucs qui n'ont rien à voir avec cette folie qui me ronge.

Je me faufile entre les rues, mon esprit divaguant. Le soleil est haut dans le ciel, mais je me sens… étrangement détaché. Mes pensées m'aspirent. Pourquoi la mer a-t-elle agi de cette manière ? Pourquoi cette odeur d'amande revient-elle sans cesse me déranger ?

Arrivé au café, je pousse la porte et j'entends la cloche au-dessus de ma tête tinter. L'odeur du café me prend à la gorge, me ramenant à la réalité. Aiden est déjà là, assis à une table dans un coin, plongé dans ses papiers, les lunettes blanches posées sur le bout de son nez. Il lève les yeux quand je m'approche, un sourire discret sur son visage. C'est toujours pareil, ce sourire doux, comme une promesse que tout ira bien. Et je veux y croire, mais aujourd'hui, je ne suis pas sûr.

— Salut, Kael. T'es en retard, tu m'as inquiété, dit-il en se frottant le menton, toujours dans son rôle d'ami bienveillant.

Je m'assieds en face de lui, mon corps toujours un peu tendu. À chaque fois, il a cette capacité à me détendre sans rien faire, à me rappeler que je ne suis pas seul dans ce monde. Mais je ne suis pas sûr que cela suffise aujourd'hui.

— Désolé, j'ai… pris un peu de temps à la plage, je réponds en haussant les épaules, sans trop vouloir m'attarder sur ce qui me tourmente.

Aiden hoche la tête, son regard attentif s'attachant à moi comme si, derrière mes paroles, il pouvait tout lire. Il prend une gorgée de son café, puis se penche légèrement en avant.

— J'ai une nouvelle piste. J'ai trouvé quelques anomalies dans les données récentes sur les courants marins. Quelque chose se passe, Kael. Mais… je sais pas. Ça semble trop étrange.

Je hoche la tête, l'attention de plus en plus captée. Aiden ne parle jamais pour ne rien dire, et s'il dit qu'il a une piste, je sais que ça veut dire quelque chose. Mais avant que je puisse répondre, la sonnette du café retentit à nouveau, attirant mon regard.

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Une silhouette se découpe dans l'embrasure de la porte. Dès qu'elle entre, un léger courant d'air froid s'engouffre dans le café, me faisant frissonner. Il fait un froid glacial dehors, pourtant… elle est habillée comme si on était en plein été.

Un short. Un t-shirt oversize. Rien de plus.

Je fronce les sourcils. Ça n'a aucun sens. Tout le monde ici est emmitouflé dans des manteaux épais, des écharpes, des gants… mais elle ? Rien. Juste un masque qui couvre la moitié de son visage et un casque sur les oreilles, coupée du monde. Comme si le froid ne l'atteignait pas.

Je devrais détourner les yeux, ignorer cette étrangeté. Mais alors, l'odeur me frappe de plein fouet.

Amande.

Mon souffle se coupe.

Non… impossible. Pas encore.

Mon corps réagit avant même que je puisse réfléchir. Je me redresse légèrement, les muscles tendus, mon regard fixé sur elle. Elle avance tranquillement vers le comptoir, commande une glace au cookie chocolat d'une voix trop calme pour les températures extérieures, puis attend sans un mot. Elle ne regarde personne, ne cherche pas à se réchauffer. Elle reste là, immobile, comme si elle appartenait à une autre réalité.

— Kael ?

La voix d'Aiden me ramène brusquement à l'instant présent.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

J'ouvre la bouche, mais aucun son ne sort.

C'est elle ?

Non. Ce n'est pas possible. Je deviens fou.

La serveuse lui tend sa glace, et sans un regard, elle tourne les talons et quitte le café. Un souffle d'air glacé accompagne son départ.

Non, non, non. Pas cette fois.

Je me lève d'un bond, ma chaise raclant le sol bruyamment. Mais en sortant à mon tour…

Elle a disparu.

La rue est vide. Comme si elle s'était volatilisée.

Je serre les dents. C'est quoi ce bordel ?

— Kael, c'était qui ?

Je serre les poings, frustré.

La frustration me ronge de l'intérieur. Comment elle a pu disparaître aussi vite ? J'avance de quelques pas dans la rue glaciale, scrutant les alentours, cherchant un signe, une silhouette… n'importe quoi. Mais il n'y a que le silence et le froid mordant.

Je serre le pendentif en forme d'étoile autour de mon cou, un tic nerveux que j'ai depuis des années.

— Kael !

La voix d'Aiden me rappelle à l'ordre. Il est sorti du café et s'approche de moi, les mains enfoncées dans les poches de son manteau. Ses lunettes blanches sont légèrement embuées à cause de la chaleur du café et le froid extérieur.

— Tu peux m'expliquer ce qui vient de se passer ?

Je le regarde un instant, indécis. Aiden est mon ami d'enfance. Il me connaît mieux que personne. Il sait que quelque chose me perturbe.

— Cette fille… elle avait la même odeur.

Son expression change, passant de la curiosité à un sérieux profond.

— Amande ?

J'acquiesce, la gorge nouée.

Il sait ce que ça signifie. Il sait que c'est la seule piste que j'ai concernant mon mystérieux sauveur. Celui qui m'a tiré des eaux après la vague géante. Celui dont je rêve chaque nuit.

Aiden soupire et ajuste ses lunettes.

— Tu es sûr que c'était elle ?

— Je ne l'ai pas vue… Elle portait un masque et un casque. Mais son odeur… c'était exactement la même.

Je me passe une main dans les cheveux, agacé.

— Bordel, pourquoi elle disparaît toujours comme ça ?

Aiden me lance un regard sceptique.

— Peut-être parce qu'elle ne veut pas être trouvée ?

Sa remarque me fait tiquer. Il n'a pas tort. Mais pourquoi ?

Je lâche un soupir et me frotte le visage, sentant la fatigue peser sur mes épaules. Ces cernes sous mes yeux ne sont pas là pour rien. Je dors mal, je pense trop, je cherche des réponses qui m'échappent.

Aiden pose une main sur mon Ă©paule.

— Écoute, je vais demander à mon équipe si quelqu'un a remarqué un truc étrange ces derniers jours près de la mer. On est plus de 10 000, y'a bien quelqu'un qui a dû voir quelque chose.

Je hoche la tĂŞte, reconnaissant.

— Merci, Aiden.

Il sourit légèrement.

— De rien. Mais Kael… fais gaffe à ne pas trop t'obséder.

Je ne réponds pas. Parce qu'au fond, je sais que c'est déjà trop tard.

Je vais la retrouver.

Peu importe ce qu'il en coûte.