Depuis toute petite, la seule passion de Lise avait été les jeux vidéo. Elle passait ses journées, ses nuits, et presque chaque instant libre devant un écran. Dans la vie réelle, elle avait des amis comme toutes les filles de son âge, mais à 22 ans, ses priorités étaient ailleurs. Ses parents, issus d'un milieu traditionnel où les jeunes se mariaient tôt, ne comprenaient pas pourquoi leur fille ne suivait pas cette voie. Lise, elle, restait enfermée dans sa chambre, alternant entre son ordinateur et son téléphone, plongée dans des mondes virtuels qui la faisaient vibrer bien plus que la réalité.
Mais ce qu'elle ignorait, c'est que ce jour-là, tout allait changer. Ce jour où elle avait décidé de télécharger un nouveau jeu.
Assise en tailleur sur sa chaise, les yeux rivés à l'écran, elle jouait à un jeu récemment sorti. Le dernier match de la partie battait son plein, et il ne restait que quelques minutes pour décrocher la victoire.
— Allez... allez... ! murmura-t-elle avec intensité, ses doigts courant frénétiquement sur le clavier.
Le compteur dans le jeu se mit à défiler : 5... 4... 3... 2... Au dernier moment, une grenade virtuelle explosa, éliminant ses ennemis et lui offrant la victoire.
— Championne ! s'écria-t-elle en levant les bras.
Elle posa enfin son casque et se laissa tomber contre le dossier de sa chaise, un sourire satisfait aux lèvres. Mais elle se rappela soudain qu'elle devait se préparer pour l'université. Rapidement, elle enfila une tenue décontractée, ramassa ses affaires et descendit les escaliers.
— Papa, maman, je m'en vais. Je rentrerai ce soir ! lança-t-elle tout en passant la porte d'entrée.
Son père l'arrêta au dernier moment :
— Lise, pourquoi tu ne veux pas simplement vivre dans les dortoirs de l'université ?
Elle sourit malicieusement :
— Pourquoi aller vivre là-bas ? Vous avez un meilleur Wi-Fi que tous les dortoirs du monde. Je préfère rester avec vous, mes parents adorés.
Son père fronça les sourcils.
— Lise, je ne comprends pas. À ton âge, tu devrais avoir quelqu'un dans ta vie. Tu es toujours célibataire, et tu passes tes jours et tes nuits à jouer...
Elle répondit avec une pointe d'ironie :
— Vous préféreriez que je sois ce genre de fille qui sort à minuit et qui traîne dans les rues ? Je ne pense pas. Bon, je vais être en retard. À ce soir !
Elle sortit rapidement, laissant ses parents seuls dans le salon. Sa mère soupira et se tourna vers son mari :
— Tu es sûr que c'est une bonne idée ?
— Si on ne fait rien, elle ne changera jamais, répondit-il. Les coutumes peuvent sembler démodées ici en ville, mais c'est notre seule chance de la faire sortir de cet isolement.
En sortant de la maison, Lise se dirigea directement vers son arrêt de bus. Une fois montée, elle se plongea immédiatement dans son jeu, les yeux rivés sur son téléphone. Elle était tellement absorbée qu'elle ne remarqua pas le garçon assis non loin d'elle qui la regardait avec hésitation.
Le garçon finit par se lever et s'approcha timidement.
— Excuse-moi... Est-ce que je peux te parler ? demanda-t-il doucement.
Mais Lise, concentrée sur son écran, ne l'entendit même pas. Frustré, il tenta à nouveau :
— Excuse-moi !
Toujours pas de réponse. En perdant patience, il éleva un peu la voix :
— Hé, excuse-moi !
Lise leva enfin les yeux, agacée, et lança sèchement :
— Toi, petit, si tu tiens à ta vie, dégage de ma vue tout de suite. Sinon, je te promets que tu le regretteras.
Le garçon, surpris et effrayé par la réponse, recula précipitamment et retourna à sa place sans insister. Lise esquissa un sourire satisfait et replongea dans son jeu. Elle ignorait que ce genre de comportement expliquait pourquoi elle n'avait jamais eu de petit ami.
En arrivant à l'université, elle aperçut ses amies assises dans un coin du campus. Un sourire se dessina sur son visage.
— Eh, les filles ! cria-t-elle joyeusement en courant vers elles.
Clara, l'une d'elles, lui répondit avec un sourire taquin :
— Alors, ma chère Lise, encore en retard aujourd'hui ?
Lise haussa les épaules en riant.
— Je sais, je sais... C'est à cause du dernier jeu que j'ai téléchargé. Il s'appelle Call of War.
Clara soupira.
— Toi et tes jeux, je te jure... Tu sais qu'aujourd'hui, c'est le jour où les profs donnent plein de devoirs en dessin, non ?
Lise écarquilla les yeux.
— Oh non ! J'avais complètement oublié ! Mais ce n'est pas grave, je survivrai.
À ce moment-là, Ema, une autre de ses amies, pointa discrètement un garçon assis un peu plus loin.
— Eh, regarde ce mec là-bas. Dis-moi ce que t'en penses.
Clara ajouta avec un sourire complice :
— Vas-y, Lise, tente ta chance !
Lise rougit légèrement mais répondit en riant :
— Moi ? Non, merci. Ce n'est pas mon truc.
Ema répliqua avec malice :
— Franchement, t'as raison. La dernière fois que t'as essayé de parler à un mec, il est parti complètement traumatisé. Tu lui avais parlé pendant des heures de MMORPG et de FPS !
Les filles éclatèrent de rire, et même Lise ne put s'empêcher de sourire. Elle savait qu'elles avaient raison, mais elle préférait son monde virtuel, bien plus simple et captivant que la réalité
Quand l'heure de rentrer à la maison arriva, Lise dit à ses amis :
— Bon, c'était une super journée avec vous, même avec tous ces devoirs à faire… pff. J'espère qu'on se reverra demain. Bon, je rentre ! Écrivez-moi si vous avez quelque chose à me demander.
Clara répondit :
— Oui, nous aussi on part travailler. À demain, Lise !
— À plus ! ajouta Ema en agitant la main.
En chemin, Lise marcha tranquillement dans la rue, les yeux rivés sur son téléphone. Elle regardait des vidéos sur TakTok à propos des derniers jeux qui venaient de sortir, un sourire aux lèvres. Son esprit était ailleurs, absorbé par les images et les nouveautés virtuelles, quand elle arriva enfin devant chez elle.
Mais quelque chose clochait. Elle ralentit et plissa les yeux en remarquant une voiture garée devant la porte.
— Qu'est-ce qui se passe ? murmura-t-elle. Une voiture ? Peut-être des amis de papa ?
Elle poussa la porte d'entrée et s'arrêta net. Dans le salon, trois personnes étaient assises sur le canapé : une femme élégamment vêtue, un homme d'un certain âge, et un garçon qui semblait plus jeune qu'elle. Devant eux, ses parents semblaient étrangement solennels.
Sa mère se tourna vers elle avec un sourire nerveux.
— Lise, viens t'asseoir s'il te plaît.
Ne comprenant pas ce qui se passait, Lise fronça les sourcils mais obéit. Elle s'approcha et prit place à contrecœur, sentant une tension palpable dans l'air.
Ça sent pas bon… pensa-t-elle. Est-ce qu'ils savent que j'ai utilisé des armes cheatées sur PABG ? Non, impossible… Sinon, ce serait des mecs du gouvernement. Ou pire...
Elle déglutit discrètement et observa les invités, tout en essayant de deviner ce qui allait se passer.
Son père prit une profonde inspiration et dit :
— Bon, allons droit au but. Lise, je te présente la famille Ngoma. C'est une famille très respectée, de la même tribu que nous. Nous nous connaissons depuis longtemps, et ils sont venus pour discuter… à ton sujet.
Lise fronça les sourcils, sentant une montée d'inquiétude.
À mon sujet ? Hm… Ça sent pas bon, tout ça.
Elle força un sourire et répondit d'un ton faussement détendu :
— Oh ? À mon sujet ? De quoi voulez-vous parler exactement ?
Son père fixa Lise avec sérieux.
— Ils sont venus pour parler… d'un mariage.
Lise éclata de rire nerveusement.
— Un mariage ? Qui va se marier ? Est-ce que c'est un de nos cousins ?
Sa mère intervint calmement :
— Non, Lise. C'est toi qui vas te marier.
Le sourire de Lise s'effaça instantanément. Son cœur accéléra. Elle se leva précipitamment.
— Quoi ?! Comment ça, me marier ? Qu'est-ce que vous avez fait ?!
Son père, imperturbable, continua :
— Écoute, ma fille. Étant donné que nous sommes de la même tribu et que vous deux, toi et leur fils, menez une vie… disons, assez bizarre pour votre âge… Il était nécessaire de prendre une décision. Regarde autour de toi : les jeunes de ton âge sont déjà fiancés, certains même mariés. Toi, tu passes tes journées à jouer à des jeux vidéo. Tu n'as pas de vie stable. Tu te comportes comme une gamine. Alors, nous avons décidé que toi et leur fils allez vous marier.
Il ajouta avec fermeté :
— Ne pense même pas à dire non. Nous avons déjà tout arrangé avec leurs parents, et ils sont d'accord.
Lise s'écria, paniquée :
— Mais c'est illégal, ce que vous faites ! Si vous continuez, je vais prévenir la police !
Le père de Lise secoua la tête, comme s'il s'y attendait.
— Ah, ça aussi, on s'y attendait.
Le père du garçon, jusque-là silencieux, intervint :
— Oui, nous savons que tu dirais quelque chose comme ça. Mais comme ton père est dans l'armée et que je suis un député national, laisse-moi te dire que nous avons les moyens d'étouffer cette affaire. Tu te marieras, que ça te plaise ou non.
Lise était en état de choc. Elle tenta de protester, mais son père coupa court à la discussion :
— Maintenant que tout est clair, allez discuter un peu pour faire connaissance.
Le garçon, qui observait la scène en silence jusque-là, finit par parler :
— Attendez une seconde… Moi, je ne suis pas venu ici pour ça. Papa, tu m'avais dit qu'on allait parler de physique nucléaire !
Son père répondit sèchement :
— Est-ce que tu m'as déjà vu parler de physique nucléaire avec toi ? C'est de ton mariage qu'il est question ici.
Le garçon, visiblement frustré, soupira.
— Sérieusement ?
Mais les parents ne lui laissèrent pas le temps de réagir. Ils firent signe aux gardes du corps.
— Prenez-les, conduisez-les dans une pièce pour qu'ils discutent.
— Quoi ?! cria Lise. Mais qu'est-ce que vous faites ?!
Les gardes du corps saisirent Lise et le garçon et les emmenèrent dans une pièce avant de les enfermer. Lise, furieuse, se tourna vers le garçon.
— Ne me parle même pas. Je te déteste déjà. Et ne t'avise pas de me toucher.
Le garçon leva les mains en signe de paix.
— Calme-toi. Je ne suis pas plus ravi que toi d'être ici.
Lise, frustrée, marmonna pour elle-même :
— Je dois absolument trouver un moyen de sortir de cette galère. Hors de question que je me marie avec toi ou avec qui que ce soit.
Le garçon haussa les épaules.
— Ce n'est pas contre toi, hein. Moi aussi, je n'ai rien demandé. Je m'appelle Matt, au fait. Et toi ?
Lise le fusilla du regard.
— Je m'en fiche.
Matt soupira et s'assit contre le mur.
— Super. Moi qui pensais qu'on allait parler de science aujourd'hui…
Lise secoua la tête, désespérée.
— Dans quoi je me suis embarquée, sérieusement ?
À SUIVRE...