Le silence oppressant des couloirs ne fit qu'amplifier la nervosité de Kajell et Raïsven alors qu'ils attendaient devant la porte imposante du bureau du directeur. Kajell se sentait encore troublé par les souvenirs de la bataille et par la mystérieuse énergie qui s'était éveillée en lui ce jour-là. Raïsven, lui, affichait son habituel calme, même si une pointe d'impatience pouvait se lire dans ses yeux.
— "Peu importe ce qui se passe, restons concentrés. Il ne doit pas nous voir faiblir," murmura Raïsven avant de frapper à la porte.
Une voix profonde répondit après un bref instant :
— "Entrez."
La porte s'ouvrit lentement, et les deux jeunes chevaliers furent accueillis par une pièce simple, mais étonnamment impressionnante. D'un côté du bureau trônait un portrait du directeur en armure dans sa jeunesse, un souvenir d'une époque où il était encore sur le champ de bataille. De l'autre côté, une cape flottait seule dans les airs, dégageant une aura mystérieuse. Au centre de la pièce, il y avait deux objets qui capturèrent immédiatement leur attention : une imposante armure sacrée et une gigantesque épée accrochée au mur derrière le bureau.
Le directeur, un homme massif aux cheveux grisonnants, se tenait derrière son bureau. Ses yeux, perçants comme ceux d'un aigle, scrutaient les deux aspirants chevaliers.
— "Kajell, Raïsven," dit-il d'une voix grave. "Approchez."
Leur cœur battait la chamade alors qu'ils avançaient prudemment, Kajell ne pouvant détacher son regard ni de la cape, ni du portrait. Raïsven, malgré son assurance, semblait également troublé par l'aura qui régnait dans la pièce.
Le directeur, après un long silence, les observa attentivement avant de reprendre la parole.
— "Vous avez tous deux fait face à une situation que peu de jeunes chevaliers peuvent affronter. L'apparition d'un Nak et la perte de ta sœur, Kajell..." Il se tourna vers ce dernier. "...sont des événements rares et extrêmement dangereux."
Kajell garda le silence, revivant mentalement l'instant où tout s'était effondré. La voix mystérieuse qui l'avait encouragé à se relever, l'éveil soudain de cette force qu'il ne comprenait toujours pas.
— "Je n'ai pas pu la protéger," murmura Kajell, la mâchoire crispée.
— "Personne ne vous en tient rigueur," répondit le directeur d'un ton ferme. "Mais ce qui s'est éveillé en toi, Kajell, doit être surveillé de près. Ce pouvoir qui dort en toi pourrait bien attirer des êtres bien plus dangereux encore."
Raïsven fronça les sourcils et prit la parole :
— "Et qu'en est-il de ce Nak ? Nous savons qu'il cherchait quelque chose. Il a emporté la sœur de Kajell. Que voulons-nous dire par surveiller ? Nous devrions plutôt agir !"
Le directeur hocha la tête, reconnaissant la frustration du jeune chevalier.
— "Nous sommes sur le coup. Nos chevaliers saints enquêtent sur les déplacements des Naks et cherchent activement où elle a pu être emmenée."
Il laissa un court silence s'installer, comme pour leur permettre d'intégrer ses paroles, avant de se tourner vers Raïsven.
— "Quant à toi, Raïsven, tes talents sont prometteurs. Tu montres un potentiel inouï pour devenir un chevalier de premier ordre."
Raïsven se redressa, une étincelle de fierté dans les yeux. Le compliment venant d'un homme de cette stature n'était pas anodin.
— "Cependant, avant d'aller plus loin, vous devrez tous deux passer le concours d'entrée de l'académie, comme tous les autres aspirants."
Kajell fut surpris. Le concours ? Avec tout ce qu'ils avaient traversé, il ne s'attendait pas à devoir encore prouver sa valeur ainsi.
— "Le concours ? Mais après ce que nous avons fait..."
Le directeur le coupa d'un geste de la main.
— "Vous avez montré du courage et de la force, c'est indéniable. Mais l'académie doit s'assurer que chaque aspirant est bien préparé pour ce qui l'attend. Ce concours servira à jauger vos forces et à mesurer vos capacités."
Kajell hocha la tête, acceptant sans broncher. Il n'était pas surpris par cette décision, mais il ressentait un mélange d'excitation et d'impatience. Il savait que ce concours serait également l'occasion pour lui de retrouver Astrid, son amourette d'enfance, qui était déjà sous la tutelle d'un des dix chevaliers sacrés.
Raïsven, de son côté, afficha un sourire confiant.
— "Très bien. Nous prouverons notre valeur."
Le directeur se leva, mettant fin à l'audience.
— "Préparez-vous bien. Le concours aura lieu dans deux semaines. Que votre détermination soit votre plus grande force."
Kajell et Raïsven s'inclinèrent avant de quitter la pièce. Tandis qu'ils marchaient dans les couloirs, ils ne purent s'empêcher de ressentir une certaine excitation à l'idée de prouver leur valeur. Le poids des événements récents était encore sur leurs épaules, mais l'envie de se surpasser était plus forte.
En sortant du bureau, ils croisèrent une femme d'une beauté saisissante. Vêtue d'une armure de platine, ses cheveux jaunes tombaient en cascade autour de son visage. Elle salua le directeur d'un air moqueur.
— "Bonjour, papi Gantar," lança-t-elle, un sourire malicieux aux lèvres.
Puis, se penchant vers Kajell, elle commença à le tripoter.
— "Alors, c'est toi ?" dit-elle, ses yeux pétillants de curiosité.
Le directeur, manifestement agacé, intervint rapidement.
— "Sophie, laisse-les tranquilles. Ils ont besoin de se préparer pour le concours."
Kajell, gêné mais curieux, lança un regard à Raïsven, qui semblait amusé par la situation. Le directeur les poussa gentiment en direction de la sortie, leur laissant un peu de répit.
— "Allez, filez. Vous avez du travail à faire."
Une fois dehors, Kajell se tourna vers Raïsven.
— "C'était qui, elle ?"
Raïsven attendit un moment avant de répondre :
— "Tu ne la connais pas ? C'est Sophie, l'une des dix chevaliers sacrés, la septième. Elle est connue pour son tempérament..."
— "Non, et puis elle me voulait quoi, déjà ?" demanda Kajell, perplexe.
Raïsven ne put s'empêcher de rire.
— "On dirait que tu lui as déjà fait forte impression."
Kajell secoua la tête en souriant, tandis qu'ils s'éloignaient, prêts à se préparer pour le concours à venir.