Les semaines passèrent après la conversation émotive avec sa famille, et Anastasia avait trouvé un équilibre entre sa carrière musicale et ses racines familiales. Mais la paix qu'elle avait trouvée fut soudainement troublée lorsqu'elle reçut un appel qu'elle n'aurait jamais voulu recevoir.
C'était un message de l'hôpital. Anna, la femme qui l'avait élevée, celle qui lui avait donné une famille lorsque la sienne l'avait laissée, venait de succomber à un cancer fulgurant. Le choc la frappa de plein fouet. Anastasia n'avait pas eu le temps de dire au revoir, de montrer à Anna à quel point elle comptait pour elle. La douleur était indescriptible. Anna avait été sa mère, son ancre, la personne qui l'avait guidée à travers les pires moments de sa vie.
Anastasia se rendit à l'hôpital, puis au cimetière, seule, entourée de souvenirs d'enfance. Le vent soufflait doucement, comme une caresse, mais rien ne pouvait apaiser la peine qui déchirait son cœur. Elle se rendit sur la tombe d'Anna, s'agenouillant, les mains tremblantes, avant de poser une rose blanche sur la pierre tombale.
« Tu m'as tout donné, Anna… et je ne t'ai même pas dit merci. Je vais te rendre fière. » murmura Anastasia, les larmes roulant sur ses joues.
C'est alors qu'une voix grave, mais douce, se fit entendre derrière elle.
« Tu étais sa fille… »
Anastasia se tourna brusquement et aperçut un homme grand, au regard intense, vêtu d'un manteau sombre. Il avait l'air d'un soldat, ou plutôt, d'un homme qui venait de revenir d'un long voyage. Il s'avança lentement, ses yeux fixés sur la tombe d'Anna.
« Je suis Lucian, le fils aîné d'Anna. » dit-il en s'approchant de la tombe.
Anastasia le regarda, surprise. Elle n'avait jamais entendu parler de lui. Anna avait souvent parlé de ses enfants, mais jamais d'un fils qui semblait avoir disparu. Lucian semblait porter des cicatrices invisibles, et ses yeux trahissaient un passé douloureux, marqué par des années de guerre et d'absence.
« Lucian… » répondit Anastasia, encore sous le choc. « Vous êtes son fils… mais… je ne savais pas… »
Lucian baissa la tête, un sourire triste sur les lèvres. « Anna m'a parlé de toi, bien sûr. Elle t'a toujours considérée comme sa fille. Quand la guerre m'a emporté loin d'elle, je n'ai pas pu être là. »
Anastasia le regarda plus attentivement. Il avait les traits d'Anna, mais portait aussi la lourde empreinte de ses propres souffrances. Elle comprit qu'il avait fait face à des épreuves bien plus grandes qu'elle n'aurait pu imaginer.
« Je n'ai pas eu le temps de revenir avant qu'elle ne parte… » Lucian continua, sa voix se brisant légèrement. « Mais je suis là maintenant. »
Anastasia, touchée, lui tendit la main. « Vous êtes le fils d'Anna. Vous êtes aussi ma famille. »
Ils se regardèrent, un lien silencieux se créant entre eux, un lien forgé par l'amour d'Anna et un deuil partagé.
Ce jour-là, un nouveau chapitre de la vie d'Anastasia débuta. Loin de la mafia, loin des trahisons, mais encore plus proche de ceux qui avaient partagé son histoire, de ceux qui l'avaient portée, aimée, et soutenue. Lucian, bien qu'étranger à sa vie jusque-là, représentait un nouveau commencement.
Mais Anastasia savait que, tout comme elle avait traversé les ténèbres du passé, elle allait devoir maintenant faire face à un avenir incertain, cette fois avec l'appui d'un frère de cœur, qui, tout comme elle, portait les cicatrices de la guerre.