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Chapter 2 - la poursuite

Jean chevauchait sans relâche à travers la nuit noire, ses pensées aussi sombres que le ciel au-dessus de lui. Le vent glacial du soir fouettait son visage, mais il n'y prêtait pas attention. Ses muscles étaient tendus, chaque mouvement de son cheval, un pas de plus vers une vérité qu'il ne pouvait encore imaginer.

Il n'avait pas encore digéré la lettre. Chaque mot résonnait encore dans sa tête. Les yeux arrachés. Pourquoi une telle violence ? Pourquoi Eliza ? Ces questions tournoyaient sans cesse, mais il n'avait ni la réponse ni le temps d'y réfléchir davantage. Il avait besoin de savoir, de découvrir ce qui se cachait derrière cette attaque. Et il ne se contenterait pas de réponses superficielles.

Il passa plusieurs heures à voyager sans rencontrer âme qui vive. Les sentiers étaient déserts, tout semblait trop calme. Un mauvais présage. Jean accéléra l'allure, ses pensées toujours tournées vers la cathédrale de Solravia, là où tout avait commencé. Là où il avait grandi. Là où il avait rencontré Eliza pour la première fois.

Le jour commença à se lever, la lueur pâle du matin éclairant à peine la route devant lui. Jean savait qu'il n'était plus qu'à une demi-journée de Solravia, mais il n'était pas seul dans ses pensées. Le souvenir de l'attaque qu'il avait lue dans la lettre, et la description de la souffrance qu'avait dû endurer Eliza, commençaient à se transformer en rage pure. Ses poings étaient serrés sur les rênes.

Au détour d'un chemin, il aperçut enfin une silhouette. Un voyageur solitaire, enveloppé dans une cape noire. Jean ne ralentit pas. L'étranger semblait dans une hâte étrange, se déplaçant rapidement à contre-sens. Un frisson traversa l'échine de Jean. L'homme paraissait… familier, mais ce n'était pas le moment de s'arrêter pour discuter.

Il accéléra à nouveau, mais soudain, un cri perça l'air. Un cri perçant, qui ne ressemblait en rien à un cri humain. Jean fit volte-face, son épée tirée en un instant. La silhouette s'arrêta net, comme si elle l'avait attendu.

"Tu cherches des réponses, n'est-ce pas ?" La voix de l'homme, calme, presque amusée, fit tressaillir Jean.

"Qui êtes-vous ?" Jean se força à garder son calme. La situation devenait de plus en plus étrange.

L'homme ne répondit pas immédiatement, son regard fixant Jean avec une intensité étrange, presque hypnotique. Puis, dans un mouvement fluide, il leva la main, un signe subtil, comme s'il appelait quelque chose. Jean se figea. À cet instant, une lueur vive jaillit de la forêt tout autour d'eux, illuminant brièvement la scène avant de disparaître aussi vite qu'elle était apparue.

"Je sais ce que tu cherches. La vérité sur Sœur Elisabeth," dit-il enfin. "Mais ce que tu cherches… c'est peut-être plus dangereux que tu ne le crois."

Jean serra les dents. "Qui êtes-vous pour savoir cela ? Et pourquoi vous mêlez-vous de ce qui ne vous concerne pas ?"

L'homme sourit, mais son sourire était froid, dénué de chaleur humaine. "Je m'appelle Alaric, et je fais partie de ceux qui connaissent la vérité. Celle que tu n'es pas prêt à entendre."

Un silence lourd s'installa. Jean observa attentivement cet Alaric. Il n'était pas humain. Son aura dégageait une puissance étrange, différente de celle des gens qu'il avait croisés. Mais il n'avait pas le luxe de perdre du temps.

"Tu as bien l'intention de rejoindre Solravia ?" demanda Alaric.

"Évidemment. Et je n'ai pas besoin de votre aide."

"Tu te trompes. Tu vas avoir besoin de moi. Non seulement pour comprendre ce qui est arrivé à Eliza, mais pour survivre à ce qui arrive maintenant." Alaric fit un pas en avant. "Ils ne t'attendent pas, Jean. Tu as déclenché quelque chose, et bientôt tu seras un pion dans une guerre plus grande que tu ne peux imaginer."

Jean sentit son cœur s'accélérer. Qui était vraiment cet homme ? Et pourquoi semblait-il en savoir autant ?

Avant qu'il ne puisse répondre, Alaric leva une main vers lui, un éclat sombre dans ses yeux.

"Viens avec moi. Si tu veux réellement sauver Eliza et découvrir la vérité, tu n'as pas d'autre choix que de me suivre."

Jean hésita. Chaque fibre de son être lui criait de refuser, mais il savait au fond de lui que cet homme en savait plus qu'il n'était prêt à l'admettre. Un sentiment d'urgence grandissait en lui, mais il ne pouvait ignorer le pressing de la situation.

"Je ne vous fais pas confiance…" murmura Jean.

"Tu n'as pas à me faire confiance. Tu dois simplement comprendre que cette guerre ne fait que commencer."