La nuit tombait lentement sur la vallée. Les étoiles émergeaient une à une dans un ciel d'encre, et l'air se faisait plus frais. Kael et Liryel étaient assis près d'un feu de camp, les crépitements des flammes brisant le silence qui les enveloppait. Liryel avait enlevé sa capuche, laissant ses cheveux argentés se répandre comme une cascade brillante autour de son visage. Son regard observait les flammes, mais son esprit semblait ailleurs.
Liryel :
(elle brisa le silence, sa voix calme mais teintée de curiosité)
— Vous n'avez toujours pas répondu à ma question, Kael. Pourquoi fuyez-vous, malgré tout ce que vous pourriez accomplir ? Ce n'est pas seulement la peur qui vous guide, n'est-ce pas ?
Kael ne répondit pas immédiatement. Il regarda les étoiles, cherchant une réponse dans leur éclat froid et distant. Il sentait le poids de ses souvenirs s'accrocher à chaque instant, comme des chaînes invisibles. Chaque fois qu'il se voyait dans l'obscurité de la nuit, il voyait aussi les visages de ceux qu'il avait perdus. Il savait que Liryel attendait une réponse, mais comment expliquer ce qu'il ressentait, un tourbillon d'auto-dégoût et de culpabilité qui le poussait toujours plus loin dans sa solitude ?
Kael :
(finalement, d'une voix rauque)
— Parce que je ne suis pas comme vous, Liryel. Vous, vous avez toujours eu votre place dans ce monde. Vous, vous pouvez vous battre pour de bonnes raisons, pour protéger ceux que vous aimez, pour un avenir meilleur. Mais moi, ce que j'ai fait… ce que j'ai détruit, ce n'est pas quelque chose qu'on peut réparer avec un simple acte héroïque.
Liryel tourna légèrement la tête, observant son visage avec une concentration pleine de douceur. Elle comprenait, plus que Kael ne le réalisait. Elle avait vu cette même douleur dans les yeux de nombreux autres avant lui. Cette même peur, cette même colère qui naît de l'incapacité de se pardonner soi-même.
Liryel :
(doucement)
— Ce n'est pas l'acte héroïque qui compte. C'est ce que vous faites maintenant. Le passé ne peut pas être effacé, Kael, mais le futur peut encore être façonné. Et vous avez la capacité de choisir quel futur vous souhaitez.
Avant que Kael ne puisse répondre, un bruit étrange, comme un cri perçant, fendit l'air. Il était lointain, mais son écho arriva avec une telle clarté qu'il sembla résonner à travers les montagnes. Kael se leva d'un bond, la main instinctivement portée à son épée, ses yeux balayant l'horizon.
Kael :
(d'un ton autoritaire, son regard perçant et son corps tendu)
— Ce cri… c'est celui d'un être humain. Mais il n'est pas ordinaire. Ce n'est pas un cri de douleur… c'est quelque chose d'autre, comme une malédiction.
Liryel :
(se levant à son tour, son expression se durcit)
— Il ne faut pas attendre plus longtemps. Ce cri… il est l'avant-coureur d'une menace. Une force obscure approche. Je le sens dans l'air. Une magie ancienne, corrompue.
Kael serra les dents, son regard désormais fixé sur l'endroit d'où le cri semblait provenir. Un frisson d'angoisse courut le long de sa colonne vertébrale. Il n'était pas un homme à fuir un danger, mais cette menace avait un goût particulier. Elle sentait le vide, l'obscurité, des ténèbres qui se sont réveillées. Il n'était pas encore prêt pour ça, il ne l'était jamais.
Kael :
(d'un ton grave, en se tournant vers Liryel)
— Vous avez raison. Nous devons y aller. Mais soyez prête à tout. Il se pourrait que ce que nous affrontons soit bien plus que ce que nous imaginons.
Ils se mirent en route à travers la forêt sombre, avançant en silence. L'air devenait de plus en plus oppressant, comme si les ombres elles-mêmes les observaients. Liryel, en tête, utilisait sa magie pour guider leur chemin à travers la dense végétation, mais même elle semblait inquiète. La magie de la nature ne réagissait pas comme d'habitude. Elle était perturbée, troublée.
Quelques heures plus tard, ils atteignirent un petit village, caché au cœur de la forêt. Mais la scène qui s'offrit à eux ne correspondait en rien à ce que l'on attendait d'un village paisible. Les maisons étaient abandonnées, les portes brisées, les fenêtres fracassées. Et là, au centre de la place, une silhouette sombre se dressait, un être humanoïde, dont les yeux brillaient d'une lueur rouge inquiétante. Autour de lui, des créatures tordues semblaient surgir de l'obscurité, se mouvant comme des ombres.
Liryel :
(prenant une profonde inspiration)
— Ce n'est pas un simple bandit ou un groupe de pillards. Ces créatures sont imprégnées de magie noire. Quelque chose de terrible est en train de se déchaîner ici.
Kael :
(avec un sourire sombre, prêt à se battre)
— Alors, la bataille commence. Préparez-vous, Liryel. Ce sera une nuit de sang.
Ils s'avancèrent prudemment vers la silhouette, prêts à affronter l'inconnu. Kael savait que ce n'était que le début. La magie du vide pulsait en lui, prête à être libérée, mais il ne voulait pas encore l'utiliser. Pas ici. Pas maintenant. Il devait d'abord comprendre ce qu'il affrontait, avant de déchaîner la puissance qu'il portait en lui. Mais la menace était réelle, et le sang allait bientôt couler. Ils allaient découvrir la vérité sur ce qui se cachait derrière ce cri funeste.
A suivre