Chapitre 1 : Les Lignes Invisibles
<Échec...>
Dil Dil Dil.— « Ugh... »Une douleur fulgurante traversa le crâne d'Elias, le tirant brusquement d'un sommeil agité. Son corps tremblait légèrement, encore engourdi par un mélange de fatigue et de confusion. Ses yeux papillonnèrent, mais sa vision demeurait floue, des fragments d'images tourbillonnant dans son esprit : une lumière aveuglante, une déchirure dans le ciel... et cette sensation inexplicable, comme si quelque chose s'était brisé en lui.— « Qu'est-ce que... » balbutia-t-il en s'asseyant péniblement.Sa gorge était sèche, ses mots à peine audibles. Le bourdonnement insupportable dans sa tête s'arrêta soudain, laissant place à un silence étouffant.Le monde autour de lui paraissait... différent.Son appartement habituellement en désordre semblait figé dans le temps, presque irréel. La pluie tambourinait contre les vitres poussiéreuses, tandis qu'une lumière grise filtrait à travers les rideaux entrouverts, projetant des ombres ondoyantes sur les murs fissurés. Elias passa une main tremblante sur son visage.Cela faisait un an. Un an, jour pour jour, que tout avait changé.Un Poids InvisibleTremblant, Elias se leva, chaque mouvement lui coûtant un effort considérable. Son regard s'attarda sur le bureau, où une montagne de feuilles froissées était entassée. Il avait essayé, encore et encore, de mettre des mots sur ce qu'il avait vu cette fameuse nuit, mais ses écrits n'étaient qu'un fouillis de phrases incohérentes, une tentative désespérée de donner un sens à l'insensé.Son père. L'accident.Les mots du médecin résonnèrent dans son esprit, toujours aussi froids, aussi tranchants :— « Votre père n'a pas survécu. »Un accident ? Elias savait que c'était faux. Ce qu'il avait vu ce soir-là dépassait l'entendement. Une lumière éclatante avait fendu le ciel, suivie d'une fracture béante dans l'air même. Il se souvenait de cette vision comme si elle s'était imprimée sur ses paupières fermées.Non. Ce n'était pas un accident.Un grésillement soudain brisa le silence. L'interphone.— « Oui ? » répondit-il, la voix rauque.— « Elias ? C'est M. Yoras. Un colis pour vous. Vous devriez descendre tout de suite. »Le ton du gardien était inhabituellement tendu. Fronçant les sourcils, Elias enfila une veste et descendit, ignorant la douleur sourde qui battait encore dans son crâne.Un Colis Venu d'AilleursDans le hall faiblement éclairé, M. Yoras l'attendait, une petite boîte en bois brut entre les mains. La boîte semblait ancienne, presque hors du temps, ses gravures étranges courant le long de sa surface. Un mot était gravé sur le couvercle :Legatum.— « Pas d'expéditeur. Pas d'adresse, » dit le gardien en lui tendant la boîte. « Juste ça. »Elias hésita. Ses doigts effleurèrent les lettres gravées, et un frisson glacé remonta le long de son échine.— « Vous savez ce que ça veut dire ? » demanda Elias d'une voix incertaine.M. Yoras secoua la tête, visiblement mal à l'aise.— « Faites attention, » murmura le gardien avant de disparaître dans la cage d'escalier.De retour dans son appartement, Elias posa la boîte sur la table, une vague d'appréhension nouant son estomac. La pièce lui sembla soudain oppressante, comme si l'air lui-même pesait sur ses épaules.Il inspira profondément et ouvrit le couvercle.Sous un tissu de velours rouge, un médaillon reposait, brillant faiblement. Pas plus grand que sa paume, il était gravé de motifs complexes, hypnotiques. En son centre, un cristal bleu pulsait doucement, comme un cœur battant.Les Lignes LumineusesDès qu'il effleura le médaillon, une chaleur vive remonta dans son bras, et tout autour de lui changea.Les murs de son appartement ondulèrent, comme s'ils étaient devenus liquides. Elias recula d'un pas, ses yeux écarquillés. Puis, soudain, des lignes lumineuses apparurent dans l'air, entremêlées comme une toile infinie. Certaines brillaient d'un bleu éclatant, d'autres pulsaient d'une énergie dorée.Une ligne, plus vive que les autres, semblait l'appeler.— « C'est... quoi, ça ? » murmura-t-il, captivé.Il tendit la main, incapable de résister à l'attraction de la ligne dorée. Dès qu'il la toucha, une décharge électrique traversa son corps.— « Ahhh ! »La douleur explosa dans son crâne, plus vive qu'un éclair. Il s'effondra au sol, haletant, tandis que des fissures noires se formaient autour de lui, déchirant l'air. À travers ces brèches, Elias aperçut un autre monde : un ciel rouge zébré d'éclairs bleus, des silhouettes mouvantes dans les ombres... des choses qui semblaient l'observer.Puis, une voix résonna dans sa tête, froide, implacable :— « La première ligne est brisée. L'équilibre est rompu. »Elias voulut crier, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Les fissures s'élargirent, et le sol disparut sous ses pieds.Il chutait. Un vide tourbillonnant de lumières et d'ombres l'engloutit.Un Nouveau MondeQuand il ouvrit les yeux, Elias était allongé sur un sol froid, parcouru de fissures lumineuses qui pulsaient doucement, au rythme d'un battement.Autour de lui, un paysage étrange s'étendait : des formations rocheuses scintillantes s'élevaient vers un ciel rouge, traversé de lignes lumineuses semblables à celles qu'il avait vues dans son appartement.Le médaillon était toujours là, vibrant faiblement à côté de lui.Au loin, une structure massive dominait l'horizon, ornée des mêmes gravures complexes que le médaillon.Une voix résonna à nouveau, cette fois plus claire, presque solennelle :— « Bienvenue. L'Héritage commence ici. »Chancelant, Elias se releva, ses jambes tremblantes sous son poids.— « Où suis-je ? » souffla-t-il, le regard perdu.À suivre...