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La Valse Des Ombres

Imene_Guellil
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Synopsis
Dans la Vienne actuelle, une jeune restauratrice d'œuvres d'art découvre une partition ancienne et incomplète, signée par un compositeur inconnu. En jouant la mélodie sur un vieux piano, elle ressent une étrange sensation, comme si la musique réveillait quelque chose dans la pièce. Peu à peu, elle commence à apercevoir un homme élégant, vêtu à la mode du XIXe siècle, apparaissant uniquement lorsque la musique résonne. L'esprit du compositeur est lié à cette partition, inachevée à cause d'un amour tragique. Il ne pourra trouver la paix que si la mélodie est complétée... mais au fil des rencontres, des souvenirs et des nuits viennoises illuminées, la jeune femme commence à tomber amoureuse de cet être hors du temps. Pourront-ils terminer la partition et briser la malédiction, ou la musique les condamnera-t-elle à n'être que deux âmes séparées par le temps ?
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Chapter 1 - Chapitre 2 - Le collectionneur

Le lendemain, une fine bruine enveloppait Vienne, rendant l'air encore plus feutré, presque irréel. Eleanor déambulait dans le quartier du Neubau, là où les galeries et boutiques d'antiquités s'alignaient discrètement, chacune révélant un fragment du passé derrière ses vitrines poussiéreuses.

Elle s'arrêta devant une petite boutique à la devanture de bois sombre, sans même réfléchir. Sur le verre légèrement embué, des lettres dorées indiquaient : "Antiquitäten und Kuriositäten – M. Falkenrath".

Le tintement d'une clochette résonna lorsqu'elle poussa la porte.

L'intérieur était une caverne d'objets anciens : des livres reliés de cuir, des horloges à gousset, des bijoux d'époque et des cadres dorés s'entassaient dans un apparent désordre, mais qui semblait pourtant parfaitement maîtrisé. L'odeur du bois ancien et du papier jauni flottait dans l'air.

— Wunderschön… murmura-t-elle en anglais teinté d'une hésitation. Magnifique.

— Vous aimez les objets qui ont une histoire ?

La voix venait de l'arrière de la boutique. Un homme surgit lentement de l'ombre, essuyant ses mains sur un chiffon de lin. Il était grand, la cinquantaine élégante, les tempes grisonnantes et un regard perçant, d'un bleu acier presque trop clair. Son costume sombre était impeccablement taillé, comme s'il sortait lui-même d'une autre époque.

— Oui… répondit Eleanor, un peu surprise. Tout ce qui vient du passé me fascine.

L'homme l'observa un instant avant de sourire légèrement.

— Vous êtes américaine, je me trompe ?

Elle acquiesça, un peu gênée.

— Vous êtes bien loin de chez vous, alors.

— Je crois que… j'avais besoin de changement. Vienne m'a toujours appelée, d'une certaine façon.

Un silence s'installa, léger mais pas inconfortable. L'homme hocha la tête, comme s'il comprenait parfaitement.

— Je m'appelle Markus Falkenrath, antiquaire et… passionné d'histoires oubliées, disons.

— Eleanor.

— Venez, Eleanor. J'ai quelque chose à vous montrer.

Elle le suivit à travers la boutique, frôlant du bout des doigts les couvertures anciennes et les pendules aux mécanismes délicats. Markus la mena vers une petite vitrine en verre, éclairée par une lumière tamisée.

— Cette montre, commença-t-il doucement, appartenait à un compositeur méconnu du XIXe siècle. On raconte qu'elle ne s'arrêtait jamais, sauf lors de ses concerts. Comme si le temps lui-même suspendait son souffle pour écouter.

Eleanor se pencha, fascinée par l'objet. La montre, en or finement ciselé, était décorée de motifs floraux et d'une minuscule clef accrochée à sa chaîne.

— C'est magnifique.

— Chaque objet ici porte une histoire. Et parfois, murmura-t-il, il est difficile de savoir si ce sont nous qui les choisissons… ou eux qui nous trouvent.

Elle sentit un frisson la parcourir, sans vraiment comprendre pourquoi.

— Vous collectionnez beaucoup d'objets liés à la musique ?

Markus eut un sourire énigmatique.

— Vienne est une ville de mélodies et de fantômes. Ceux qui écoutent vraiment peuvent encore entendre leurs échos.

Eleanor fronça légèrement les sourcils.

— Que voulez-vous dire ?

Il haussa les épaules, changeant soudain de sujet.

— Vous semblez passionnée d'histoire. Si vous le souhaitez, je pourrais vous faire découvrir d'autres pièces. Peut-être même quelques manuscrits anciens.

— J'adorerais.

En quittant la boutique ce soir-là, Eleanor ne pouvait s'empêcher de repenser à cette montre… et au regard de Markus, presque trop perçant.

Comme s'il savait quelque chose qu'elle ignorait encore.