En tant que fils aîné de l'empereur Kim Jin et de l'impératrice Young Im, il fut marié à l'empereur d'un royaume voisin à l'âge de seize ans. Bien qu'il soit l'héritier aîné, son statut d'Oméga l'empêchait de prétendre au trône. Cette union avait été arrangée dès sa naissance en raison des liens étroits entre l'impératrice de l'Empire Kohmaru et sa défunte mère, désireuse de sceller cette amitié par un mariage.
Sa vie dans ce nouveau royaume se déroulait exactement comme il l'avait anticipé : une existence marquée par la solitude et les épreuves. Après leur mariage, il fut conduit au palais impérial de l'empire kohmaru, dont la splendeur égalait celle de son pays natal. Cependant ,la relation entre lui et l'empereur demeurait froide et tendue.Il lui apparut clairement que la raison à cela était sans doute cette union motivée par des intérêts politiques et amicaux étrangers aux deux concernés, d'autant plus que l'empereur possédait déjà plusieurs concubines, qu'elles soient Betas ou Alphas, rendant sa présence pratiquement superflue.
L'empereur supportait à peine la présence du prince Oméga, et ce uniquement par respect pour sa mère, la reine mère, qui non seulement était la marraine de ce dernier, mais l'appréciait profondément. Sans cette protection, il aurait probablement déjà demandé le divorce.Quant à l'Oméga, il n'apportait rien de mieux à cette union malheureuse, arborant constamment un visage figé, une froideur palpable, et un manque cruel de sociabilité.
Chaque rencontre entre eux n'était qu'un exercice de courtoisie rigide, dépourvu de toute chaleur humaine. Leur relation était loin de l'harmonie attendue d'un couple impérial.
— Votre Majesté... Votre Majesté.
Su, une jeune servante à la peau pâle et aux yeux couleur lavande, écarquillés par la peur, entra précipitamment dans la pièce. Sa respiration était saccadée, comme si chaque mot était une épreuve.
— Qu'y a-t-il, Su ? demanda l'héritier, sa voix calme trahissant à peine une note d'inquiétude.
Ses yeux, d'un doré captivant, fixaient la jeune fille avec une intensité qui semblait percer son âme.
— Votre Majesté, c'est... c'est le prince Sanji... Quelque chose d'horrible est arrivé, répondit-elle, ses mains tremblant visiblement alors qu'elle les joignait en signe de supplication.
Le cœur d'Izumo se serra à l'évocation du nom de Sanji. Un sentiment d'appréhension, mêlé d'une douleur sourde, s'empara de lui. Sans perdre un instant, il se leva avec la dignité que l'on attendait de sa position, mais son esprit était déjà tourmenté par l'inquiétude. Il fut conduit sans délai au palais de la concubine Kurenaï, le lieu qui représentait pour lui tout ce qu'il abhorrait et désirait en même temps.
Sanji, le petit prince, était le fils chéri de l'empereur et de sa concubine favorite, Kurenaï.
Dès son arrivée à la cité impériale après son mariage, l'oméga impériale sentit la tension palpable qui régnait entre ses gigantesques murs, qui servaient de remparts et de protection aux occupants de ces lieux. Le palais de la dénommée Kurenaï, avec ses murs ornés de soieries fines et ses jardins délicatement entretenus, contrastait avec l'agitation permanente qui régnait à l'intérieur.
Kurenaï, cette femme d'une beauté à couper le souffle, aux cheveux d'un noir d'encre et aux traits délicats, se tenait au centre de l'attention de la cité impériale, telle une reine, bien qu'elle ne fût qu'une concubine. Les nobles de la cour impériale, vêtus de leurs kimonos riches et colorés, et même l'empereur lui-même, semblaient n'avoir d'yeux que pour elle.
Kurenaï était adulée pour sa grâce et sa prétendue bonté, au point où certains la considéraient comme la véritable impératrice.
Deux mois après le mariage de l'Oméga, Kurenaï avait été prise d'un malaise. Le médecin impérial avait alors annoncé qu'elle était enceinte de trois mois, une nouvelle qui n'avait fait que renforcer son statut de favorite. Cette grossesse l'avait propulsée au sommet de la hiérarchie du palais, si bien qu'elle bénéficiait d'un traitement supérieur à celui de l'Oméga, légitime époux de l'empereur.
Cependant, grâce au lien inébranlable qui le liait à la reine mère impératrice, personne n'osait afficher ouvertement son mépris à l'égard d'Izumo.
Même l'empereur, malgré son indifférence, se montrait respectueux quand il le fallait.Izumo savait que sans cette protection, tout ce qu'il possédait, son palais majestueux, ses bijoux d'une rare beauté et bien d'autres choses, aurait déjà été confisqué au profit de Kurenaï. Malgré leur cohabitation forcée, l'Oméga impérial et Kurenaï n'avaient jamais été proches.
Cependant, il y avait une chose que l'héritier appréciait sincèrement chez Kurenaï : Sanji.
Ce jeune garçon, avec ses grands yeux curieux et son sourire éclatant, était un véritable rayon de soleil dans ce monde d'intrigues et de froideur.
L'Oméga, habituellement si distant, se surprenait à sourire en sa présence, un sourire rare et sincère. Ce qui était encore plus étrange, c'est que le jour de la naissance de Sanji avait été le plus heureux qu'il ait vécu depuis son arrivée au palais. Mais ce bonheur, il le sentait maintenant, n'était que l'illusion d'un moment fugace.
À son arrivée au palais de Kurenaï, l'oméga sentit immédiatement les regards lourds de suspicion se poser sur lui. Toutes les concubines étaient présentes, leur présence imposante et leurs yeux perçants le dévisageaient sans retenue, tout comme l'empereur, dont le regard habituellement impassible trahissait cette fois une certaine tristesse. Avant même qu'il ne puisse prononcer un mot, un cri de désespoir déchira l'air :
— Pourquoi... Pourquoi es-tu parti, Sanji, mon fils ? Pourquoi es-tu mort ? hurla Kurenaï, ses pleurs étouffés par l'étreinte de ses servantes qui tentaient en vain de la calmer.
Le mot "mort" résonna dans l'esprit de l'omega comme un coup de tonnerre. Sanji, mort ? C'était inconcevable. Ils s'étaient vus la veille, et le petit prince semblait en parfaite santé. Un froid glacial s'empara de lui.
— Que dites-vous, Dame Kurenaï ? s'écria-t-il, son visage pâle trahissant sa stupeur.
Ses paroles semblaient frapper Kurenaï comme une cloche d'alarme, la ramenant à une réalité encore plus douloureuse. Elle tourna vers lui un visage défiguré par les larmes et la douleur, ses yeux étincelant de haine.
— Ne faites pas semblant. Vous savez très bien de quoi je parle, car c'est vous qui l'avez tué, accusa-t-elle, sa voix brisée par la douleur.
— Quoi ? Moi, tuer Sanji ? C'est insensé ! protesta l'omega.
Izumo recula d'un pas, comme si les mots de Kurenaï l'avaient frappé physiquement.
— Reprenez-vous, Dame Kurenaï, et cessez de dire des absurdités. Je n'ai pas tué le prince, répliqua-t-il, tentant de garder son calme malgré la colère qui montait en lui.
— Alors pourquoi est-il mort ? s'écria-t-elle, son regard flamboyant rempli de désespoir.
— Je n'en sais rien, répondit l'héritier, ses paroles prononcées avec une froideur involontaire.
— Je vais vous le dire, dit Kurenaï, sa voix se faisant plus sombre, presque menaçante.
L'empereur, jusque-là silencieux, intervint d'une voix grave et autoritaire, cherchant à ramener l'ordre dans ce chaos émotionnel.
— Concubine, reprends-toi. Le chagrin te perturbe. Cela ne peut être lui, déclara-t-il, prenant pour la première fois la défense de l'héritier, un geste aussi surprenant que l'accusation elle-même.
Izumo sentit une vague de soulagement mêlée d'amertume. C'était la première fois que l'empereur prenait sa défense, mais dans des circonstances aussi tragiques, cela ressemblait davantage à un devoir qu'à une réelle marque de soutien.
— Mon empereur, insista Kurenaï, la voix brisée, je suis sûre et certaine que c'est lui. Cet étranger a toujours été jaloux de l'amour que vous me portez.
— Jaloux, moi ? C'est ridicule, Et si c'était le cas, c'est toi que j'aurais tuée, pas ton fils innocent.rétorqua l'oméga, son ton empreint de mépris.
La salle se figea un instant, chacun des témoins retenant son souffle face à cette déclaration.
— lorsque j'ai été enceinte de Sanji, votre jalousie est devenue maladive, Vous ne le quittiez plus des yeux, vous vouliez vous en débarrasser parce qu'il nous avait encore plus rapprochés, l'empereur et moi. Vous vouliez donner naissance au premier enfant de l'empereur. Comme Sanji compromettait vos plans, vous l'avez tué.
continua Kurenaï, les larmes coulant librement sur ses joues.
Les derniers mots de Kurenaï résonnèrent dans l'air, lourds d'accusations et de désespoir.
L'oméga aux yeux dorés, se tenant droit malgré le poids de cette confrontation, sentit une colère sourde monter en lui. Mais il ne pouvait se permettre de céder à ses émotions. L'empereur, les concubines, les serviteurs, tous attendaient sa réaction. Ce moment pourrait sceller son destin.
— Concubine Kurenaï, vous faites preuve d'une imagination débordante, mais il n'en est rien, répondit Izumo d'une voix calme, malgré la colère qui bouillonnait sous la surface.
Kurenaï, en proie à une rage dévastatrice, se tenait droite devant lui, ses yeux lançant des éclairs.
— Alors pourquoi avez-vous passé toute la journée d'hier avec lui ? demanda-t-elle, sa voix chargée de mépris.
L'empereur, choqué par cette accusation inattendue, s'écria :
— Quoi !?
— Oui, Majesté, confirma Kurenaï, votre cher compagnon a effectivement passé toute la journée d'hier avec notre fils. Ce sont mes servantes qui me l'ont rapporté.
L'empereur, consumé par une colère et un chagrin intenses, appela les servantes présentes :
— Servantes !
Les servantes se précipitèrent à genoux devant lui, leurs visages marqués par la peur.
— Est-ce vrai ? demanda l'empereur, sa voix tremblante d'émotion.
— Oui, Votre Majesté, hier, le prince a déjeuné avec votre compagnon dans le jardin. Peu après son retour, il a commencé à développer de la fièvre,répondit une servante.
Kurenaï, les larmes inondant ses joues, tourna son regard accusateur vers l'oméga impérial :
— Vous voyez, Majesté, c'est bien lui le coupable. Il a empoisonné notre fils. Votre Majesté, vous devez agir !
Izumo, bien que choqué par les accusations, garda son calme. Sa posture était digne, malgré l'injustice de la situation.
— Prince... Est-ce vous qui avez tué le prince ? Répondez immédiatement, ordonna l'empereur, la colère palpable dans sa voix.
L'accusé soupira profondément. Il n'était même pas désigné par son titre honorifique, signe de son exclusion par la cour impériale et surtout par son époux lui-même.
— Pourquoi étiez-vous avec le prince hier sans ma permission ? Demanda l'empereur, un ton accusateur sous-jacent dans sa voix.
L'oméga réfléchit un instant, évitant de laisser transparaître son agacement. Il aurait pu répliquer que l'empereur et sa chère concubine étaient trop absorbés par leurs propres affaires, mais il choisit plutôt d'adopter une attitude indifférente.
— Votre Majesté, je n'aime pas me répéter, mais supposons que ce soit moi qui ai tué le prince. Que se passerait-il ?Ses paroles provoquèrent un murmure d'étonnement parmi les personnes présentes.
— Que signifie cela ? demanda Kurenaï, le visage déformé par la colère et le chagrin.
— Cela signifie que même si j'avais tué le prince, vous ne pourriez rien faire contre moi.
Izumo se tourna vers l'empereur avec une détermination froide.
— D'abord, parce que je suis prince d'un autre empire. Si un malheur m'arrivait, mon père ,mes frères et sœurs n'hésiteraient pas à déclarer la guerre. Ensuite, la reine mère impératrice vous en voudrait à jamais et ne manquerait pas de se venger sur vos concubines. Enfin, vous n'avez aucune preuve tangible. J'ai partagé plusieurs repas avec le prince depuis sa naissance, et ce déjeuner ne saurait constituer une preuve suffisante pour faire de moi un suspect, et encore moins un meurtrier.
Les murmures parmi les nobles dames se firent plus audibles, certains exprimant leur scepticisme tandis que d'autres se scandalisaient.
— Maintenant, excusez-moi, j'ai une sieste à terminer, dit l'oméga avec une touche de nonchalance.
Kurenaï, indignée, s'exclama :
— Quoi ? Majesté, vous ne pouvez pas le laisser partir ainsi !
Les murmures dans la pièce reflétaient la confusion et l'angoisse croissante :
— Alors, il l'a vraiment tué ? C'est horrible...
Izumo se redressa, la colère et le dédain se mêlant dans ses yeux.
— Ah, au fait, Majesté, que vous le vouliez ou non, je reste "L'Akari" de cet empire. Alors, tâchez de me traiter avec le respect qui m'est dû à l'avenir.
Tout ce tumulte ne fera que renforcer la distance entre lui et l'empereur, mais,c'était peut-être pour le mieux.