L'atmosphère était étrangement calme après les premières épreuves. Les paysages autour d'eux s'étaient stabilisés, offrant une plaine brumeuse éclairée par une lumière diffuse, presque irréelle. Chaque pas de Léo, Anna, Camille et Jules semblait résonner davantage dans ce silence oppressant.
- Pourquoi ça s'est arrêté d'un coup ? demanda Jules, brisant le silence tout en consultant son panneau holographique.
Anna regarda autour d'elle, les bras croisés, l'air méfiante.
- Parce qu'ils nous observent. Ils veulent voir comment on réagit.
Camille soupira.
- Génial. Une pause dans le cauchemar.
Léo, quant à lui, restait concentré. Il observait les environs, cherchant un indice ou une anomalie. Son instinct lui disait que ce calme ne durerait pas.
- Regardez ça, dit-il en pointant un objet au loin. Une structure noire se dressait au milieu de la plaine, une sorte de tour sinistre dont la surface semblait absorber la lumière environnante.
Ils avancèrent prudemment vers la tour, chaque pas déclenchant une vibration légère dans le sol. Plus ils s'approchaient, plus la température semblait baisser. Une fois devant l'entrée, un panneau holographique apparut, projetant un message : Déverrouillez le savoir. Les clés sont en vous.
- Super, encore des énigmes, grogna Camille.
Un léger clic retentit, et quatre symboles lumineux flottèrent devant eux : un cercle, un triangle, un carré, et une étoile. Chaque symbole semblait pulser à une fréquence différente.
- Des énigmes basées sur les symboles, observa Anna. Mais pourquoi "les clés sont en nous" ?
Jules toucha le cercle, déclenchant une lumière vive qui forma un labyrinthe complexe devant eux.
- Attendez, dit Léo en étudiant les motifs. Ce labyrinthe… c'est comme celui du test de logique qu'on a eu en ligne avant de venir ici.
Anna fronça les sourcils.
- Tu veux dire qu'ils utilisent nos réponses ?
- Exactement, répondit Léo. Eidolon se sert de nos données pour modeler les défis.
Ils travaillèrent ensemble pour résoudre les énigmes. Chaque symbole déclenchait un nouveau défi basé sur leurs capacités respectives :
Anna affronta une série de puzzles visuels, où elle dut aligner des formes en mouvement.
Camille fut plongé dans un mini-jeu de rapidité, évitant des obstacles numériques qui apparaissaient à une vitesse fulgurante.
Jules déchiffra un code binaire complexe, ses doigts courant sur le clavier holographique.
Léo, lui, dut coordonner les mouvements d'un puzzle mécanique qui nécessitait une synchronisation parfaite.
Une fois les quatre défis relevés, la tour trembla légèrement, et une porte s'ouvrit, révélant une pièce centrale baignée d'une lumière bleutée. Sur un piédestal flottait une sphère d'énergie qui semblait vibrer au rythme de leurs propres battements cardiaques.
- C'est quoi, ça ? murmura Camille.
- Une clé, répondit Léo en s'avançant.
Lorsqu'il toucha la sphère, une voix synthétique résonna dans la pièce : Félicitations. Vous avez déverrouillé le premier fragment du savoir. Mais chaque réponse soulève une nouvelle question. Êtes-vous prêts à continuer ?
Avant qu'ils ne puissent répondre, la lumière dans la pièce vacilla, et une projection holographique s'alluma. Une silhouette indistincte apparut, son visage masqué par une série de pixels mouvants.
- Vous progressez bien, dit la silhouette d'une voix calme mais autoritaire. Mais savez-vous vraiment pourquoi vous êtes ici ?
- Pour tester le jeu, répondit Anna, le regard défiant.
La silhouette laissa échapper un ricanement.
- Eidolon n'est pas un simple jeu. C'est un test, oui, mais aussi une opportunité. Ceux qui réussissent débloqueront des vérités que le monde extérieur ne peut offrir.
- Et si on échoue ? demanda Jules.
- Alors vous serez oubliés, répondit la silhouette avant de disparaître.
Un long silence s'installa entre eux, seulement brisé par le bourdonnement de la sphère qui continuait de flotter devant eux.
- Génial, lâcha Camille. Comme si on n'avait pas assez de pression.
Léo regarda ses amis, essayant de masquer son inquiétude. Il savait que ce qu'ils venaient de découvrir n'était qu'un fragment d'un mystère bien plus grand.
Ainsi se termina leur exploration de la tour, laissant derrière eux plus de questions que de réponses. Eidolon continuait de les tester, mais le véritable enjeu restait encore à découvrir.
Alors qu'ils quittaient la tour, le paysage autour d'eux changea de nouveau. La plaine brumeuse s'évanouit, remplacée par une forêt dense et sinistre. Les arbres étaient immenses, leurs branches tordues formant des ombres inquiétantes. Le sol semblait craquer sous leurs pas, comme s'il réagissait à leur présence.
- Vous avez remarqué que chaque endroit semble vivant ? demanda Anna, brisant le silence pesant.
- C'est comme si Eidolon nous surveillait en permanence, répondit Léo. Tout est conçu pour nous déstabiliser.
Jules s'arrêta soudain.
- Attendez une seconde. Vous entendez ça ?
Un bruit faible mais constant se fit entendre. Un bourdonnement mécanique, accompagné d'un cliquetis régulier. Cela semblait venir de tous les côtés à la fois.
- On bouge, dit Léo d'un ton ferme. Vite.
Ils se mirent à courir, mais le bruit semblait les suivre, se rapprochant à chaque instant. Soudain, des drones sphériques émergèrent des arbres, leurs carapaces métalliques scintillant dans l'ombre. Ils se déplaçaient rapidement, entourant le groupe.
- Ils ne vont pas nous laisser partir comme ça, murmura Camille.
Anna attrapa un bâton lumineux qui apparut dans sa main, probablement généré par le jeu.
- Alors on se défend.
Léo analysa rapidement la situation. Les drones semblaient coordonnés, mais leurs mouvements étaient prévisibles.
- Visez les capteurs rouges. C'est probablement leur point faible.
Le groupe se lança dans une lutte frénétique contre les drones. Anna fit un saut agile pour frapper l'un des appareils, le détruisant dans une explosion d'étincelles. Jules, bien qu'hésitant, utilisa un arc holographique pour tirer des flèches d'énergie, réussissant à neutraliser deux ennemis. Camille, armé d'une épée énergétique, chargea un groupe de drones, les frappant avec une précision surprenante.
Pendant ce temps, Léo se concentra sur un panneau flottant qui venait d'apparaître. Il comprit rapidement qu'il pouvait pirater les drones pour les désactiver. Ses doigts dansaient sur l'écran holographique, et un à un, les drones s'immobilisèrent avant de s'éteindre complètement.
- Bien joué, dit Anna, essoufflée. Mais pourquoi ils nous attaquent encore et encore ?
Léo réfléchit un instant.
- Parce qu'ils veulent nous pousser à bout. Ce n'est pas juste un test de nos compétences, c'est un test de notre résilience.
Jules regarda autour de lui, inquiet.
- Et si on échoue ?
Personne ne répondit, mais le silence était lourd de sous-entendus. Ils savaient tous que l'échec n'était pas une option.
Ils continuèrent leur chemin à travers la forêt, cette fois plus prudents. Chaque ombre semblait cacher un danger potentiel, chaque bruit était une alerte. Mais malgré la tension, ils restèrent unis, avançant ensemble.
Enfin, ils atteignirent une clairière. Au centre, un autre panneau holographique les attendait. Il affichait un nouveau message : Prochain défi : choisir la vérité.
- Ça ne sonne pas très rassurant, murmura Camille.
- Rien ici n'est rassurant, répondit Anna. Mais on n'a pas le choix.
Ils se tinrent en cercle autour du panneau, attendant ce qui allait suivre. La lumière dans la clairière changea, devenant plus intense. Une voix synthétique résonna à nouveau : Êtes-vous prêts à faire face à vos peurs ? La vérité vous rendra libres, ou vous détruira.
La clairière disparut, et chacun d'eux se retrouva isolé, plongé dans une vision personnelle. Léo se tenait devant un miroir qui reflétait non pas son image, mais une version de lui-même plus jeune, plus insouciante. Anna était face à un mur infini qui semblait se refermer sur elle. Jules voyait un écran rempli de lignes de code qu'il ne comprenait pas, chaque erreur déclenchant une alarme stridente. Camille, lui, se retrouvait sur une scène vide, incapable de bouger sous le regard invisible d'un public silencieux.
Ces visions les confrontaient à leurs faiblesses, leurs regrets, et leurs peurs les plus profondes. Mais en affrontant ces défis, ils commencèrent à comprendre quelque chose de plus grand : Eidolon n'était pas seulement un jeu. C'était un miroir qui révélait leur véritable nature.
Quand ils émergèrent de leurs visions, la lumière de la clairière avait changé. Ils étaient à nouveau ensemble, mais différents. Une nouvelle clé flottait devant eux, brillante et sereine. En la touchant, ils sentirent un frisson parcourir leurs corps.