C'était un jour banal, ou du moins, c'est ce que je croyais. Je me souviens encore de ce moment précis, comme si c'était hier : l'odeur du gazon fraîchement coupé, le bourdonnement des discussions autour de moi, et ce rayon de soleil qui frappait juste à travers les fenêtres du gymnase.
Je ne connaissais pas encore Max. À vrai dire, je ne lui avais jamais adressé la parole. Il faisait partie de ces garçons qu'on remarquait immédiatement, avec son sourire éclatant et sa façon de se tenir toujours un peu trop décontractée. Moi, j'étais juste… moi. Une fille parmi tant d'autres, assise au fond de la salle, un peu trop discrète pour qu'on fasse attention à elle.
Ce jour-là, le destin – ou peut-être juste un mauvais coup du hasard – a décidé de croiser nos chemins.
La prof de sport avait organisé un match de basket improvisé. Elle avait insisté pour que *tout le monde* y participe, même ceux qui, comme moi, auraient préféré rester invisibles dans un coin. Max, bien sûr, était capitaine de l'une des équipes. Il a planté son regard sur moi, un sourire en coin.
« Toi, là-bas. La timide. Rejoins mon équipe », a-t-il lancé.
J'ai rougi. Tout le monde s'est tourné vers moi.
« Je… je ne sais pas jouer », ai-je bredouillé.
« Tant mieux. Ça rendra les choses intéressantes. »
Je me suis levée à contrecœur, mes jambes tremblant légèrement sous le poids des regards. Ce n'était pas la première fois qu'on me mettait dans une situation inconfortable, mais c'était la première fois que quelqu'un comme lui me remarquait.
Max m'a tendu un ballon, son sourire toujours accroché à ses lèvres comme une promesse de trouble.
« Allez, on va faire de toi une star du basket aujourd'hui. »
J'ai ricané nerveusement. Une star ? Impossible. Je ne savais même pas dribbler correctement.
Le match a commencé, et comme prévu, j'étais terrible. Chaque fois que je touchais le ballon, quelqu'un me le prenait. Chaque fois que je courais, je finissais par trébucher sur mes propres pieds. Mais Max ne semblait pas s'en soucier. À chaque erreur, il me lançait un regard encourageant, un sourire qui disait : *Tu peux le faire*.
À un moment donné, je me suis retrouvée face à lui, le ballon entre nous. Il s'est penché légèrement, ses yeux pétillants de défi.
« Tu penses pouvoir m'arrêter ? »
Je me suis figée, incapable de répondre. Il a ri doucement, une lueur malicieuse dans le regard. Puis, avec une rapidité déconcertante, il a dribblé autour de moi et marqué un panier parfait.
« Pas mal, hein ? » a-t-il dit en me lançant un clin d'œil.
J'ai levé les yeux au ciel, essayant de cacher mon embarras.
Quand le match s'est terminé, je m'attendais à ce qu'il retourne vers ses amis, qu'il m'oublie comme tout le monde le faisait. Mais au lieu de cela, il s'est approché de moi, une bouteille d'eau à la main.
« Tu t'en es bien sortie », a-t-il dit en me tendant la bouteille.
J'ai haussé un sourcil. « Tu plaisantes ? J'ai été nulle. »
« Peut-être, mais au moins, tu as essayé. C'est mieux que la plupart des gens. »
J'ai pris la bouteille, hésitante. Il s'est assis à côté de moi sur le banc, comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.
« Alors, c'est quoi ton nom ? » a-t-il demandé.
« Calyssia. »
« Calyssia… » Il a répété mon nom doucement, comme pour le goûter sur sa langue. « C'est joli. Moi, c'est Max. »
« Je sais. Tout le monde sait qui tu es. »
Il a ri, un son léger et sincère. « Alors, tu me connais, mais moi, je ne te connais pas. Raconte-moi quelque chose sur toi. »
J'ai baissé les yeux, mal à l'aise. Personne ne m'avait jamais demandé ça avant.
« Il n'y a pas grand-chose à dire. Je suis juste… moi. »
« Eh bien, 'juste toi', tu m'intéresses. »
Les jours suivants, Max ne m'a pas lâchée. Partout où j'allais, il semblait toujours être là, comme une ombre lumineuse impossible à ignorer.
« Hé, Calyssia », m'a-t-il appelé un matin en me rattrapant dans le couloir. « Tu veux venir à l'entraînement après les cours ? »
« Pourquoi ? » ai-je demandé, méfiante.
Il a haussé les épaules. « Parce que j'ai besoin de quelqu'un pour compter mes paniers. Et toi, tu as besoin de te détendre un peu. »
J'ai voulu refuser, mais il m'a lancé ce sourire – celui qui semblait dire qu'il ne prenait jamais *non* pour une réponse.
Alors, j'y suis allée.
C'est devenu une sorte de rituel. Après les cours, on se retrouvait sur le terrain. Il m'apprenait à dribbler, à viser, à tirer. Je n'étais pas très douée, mais ça n'avait pas d'importance. Avec lui, tout semblait plus léger, moins sérieux.
Un jour, alors que je ratissais le sol pour ramasser un ballon qui avait roulé trop loin, il a soudain dit :
« Pourquoi tu ne souris jamais ? »
Je me suis arrêtée, surprise. « Quoi ? »
« Tu es jolie quand tu souris. Mais on dirait que tu essaies toujours de le cacher. Pourquoi ? »
J'ai haussé les épaules, mal à l'aise. « Peut-être parce que personne ne me donne de raison de sourire. »
Il s'est approché, son regard sérieux pour la première fois. « Alors, je vais t'en donner une. »
Et avant que je puisse répondre, il a pris le ballon, l'a levé au-dessus de sa tête et a fait semblant de trébucher, tombant en arrière de manière théâtrale. J'ai éclaté de rire malgré moi.
« Tu vois ? » a-t-il dit en se redressant, un sourire triomphant sur le visage. « C'est beaucoup mieux comme ça. »