Cela faisait un mois entier que Kyllian et Kayla ne s'étaient pas parlé. Un mois depuis l'éclat, depuis la dernière confrontation où les mots avaient blessé, où le silence s'était installé entre eux. Mais ce soir-là, pour la fête des 25 ans de la fac, ils se retrouvaient tous les deux dans la même pièce, entourés de rires, de musique et de danse.
Kayla avait bu, un peu trop peut-être. Elle se sentait légère, mais aussi lourde de pensées. La musique vibrante remplissait l'air, et chaque instant semblait l'éloigner de la réalité. Mais une présence l'inquiétait, la fascinait aussi. Kyllian. Il la regardait, de loin, comme s'il attendait quelque chose, ou peut-être, comme s'il regrettait ce qui s'était passé.
Elle n'osait pas le regarder en retour, mais elle savait qu'il la fixait. Ce regard lourd de non-dits la traversait à chaque mouvement. Son cœur battait plus vite à chaque seconde, tiraillé entre la colère qu'il lui inspirait et une partie d'elle qui désirait encore comprendre.
Elle se tenait dans un coin de la salle, presque à l'écart, à moitié ivre, mais aussi à la merci de ses propres sentiments. Puis un inconnu, un homme qu'elle n'avait jamais vu, s'approcha.
— Ça va ? demanda-t-il, un sourire un peu trop insistant sur les lèvres.
Elle hésita, mais ne répondit pas tout de suite. Elle se sentait confuse, perdue. Ses pensées n'étaient pas claires, mais ce sentiment de solitude, d'être un peu perdue parmi la foule, était trop présent.
— Tu veux que je t'accompagne ?
Elle secoua la tête, mais l'homme insista, lui prenant doucement le bras.
— Non, ça va. Je…
Mais il ne la lâcha pas. Il insista, toujours souriant, comme s'il savait exactement ce qu'il faisait.
— Non, non, viens. Je vais prendre soin de toi, viens. Il la tira légèrement vers lui, et à ce moment-là, une petite voix intérieure lui disait de résister. Mais pourquoi lutter ?
Elle se laissa faire, se laissant entraîner dans une allée à l'écart de la fête. Le bruit de la musique devenait lointain.
Et puis, tout devint flou. L'homme la plaqua contre un mur, un geste un peu trop brusque. Elle tenta de se dégager, mais son esprit était embrouillé.
— Non, arrête… murmura-t-elle, mais la voix se brisa sous l'effet de l'alcool et de la confusion.
— Amusons-nous… murmura-t-il à son oreille, insistant.
Elle voulut crier, se battre, mais elle n'en avait pas la force. C'est à ce moment-là qu'elle aperçut une silhouette dans l'ombre, un mouvement rapide, une forme familière.
C'était Kyllian.
Il n'avait pas dit un mot, mais d'un geste vif, il s'approcha, et dans un éclair, il donna un coup à l'inconnu, le repoussant loin d'elle. Kayla se retrouva soudainement libérée, désorientée. Elle se redressa, les yeux écarquillés, observant Kyllian. Il la regardait, ses yeux emplis de colère et de frustration.
— Tu vas bien ? demanda-t-il enfin, sa voix rauque, comme s'il avait eu du mal à prononcer ces mots.
Elle hocha la tête, toujours un peu sous le choc. Mais son cœur battait si fort qu'elle pouvait à peine respirer. La tension entre eux était palpable, lourde, prête à éclater.
Elle voulut lui dire quelque chose, mais les mots restaient bloqués dans sa gorge. Kyllian ne bougea pas, son regard toujours fixé sur elle.
Kayla se sentit à la fois sauve et brisée. Kyllian était là, mais à quel prix ? Et qu'est-ce que cela signifiait, maintenant ?
L'instant sembla suspendu, comme un souffle d'air, avant qu'elle ne détourne les yeux. Le silence pesait entre eux, lourd de non-dits, de désirs contrariés, de rancunes.