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Chapter 7 - Chapitre 7 : Le Champion et l’Esclave

Haletant, Knut observa un guerrier se faire décapiter et un autre éventrer sous les coups brutaux du Champion Jotunn. La scène aurait dû le laisser impassible ; après tout, la mort était une compagne constante sur le champ de bataille.

Mais cette fois, sa colère montait en flèche. Pas à cause de la perte de ces hommes – chaque guerrier savait qu'il risquait sa vie à chaque combat – mais à cause de l'attaque impitoyable que ce monstre avait infligée à Hilda. Elle avait à peine eu le temps de lever son épée pour bloquer le coup, et malgré cela, l'impact l'avait projetée au loin comme une poupée brisée.

Knut sentait son sang bouillonner. Sa fureur, déjà brûlante, atteignit un point de non-retour lorsqu'il sentit sa bénédiction de Berserker – au stade 2 – s'activer.

Dans ce monde vieux de plusieurs millénaires, les bénédictions étaient des dons extraordinaires laissés par les dieux et autres entités divines. Ces capacités surhumaines, transmises au fil des générations, pouvaient transformer des guerriers ordinaires en légendes vivantes. Mais leur manifestation n'était ni automatique, ni garantie. Souvent récessives, ces bénédictions nécessitaient des conditions extrêmes pour s'éveiller. Leur puissance était classée en stades, allant de 1 à 5, chaque palier marquant une augmentation drastique de leurs effets.

Knut avait éveillé sa bénédiction il y a plusieurs années, lors d'un raid sanglant où il avait frôlé la mort. Cette bénédiction, connue sous le nom de « Fureur du Berserker », lui avait permis de repousser ses limites et de survivre. Avec le temps et l'entraînement, il avait réussi à atteindre le stade 2, mais malgré ses efforts acharnés, il n'avait jamais pu aller plus loin.

L'effet de la bénédiction se manifesta rapidement. Les muscles de Knut se gonflèrent légèrement, son corps semblant vibrer sous la montée d'une énergie brute. Ses cheveux marrons prirent une teinte plus sombre, presque rougeâtre, et ses yeux devinrent injectés de sang. Une aura de rage viscérale émanait de lui, écrasant tout autour.

Avec un rugissement bestial, Knut bondit en avant, sa hache massive à la main. Ses pas étaient lourds, mais rapides, écrasant le sol sous son poids amplifié. Sur son chemin, il croisa un Jotunn, qu'il balaya d'un coup de hache furieux, éclatant son crâne comme une noix.

« Dégage de mon chemin ! » hurla-t-il, chaque mot résonnant comme un tonnerre.

Le Champion Jotunn se tourna vers lui, l'observant d'un regard empreint de mépris. Ce monstre n'était pas seulement grand et puissant : il était une incarnation vivante de la destruction. Sa peau jaune verdâtre luisait sous la lumière du champ de bataille, chaque muscle de son corps semblait prêt à éclater, et son épée gigantesque, couverte du sang de ses victimes, brillait d'un éclat sinistre.

Knut et le Champion se heurtèrent dans un fracas assourdissant. La hache de Knut s'abattit sur l'épée massive du Jotunn, provoquant une onde de choc qui fit vibrer l'air autour d'eux. Les deux titans échangèrent coup pour coup, des étincelles jaillissant à chaque impact.

Pourtant, Knut sentait qu'il perdait du terrain. Malgré sa bénédiction et sa rage décuplée, la force brute du Champion était écrasante. Chaque coup de sa lame semblait vouloir le broyer, et Knut reculait, ses jambes fléchissant sous la pression.

Le duel était si intense que les guerriers et les Grims autour cessèrent de se battre pour les observer. Certains, pris de peur, préféraient s'éloigner de ce combat titanesque.

Knut savait qu'il devait en finir rapidement. La bénédiction de Berserker était un pouvoir à double tranchant : son temps d'utilisation était limité, et son contrecoup le laisserait totalement épuisé. Il chercha une ouverture et crut en trouver une.

Avec un cri féroce, il abattit sa hache sur le flanc du Champion. Mais c'était une feinte. D'un mouvement rapide et calculé, le Jotunn bloqua l'attaque avec sa lame, puis répliqua avec un coup de poing titanesque en plein torse.

Le plastron de Knut éclata sous l'impact, il crachat un filet de sang.

Il refusa de reculer. Serrant les dents, il attrapa le poing du Jotunn, immobilisant brièvement son adversaire. Avec un cri, il balança sa hache vers la tête du monstre. Mais le Champion ouvrit la bouche et mordit la lame avec ses mâchoires puissantes, la brisant en deux comme si elle n'était qu'un bâton.

Le Jotunn, sans perdre de temps, leva son épée pour abattre Knut. Ce dernier, désarmé et affaibli, n'avait aucun moyen de se défendre. Il regarda la lame massive descendre sur lui, résigné à son sort.

Soudain, une silhouette maigre et pâle surgit de l'ombre, se faufilant avec agilité derrière le Jotunn. Chaque mouvement était calculé, son agilité lui permettant d'esquiver les Grims qui se trouvaient sur son chemin. Profitant de l'inattention du colosse, l'intrus planta une épée avec force dans la nuque du Jotunn, arrachant un rugissement guttural de douleur et de surprise à la créature.

Ce moment d'hésitation permit à Knut d'esquiver de justesse le coup massif qui aurait dû le faucher.

Furieux de l'attaque sournoise, le Jotunn pivota brusquement, balançant son épée massive dans un arc meurtrier. Mais son agresseur anticipa le mouvement et se pencha en arrière, laissant la lame gigantesque faucher un troll malchanceux qui se trouvait derrière lui.

Le Jotunn recula légèrement, ses yeux injectés de sang fixant son adversaire. Mais ce qu'il vit l'ébranla. La lame qui lui transperçait la nuque disparut soudainement dans un nuage de fumée noire, pour réapparaître instantanément dans les mains de son attaquant. Une lueur de compréhension passa dans le regard du colosse.

L'agresseur ne perdit pas de temps. Glissant habilement sur le sol jonché de sang et de cadavres, il lança une attaque rapide et précise, sa lame mordant le flanc du Jotunn. Le colosse hurla de rage, balançant instinctivement un coup de pied d'une force colossale pour écraser son ennemi. Mais l'humain, anticipant le mouvement, leva son épée pour parer le coup.

Ce n'était qu'une feinte.

D'un mouvement soudain et brutal, le Jotunn abattit son immense épée dans un coup vertical implacable. L'attaquant n'eut pas le temps d'ajuster sa position de défense : le poids écrasant de la lame fit céder ses jambes, le forçant à tomber à genoux.

Serrant les dents, l'humain maintint sa garde désespérément, ses bras tremblant sous la pression écrasante de l'arme du Jotunn. Le métal crissait, les muscles de l'humain protestant contre l'effort surhumain.

Le Jotunn, un sourire cruel aux lèvres, semblait savourer cet instant.

Knut observait la scène, un genou à terre, haletant de fatigue. Chaque fibre de son corps criait sous l'effet du contrecoup de sa bénédiction Berserker, qui avait atteint sa limite au moment où il avait esquivé le dernier coup du Jotunn. La douleur était farouche, écrasante, et le laissait cloué sur place, incapable de soutenir davantage le jeune homme qui lui était venu en aide.

Hier encore, Knut n'avait vu en Sigurd qu'un garçon frêle et brisé, rescapé d'une ville en ruines. Il l'avait pris en pitié, le pensant incapable de survivre seul. Mais aujourd'hui, après avoir vu ce même garçon rejoindre les mercenaires et accepter la quête désespérée de défense de la ville, ses sentiments avaient évolué. D'une inquiétude sceptique, il était passé à une estime discrète.

Et maintenant, en voyant Sigurd tenir tête à ce Champion Jotunn – un adversaire que même les guerriers les plus aguerris de la ville peinaient à affronter – il ne pouvait s'empêcher de ressentir un profond respect. Ce jeune homme sans bénédiction de combat, sans véritable armure, vêtu d'une simple tunique en tissu, parvenait à infliger des blessures à un Grim légendaire. La bravoure de Sigurd transcendait son apparence fragile.

Mais Sigurd, lui, n'avait pas une once de bravoure en cet instant. Il ne se sentait pas héros, ni même digne de respect. Il avait laissé Hilda derrière lui sans savoir si elle était vivante ou morte. Alors pourquoi était-il là ? Pourquoi avait-il décidé d'aider Knut dans ce combat désespéré ? Était-ce de l'empathie ? De la compassion ?

"Non," pensa-t-il. "Cela n'existe pas dans ce monde barbare. Ce n'est que de l'hypocrisie déguisée, un prétexte pour atteindre ses propres objectifs."

Alors, qu'est-ce qui l'avait poussé à agir ? Était-ce de la folie ? Peut-être. Mais ce n'était pas tout.

Depuis qu'il avait reçu cette Saga mystérieuse et ces pouvoirs qu'il ne comprenait pas encore pleinement, Sigurd avait changé. L'Art de l'Épée Basique de Skorvyr Bladesong lui avait offert une maîtrise qu'il n'aurait jamais pu atteindre seul. Ces capacités l'avaient maintenu en vie jusqu'à présent, et lui donnaient l'espoir ténu de survivre encore un peu plus longtemps.

Il se remémora alors une image de son passé : celle de la femme de son maître le poussant dans un escalier de plus de cinquante marches. Juste parce qu'elle trouvait qu'il sentait mauvais. Il se souvenait de ses cris, de son maître arrivant pour le punir encore davantage, comme si la douleur qu'il venait de subir ne suffisait pas.

" Il m'a fouetté, juste parce qu'elle a dit que je lui donnais la nausée, " pensa-t-il avec amertume. Sigurd se revoyait, plus jeune, pleurant en silence, serrant les dents, et acceptant cette violence comme une fatalité.

« Plus jamais. »

Sigurd ne voulait plus être un esclave. Il ne voulait plus être un outil pour les autres, ni une marionnette pour ces hideux dieux qui l'avaient laissé naître dans les chaînes. S'il voulait les faire regretter de l'avoir méprisé, il devait devenir plus fort. Aussi fort qu'un roi. Non... aussi fort que les dieux eux-mêmes.

Le feu d'une rage ancienne et d'une volonté inflexible embrasa son cœur.

Il serra les dents et rassembla toutes les forces qui lui restaient. Son corps, légèrement renforcé par les fragments d'XP qu'il avait absorbés en tuant des Grims, lui semblait étrangement plus réactif. Lentement, il repoussa l'épée du Champion, ses bras trembant sous l'effort, ses muscles criant à l'agonie.

Pensant à tout ce qu'il avait enduré, à tout ce qu'il voulait changer.

Sigurd, haletant, repoussa légèrement l'épée massive du Champion, ses bras tremblant sous l'effort. Profitant de l'élan, il roula au sol pour esquiver un nouvel assaut, la lame gigantesque sifflant juste au-dessus de sa tête. Il bondit alors avec l'agilité d'un félin, propulsé par l'urgence de la situation, et lança son épée droit vers l'œil du Jotunn.

Mais le Champion, d'un geste précis, dévia le projectile avec sa propre épée, le métal résonnant dans un fracas étourdissant.

Sigurd ne recula pas. Ignorant la douleur et l'épuisement, il fit disparaître son arme dans une volute de fumée noire avant de la faire réapparaître dans sa main. Il fondit sur le Grim, visant son flanc dans un mouvement rapide et calculé.

Cependant, le Jotunn, loin d'être un adversaire naïf, avait anticipé cette tactique. Il interposa son bras massif, laissant l'épée de Sigurd s'enfoncer dans sa chair sans broncher. Un sourire cruel étira ses lèvres alors qu'il ripostait immédiatement.

D'un coup de pied féroce, il frappa Sigurd sous la cage thoracique, l'envoyant voler dans les airs comme une poupée de chiffon. Le choc fit trembler les os de Sigurd tandis qu'il s'élevait, le souffle coupé, son corps projeté à une hauteur vertigineuse. Le monde sembla ralentir un instant, le ciel et le sol se mêlant dans son champ de vision.