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Chapter 2 - Bienvenue à Camp Cauchemar

Allison était devant l'entrée rouillée du camp. Une pancarte à moitié effacée pendait de travers, indiquant autrefois fièrement le nom du lieu : Camp Crystal Dream. Aujourd'hui, il aurait mieux convenu de l'appeler « Camp Dystopie Végétale ». La végétation avait pris le dessus sur les bâtiments, les chemins de randonnée étaient ensevelis sous les fougères, et même les arbres semblaient pencher pour mieux observer la nouvelle venue.

« Génial, » murmura Allison. « Tout ce qu'il manque, c'est un groupe de collégiens insouciants et un tueur en salopette. »

Elle poussa un soupir et se força à avancer. Chaque pas qu'elle faisait sur le gravier humide résonnait comme un coup de marteau dans le silence pesant des lieux. Le camp n'était pas seulement abandonné, il semblait… figé. Comme si le temps s'était arrêté juste après un événement tragique. Et pour Allison, ça n'avait rien de rassurant.

Elle passa sous l'arche principale, ses doigts glissant sur le bois moisi. Elle aurait juré que des souvenirs tentaient de se frayer un chemin dans son esprit, mais c'était comme essayer de saisir de la fumée. Tout était flou, intangible.

Au centre de la clairière principale, elle trouva un vieux panneau d'information. Les lettres décolorées promettaient des activités estivales joyeuses : natation, canoë, théâtre en plein air. Mais tout ce qu'Allison pouvait voir, c'était l'état lamentable des lieux. Le lac, visible au loin, ressemblait à une mare stagnante où des monstres marins pouvaient probablement prospérer. Les cabanes étaient délabrées, et elle pouvait distinguer des toits effondrés à travers les arbres.

Une pensée traversa son esprit, accompagnée d'un cynisme familier : Et si ce n'est pas moi qui ai des flashbacks ? Et si c'est le camp qui me renvoie des souvenirs ?

Un rire nerveux s'échappa de ses lèvres. Elle repoussa l'idée, mais l'ambiance du lieu n'aidait pas à calmer son imagination.

Allison décida de commencer son exploration par le réfectoire. C'était le bâtiment le plus grand et, étonnamment, celui qui semblait le moins abîmé. Les doubles portes étaient entrouvertes, grinçant doucement sous l'effet du vent. Elle entra prudemment, serrant sa lampe torche comme une arme improvisée.

L'intérieur était à la fois familier et terrifiant. Les longues tables en bois étaient encore là, bien que couvertes de moisissures et de toiles d'araignées. Les bancs avaient été renversés, comme si les campeurs s'étaient levés en panique. Sur le sol, elle remarqua des traces sombres qu'elle préféra ne pas examiner de trop près.

« C'est là que les cauchemars commencent, hein ? » murmura-t-elle, sa voix résonnant dans l'espace vide.

Elle s'avança vers le mur du fond, où un tableau d'affichage pendait encore. Des photos jaunies y étaient épinglées, montrant des groupes de campeurs souriants. Allison sentit son estomac se nouer. Ces visages… certains lui semblaient étrangement familiers. Mais elle ne pouvait pas se souvenir d'où.

Un autre flash. Cette fois, il fut plus violent. Elle vit des campeurs assis à ces mêmes tables, riant et plaisantant… avant que tout ne bascule. Les rires se transformèrent en cris. Du sang jaillit sur les murs. Une silhouette se tenait dans l'ombre, tenant un couteau brillant.

Allison recula brusquement, trébuchant sur un banc. Elle s'écroula au sol, sa lampe torche roulant un peu plus loin. Elle la récupéra à tâtons, le souffle court.

« Ok, c'est bon. Ce n'est pas réel. Ce n'est pas réel. »

Mais ce qu'elle ressentait, si.

De retour à l'extérieur, Allison s'efforça de calmer son cœur battant. Elle inspira profondément et se remit en marche. Cette fois, elle se dirigea vers les cabanes. Il y en avait une dizaine, disposées en demi-cercle autour d'une petite clairière. Les portes étaient toutes ouvertes, comme si les campeurs avaient fui en catastrophe.

Elle entra dans la première cabane. L'intérieur était sombre et poussiéreux. Les lits superposés étaient encore là, mais les matelas avaient été éventrés par des animaux ou, peut-être, par quelque chose de pire. Sur le mur, elle distingua des graffitis. Certains étaient les habituels « Untel aime Unetelle » que l'on trouve dans tous les camps de vacances, mais d'autres étaient plus sinistres.

Elle reviendra.

Personne ne survit.

Le sang appelle le sang.

Allison sentit un frisson lui parcourir l'échine. Elle s'avança vers un lit au hasard et souleva le matelas. En dessous, elle trouva une petite boîte en métal. Ses doigts tremblants l'ouvrirent. À l'intérieur, il y avait des photos – des clichés d'un groupe de campeurs. Elle reconnut l'un des visages. C'était celui d'une jeune fille brune avec des yeux perçants. Le genre de visage que l'on n'oublie pas facilement.

Et pourtant, Allison ne savait pas pourquoi elle la connaissait.

Un bruit à l'extérieur la fit sursauter. Un craquement. Elle posa rapidement la boîte et sortit précipitamment de la cabane. Son regard balaya la clairière. Il n'y avait rien. Juste le vent qui soufflait à travers les arbres.

« Super, maintenant je deviens parano, » murmura-t-elle.

Mais au fond d'elle, elle savait que ce n'était pas juste sa paranoïa. Quelqu'un – ou quelque chose – était là.

Alors qu'elle s'avançait vers la cabane suivante, elle entendit un rire. Pas un rire joyeux, mais un ricanement étouffé, comme si quelqu'un se moquait d'elle. Elle se retourna brusquement, sa lampe torche tremblant dans sa main. Rien.

« Qui est là ? » cria-t-elle, sa voix se brisant.

Aucune réponse. Juste ce silence oppressant.

Elle fit quelques pas en arrière, son instinct lui hurlant de partir. Mais en même temps, une autre partie d'elle voulait rester. Elle voulait comprendre. Ces flashbacks, ces cauchemars, ce camp… tout était lié. Elle le savait. Et elle ne pouvait pas fuir.

Pas encore.

En retournant vers le centre du camp, elle s'arrêta près du lac. L'eau sombre était immobile, reflétant faiblement la lumière de la lune. Elle s'accroupit au bord, fixant la surface. C'est alors qu'elle vit quelque chose.

Son propre reflet, mais… différent. Ce n'était pas elle. Pas tout à fait. Le visage était le sien, mais les yeux étaient vides, froids. Et elle souriait. Un sourire carnassier, presque malveillant.

Elle recula d'un bond, tombant sur les fesses. Quand elle regarda à nouveau, le reflet avait disparu. Elle n'y voyait plus que l'eau.

« Je deviens folle, » murmura-t-elle, les larmes aux yeux.

Mais quelque chose lui disait que ce n'était que le début.