Lorsque j'ouvris les yeux, la lumière douce du matin traversait les rideaux légèrement entrouverts. Pendant un bref instant, j'eus l'illusion que tout cela n'était qu'un mauvais rêve, que j'étais chez moi, que tout était normal.
Mais la douleur sourde dans mes muscles et les souvenirs brutaux de la veille s'imposèrent rapidement. Les coups de feu, les visages menaçants, le canon d'une arme braqué sur ma tempe.
Je tournai la tête, et Alessandro était là, assis dans le fauteuil près du lit. Il semblait me surveiller, son visage grave, presque figé, mais ses yeux trahissaient une inquiétude profonde.
Quand je bougeai légèrement, il se leva immédiatement et s'approcha du lit.
« Ne bouge pas trop, chérie. Tu es encore faible, » dit-il doucement, posant une main sur mon épaule pour m'empêcher de me redresser.
Ma voix était rauque, presque inaudible. « Le bébé… Est-ce que… »
Il m'interrompit doucement, son ton rassurant mais ferme. « Le médecin est déjà passé. Toi et le bébé allez bien. »
Un mélange de soulagement et d'épuisement m'envahit. Je laissai ma tête retomber contre l'oreiller, fermant les yeux pendant quelques secondes pour contenir mes émotions.
Je tentai de me redresser, mais Alessandro attrapa un oreiller et le glissa derrière mon dos pour m'aider. Ses gestes, bien qu'habituels, avaient une délicatesse qui me troubla.
Mon regard parcourut la pièce familière, mais mes pensées étaient ailleurs, encore embrouillées par la peur.
« Je croyais… Je croyais que j'allais mourir, » murmurai-je finalement, ma voix tremblante. « Alessandro, c'était horrible. Ils avaient des armes… et j'étais complètement seule. »
Il posa une main sur la mienne, ses doigts serrant doucement les miens. « Tu n'es plus seule. Plus jamais. Je te l'ai promis. »
Ces mots déclenchèrent une vague d'émotions que je ne pouvais plus contenir. Mes larmes commencèrent à couler doucement, et bientôt, je pleurais sans retenue.
Alessandro sembla ébranlé par mes sanglots. Il s'assit sur le bord du lit, ses mains venant encadrer mon visage. « Je suis désolé. Je n'aurais jamais dû te laisser partir. C'était ma faute. Mais crois-moi, ça n'arrivera plus jamais. »
« Pourquoi ? » demandai-je entre deux sanglots.
Son regard ne quitta pas le mien, et bien que sa voix reste douce, elle était empreinte de fermeté. « Parce que tu m'as demandé de te laisser respirer. Je voulais te donner cette liberté. Mais maintenant, je sais que c'était une erreur. »
Je n'avais pas la force de répliquer. Une part de moi comprenait ce qu'il disait, même si j'aurais voulu le nier.
Il essuya mes larmes avec ses pouces, ses mains toujours posées sur mes joues. « Je suis désolé que tu aies eu à vivre ça. Mais plus jamais, Arianna. Je le jure. »
Avant que je ne puisse répondre, il se pencha et déposa un baiser sur mes lèvres. Ce n'était pas un baiser passionné, mais tendre, rassurant. Une promesse silencieuse.
Je restai immobile, surprise par son geste, mais je ne le repoussai pas. Et c'était ça qui me troubla le plus.
Lorsqu'il se recula légèrement, mon esprit murmura une pensée que je ne voulais pas entendre : Je m'y suis habituée. Et c'était peut-être ça qui me faisait peur.
Plus tard dans la journée, alors qu'Alessandro quitta la chambre pour une réunion avec Matteo, je me retrouvai seule, trop agitée pour rester au lit. Une étrange curiosité me poussa à le suivre discrètement.
Je descendis à pas feutrés et remarquai que la porte de son bureau était entrouverte. La voix grave d'Alessandro résonnait à l'intérieur, et je me cachai près de l'ouverture, tendant l'oreille.
« Ils ont parlé ? » demanda Alessandro, son ton glacial.
« Oui, » répondit Matteo. « Ils travaillaient pour un petit clan. Rien de majeur. Mais… ils disent que les ordres venaient de plus haut. »
« De qui ? »
Un silence tendu suivit. Puis Matteo répondit, hésitant : « On ne sait pas encore. Mais il y a autre chose. »
Alessandro resta silencieux, attendant la suite.
« Giovanni Moretti est de retour en ville. »
Un silence lourd tomba dans la pièce, avant qu'Alessandro ne réponde d'une voix glaciale : « Moretti ? »
« Oui. C'est confirmé. »
Je ne connaissais pas ce nom, mais la tension dans la voix d'Alessandro suffit à me faire comprendre qu'il s'agissait de quelqu'un de dangereux.
De là où j'étais, je ne pouvais voir son visage, mais j'entendais sa détermination froide dans chaque mot.
« Alors, c'est le début d'une guerre. »
Je me reculais discrètement, mon cœur battant à tout rompre. Je ne comprenais pas tout ce qui se passait, mais une chose était claire : je venais de plonger dans un monde bien plus sombre que je ne l'avais imaginé.