Le temps semblait s'étirer à l'infini alors que Kai, enfermé dans la cellule glacée, entendait les échos des pas des scientifiques s'éloigner dans le couloir. Il avait vu Luce emportée, son corps tremblant de terreur, et les mots qu'elle lui avait laissés résonnaient dans sa tête : "Je suis désolée, Kai… Il est trop tard maintenant."
Les murs de la cellule semblaient se resserrer autour de lui, chaque respiration devenant plus lourde, plus difficile. L'air était saturé de la peur qu'il ressentait pour Luce, mais aussi de la colère qui bouillonnait dans ses veines. Il ne pouvait plus rester là, inactif, à regarder tout s'effondrer. Il devait s'échapper. Il devait savoir ce qui se passait. Il devait retrouver Luce.
Il se leva soudainement, ses muscles tendus, prêts à agir. Le bruit métallique des clés résonna à nouveau dans le couloir. Les gardes arrivaient, et ils n'allaient pas le laisser tranquille. Mais dans cet endroit de cauchemar, il avait appris à se déplacer sans bruit, à se fondre dans l'obscurité. Une silhouette dans la nuit.
Il se précipita vers le coin de la cellule, où un petit pan de mur s'était fissuré, à peine perceptible. Cela faisait des mois qu'il l'étudiait, cherchant une faiblesse dans les murs qui le retenaient. Ses doigts effleurèrent les pierres froides, cherchant le mécanisme qu'il avait repéré il y a longtemps. Un léger mouvement, et la porte s'ouvrit dans un grincement presque inaudible.
Il n'eut pas le temps de savourer sa liberté. D'un coup, il se faufila dans les couloirs sombres, se cachant à chaque fois qu'un garde passait près de lui. La tension était insupportable, chaque pas, chaque bruit résonnait dans son crâne. Mais son objectif était clair : il devait atteindre la salle des systèmes, là où se trouvait le contrôle des portes et des caméras. C'était son seul moyen d'ouvrir les chemins, de libérer Luce, et de s'échapper.
Enfin, il atteignit la porte de la salle des systèmes, un verrou numérique scintillant dans l'obscurité. Avec une précision furtive, il pirata le terminal. Chaque seconde comptait. Les portes s'ouvrirent lentement, et la liberté semblait à portée de main. Mais à peine avait-il franchi le seuil que des bruits de pas se firent entendre à l'autre bout du couloir. Il n'avait pas le temps d'hésiter.
Il courut, fuyant les murs blancs de la prison, mais en chemin, il aperçut une silhouette familière. Là, au bout du couloir, se tenait Luce, son regard perçant la pénombre. Elle n'était pas encore hors de portée.
"Kai !" hurla-t-elle, ses yeux pleins de peur et de détermination. Mais avant qu'il puisse se précipiter vers elle, un éclat de lumière illumina l'espace autour d'eux, et des voix retentirent.
"Attrapez-les !" ordonna une voix froide.
Luce fit un mouvement brusque et, dans un éclair de panique, se tourna vers Kai. "Fuis ! C'est trop dangereux !"
Mais Kai ne bougea pas. Le cœur battant à tout rompre, il se précipita vers elle, sa main tendue pour la saisir. "Je ne te laisse pas ici !"
Elle se figea un instant, comme si elle pesait le risque, puis, avec une résolution désespérée, elle attrapa sa main. "Il est trop tard, Kai. Tu n'as aucune idée de ce dans quoi tu t'engages !" dit-elle dans un souffle, juste avant qu'une détonation ne retentisse dans l'air, suivie d'une explosion de lumière qui les engloba.
Les deux jeunes gens tombèrent au sol, éblouis par la déflagration. La silhouette d'un homme se dessina à travers la fumée, sa présence imposante et calme. Soren. Il s'approcha d'eux, son regard froid et calculateur se posant sur Kai avant de s'attarder sur Luce.
"Je savais que vous finiriez par faire cette erreur", dit-il, un sourire en coin. "Fuir, à cette heure-ci, c'est courir dans un piège. Mais ne vous inquiétez pas, je ne suis pas là pour vous arrêter. Du moins, pas pour l'instant."
Luce se releva, haletante. "Soren... Tu... Tu as tout prévu, n'est-ce pas ?" Elle regarda Kai, son visage marqué par des semaines de secret et de conflits internes. "Il faut qu'on parte. Maintenant."
Soren observa les deux jeunes gens, un éclat dans les yeux. "Tu crois que tout va s'arranger en courant, Luce ? Ce n'est pas une simple évasion, c'est une guerre. Et je ne parle pas seulement de celle qui se joue à l'extérieur de ces murs, mais aussi celle qui est en vous, en toi, Kai."
Kai, malgré la confusion qui régnait en lui, comprit que la situation était bien plus complexe qu'il ne l'avait imaginé. Il n'était plus qu'un pion dans un jeu bien plus vaste. Et Luce, celle qu'il croyait connaître, portait en elle des secrets qu'elle n'avait jamais osé partager.
Soren s'avança vers eux, son regard plus perçant que jamais. "Il est trop tard pour faire demi-tour. Vous êtes déjà dans la bataille, et la question n'est plus de savoir si vous en sortirez indemnes, mais à quel prix."
Sans attendre une réponse, il tourna les talons et s'éloigna, laissant derrière lui un Kai désemparé et une Luce silencieuse. Ils n'avaient pas le choix. L'heure de l'évasion était bien loin derrière eux. Désormais, ils étaient pris dans une guerre, une guerre qui ne faisait que commencer.
Les ténèbres les enveloppaient, mais au fond de cette obscurité, il y avait encore une lueur d'espoir. Ils n'étaient pas seuls. Mais à quel prix, et jusqu'où cela les mènerait-ils ?