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Sous la lune éternelle

Loubnael12
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Synopsis
Dans un royaume dissimulé entre les montagnes et la forêt dense, un roi lycan, solitaire et puissant, cache un secret ancestral : son peuple, les lycans, doivent trouver l’amour véritable avant leur 300e anniversaire sous peine de perdre leur humanité à jamais. Lorsqu’une humaine sans histoires, Alaya, pénètre accidentellement dans ce royaume mystérieux, elle découvre un monde qu’elle croyait réservé aux contes. Entre défiance, intrigues royales, et une attirance qu’ils ne peuvent nier, une aventure hors du commun débute. Mais l’amour peut-il triompher lorsque des mondes opposés s’affrontent ?
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Chapter 1 - Chapitre 1 : L’Ombre de la Forêt

Alaya

Le crépuscule enveloppait lentement la forêt dans une obscurité mystique. Les ombres dansaient entre les arbres comme des spectres, et une brume fine commençait à serpenter autour des troncs massifs. L'air devenait plus frais, presque glacé, et chaque souffle formait un nuage éphémère devant mes lèvres. Je marchais depuis des heures, mes jambes tremblantes de fatigue, le cœur battant bien trop vite pour une simple randonnée. Chaque pas semblait m'éloigner davantage de mon point de départ, et je n'avais aucune idée de comment revenir en arrière.

Je n'aurais jamais dû quitter le sentier principal. Pourtant, lorsque j'avais aperçu ce chemin secondaire, à peine visible entre les fougères, je n'avais pas pu résister. Franchement, c'était une idée stupide, je le savais. Mais qu'est-ce que vous voulez, la curiosité, c'est un problème chez moi. Ou peut-être une malédiction. Ce chemin semblait m'appeler. Une force inexplicable, presque magnétique, me donnait l'impression que je devais l'emprunter. Ce n'était pas seulement de la curiosité, c'était plus profond. Presque viscéral, comme si ma place était là, et nulle part ailleurs.

Depuis mon enfance, j'avais toujours été attirée par l'idée d'aventures. Peut-être parce que j'avais grandi dans un foyer qui en manquait cruellement. Mes parents étaient aimants, mais simples. Trop simples. Mon père, comptable méticuleux, avait une routine millimétrée : travail, dîner, télévision, sommeil. Ma mère, couturière, passait ses journées à coudre des robes et à écouter de vieux vinyles. Ils n'aimaient pas les surprises, encore moins les changements. Nous vivions dans une maison modeste, dans une banlieue calme, où chaque maison se ressemblait et où chaque journée semblait se répéter.

Moi, je voulais plus. Je rêvais de châteaux, de chevaliers, de magie. Petite, je dévorais des livres de contes de fées, me plongeant dans des histoires où des princesses courageuses trouvaient l'amour au milieu du danger. Mon préféré ? L'histoire d'une jeune femme qui tombait amoureuse d'un prince maudit, vivant dans un château perdu dans la forêt. J'avais lu ce livre tellement de fois que les pages étaient presque déchirées.

À l'adolescence, pourtant, j'avais appris à cacher ces rêves. Je les trouvais ridicules, enfantins. Dans le monde réel, il n'y avait pas de magie. Seulement des factures, des emplois monotones et des relations compliquées. J'avais grandi. Mais quelque part, dans un coin oublié de mon cœur, cette petite fille rêvant de contes de fées n'avait jamais disparu.

Et maintenant, alors que je me tenais seule au milieu de cette forêt, je ne pouvais m'empêcher de me demander : et si ? Et si quelque chose d'extraordinaire m'attendait ? Mais en vérité, je ne m'attendais pas à ce que mes rêves se réalisent. Pas vraiment. Ces histoires, c'était pour les livres. Pas pour moi.

— Et maintenant, te voilà perdue, Alaya, murmurais-je pour moi-même, ma voix tremblant légèrement. Bravo. Encore une décision brillante.

Je regardai autour de moi. Des arbres, encore des arbres, toujours des arbres. Pas un panneau, pas une trace de civilisation. Le décor parfait pour un film d'horreur. Je me sentais minuscule, presque avalée par cette forêt gigantesque. Les branches, tordues comme des griffes, semblaient vouloir me saisir. L'air était dense, saturé d'une odeur de mousse et de bois humide.

J'essayai de rire pour alléger l'ambiance, mais mon propre rire se perdit dans le silence oppressant. Un silence presque vivant. Comme si la forêt elle-même retenait son souffle, m'observant, attendant quelque chose.

La vérité, c'est que je n'étais pas ici par hasard. J'étais venue fuir. Pas seulement pour échapper à ma vie monotone, ce travail de bureau où je passais mes journées à trier des e-mails insignifiants, ou à mes amitiés superficielles qui semblaient dépourvues de véritable profondeur. Cette fois, je fuyais quelqu'un.

Nathan.

Rien que de penser à lui, mon estomac se noua. Nathan avait tout été pour moi. L'homme parfait. Aimant, drôle, sûr de lui. Au début, il m'avait fait croire qu'il était la réponse à toutes mes attentes. Quand il me regardait, je me sentais spéciale, irremplaçable. Il savait exactement quoi dire, exactement comment me faire sentir aimée.

Mais peu à peu, tout s'était effrité. D'abord, c'étaient des commentaires innocents, presque doux : "Pourquoi tu sors avec elle ? Elle ne t'aime pas vraiment." Ou encore : "Tu n'as pas besoin de cette robe, elle ne te va pas aussi bien que celle de la dernière fois." Puis les interrogations étaient devenues des accusations. "Tu étais où ? Avec qui ? Pourquoi tu ne réponds pas tout de suite ?" J'avais ignoré les signaux. Je voulais croire en lui, croire qu'il m'aimait vraiment.

Et puis il avait changé. Lentement d'abord, mais sûrement. Je me souvenais encore de cette première fois où il avait saisi mon poignet trop fort. Ce n'était qu'un mouvement brusque, rien de plus, s'était-il défendu après, des excuses en cascade. "Je suis désolé, Alaya, je ne voulais pas." Puis il y avait eu cette gifle. Cette gifle qui m'avait réveillée. Ce n'était plus de l'amour. Ce n'était même plus Nathan. Il était devenu quelqu'un d'autre.

Je l'avais quitté il y a trois semaines. Depuis, il me poursuivait. Messages incessants. Appels à des heures impossibles. Et cette sensation qu'il était toujours là, quelque part, dans l'ombre, à m'attendre. C'est pourquoi j'étais là, dans cette forêt, espérant que cet endroit reculé puisse m'offrir un répit. Mais maintenant, je me demandais si je n'avais pas échangé un enfer contre un autre.

C'est alors que je l'entendis.

Le hurlement.

Un son long, guttural, qui fendit l'air avec une intensité telle que j'en lâchai presque mon sac. Ce n'était pas un cri ordinaire. Ce n'était pas un loup non plus. Il y avait quelque chose d'étrangement humain, et pourtant si sauvage, si… brut. Ce hurlement portait une émotion si intense qu'il me glaça le sang. De la douleur. De la colère. Peut-être même une sorte de désespoir.

Je restai figée, incapable de bouger. C'était comme si ce son avait suspendu le temps. Mais ce n'était pas tout. Ce cri… il me parlait. Pas littéralement, bien sûr. Mais quelque chose en moi vibrait en réponse. Une pulsation, une chaleur qui montait dans ma poitrine comme si, d'une manière que je ne comprenais pas, ce hurlement m'était destiné.

Un deuxième hurlement retentit, plus proche cette fois. Et, alors que mon instinct me hurlait de courir, une lumière apparut au loin. Faible, vacillante, mais bien là, perçant l'obscurité comme une promesse de salut. Sans réfléchir, je me dirigeai vers elle, trébuchant sur des racines et des pierres. Mon souffle était court, mes mains tremblantes.

Quand j'arrivai enfin dans une clairière, mon souffle se coupa.

Un château.

Pas une maison, pas une cabane, mais un château immense, ses tours s'élevant jusqu'aux étoiles. Les pierres grises brillaient doucement sous la lumière de la lune, et la grande porte en bois massif était ornée de gravures complexes représentant des loups, des lunes, et des arbres entrelacés.

Je grimpai lentement les marches, mes jambes tremblant légèrement. Avant même que je ne frappe, la porte s'ouvrit dans un grincement sourd. L'intérieur était encore plus impressionnant : un hall immense, baigné d'une lumière dorée, des tapisseries anciennes, et un feu qui crépitait au loin.

Je fis quelques pas hésitants, maladroite, en manquant de trébucher sur un tapis.

— Bien sûr, il fallait que je me ridiculise, murmurai-je à voix basse.

— Vous êtes perdue ?

La voix, grave et résonnante, me figea sur place. Je me retournai brusquement, le cœur battant à tout rompre.

Un homme. Une présence imposante. Un éclat mystérieux enveloppait cette silhouette qui semblait à la fois hors du temps et ancrée dans l'instant. Chaque ligne de son corps, chaque détail de son visage semblait avoir été sculpté par un artiste obsédé par la perfection. Ses traits étaient d'une précision déconcertante : mâchoire forte, pommettes hautes, et lèvres finement dessinées. Mais ce qui me figea sur place, ce furent ses yeux.

Dorés. Brillants. Vivants. Ces yeux n'étaient pas seulement une couleur. Ils étaient une histoire. Une promesse. Une intensité presque insupportable, comme s'ils pouvaient lire chaque pensée, chaque émotion, chaque peur que je tentais de dissimuler.

Je restai immobile, incapable de bouger. Tout en lui dégageait une puissance maîtrisée, une force contenue, comme un lion prêt à bondir mais qui choisissait de rester immobile. Il portait un long manteau noir orné de broderies discrètes, ses épaules larges et sa posture parfaitement droite lui donnant une allure royale. Il semblait irréel, comme un roi d'un autre temps ou une figure de légende arrachée à son époque.

Il m'observait comme si j'étais quelque chose de précieux. Pas une personne. Pas une intruse. Mais un trésor qu'il venait de retrouver, après l'avoir cherché pendant une éternité. Ce regard était à la fois fascinant et terrifiant.

Il fit un pas vers moi, et je sentis l'air changer autour de nous. Une chaleur émanait de lui, contrastant avec le froid oppressant du hall. Sa voix, grave et vibrante, brisa enfin le silence.

Je ne savais pas quoi dire, ma gorge sèche. Mon instinct me criait de fuir, mais mes jambes refusaient de bouger. Quelque chose me retenait ici, quelque chose que je ne pouvais pas expliquer. C'était comme si un fil invisible nous liait, un fil que je n'avais jamais remarqué mais qui avait toujours été là.

— Vous êtes perdue ? redemanda-t'il.

Sa question me tira légèrement de ma torpeur, mais pas assez. Je déglutis de nouveau, tentant de rassembler mes pensées éparpillées.

Concentre-toi, Alaya. Ce n'est qu'un homme. Pas un dieu, pas une apparition. Juste un homme. Un homme incroyablement… incroyablement beau. … N'est-ce pas ?

— Oui. Enfin… un peu. Bon, totalement, en fait, balbutiai-je. Je cherchais juste… un abri. Et je suis tombée sur… ça. Enfin, pas ça, pardon, je veux dire… ce magnifique château.

Un léger sourire effleura ses lèvres, et je sentis mes joues s'empourprer. Ce n'était pas un sourire moqueur, mais il semblait amusé par ma maladresse. Mon embarras monta en flèche.

Bravo, Alaya. Continue comme ça, tu vas vraiment lui faire bonne impression.

Il ne répondit pas. Il se contenta de me regarder, et son silence était presque plus oppressant que ses paroles. Ce regard… ce regard était insupportable. Pas parce qu'il était dur, mais parce qu'il était trop. Trop intense, trop scrutateur, trop… envahissant. Je me sentais exposée, comme s'il voyait chaque recoin de mon âme.

Je remarquai alors un détail troublant : il ne semblait pas surpris de me voir. Pas comme quelqu'un qui aurait trouvé une étrangère dans son domaine. Non, il me regardait comme s'il m'attendait.

— Qui êtes-vous ? demandai-je finalement, brisant le silence étouffant.

— Kael, répondit-il, son nom résonnant comme un écho dans la pièce.

— Kael… répétai-je doucement, le mot glissant sur ma langue comme s'il m'était familier, sans savoir pourquoi.

Il haussa légèrement un sourcil, une étincelle dans ses yeux dorés. Mon cœur s'emballa encore plus. Il ne faisait rien, il ne disait rien, mais sa seule présence semblait me submerger.

— Alaya, dis-je à mon tour, plus par réflexe que par réflexion.

Il resta silencieux un instant, puis répéta doucement, presque dans un murmure :

— Alaya.

Mon prénom entre ses lèvres m'envoya un frisson le long de la colonne vertébrale. Il le disait comme s'il savourait chaque syllabe, comme si ce nom avait une signification particulière, comme s'il s'agissait d'un mot précieux. Ce n'était qu'un prénom, mon prénom. Mais sous son regard, avec sa voix, il semblait soudain porter un poids que je ne comprenais pas.

Je détournai les yeux, mes joues brûlantes sans raison apparente. Ce n'était qu'un prénom, et pourtant, son ton donnait à ces simples mots un poids inexplicable.

— Rien de ce qui se passe ici n'est un accident, murmura-t-il enfin, d'un ton qui fit battre mon cœur encore plus vite.

Je fronçai les sourcils,troublée. Ses mots, son ton, tout en lui semblait chargé de sens, mais je ne comprenais pas.

— Qu'est-ce que vous voulez dire ? demandai-je, ma voix plus tremblante que je ne l'aurais voulu.

Il fit un pas de plus vers moi, réduisant l'espace entre nous. Mon souffle s'accéléra. Il était si près maintenant que je pouvais sentir son aura, cette chaleur presque magnétique qui semblait émaner de lui.

— Ce hurlement… C'était un appel, dit-il doucement, sa voix grave résonnant en moi.

Je le fixai, bouche bée, incapable de répondre. Mes pensées tourbillonnaient. Ce regard, cette intensité… C'était comme si le reste du monde s'était éteint. Il n'y avait plus que lui, et cette étrange connexion entre nous. Un lien que je ne comprenais pas mais que je ne pouvais pas nier.

Un appel. Ce cri dans la forêt. Ce cri qui m'avait glacé le sang tout en me tirant irrésistiblement vers lui. Comment savait-il ? Comment pouvait-il dire cela ?

Je sentais mon cœur s'emballer. Pas de peur. Pas de nervosité. Mais de quelque chose d'autre. Une sorte d'attraction irrésistible, comme si son regard me capturait et ne voulait plus me lâcher.

— Un appel ? répétai-je, ma voix à peine audible. Vous… vous voulez dire que c'est vous qui… ?

Kael, lui, semblait tout aussi troublé. Ses yeux ne quittaient pas les miens, et je crus voir dans leur éclat quelque chose de plus profond, de plus ancien. Une tristesse ? Une solitude ? Je ne pouvais pas dire. Mais une chose était sûre : je n'avais jamais vu quelqu'un me regarder de cette manière.

— Pourquoi vous me regardez comme ça ? chuchotai-je finalement, ma voix à peine audible.

Il sembla hésiter une fraction de seconde, mais son regard ne vacilla pas.

— Parce que je vous ai trouvée, murmura-t-il. Et parce que je ne vous laisserai plus partir.

Sa voix était basse, mais chaque mot résonna avec une puissance écrasante. Il n'y avait aucune menace dans son ton. Seulement une promesse. Une certitude inébranlable qui m'effrayait autant qu'elle m'attirait.

Je le fixai, incapable de parler, incapable de bouger. Tout mon être semblait suspendu dans ce moment, dans ce regard, dans cette tension qui rendait l'air presque impossible à respirer. Et pour la première fois depuis que je l'avais vu, je me demandai : qui était-il vraiment ?