Les jours d'Arwen avec Gianna se passaient paisiblement. Le seul inconvénient, c'était qu'elle devait supporter Gianna parler constamment de son oncle vieux et séduisant.
"Wennie, le petit-déjeuner est prêt. Viens manger." appela Gianna, en posant le dernier plat qu'elle avait commandé.
Arwen l'entendit et se dirigea lentement hors de la chambre avec ses béquilles. "Tu l'as encore commandé de l'extérieur ? Anna, j'aurais pu demander à mon majordome d'apporter quelque chose. Le chef chez moi n'est pas mauvais. J'ai grandi avec leurs plats, et ce sont mes préférés."
"Je sais mais on ne peut pas attendre ton majordome, n'est-ce pas ?" raisonna Gianna, en lui rappelant la distance entre chez elle et le domaine Quinn. "De plus, l'endroit où je commande la nourriture n'est pas mal. Ils préparent ça bien et avec soin. Vivant seule, je me suis habituée à leur goût. Et c'est sain."
Arwen pinça les lèvres en la regardant alors qu'elle tirait la chaise pour s'installer. "Cuisiner n'est pas difficile. Tu devrais prendre le temps d'apprendre."
"Comme tu l'as fait pour Ryan ?" Gianna ne se retenait jamais. Elle aimait Arwen de tout son cœur, mais elle tenait toujours à lui rappeler que Ryan n'en valait pas la peine. Elle souhaitait que sa chère amie comprenne cela et laisse Ryan-le-salaud-Foster pour de bon. "Désolée, patronne. Ça n'arrivera pas. L'homme avec qui je finirai cuisinera pour moi. Je ne me contenterai de rien de moins."
Arwen ne répondit pas. Elle grignota son sandwich, gardant un sourire sur le visage.
Gianna soupira en la regardant. "Quoi ? Tu n'as pas le courage d'admettre qu'il ne mérite pas tout ce que tu fais pour lui ? Wennie, tu le sais au fond de toi, mais tu te forces toujours à croire le contraire."
"Anna, ne parlons pas de ça maintenant."
Gianna secoua la tête. "Je ne peux pas l'ignorer. La date approche, et tu ne l'annules toujours pas. Ne me dis pas que le 29e, tu vas vraiment aller au Bureau des Affaires Civiles avec lui ?"
Arwen leva les yeux vers elle et hocha la tête, sans montrer le moindre signe de désapprobation. "La date est fixée depuis longtemps. Je dois y aller avec lui et terminer les procédures. Il n'y a pas d'autre option."
"Il y en a une, Arwen. Tu es juste trop effrayée pour la choisir." dit Gianna, mais ses mots ne parvinrent pas à provoquer Arwen pour qu'elle reconsidère. "Tu ne vois pas, Arwen ? Cela fait des jours depuis ton accident et plus d'une semaine depuis que tu as quitté l'hôpital, pourtant il n'est pas venu te voir ou même appelé pour savoir comment tu allais. Mérite-t-il même d'être ton fiancé ?"
"Anna, je sais que tu te soucies de moi, mais rien de ce que tu diras maintenant ne changera quoi que ce soit. La date a été décidée par nos familles, et je ne peux pas me dérober et blesser mes parents," dit Arwen, son regard révélant des traces de colère et de déception.
Gianna la regarda, prête à suggérer, mais Arwen leva la main pour l'arrêter. "Ne parlons pas de ça. Je t'en prie." Bien que Gianna fût réticente, elle accepta.
Les deux prirent leur petit-déjeuner en paix, et quand elles eurent terminé, le téléphone d'Arwen sonna. Voyant qu'il s'agissait de ses parents, elle décrocha. "Papa !"
"Comment va mon trésor ?" demanda Idris Quinn avec entrain. Il n'avait pas eu le temps d'appeler sa fille ces derniers jours, et elle lui manquait terriblement.
Arwen sourit. Elle ne leur avait rien dit à propos de son accident. Ses parents étaient partis pour le travail, et elle voulait qu'ils terminent leurs affaires en paix. Leur parler de son accident aurait pu les inquiéter, surtout son père, alors, elle ne l'avait pas mentionné. "Je vais bien, juste en attendant votre retour. Comment se passent les affaires ?"
"Tu penses que quelque chose pourrait mal tourner avec ton père dans les parages ?"
"Certainement pas. Avec mon papa, rien ne peut mal tourner." Arwen s'écria, pour entendre ensuite la voix de sa mère.
"Ton papa n'est pas tout ce que tu as, Arwen. Tu as aussi une mère, tu sais," intervint Catrin.
"Maman !"
"Comment vas-tu ? Manges-tu à l'heure ?" demanda Catrin, mais avant qu'Arwen ne puisse même répondre, elle continua, "Et dis-moi, comment va Ryan ? Vous allez bien tous les deux ? Arwen, tu dois bien t'occuper de lui. Il travaille tellement fort, et ta tante Beca te fait tellement confiance avec lui. Tu ne peux pas la décevoir."
Le sourire qui était apparu sur le visage d'Arwen pendant une fraction de seconde disparut de nouveau. Elle avait presque cru que sa mère priorisait son bien-être, mais une fois de plus elle s'était trompée. Sa mère se souciait plus de Ryan qu'elle ne le faisait pour sa propre fille.
Mais encore une fois, Arwen ne pouvait pas se plaindre. L'amitié que sa mère partageait avec Tante Beca était spéciale. Les deux dames s'aimaient beaucoup. Alors que sa mère traitait Ryan mieux qu'elle, Tante Beca n'avait jamais mal traité Arwen.
"Maman, Ryan va bien aussi," répondit Arwen, répondant à toutes les questions de sa mère en une petite phrase.
Et avec l'assurance que Ryan allait bien, il semblait que sa mère n'avait besoin d'entendre rien de plus. Elle avait déjà l'air contente en disant : "Super. Prends soin de lui, Arwen. Ce n'est qu'une question de quelques jours, et vous serez légalement mariés. Nous ne serons pas là, mais assure-toi d'aller au Bureau des Affaires Civiles à l'heure. Ne rate pas la date. Gère bien. Je suis tellement heureuse pour toi."
Arwen l'écouta et se sentit soudain anxieuse. Oui, la date n'était plus si loin maintenant. Elle l'avait attendue tout ce temps, mais soudain elle sentait qu'elle manquait de courage. Elle savait qu'elle ne pouvait pas se dérober, mais elle souhaitait avoir une chance de décider par elle-même.
Ne pouvait-elle pas juste avoir une chance ? Chaque fille méritait de faire ce choix — pourquoi était-elle si malchanceuse de ne pas en avoir ?
Quand Catrin n'entendit pas Arwen parler pendant un moment, elle demanda : "Arwen, qu'est-ce qu'il se passe ? Tout va bien ?"
"Maman, puis-je faire un choix ?" demanda soudain Arwen avant d'ajouter, "Et si je ne mariais pas Ryan ? Puis-je choisir que ce ne soit pas lui ?"