Chapitre 3: Petit-déjeuner corsé et choc familial
Kamiru ouvrit un œil, puis l'autre, un peu désorienté, avant de se rappeler où il était. L'image de son oncle Shoei en train de passer l'aspirateur en tenue d'Adam le fit grimacer. Il s'était levé d'un bond pour expulser cette vision d'horreur de sa mémoire et avait fini par se rendormir, épuisé. Maintenant, la lumière du matin s'infiltrait dans sa chambre, révélant le décor épuré, tout en bois clair, et cette vue imprenable sur la plage qui lui donnait presque envie d'être matinal pour une fois.
Alors qu'il s'étirait, le nez enfoui dans l'oreiller, un parfum étrange lui parvint : un mélange écœurant d'alcool à brûler et… de céréales ? En fronçant les sourcils, Kamiru se leva et descendit les marches jusqu'à la cuisine. Son oncle Shoei l'attendait, un grand sourire au visage, un bol de céréales dans une main et une bouteille sans étiquette dans l'autre.
Shoei « Alors, bien dormi, p'tite nature ? Tiens, goûte-moi ça, ça va te réveiller ! »
Kamiru prit le bol de céréales, sceptique. Mais dès la première cuillère, il faillit recracher le contenu en sentant une brûlure intense lui dévaler le palais. Il toussa, se retint de cracher, mais c'était tellement fort que des larmes lui montèrent aux yeux.
Kamiru « Mais… mais c'est quoi ce bordel, tonton ?! Tu m'as mis quoi dans mon bol de céréales ?! »
Shoei, hilare, lui tendit la bouteille sans étiquette.
Shoei « C'est du 90° fait maison ! Ça, mon gars, c'est la meilleure façon de commencer la journée ! La base du p'tit-déj des vrais bonhommes d'Okinawa ! »
Kamiru resta bouche bée, à moitié en train de s'étouffer.
Kamiru « Mais t'es un taré ! Qui met de l'alcool dans des céréales ?! Je suis mineur, en plus ! »
Shoei éclata de rire et lui tapota l'épaule comme si c'était la meilleure blague au monde.
Shoei « T'inquiète pas, gamin, tu vas t'y habituer. Ici, on commence la journée fort, sinon on est pas de vrais hommes ! »
Kamiru s'énerva, pointant du doigt son bol comme s'il s'agissait d'une preuve à conviction.
Kamiru« Mais j'ai pas envie de devenir un vrai homme, moi ! Et je sais même pas si ce truc-là est légal ! T'es un malade, c'est tout ! Un grand malade ! »
Ils échangèrent encore quelques piques acerbes, Kamiru ne manquant pas de qualifier Shoei de « vieux bourrin », « beauf fini » et « danger public » tandis que Shoei, toujours de bonne humeur, continuait de rire aux éclats, fier de ses idées étranges. Après un échange musclé, Kamiru finit par jeter l'éponge et s'éloigna, bien décidé à trouver un coin plus calme où il pourrait échapper aux « méthodes d'élevage » peu conventionnelles de son oncle.
Dehors, il inspira profondément l'air salin. La plage s'étendait devant lui, paisible et belle, le soleil commençant à réchauffer les vagues. C'était sans doute le moment le plus calme qu'il ait connu depuis son arrivée.
Soudain, son regard fut attiré par une silhouette qui se dessinait dans l'allée. Une femme s'avançait, gracieuse, les cheveux longs et soyeux flottant dans la brise marine. Elle portait une robe d'été qui soulignait ses courbes généreuses, un sourire tranquille aux lèvres, et Kamiru sentit son cœur s'emballer. Elle avait une allure élégante, ses yeux pétillants de douceur, un visage qui respirait la gentillesse et un corps qui… comment dire… qui ne manquait pas d'arguments.
Kamiru rougit, se passant une main derrière la tête. Il se laissa aller à admirer cette silhouette parfaite, le genre de beauté qu'il n'avait encore jamais vue, et il fut surpris quand elle s'arrêta à sa hauteur et l'observa en souriant.
La demoiselle inconnue « Kamiru ? » fit-elle de sa voix douce.
Kamiru sursauta, incapable de cacher son choc. Comment connaissait-elle son nom ? Était-ce une amie de son oncle ? Il bégaya, tentant de retrouver ses mots.
Kamiru « Euh… oui, c'est moi… Mais… on se connaît ? »
Elle éclata d'un rire léger, plein de malice, et le regarda avec amusement.
Misaki « Kamiru, je suis Misaki. Ta tante. »
Un silence retentissant suivit cette phrase, comme un gong dans l'esprit de Kamiru. Sa tante ? Sa tante ?! Les pensées s'embrouillaient dans son esprit alors qu'il se maudissait intérieurement d'avoir fantasmé sur une femme qui se révélait être… sa propre tante ! La honte lui montait aux joues, et il se racla la gorge pour cacher son embarras.
Kamiru « Oh… euh… Je savais pas, moi, désolé ! » bredouilla-t-il, en essayant d'éviter son regard.
Misaki éclata d'un rire doux et secoua la tête, prenant les choses avec bienveillance.
Misaki « Allons, ne sois pas gêné ! Shoei ne t'a rien dit, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle en posant sa main sur son épaule, un sourire bienveillant au visage.
À cet instant, Shoei les rejoignit, tapotant Kamiru dans le dos avec la même bonne humeur exubérante.
Shoei « Ah ! Alors, t'as rencontré la belle Misaki, hein ? » dit Shoei avec un clin d'œil exagéré.
Kamiru, rouge comme une tomate, hocha la tête maladroitement en essayant de garder son calme.
Kamiru « Oui, oui… j'ai compris que c'était ma tante… »
Shoei, indifférent au malaise évident de Kamiru, le regarda avec un grand sourire.
Misaki pour briser le silence prit alors un ton un peu plus sérieux, sans perdre son sourire doux.
Misaki « Oui, Kamiru. Ici, on est en famille, mais aussi dans un lieu de passage pour plein de gens sympas. Notre bar est un endroit unique, où se retrouvent sportifs et habitants, un lieu pour se détendre. Shoei adore s'amuser, mais moi, je veille à ce que tout reste en ordre. »
Shoei éclata de rire, interrompant la présentation.
Shoei « En gros, tatie est là pour tempérer mes excès, tu vois. Mais elle gère le bar avec moi, et j'aime bien qu'elle ait son mot à dire ! » Il tourna vers Kamiru un regard exagérément sérieux. « Allez, minus ! Présente-toi ! T'as pas encore dit pourquoi t'es venu te planquer ici. »
Kamiru inspira profondément, sentant le poids de leurs regards.
Kamiru « Eh bien… Je suis venu ici pour me concentrer sur mes études. Et… pour échapper un peu à ma famille. » Il se redressa, un peu plus sûr de lui. « Je suis peut-être pas fort en snowboard ou en ski, mais j'ai un bon cerveau, alors autant l'utiliser là où ça compte. »
Shoei, hilare, hocha la tête.
Shoei « Oh, ça compte, hein ? Monsieur est un intello, Misaki ! T'as entendu ça ? »
Misaki, elle, lui sourit d'un air attendri.
Misaki « Tu sais, Kamiru, c'est une excellente raison. Ici, tu seras au calme pour étudier… sauf peut-être quand ton oncle Shoei décidera de faire une de ses fêtes, mais je te protégerai autant que possible ! »
Shoei, toujours aussi jovial, se tourna brusquement vers Kamiru, le regard pétillant d'une excitation un peu exagérée.
Shoei « Ah, au fait, minus, y'a un truc dont on t'a pas encore parlé… »
Kamiru leva un sourcil, méfiant.
Kamiru « Ça sent pas bon, ça. Qu'est-ce que tu mijotes encore, tonton ? »
Shoei éclata de rire, en secouant la tête.
Shoei « Te bile pas ! On veut juste te prévenir que demain, tu fais ta rentrée dans ton nouveau lycée ici, à Okinawa. »
Kamiru faillit s'étrangler.
Kamiru « Demain ?! Mais je viens d'arriver ! Vous m'avez même pas laissé le temps de m'installer ! »
Misaki lui lança un sourire doux, un peu coupable.
Misaki « Oui, Kamiru, on a voulu que tu aies une vraie immersion dès le début… Et ne t'inquiète pas, on a tout organisé pour toi. »
Kamiru, abasourdi, regarda tour à tour sa tante et son oncle.
Kamiru « Une immersion… dans une jungle de lycéens okinawaiens que je connais même pas ? Vous vous foutez de moi ?! »
Shoei croisa les bras et le fixa avec un regard plein de malice.
Shoei « Eh, mon grand, fallait bien te le dire à un moment ou à un autre. Et t'inquiète, ça va te faire les pieds ! T'as passé trop de temps à te lamenter dans ton trou glacé d'Hokkaido. Ici, tu vas rencontrer des gens normaux… qui ne vivent pas pour des pentes enneigées. »
Kamiru secoua la tête, encore sous le choc.
Kamiru « Je rêve… je pars pour échapper aux cours et à la pression, et vous me collez dans un lycée direct ? Et c'est quel genre d'école, au juste ? Parce que si c'est un truc où faut se battre pour entrer en classe, genre Battle Royale, j'espère que vous m'avez inscrit au bon dojo. »
Shoei éclata de rire et passa un bras autour de ses épaules, le secouant avec affection, mais en le bousculant à moitié.
Shoei « Allez, minus, tu vas nous faire ça comme un chef ! Et puis, c'est le Lycée Takahashi, tout ce qu'il y a de plus tranquille. Bon, sauf les trois ou quatre profs complètement barrés, mais tu devrais t'en sortir. »
Kamiru leva les yeux au ciel.
Kamiru « Génial. Me voilà dans une nouvelle école, entouré d'inconnus et avec des profs fêlés en prime. Vous êtes sûrs de ne pas me détester, là ? »
Misaki tapota gentiment son épaule en souriant.
Misaki « Allez, courage, Kamiru ! Ce sera une bonne expérience, tu verras. Et puis, on sera là pour t'accueillir tous les soirs au Splash ! »
Shoei lui lança un clin d'œil complice.
Shoei « Allez, p'tit bonhomme, avec un peu de chance, tu deviendras moins empoté. Ou au moins, tu nous feras rire en essayant. »
Kamiru soupira, passant une main sur son visage, mais un petit sourire trahissait peut-être une once d'excitation… même s'il ne l'avouerait jamais.