World avait grandi dans des conditions inhumaines, confiné depuis son enfance dans une pièce froide et métallique, entourée de murs d'acier sans fenêtres. Les scientifiques entraient et sortaient, certains portant des blouses blanches, d'autres des masques, tous lui parlant de manière clinique, comme s'il n'était rien de plus qu'un sujet d'expérience. Ses seuls souvenirs étaient imprégnés de routines de tests incessants, de souffrances et d'angoisse.
Jour après jour, la santé mentale de World se dégradait. On le soumettait de plus en plus fréquemment à des tortures cruelles et à des scènes d'horreur : on l'obligeait à assister à des exécutions d'animaux, des images que peu de gens pourraient supporter sans en être changés à jamais. Et toujours, ils lui répétaient sans cesse la même chose : c'était ça, la vraie vie. S'il souhaitait "s'éveiller", il devait l'accepter.
Mais World n'avait qu'une pensée qui tournait en boucle dans son esprit : "Que de la merde."
Parmi les scientifiques, il y en avait une qui se distinguait. Elle s'appelait Yui. Contrairement aux autres, elle paraissait douce et compatissante, toujours prête à apaiser les douleurs de World après ses séances de torture. Elle venait panser ses plaies, lui murmurant des paroles réconfortantes. À ses yeux, elle était la seule lueur dans ce monde sombre et cruel.
Un jour, cependant, tout changea. Attaché comme à son habitude, World s'attendait à voir un autre animal souffrir sous ses yeux. Mais cette fois, ce fut un homme qui fut amené devant lui. La scène se déroula dans un silence glacial. Ils le torturèrent, l'exécutèrent avec une froideur inhumaine, puis s'approchèrent de World, lui montrant la tête coupée de la victime de près.
Quelque chose se brisa en lui. Face à cette vision d'horreur, le choc émotionnel emplit son esprit, plongeant son regard dans le vide. Mais ce vide ne fit que laisser place à une rage brûlante, incommensurable, une rage qu'il n'avait jamais ressentie auparavant. Il sentait une énergie nouvelle envahir son corps, un pouvoir latent qui bouillonnait en lui, menaçant d'exploser.
Et pour la première fois... World brisa les chaînes qui le retenaient.
On pouvait lire la colère sur le visage de World, noir de rage, ses yeux devenus vides d'humanité. Le sentiment d'impuissance s'était transformé en une fureur indomptable. Il fixa le premier scientifique dans son champ de vision, un homme aux lunettes épaisses qui semblait figé par la peur. Dans un élan incontrôlable, il se jeta sur lui et fracassa son crâne contre le vitrage, provoquant un fracas déchirant. Les éclats de verre volèrent autour de lui comme des éclats d'une réalité qu'il ne voulait plus affronter. Avec les morceaux tranchants à la main, il se tourna vers la porte de la chambre, un obstacle futile à sa libération.
Dans un cri primal, il mit un coup de pied dans la porte, qui explosa dans un fracas assourdissant, révélant un couloir baigné de lumière crue. Un scientifique, alerté par le bruit, se retourna et tira sans hésitation. Mais World était plus rapide, se glissant derrière l'homme avec une agilité nouvelle, et lui claqua le cou avec une précision mortelle. Le corps tomba au sol dans un silence oppressant, et le goût du sang dans sa bouche ne faisait qu'accentuer son sentiment de puissance.
Ce n'était que le début. World s'engagea dans un véritable massacre, une danse macabre au rythme de la terreur. Les cris des scientifiques, qui avaient un jour été ses bourreaux, résonnaient dans son esprit comme une symphonie de rétribution. Chaque homme, chaque femme qu'il croisait, il les fauchait sans pitié. Il se servait de tout ce qu'il pouvait trouver : des instruments de torture, des outils, et même ses propres poings, devenus des armes de destruction. La chambre d'expérimentation, autrefois symbole de son enfer, était maintenant le théâtre de sa libération.
Le couloir, autrefois stérile et froid, se teintait peu à peu d'une teinte rouge sombre. Chaque vie qu'il prenait nourrissait sa rage, transformant sa douleur passée en une force implacable. Il ne ressentait ni pitié ni remords. Pour la première fois, il était devenu le prédateur. Les rôles s'étaient inversés, et il n'était plus la victime soumise aux caprices de ses tortionnaires. Dans cette frénésie, il découvrait une vérité poignante : la souffrance pouvait engendrer une puissance inouïe.
World, dans un état de frénésie, se dirigeait vers la porte de sortie, ses mains encore tachées du sang de ses oppresseurs. La rage pulsait dans ses veines comme un feu dévorant. Mais alors qu'il atteignait le seuil de la liberté, un mouvement dans son champ de vision l'arrêta net. C'était Yui, la seule personne qui avait montré de la douceur à son égard, celle qui avait pris soin de lui, qui l'avait consolé à travers les pires épreuves de sa vie.
Dans sa colère, il ne put voir qu'un obstacle à sa liberté. Dans un acte désespéré et irréfléchi, il se retourna, la poignardant avec une violence qu'il ne croyait pas capable de déployer. Le temps sembla s'arrêter. Le regard de Yui, empli d'incompréhension, se transforma rapidement en un mélange de douleur et de tristesse. Son visage, habituellement doux, s'assombrit, et elle chuta lentement au sol, une expression de choc gravée sur ses traits.
Les larmes commencèrent à remplir ses yeux alors qu'elle regardait World. Le regard vide de ce dernier, désormais assombri par la rage, fit place à une horrifiante réalisation. Il venait de blesser celle qui, malgré la cruauté de leur environnement, avait toujours été une lueur d'espoir dans sa vie. Les battements de son cœur résonnaient douloureusement dans sa poitrine, tandis que la gravité de son acte commençait à l'atteindre.
"Pourquoi..." murmura Yui, sa voix brisée par la douleur. Chaque mot semblait être un coup de poignard dans l'âme de World. Elle leva une main tremblante, touchant doucement sa joue ensanglantée, une tendresse étonnante dans un moment si tragique. "World, je voulais t'aider... je voulais... que tu trouves la paix."
À cet instant, le monde autour de lui s'estompa, ne laissant que la souffrance palpable de sa douleur. Il était perdu, pris au piège dans un tourbillon d'émotions contradictoires. Yui, dans son ultime souffle, prononça des mots qui résonnèrent comme un glas dans son esprit. "L'homme derrière ton malheur est Lennard."
Ces mots s'accrochèrent à son esprit, et une nouvelle rage, plus profonde, se fit sentir. Qui était Lennard ? Pourquoi était-il lié à sa souffrance ? Yui ferma lentement les yeux, son souffle s'éteignant, laissant derrière elle un vide immense. La chaleur de son corps s'évanouit, et la pièce, déjà marquée par la mort, semblait encore plus froide.
World tomba à genoux, sa rage se mêlant à un chagrin insupportable. Chaque instant de douleur qu'il avait subi, chaque torture, chaque humiliation, s'accumulaient maintenant dans son cœur. Il avait tué la seule personne qui avait osé le traiter avec compassion. Une réalité horrible l'envahit, le remplissant de désespoir.
Avec la dernière étincelle d'espoir éteinte en lui, il jura de découvrir la vérité derrière Lennard. Ce nom, maintenant gravé dans son esprit, devenait une promesse de vengeance. World se releva, les larmes coulant sur son visage marqué par la douleur. Le chemin de la rédemption et de la vengeance se dessinait devant lui, et il savait qu'il ne reculerait pas. Il porterait le poids de ses actes, mais il ferait tout pour que le nom de Lennard soit synonyme de peur et de souffrance.
World prit un moment pour explorer le laboratoire, un endroit qui avait été le théâtre de sa souffrance pendant si longtemps. Chaque recoin, chaque instrument, chaque pièce de ce lieu était imprégné de son désespoir. Mais maintenant, avec la rage qui bouillonnait en lui, il ne voyait plus ce laboratoire comme une prison ; c'était un champ de bataille où il allait se venger.
Ses mains, encore tremblantes de l'adrénaline du massacre, parcoururent les surfaces froides des tables de métal. Au fond de la salle, il découvrit un compartiment dissimulé, renfermant des explosifs soigneusement rangés. Une lueur d'excitation traversa son regard, et un sourire sinistre se dessina sur ses lèvres. Les instruments de sa libération et de sa vengeance se trouvaient là, juste à portée de main. Avec une précision méthodique, il chargea les explosifs dans les coins stratégiques du laboratoire, une ode à la destruction de son ancien monde.
Une fois la tâche accomplie, il sortit lentement, le cœur battant, un mélange d'adrénaline et d'anticipation faisant pulser son sang. Ses mains étaient enfoncées dans ses poches, et son torse nu, souillé par le sang des scientifiques, révélait un corps sculpté par la douleur et la survie. Chaque goutte de sang sur sa peau racontait une histoire, un récit de souffrance, de rage et maintenant de liberté.
Il marcha doucement à travers le couloir, ses pas résonnant comme une marche funèbre. À chaque pas, il se libérait un peu plus du poids de son passé. Les murs, autrefois témoins de sa détresse, semblaient s'effacer derrière lui, tandis qu'il avançait vers le monde extérieur, vers la lumière qui l'attendait.
Derrière lui, le laboratoire commença à vibrer, puis une explosion déchira le silence. Les murs tremblèrent, et une onde de choc le fit ralentir un instant, avant que le fracas ne soit suivi d'une détonation retentissante. Le son résonna comme une symphonie de destruction, un chant de libération qui marquait la fin de son cauchemar. Des éclats de verre et des morceaux de métal volèrent dans toutes les directions, illuminant le ciel sombre d'étincelles de lumière.
World ne se retourna pas. Il savait que chaque explosion était une confirmation de sa victoire sur ses anciens oppresseurs. Le regard vide mais déterminé, il continua d'avancer, son cœur battant au rythme de son nouveau destin. Lorsqu'il atteignit l'extérieur, il s'arrêta enfin. Il se tenait là, les pieds fermement ancrés dans le sol, tandis que la poussière retombait lentement autour de lui.
Pour la première fois, il leva les yeux vers le ciel. Une toile d'un bleu éclatant s'étendait au-dessus de lui, parsemée de nuages d'un blanc éclatant. Le soleil, brillant et chaud, l'illuminait d'une lumière dorée, lavant son corps de l'ombre du laboratoire. C'était un spectacle qui le bouleversa. Il avait vécu si longtemps enfermé, à l'ombre de la terreur, qu'il avait oublié la beauté du monde extérieur.
Là, sur ce sol solide, une nouvelle vie commençait. Les larmes de rage et de douleur se mêlèrent à celles de joie et de soulagement. Les souvenirs de Yui, son sacrifice et son dernier message, résonnaient en lui comme un appel à la vengeance. Il sut qu'il porterait son souvenir dans son cœur, une flamme éternelle qui le guiderait sur son chemin.
World ferma les yeux un instant, s'imprégnant de l'air frais et pur, se promettant que jamais plus il ne retournerait dans les ténèbres. Ce chapitre de sa vie était clos, et un autre s'ouvrait, plein de promesses et de dangers. Avec une détermination renouvelée, il avança vers l'horizon, prêt à affronter le monde qui l'attendait, déterminé à découvrir la vérité sur Lennard et à transformer sa douleur en force.