Un papillon survole doucement la ville de Vétoile, ses ailes d'une couleur aussi pure que le ciel scintillent au contact des rayons du soleil, les noyant d'une ardeur flamboyante. Tel un aigle qui fend le vent, il a traversé la nuit d'un éclat sans fin, arrivant devant l'être aux mille reflets dont l'âme brûle incessamment. Il vole là où cela lui plaît, la liberté est le mot qui décrit son existence, à la laideur des humains qui convoitent cette liberté. Enfermant ces semblables, les mots d'une tendresse absolue en bouche, faisant croire à un mensonge une vérité, ils détruisent ce que d'autres bâtissent. Pour ensuite les aider à tout reconstruire, les faire oublier ce passé non loin, avec le seul but de remplir cette soif de supériorité, émergée de l'admiration chez ces personnes enchaînées. Dans cette terre ravagée par les ténèbres, des lumières brillent. Malheureusement, ces bougies aux couleurs éclatantes pleurant cette terre s'éteignent progressivement, ne pouvant continuer de briller. Elles qui ont résisté face aux vents violents se sont inclinées vaincues par l'éternelle.Mais un jeune être tenta de protéger la dernière de celles-ci, l'espoir en main et la bonté en cœur. Quand elle s'éteignit, des pleurs s'entendirent de l'enfant qui voulait tant la protéger au dépit de son corps ravagé par les ténèbres.<< Toi, qui m'a protégé, toi qui t'ai sacrifié, je t'offre ma lumière. Je renaîtrai, alors, essuie ces larmes qui gâchent ton beau visage. Quand je reviendrai, je te détacherai de ses chaînes et te protégerai à mon tour. Je te dirai ces mots que tu recherches tant en ces gens. >>Ainsi, plusieurs années s'écoulèrent, la ville de Vétoile se développa, laissant les mauvais jours derrière. En plein milieu de tout cela, un manoir aux allures nobles se décora pour fêter le renouveau, tous furent invités à l'exception de l'enfant de la maîtresse des lieux. Une jeune femme aux cheveux du crépuscule, aux yeux de la nature et une peau semblable à la neige malgré sa douce chaleur. Un être que l'on pourrait presque considérer comme parfait, que se soit son prénom " Louise » ou bien son apparence digne d'une princesse. Néanmoins, rien ne naît parfait, nous le devenons qu'en donnant en contrepartie quelque chose. Elle, qui a l'air si irréelle, qu'a-t-elle donné ? A quelques heures du banquet, un fracas vint renverser le silence, attirant les commères des ombres. Les servantes se regroupèrent dans le hall principal, oubliant leur devoir, elles commencèrent à chuchoter entre elles. Au milieu de tous ces gens qui trouvent le divertissement chez les problèmes des autres se trouvait un groupe de jeunes servantes : Eli, Miya et Mélia, aimant tout particulièrement la pauvre Cendrillon.Cependant, on ne pouvait vraiment dire si le mot « aimer » était bien choisi pour définir ce qu'elles ressentaient envers Louise.<< Mélia, Miya ! Vous savez, j'ai vu Madame partir dans la chambre de l'autre, très énervée ! >>Un sourire se dessina sur le visage de Mélia qui était ravie de cette nouvelle.<< C'est donc pour ça qu'on entend autant de bruit. Elle doit bien souffrir en ce moment même, pas vrai ? >><< Oui, j'imagine ! Toutefois, espérons qu'après Madame ne versera pas sa colère restante sur nous ! << Oui, j'espère aussi… >><< Par contre Eli, j'espère que tu as mis des chaussures propres après avoir fait tes tâches dans le jardin car si je retrouve des empreintes de pas quand je vais devoir nettoyer le sol, je t'arracherais les cheveux ! >><< Non pas mes cheveux ! >>Miya continua d'énoncer avec satisfaction toutes les choses qu'elle ferait aux cheveux d'Eli, tandis que celle-ci arborait une expression de terreur en les tenant.<< C'est bon, arrêtez les filles ! >>Miya et Eli s'arrêtèrent tout suite, ne voulant énerver leur amie. << Vous pensez qu'elle est fâchée à quel point pour qu'elle aille directement dans sa chambre ? >>Miya leva légèrement la tête et regarda Melia tout en jouant avec l'une de ses mèches de cheveux. << Je dirais BEAUCOUP car elle n'est jamais allée la voir depuis 18 ans ! >><< 18 ans !? Vraiment !? >>Eli mit brusquement sa main devant sa bouche quand elle entendit sa propre voix résonner dans tout le hall. Certaines servantes l'a dévisageaient même du regard, lui donnant ainsi l'envie de disparaître. La honte lui montait jusqu'aux oreilles.<< Doucement, Eli ! >>Alors que Miya toisait de regards son amie, Mélia, quant à elle, était perdue dans ses pensées. Toutefois on ne pouvait ignorer le sourire grandissant sur son visage.<< Eh, les filles ! Ça vous dirait qu'on lui rende une petite visite à notre petite demoiselle après ? >>Eli et Miya échangèrent un regard incertain et plein de doute, se rappelant de la dernière fois qu'elles étaient allées lui rendre visite, notamment comment cela s'est terminé. << Allez les filles, on fera attention cette fois ! Et en plus, il faut bien qu'on se défoule un peu après ce long et interminable travail, non ? >>Eli attrapa la manche de Miya et la regarda pour lui demander son avis.Pendant ce temps-là, Louise, la tête baissée et le visage caché, pleura en silence face à sa mère Suzanne dont l'expression était déformée par la colère. Les éclats du vase cassé plutôt disparaissent dans l'obscurité comme si elles n'avaient jamais existé.Le sol, témoin des pleurs, se vit enseveli de la pluie qui tombait des yeux de l'être détruit. Tandis que l'air était témoin de la colère d'un être ravagé. << Tu ne pouvais pas t'en empêcher, hein !? >><< Nan, je ne voulais pas… >><< Oui, bien sûr, tu n'as pas fait exprès de renverser le thé sur notre invité ! >><< Je ne l'ai vraiment pas fait exprès… >>Louise pleurait de plus en plus et cela ne fit qu'accentuer la colère de Suzanne dont la vision vira au rouge, et après cela, tout ne fut que désastre. Les bruits de verre suivis de cris remplissaient à présent la demeure, mais aussi poignardaient le cœur de la pauvre jeune accusée. Elle ne pouvait ni se défendre, ni se révolter contre sa mère. Un papillon pris au piège dans une toile d'araignée ?<< Tu sais, c'était qui même !? >><< Nan, je- >><< C'était M. Hausfoye ! Un homme qui, s'il le voulait, pourrait nous détruire ! >>Suzanne lança la chaise à côté d'elle et celle-ci vint se heurter contre la grande fenêtre tientée en noir.Louise, dont la force lui quittait peu à peu, s'écroula sur le sol humide et plein de petits éclats de verre qu'elle ne vit malheureusement pas. << Je suis désolé… Tellement désolé… >><< Si t'es tellement désolé que ça, alors pourquoi tu souris ? >><< Nan, je ne souris pas…! >><< Tu mens ! Mensonge ! Mensonge !! MENSONGE !!! >>Elle se dirigea violemment vers Louise qui ferma les yeux, terrifiée. Cependant, une voix derrière la porte de la chambre arrêta Suzanne qui avait tendu sa main pour attraper les cheveux de sa fille.<< Madame, excusez-moi de vous déranger, je viens vous chercher pour que vous puissiez vérifier les plats pour le banquet. >>C'était la gouvernante Marie.<< J'arrive. >>Suzanne remit ses cheveux en arrière d'une main et de l'autre arrangea ses vêtements avant de se diriger vers la porte. Elle posa sa main sur le poignet, toutefois, au lieu de la tourner, elle se retourna vers Louise.La pauvre jeune femme n'osa à peine relever la tête par peur de croiser le regard de sa mère, elle se contenta de regarder le sol humide de ses larmes qui ne voulaient cesser.<< Tu n'auras rien à manger pendant 3 jours. Nan, plutôt 5 jours. >>Sur ces mots, elle ouvrit la porte et la referma d'un coup sec qui fit trembler la chambre entière. Louise était à présent seule, comme elle l'a toujours été.Pendant plusieurs minutes, elle resta assise sur le sol, le regard vide avec les larmes coulant toujours, avant de lever la tête et de fermer les yeux. Même au plus profond de ses peines, sa beauté ne ternissait jamais.<< Je pensais m'y être habitué mais on dirait que non. Que dois-je faire pour que vous m'aimiez un jour, mère ? >>Elle se releva avec difficulté et constata les petites coupures sur son genou à cause des éclats de verre qu'elle ne pouvait voir en raison de l'obscurité de sa chambre qui était seulement éclairée par quelques bougies allant bientôt atteindre leur fin de vie.Louise essaya malgré tout de les ramasser en se baissant. Cependant, quelques secondes après, une coupure suivie de sang apparut sur le doigt de la jeune femme, rendant à ses yeux l'humidité qu'elle aurait aimé sèche.Néanmoins, elle s'empressa de se relever et d'essuyer ses larmes lorsqu'elle entendit frapper à la porte. Elle pensait que c'était sa mère qui avait déjà fini de vérifier les plats, cependant cette idée s'envola aussitôt : sa mère ne toquerait jamais.<< Qui est-ce ? >><< C'est nous, Madame ! Vos meilleurs amis ! >>Miya et Eli rigolèrent pendant que Mélia prenait une voix douce.<< On vient vous rendre une petite visite ! >>Louise avait l'impression qu'on lui avait renversé un grand seau d'eau froide sur la tête et que les ténèbres la poussaient en ce moment même pour la ramener à ses "meilleures amies".