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Chapter 3 - Chapitre 3 : Le chant des esprits perdus & l'abomination.

Au début de leur voyage, après avoir quitté le village, les héros avaient déjà affronté plusieurs heures de marche à travers des voies de terre lorsque le silence oppressant des bois fut soudain brisé par un grondement sourd. Des lézards massifs, hauts comme des chiens, dotés de six pattes et recouverts d'écailles vertes et scintillantes, surgirent des fourrés, les yeux emplis d'une lueur prédatrice.

Goldrick dégaina son bouclier, le regard alerte.

— « En formation ! Ces bestioles ne vont pas nous laisser passer sans se battre. »

Ferland, armé de ses rapières, se glissa vers les ombres, un sourire espiègle aux lèvres.

— « Juste des lézards, vous dites ? Ça devrait être rapide. »

Baralte, adoptant une position défensive, répondit calmement :

— « Ne sous-estimez jamais les créatures avec plusieurs pattes. Elles ont tendance à mordre fort. »

À peine a-t-elle terminé sa phrase qu'un des lézards bondit dans sa direction, ses mâchoires claquant dans un bruit sinistre. Baralte esquiva avec agilité, son poing se resserrant alors qu'elle appliquait une frappe rapide et précise sur le flanc de la créature. Le lézard recula, secoué par l'impact, tandis que Baralte enchaînait avec des coups successifs, ses poings s'abattant comme des marteaux contre la carapace épaisse.

Goldrick se tourna vers elle, impressionné.

— « Je savais que tu te défendais bien, mais là, c'est un vrai spectacle. »

Baralte essuie son front et répond avec un sourire :

— « Il faudra plus qu'un simple lézard pour me faire reculer. »

De l'autre côté, un autre lézard se rue sur Ferland. Celui-ci effectue une pirouette gracieuse et plante ses lames dans les pattes de la créature, la ralentissant suffisamment pour que Goldrick prenne le relais.

— « Goldrick, celui-là est prêt pour toi ! » lança-t-il en riant, avant de s'esquiver pour éviter un coup de queue.

Goldrick, profitant de l'ouverture, leva son épée et l'abattit avec force sur la tête du lézard, la lame s'enfonçant profondément entre les écailles. Le lézard s'effondra dans un cri, se tordant une dernière fois avant de s'immobiliser.

À l'écart, Matricaria, la druide, reste concentrée. Elle murmure une incantation et invoque des racines qui surgissent du sol pour enrouler et immobiliser deux lézards. Elle fait un signe de tête à Sagelse :

— « Sagelse, à toi maintenant ! »

La nécromancienne ouvre alors son grimoire, ses mains se couvrant d'une aura sombre. Elle lève un bras et projette un puissant jet de flammes noires qui consume instantanément les deux lézards, les réduisant en cendres. Un dernier lézard reste encore debout, mais Brahltahir, le nain, s'élance avec sa hache enchantée, la lame entourée d'une aura de feu. En quelques coups puissants, la créature succombe à ses assauts.

— « Pas si 'rapide' que ça, hein, Ferland ? » lança Goldrick avec un sourire en coin.

Ferland haussa les épaules, essuyant le sang de ses lames.

— « Je leur ai juste laissé une chance, c'est tout. »

Enfin, après un rude combat, essoufflés mais victorieux, ils échangèrent un regard de satisfaction

et reprirent ensuite leur route.

Alors que les héros approchaient de la lisière de la forêt sombre, une petite silhouette émergea des ombres. Un vieil homme vêtu de haillons, appuyé sur un bâton tordu, les observait d'un regard perçant. Sa barbe grise et emmêlée descendait jusqu'à sa ceinture, et ses yeux semblaient luire d'une sagesse millénaire.

Baralte s'avança prudemment, les autres héros restant sur leurs gardes. Elle salua l'ermite d'un signe de tête respectueux.

— « Vieil homme, qui es-tu pour arpenter seul un endroit aussi dangereux ? Cette forêt cache des ombres qu'il vaut mieux éviter. »

L'ermite sourit, dévoilant des dents jaunies par les années.

— « Ah… les ténèbres de cette forêt ne me font plus peur depuis longtemps, mon enfant. Mon nom est Sybriol, et c'est moi qui veille sur ce lieu depuis plus longtemps que vous ne pouvez l'imaginer.» Il la scruta, un sourire énigmatique aux lèvres.

— « Et toi, guerrière, tu ne sembles pas moins en danger ici, bien qu'endurcie par la vie. »

Baralte haussa un sourcil.

— « Nous allons traverser cette forêt, malgré ce qu'elle cache, pour atteindre notre objectif. Mais si tu as des conseils, nous les écouterons. »

Sybriol acquiesça lentement, comme s'il considérait chaque mot.

— « Cette forêt… elle prend autant qu'elle donne. Mais toi, je sens une détermination qui pourrait déjouer même les pièges les plus perfides. » Il tira alors de son cou une amulette simple mais gravée d'anciens symboles.

— « Prends ce talisman. Il te protègera, toi et tes compagnons, des esprits en peine qui rôdent entre ces arbres. »

Baralte hésita, mais l'ermite lui tendit l'amulette avec insistance. Elle la prit avec précaution, observant les gravures complexes sur le talisman.

— « Pourquoi nous offrir cette protection, ermite ? » demanda-t-elle, le regard méfiant.

Sybriol éclata d'un rire rauque.

— « Parce que, tout comme cette forêt, j'ai mes raisons de souhaiter que vous avanciez. Un danger plus grand vous attend, un mal qu'il faut arrêter. Et qui sait, peut-être que mon talisman trouvera enfin l'honneur d'accomplir ce pour quoi il a été forgé. »

Baralte serra le talisman dans sa main, ressentant un léger frisson d'énergie.

— « Merci, Sybriol. Nous honorerons ta foi en nous. »

L'ermite inclina la tête, et dans un murmure qui semblait porté par le vent, ajouta :

— « N'oubliez jamais que même les ténèbres les plus sombres recèlent parfois des éclats de lumière… Tout dépendra de vous. »

Les héros s'éloignèrent, l'amulette battant contre le torse de Baralte, chacun d'eux sentant un poids plus léger dans leur cœur.

Après la rencontre avec l'ermite, les héros s'enfoncèrent dans la forêt sombre, l'atmosphère changeant aussitôt autour d'eux. Les arbres, aux troncs noueux et aux branches tortueuses, s'élevaient comme des sentinelles silencieuses, et une obscurité dense couvrait le sol, bien que le soleil fût encore haut dans le ciel. Tout autour, une brume flottait, presque éthérée, glissant entre les racines et les fougères mortes.

Goldrick avançait en tête, bouclier en main, ses yeux scrutant l'ombre pour déceler la moindre menace.

— « Gardez vos sens en alerte, » murmura-t-il. « Ce lieu n'a rien de naturel… on dirait que la forêt elle-même nous observe. »

Ferland hocha la tête, se glissant dans les ombres comme un spectre.

— « Si quelque chose nous attend ici, je préfère être celui qui surprend plutôt que celui qui est surpris. »

Ils progressaient prudemment, guidés par la lueur verdâtre émanant du talisman que Baralte portait. La lumière semblait repousser légèrement la brume, laissant un passage dans l'obscurité. Brahltahir frappa du pied un caillou sur le chemin, puis grogna en chuchotant :

— « Pourquoi faut-il que cette quête nous amènent dans des lieux maudits ? Une bonne grotte de montagne avec des ennemis bien visibles, voilà ce qu'il me faut ! »

Matricaria répliqua d'un ton moqueur.

— « Eh bien, Nain, tu n'as qu'à imaginer que cette forêt est une grotte, et que les esprits sont simplement des ennemis invisibles. Peut-être qu'ils apparaîtront si tu frappes assez fort. »

Ils échangèrent un regard amusé, mais l'instant de légèreté fut rapidement interrompu par un son étrange. Un murmure se propagea, comme un vent glacial, accompagné de voix lointaines, chuchotant des mots indistincts. Les héros s'arrêtèrent, se resserrant par instinct, alors que la lumière du talisman de Baralte pulsait légèrement, comme pour les rassurer.

Soudain, un esprit apparut, flottant à quelques pas devant eux. Une forme translucide, aux contours vaporeux et aux yeux vides. Il s'avança lentement, ses mains tendues vers eux.

Sagelse, ouvrant son grimoire, murmura une incantation, prête à se défendre.

— « N'approchez pas davantage, esprit. Nous ne venons pas en ennemis, mais nous ne nous laisserons pas tourmenter. »

L'esprit s'arrêta, son regard vide se fixant sur Sagelse, comme s'il la reconnaissait. Dans un souffle presque inaudible, il murmura :

— « Libérez-nous… de la malédiction… »

Goldrick avança d'un pas.

— « Que signifie cette malédiction ? Parle-nous, esprit. Peut-être pourrons-nous t'aider. »

Mais l'esprit ne répondit pas, se contentant de les observer d'un air empreint de tristesse avant de s'évanouir dans la brume, comme s'il n'avait jamais été là.

Matricaria fronça les sourcils, le visage grave.

— « Ce ne sont pas de simples esprits. Ils sont prisonniers de quelque chose de puissant. »

Ferland murmura, plus pour lui-même que pour les autres,

— « Nous devrions avancer. C'est peut-être notre seule chance d'éviter de subir le même sort. »

Baralte hocha la tête, serrant le talisman entre ses doigts.

— « Continuons. »

Alors que le groupe avançait plus profondément dans la forêt, les murmures se faisaient de plus en plus oppressants, comme si chaque arbre cachait des âmes tourmentées, incapables de trouver le repos. La lumière du talisman de Baralte faiblissait par moments, comme si la noirceur de la forêt tentait de la dévorer.

Après une vingtaine de minutes, ils arrivèrent dans une clairière où des pierres levées formaient un cercle autour d'un autel de pierre ancienne, couvert de mousse et de racines. Des symboles sombres, à peine visibles dans l'ombre, semblaient gravés dans la pierre, pulsant d'une énergie sinistre.

Matricaria s'approcha de l'autel avec prudence, ses doigts effleurant les gravures anciennes.

— « Ce lieu a été marqué par un rituel. Quelqu'un a scellé la magie ici... un sort de liaison pour emprisonner ces esprits. »

Sagelse ouvrit son grimoire, les pages feuilletant d'elles-mêmes jusqu'à un passage particulier.

— « Si ces esprits sont liés à cet endroit, il est possible de rompre le lien, mais cela exigera un grand sacrifice d'énergie. Ce ne sera pas sans danger. »

Goldrick serra les poings.

— « Si cela peut leur offrir la paix, alors nous devons essayer. Nous ne pouvons pas les laisser souffrir ainsi, piégés pour l'éternité. »

Baralte, observant les symboles avec gravité, prit une profonde inspiration avant de tendre le talisman vers l'autel.

— « Peut-être que l'ermite nous a donné cet objet pour cet instant précis. Il a dit que cela nous protégerait… et il semble répondre à la magie des esprits. »

D'un geste décidé, elle posa le talisman au centre de l'autel. Une lumière intense jaillit, et une onde de chaleur émana du talisman, dissipant la brume autour d'eux. Les symboles gravés dans la pierre se mirent à vibrer, une énergie obscure luttant contre la lueur protectrice du talisman. Soudain, un hurlement perça l'air, résonnant dans toute la clairière, comme un écho de douleur et de rage.

Brahltahir brandit sa hache, son regard perçant scrutant les alentours.

— « Préparez-vous ! Ce cri n'annonce rien de bon. »

Des formes éthérées émergèrent alors des arbres, des silhouettes translucides, figées dans des expressions de douleur et de désespoir. Ces esprits, qui avaient auparavant murmuré dans la brume, semblaient maintenant agressifs, leurs yeux lumineux d'une lueur de colère. L'un d'eux, vêtu de haillons déchirés, s'avança, ses mains tendues vers Sagelse.

Ferland dégaina ses rapières, prêt à se défendre.

— « Rien ne me plaît dans cette situation. Mais si cela peut nous sortir d'ici, faisons-le rapidement.»

Goldrick frappa son bouclier pour attirer l'attention des esprits en approche.

— « Sur moi, créatures des ombres ! »

Les esprits lancèrent leurs assauts, flottant vers eux avec des cris déchirants. Matricaria déchaîna des racines du sol, qui s'enroulèrent autour des spectres pour les retenir, mais ils traversaient les entraves végétales comme si elles n'étaient qu'un voile.

Bralthahir, pragmatique, observa l'autel avec méfiance. En s'approchant, il remarqua des symboles gravés sur la pierre, évoquant des légendes anciennes qu'il avait entendues dans sa jeunesse.

— « Le chant des esprits perdus… » murmura-t-il en reconnaissant les runes qui ornaient l'autel.

Ferland Lelac, l'œil vif, se souvint d'une vieille chanson légendaire parlant des âmes piégées dans des lieux maudits. Sans hésiter, il sortit sa lyre de son sac, déterminé à apaiser ces esprits tourmentés. Il commença à jouer une mélodie douce et mélancolique, les notes flottant dans l'air, pénétrant les ténèbres environnantes.

À mesure qu'il jouait, les murmures dans la forêt devinrent plus doux, presque apaisés. Les silhouettes éthérées figées dans une expression de souffrance. Mais au lieu de les attaquer, elles semblaient écouter la mélodie de Ferland, comme si elles se souvenaient de quelque chose d'oublié depuis longtemps.

L'air autour de l'autel commença à scintiller, et soudain, une lumière douce émana des runes autrefois éteintes. Le talisman de l'ermite vibra légèrement, renforçant la protection autour du groupe, tout en amplifiant le pouvoir du chant de Ferland.

Sagelse, identifiant la scène et la magie ambiante, comprit que le talisman vibrait en harmonie avec la chanson de Ferland. Elle le déposa sur l'autel. À mesure que la musique continuait, le talisman résonna d'une mélodie réconfortante. Les esprits, s'évaporèrent dans des éclats de lumière, leurs hurlements s'atténuant jusqu'à devenir des murmures apaisés. Les dernières lueurs des âmes libérées s'élevèrent dans les airs, scintillant comme des étoiles dans la nuit.

Essoufflée, Sagelse baissa les bras, ses yeux fixant le talisman, qui reposait désormais brisé en deux sur l'autel.

— « Ils sont partis... Ils ont enfin trouvé la paix. »

Goldrick posa une main sur l'épaule de Ferland, un sourire réconfortant aux lèvres.

— « Tu leur as offert la délivrance mon ami. Ils te doivent beaucoup. »

Matricaria regarda autour de la clairière, désormais plongée dans un calme absolu, comme si la forêt elle-même avait retrouvé son équilibre.

— « Nous avons levé la malédiction! La forêt est libre! »

Ils continuèrent leur marche rapide à travers la forêt, les arbres s'éclaircissant enfin pour laisser place à une vaste prairie baignée dans une lueur rouge intense, la lune, maintenant presque complètement rouge, se dressant dans le ciel comme un présage sinistre.

Sagelse, leva les yeux vers le ciel et fronça les sourcils.

— « C'est impossible, »murmura-t-elle, la voix empreinte d'une inquiétude grandissante. « La lune rouge ne devait apparaître que dans un ou deux jours… Quelque chose ne va pas. »

Matricaria, observe la lueur de la lune rouge dans le ciel. Elle acquiesce et, d'un ton grave, explique :— « Il semblerait que la forêt sombre ait été sous l'influence d'une distorsion temporelle due à la malédiction. Le temps est passé plus vite sans que nous en ayons conscience… »

Alors que nos héros s'avancent vers la prairie, une étrange atmosphère se fait sentir. Autour d'eux, la nuit pèse lourdement, et l'air est imprégné d'une odeur de terre humide et de bois pourri. À l'horizon, une faible lueur rouge perce le brouillard nocturne, attirant leur attention vers le centre de la clairière. Là, ils aperçoivent ce qui semble être leur objectif : Un bâton orné de 3 rubis, partiellement enfoui dans la terre, couvert de runes mystérieuses qui scintillent d'une lueur rouge.

Autour du bâton, une meute de loups du néant se tient en silence, formant un cercle parfait. Ces créatures ne ressemblent en rien aux animaux sauvages que l'on pourrait croiser en forêt. Leurs yeux, d'un éclat mauve spectral, semblent percer l'obscurité, fixant les héros avec une intelligence glaciale. Leur pelage, comme si la magie du Néant s'évaporait de leurs corps en continu, telle une brume d'ombre.

Au centre de la meute, une silhouette imposante attire tous les regards. Un loup gigantesque se tient debout, droit sur ses deux pattes arrière, une aberration de la nature. Sa stature humaine et ses quatre yeux d'un rose cramoisi lui confèrent une allure monstrueuse. Il observe les aventuriers d'un regard brûlant de malveillance, laissant deviner l'intelligence perverse qui anime cette créature corrompue.

Ferland, d'ordinaire enjoué, sent l'ambiance tendue. Il murmure d'une voix à peine audible :

— « On ne peut pas reculer maintenant. Le bâton est là, mais pour l'obtenir, nous devrons affronter cette créature... et ses sbires. »

Sagelse hoche la tête, sentant l'énergie obscure qui émane de la prairie. Elle commence à incanter des paroles en une langue ancienne, un sort protecteur pour renforcer leurs défenses. Les énergies magiques tourbillonnent autour d'elle, formant une lueur douce et rassurante qui englobe le groupe. À ses côtés, Bralthahir boit d'une traite le fond de sa gourde de bière, puis regarde Goldrick avec un sourire confiant, signifiant qu'il est prêt à en découdre.

Le silence pesant de la prairie fut brusquement déchiré par un grondement profond, suivi d'un hurlement strident. Le loup abominable, dressé sur ses pattes arrière, lança un cri si perçant que les héros se protégèrent les oreilles par réflexe. Ses quatre yeux cramoisis, empreints d'une intelligence sinistre, fixaient chacun d'eux comme un prédateur évaluant sa proie. Sous cet appel terrifiant, les autres loups quittèrent leur cercle autour du bâton, et se lancèrent en une course frénétique vers les héros, prêts à les encercler.

Goldrick, en première ligne, brandit son bouclier, le métal captant la lueur rougeâtre de la lune.

— «Nous devons garder le contrôle du champ de bataille,» dit-il d'une voix ferme, ses yeux fixés sur les loups du Néant. "Ne les laissez pas nous séparer."

Bralthahir, d'un geste assuré, dégaina sa hache de guerre, son visage marqué par la détermination. — « Laissez venir ces bêtes, » gronda-t-il, prêt pour l'affrontement. « Je vais leur montrer la force d'un nain en colère .»

Sans hésiter, Ferland active son pouvoir d'invisibilité et courut à toute allure à travers le champ de bataille, esquivant habilement les loups corrompus pour se diriger droit vers l'abomination. Arrivé à son niveau, il bondit dans les airs et atterrit dans le dos de la créature, prêt à lui faire goûter ses lames acérées.

Mais le loup, animé par une force surnaturelle, réagit avec une rapidité déconcertante. Il tourne brusquement sa tête, ses quatre yeux fixant Ferland avec une intelligence cruelle.

Ferland murmura:

— « et merde.»

Et dans un grondement sourd, l'abomination libère une onde de magie noire de sa gueule monstrueuse qui projette Ferland dans les airs. Mais grâce à sa grande agilité, Ferland effectue un saut périlleux en plein vol, plantant ses armes dans le sol pour amortir sa chute et se stabiliser avant de se remettre debout, prêt à repartir à l'assaut.

Profitant de cet instant de distraction, le loup géant se précipite alors vers Goldrick, ses crocs luisants sous la lumière de la lune rouge. Goldrick bloque l'attaque avec son bouclier, mais la force du choc le fait reculer de plusieurs pas. Deux autres loups se ruent sur lui, leurs crocs claquant tout près de son visage. Ferland, ayant retrouvé son équilibre, bondit à son secours, plantant une lame dans le dos d'un loup, laissant une éclaboussure de sang pourpre dans l'air.

— « T'es encore en vie, Goldrick ? » lance-t-il en repoussant un autre loup d'un coup de pied bien placé.

Pendant ce temps, Sagelse, concentrée, continue ses incantations. Une barrière lumineuse entoure désormais Ferland et elle-même, les protégeant des assauts. D'un geste fluide, elle invoque des flammes sombres et les projette vers un loup, le réduisant en cendres sous un hurlement déchirant.

— « On doit affaiblir le gros loup ! » crie-t-elle, déterminée.

Baralte, hochant la tête, se précipita sur un autre loup. Le moine utilisa ses techniques d'arts martiaux, frappant avec précision et vitesse, ses coups transformant en instant deux loups en poussière.

Bralthahir, continuant de combattre avec férocité, assénait des coups de hache embrasée aux loups qui l'encerclaient, mais pour chaque loup abattu, un autre semblait apparaître.

La tension atteint son paroxysme lorsque le loup abominable, affaibli mais encore redoutable, se tourne vers deux de ses congénères et, d'un coup de mâchoire, les dévore. Une transformation terrifiante s'opéra alors sous les yeux des héros, le monstre prenant des proportions cauchemardesques. Ses griffes s'allongent, et deux nouveaux bras, griffus et hérissés, jaillissent de ses flancs. Des gueules de loup supplémentaires émergèrent de son torse, toutes hurlant à l'unisson. Son visage, désormais hérissé de plusieurs yeux cramoisis, se tordit en un masque de pure malveillance. La créature, à présent un véritable cauchemar incarné, se dressa au-dessus des héros, dominant la prairie de toute sa hauteur monstrueuse. 

Goldrick, bien que blessé et épuisé, se jeta à nouveau dans la bataille. Mais la créature, désormais plus rapide et plus forte, le prit de court. D'un mouvement brutal, elle saisit le paladin et le lança à travers la prairie avec une force inhumaine. Goldrick vola sur plusieurs mètres avant de s'écraser lourdement contre Bralthahir, les deux guerriers s'effondrant dans un amas de métal et de boue. Le choc laissa Goldrick à moitié inconscient, le souffle coupé.

Sagelse tenta de lancer une incantation pour ralentir la créature, mais elle était trop rapide, trop imprévisible. Bralthahir, se relevant avec difficulté, regarda son frère d'arme désormais inconscient à ses côtés. Il serra les dents, prêt à se battre jusqu'à la fin, même si tout semblait perdu.

Se concentrant sur l'instant, Ferland se mit invisible grâce à sont sort d'invisibilité et bondit derrière l'abomination. Avec une précision létale, il plongea ses armes entre les jambes de la créature, tranchant vers le haut avec une force surhumaine. Les lames s'enfoncèrent profondément, traçant une ligne meurtrière de la base du corps du monstre jusqu'à sa tête. La créature poussa un cri de douleur monstrueux qui résonna dans toute la prairie. Le corps abominable du loup se fit décapiter, le séparant en deux, faisant éclater des jets de sang pourpre et cramoisi, telle une pluie de sang sur le corps de Ferland, les multiples yeux du loup s'écarquillant dans une expression d'horreur pure avant que la vie ne le quitte finalement. L'immense créature s'effondra au sol avec un fracas sourd, son corps se désintégrant lentement en cendres noires.

Dans le silence retentissant de la clairière, Ferland se redressa, le souffle court et le corps tremblant de l'effort.

— « C'est fini. » murmura-t-il, observant les restes de la créature disparaître sous la lumière de la lune rouge.

Sagelse, Bralthahir et Matricaria, malgré leurs blessures, se redressèrent avec soulagement, ils échangèrent des regards silencieux, reconnaissant l'héroïsme de Ferland et la ténacité de chacun dans ce combat désespéré. Matricaria, elle, se précipite pour soigner Goldrick, inconscient, et grâce à son sort de guérison, elle le guérit, le ramenant à la conscience. Goldrick, reconnaissant, la remercie.

— « Tu m'as bien sauvé l'autre fois contre un loup du Néant, » répondit-elle avec un sourire. « Nous sommes égaux désormais, grand gaillard. »

La prairie, malgré l'intensité du combat, retrouva peu à peu son calme. Les oiseaux recommencèrent à chanter doucement, et une brise agréable, presque réconfortante, balaya l'herbe. Les héros, bien qu'épuisés, savaient qu'ils avaient survécu à une épreuve de plus et que leur quête pour arrêter la Sorcière du Néant n'était pas encore terminée. Mais pour l'instant, ils pouvaient se permettre de respirer, de se rassembler et de soigner leurs blessures avant de poursuivre leur périlleux voyage.

Alors que les héros reprenaient leur souffle et constataient les dégâts, Sagelse remarqua quelque chose d'étrange. Son grimoire du Néant, jusque-là silencieux, commençait à résonner en présence du cadavre de l'abomination. Le livre vibrait doucement, comme attiré par l'énergie résiduelle de la créature.

Intriguée, Sagelse s'approcha de la carcasse du loup abomination. À chaque pas qu'elle faisait, le livre vibrait de plus en plus intensément. Elle sentait une étrange attraction, comme si le grimoire agissait comme un aimant pour la magie corrompue.

Avec une concentration accrue, elle plaça le grimoire au-dessus du cadavre. Le livre absorba la magie corrompue qui restait encore dans les restes de l'abomination. Une lumière sombre émanait de la carcasse tandis que la magie corruptrice était lentement aspirée par les pages du grimoire. La vibration du livre devint plus forte, et l'énergie maléfique qui avait imprégné la créature se retrouva maintenant enfermée dans le grimoire.

En observant cette absorption, Sagelse décida d'ouvrir le grimoire pour comprendre ce qui se passait. À peine ouvert, il vibrait d'une énergie instable. La nouvelle magie absorbée semblait résister à la purification, et Sagelse fut confrontée à un dilemme : laisser la corruption prendre le dessus ou concentrer toute sa magie pour l'éradiquer.

Elle choisit de purifier la magie. La tâche était ardue, et la puissance de la magie corrompue fit trembler ses mains. La force de Sagelse seule n'était pas suffisante pour accomplir la purification. Goldrick, voyant sa détresse, se précipita à ses côtés. Il posa ses mains sur celles de Sagelse, utilisant sa propre magie de paladin pour l'aider dans l'effort.

Ensemble, ils concentrèrent leur énergie pour purifier le grimoire. La magie corrompue, en contact avec la lumière divine de Goldrick, commença à se dissiper. Une lumière éclatante émergea du livre, aveuglant les héros par sa pureté. Le grimoire, auparavant corrompu, fut désormais réparé. Il était orné d'un rubis blanc, semblable à la perle de la chapelle, au centre du livre.

Sans l'ouvrir, Sagelse et Goldrick ressentirent l'aura pure et bienveillante émanant du grimoire purifié. L'énergie dégagée était apaisante, un signe que le livre était maintenant chargé d'une magie bénéfique. Cette purification apporta une lueur d'espoir aux héros.

Sagelse ouvrit le livre. Immédiatement, elle fut projetée dans une vision apaisante. Elle se trouvait dans une dimension infinie, avec un sol de nuages infinis sous ses pieds. À une centaine de mètres d'elle, cinq silhouettes éthérées brillaient comme des soleils, chacune dégageant un sentiment puissant :

L'une brillait d'une couleur jaune, symbolisant plaisante et bienfaisance.

Une autre d'un bleu, représentant compassion et calme.

Une troisième d'un vert, incarnant rêve et épanouissement.

Une quatrième d'un rose, évoquant affection et réconfort.

Une cinquième d'un rouge, représentant bravoure et passion.

Les voix des silhouettes résonnèrent à travers le plan en une harmonie mélodieuse :

— « Chère enfant, nous sommes fiers de vos exploits. Nous savons que le retour du Néant n'est pas de votre faute. Nous sommes à vos côtés. Vous êtes les seuls capables de mettre fin, une fois pour toutes, au Néant. Rendez-vous à la cité de Grandell. L'Umatoh peut vous aider. Trouvez-le. »

Les paroles des dieux résonnèrent dans la tête de Sagelse alors qu'elle reprenait conscience. Elle partagea son expérience avec ses compagnons, expliquant la vision divine et le message des dieux.

Goldrick, ébloui par la révélation, éclata de joie.

— « Les dieux ne nous ont pas abandonnés ! » s'écria-t-il, riant de bonheur. 

Alors que les héros se remettent de leurs blessures, Sagelse s'approche du bâton orné de rubis, fascinée par la lueur rougeoyante qui émane des pierres incrustées. Dès qu'elle enroule ses doigts autour du manche, une vague de chaleur envahit sa main et parcourt son bras. Elle ressent une connexion immédiate et intense, comme si le bâton la reconnaissait. Une légère vibration émane du rubis central, et une lumière dorée irradie doucement, enveloppant Sagelse dans un halo apaisant. Ses compagnons la regardent, émerveillés.

Bralthahir observe le bâton d'un œil scrutateur.

— « Eh bien, ça semble être plus qu'un simple bout de bois, ma chère. Ce bâton a un pouvoir ancien, ça se voit tout de suite. »

Sagelse serre l'arme avec respect, percevant une puissance inexplorée.

— « Ce n'est pas juste un artefact, Bralthahir. Je sens… une volonté dans ce bâton. Comme s'il avait été forgé pour une mission précise, un peu comme nous. »

Goldrick hoche la tête, son expression sérieuse.

— « Peut-être que ce bâton a été guidé vers toi. Après tout, les dieux semblent veiller sur nous. »

En observant ses compagnons, Sagelse, touchée par ce moment de soutien, répond avec reconnaissance.

— « Nous devrons rester unis, pour comprendre jusqu'où nous mène ce destin. » Elle observe le bâton qui semble se fondre parfaitement dans sa main, vibrant légèrement, comme pour confirmer ses paroles.

Alors qu'ils se préparent à quitter la prairie, Goldrick s'adresse à eux d'une voix empreinte d'une force nouvelle :

— « Nous savons où aller maintenant. Nous avons une chance de mettre fin au Néant une fois pour toutes. »

Matricaria se tourne vers ses amis, un sourire résolu aux lèvres.

— « Qu'importe ce qui nous attend à Grandell, je suis prête à affronter tout ce qui se dressera sur notre route. Ensemble, rien ne nous arrêtera. »

Bralthahir, dans son style jovial, ajoute :

— « Et si quelque monstre essaye de nous barrer le chemin, il regrettera vite d'avoir croisé notre route ! J'espère que vous êtes prêts à voir comment un nain en colère se bat. »

Sagelse rit doucement, rassurée par la camaraderie qui les unit, et prononce les derniers mots du chapitre :

— « À Grandell alors, et à la lumière des dieux qui nous guide. Nous vaincrons le Néant. »

Sous un ciel teinté des derniers rayons de la journée, les héros se mettent en marche, leurs cœurs emplis d'espoir et de détermination, prêts à affronter de nouvelles épreuves pour sauver le monde.