La lumière de l'épée irradiait dans la grotte, projetant des ombres dansantes sur les parois. Yoru, la main toujours posée sur le manche, sentit une étrange énergie parcourir tout son corps. Cette épée n'était pas qu'un simple outil. Il pouvait sentir son poids, non seulement physique, mais aussi mystique, comme si elle était chargée d'une ancienne puissance qu'il ne comprenait pas encore.
Flamelios, flottant à côté de lui, brisa le silence qui pesait depuis plusieurs minutes.
« Tu te rends compte que tu ne peux pas te contenter de la tenir, n'est-ce pas ? » dit-il, une pointe d'ironie dans la voix.
Yoru tourna la tête vers le dragonnet, l'air perplexe. Il n'avait jamais manié une épée de sa vie. Dans sa vie précédente, il avait été un simple étudiant, et rien dans son passé ne l'avait préparé à manier une telle arme. Dans cette nouvelle existence, il n'était rien de plus qu'un fermier sans magie, sans aptitude spéciale.
Il baissa les yeux vers la lame, encore incapable de comprendre pourquoi cette arme l'avait choisi. Pourquoi, lui ? Il n'était pas un guerrier, et encore moins un héros. Son seul désir, depuis son arrivée dans ce monde, était de mener une vie paisible, loin des ennuis. Pourtant, les événements avaient pris une tournure tragique, et maintenant, cette épée semblait être son seul espoir.
« Comment suis-je censé la maîtriser si je n'ai aucune idée de comment me battre ? » demanda Yoru, une note de frustration dans la voix.
Flamelios battit des ailes et se posa sur une roche proche, ses écailles dorées scintillant sous la lumière de l'épée.
« Tu te poses les mauvaises questions, gamin. Ce n'est pas une question de force physique, ni même de talent avec une arme. L'épée que tu tiens entre tes mains a été forgée pour ceux qui possèdent une volonté inébranlable. Si tu crois que c'est juste une question de force, tu ne feras que suivre le chemin de ceux qui ont échoué avant toi. »
Yoru fronça les sourcils, luttant pour comprendre les mots du dragonnet. Tout semblait si mystérieux, comme si l'épée elle-même cachait des secrets qu'il devait percer. Mais il n'était pas sûr d'être à la hauteur. L'inquiétude grandissait en lui.
« Et qu'est-ce que tu attends de moi alors ? » demanda-t-il finalement.
Flamelios le fixa de ses yeux perçants, puis laissa échapper un léger rire.
« Ce que j'attends de toi ? Je n'attends rien, gamin. Mais si tu veux survivre dans ce monde et comprendre cette épée, tu devras faire preuve de quelque chose que beaucoup de ceux qui t'entourent n'ont jamais eu : le courage de se battre sans se reposer sur des pouvoirs magiques. »
Yoru resta silencieux, fixant l'épée dans ses mains. Ses pensées tourbillonnaient. Il savait qu'il ne pouvait plus reculer. Il n'avait pas de magie, aucun pouvoir spécial, mais cette épée, d'une manière ou d'une autre, l'avait choisi. Il prit une profonde inspiration et, malgré la crainte qui pesait sur ses épaules, il tenta de soulever l'épée.
À sa grande surprise, elle se détacha du sol sans effort. C'était comme si l'épée avait perdu une partie de son poids, juste pour lui. Il sentit l'épée répondre à sa volonté, s'adaptant à ses mouvements comme si elle faisait partie de lui. Il la tenait fermement, son cœur battant la chamade, ébahi par cette légèreté inattendue.
« C'est… possible ? » murmura-t-il en regardant l'épée briller doucement dans ses mains. Il pouvait sentir une énergie couler de la lame jusqu'à lui, comme si l'épée reconnaissait en lui un potentiel qu'il ignorait encore.
Flamelios leva un sourcil, observant avec intérêt. « Bien sûr que c'est possible. Cette épée ne répond qu'à ceux qu'elle juge dignes. Ce n'est pas une question de force brute. Elle t'a choisi, et elle t'aidera… mais seulement si tu la mérites. »
Yoru hocha la tête, absorbant les paroles du dragonnet. Il comprenait maintenant que cette épée était bien plus qu'une simple arme. Elle avait une volonté propre, et il devait apprendre à la maîtriser. Pourtant, l'appréhension le rongeait. Se montrait-il réellement digne de cette arme ? L'épée lui avait-elle vraiment donné sa confiance, ou testait-elle encore ses limites ?
Le lendemain matin, Yoru se tenait à l'entrée de la grotte, l'épée attachée à son dos. Bien que la lame fût toujours aussi immense, elle semblait plus légère à chaque instant passé avec elle. C'était comme si elle s'adaptait à lui, à son rythme, ajustant son poids selon ses besoins.
Les oiseaux gazouillaient doucement autour de lui, et la brise matinale était fraîche, contrastant avec la chaleur de la grotte de la veille. Mais même cet environnement paisible ne pouvait effacer les doutes qui s'étaient installés en lui.
Flamelios flottait à ses côtés, ses petites ailes battant avec une grâce surprenante pour une créature aussi petite. Son attitude semblait détendue, mais ses yeux brillaient d'une sagesse ancienne, une sagesse que Yoru n'arrivait pas à cerner.
« Bien, » commença le dragonnet, « maintenant que tu as décidé de te lancer dans cette quête, il est temps de commencer ton entraînement. »
Yoru esquissa un sourire nerveux, essayant de masquer ses incertitudes. « Tu veux dire que tu vas m'apprendre à me battre ? »
Flamelios éclata de rire, un rire bref mais moqueur. « Non, gamin. Tu vas t'entraîner à survivre. C'est tout ce qui compte pour le moment. Cette épée peut te guider, mais ce sera à toi de la maîtriser. Alors, commençons par les bases. »
Sans attendre une réponse, Flamelios pointa une zone dégagée à quelques pas. Des rochers éparpillés formaient un terrain accidenté, idéal pour tester l'agilité et la force de Yoru.
« Attrape ces rochers avec l'épée, » dit le dragonnet d'un ton détaché, comme s'il proposait l'exercice le plus simple du monde.
Yoru cligna des yeux, incrédule. « Attraper les rochers ? Avec une épée ? Tu plaisantes, c'est ça ? » demanda-t-il, une pointe d'exaspération dans la voix.
Flamelios ne répondit rien. Il se contenta de battre des ailes et de se poser sur un des rochers, son regard fixé sur Yoru. Le silence qui s'ensuivit était lourd de sens : l'entraînement avait bel et bien commencé.
Avec un soupir résigné, Yoru tira l'épée de son dos. La lame brillait toujours légèrement sous la lumière du matin, et il pouvait sentir son pouvoir vibrer sous ses doigts. Il se positionna face aux rochers, l'épée prête, bien qu'il ne sache pas exactement comment procéder.
Il fit un premier mouvement, mais l'épée, bien que plus légère pour lui, restait imposante et difficile à manier. Il rata son coup, l'épée déviant avec maladresse. Il faillit même tomber sous le poids de l'arme.
« Pas mal, » se moqua Flamelios. « Mais tu n'es pas encore au niveau. »
Les heures passèrent lentement, chaque échec pesant sur l'esprit de Yoru. Il répétait inlassablement ses mouvements, échouant à chaque tentative. La frustration grandissait en lui. Pourtant, malgré la fatigue qui envahissait son corps, il continuait. Quelque chose au fond de lui refusait d'abandonner. L'épée semblait le tester, mesurer sa détermination.
À chaque tentative, il sentait ses bras se fatiguer un peu plus, mais une force invisible le poussait à continuer, comme si abandonner n'était pas une option. L'épée voulait voir jusqu'où il pouvait aller.
À la tombée de la nuit, Yoru s'effondra finalement, son corps en feu, ses muscles tremblants. Il n'avait toujours pas réussi à attraper le moindre rocher correctement, et son corps ne répondait plus à ses ordres.
Flamelios se posa à côté de lui, ses yeux perçants toujours fixés sur le garçon. « C'est suffisant pour aujourd'hui. Mais souviens-toi, Yoru, ce n'est pas la magie qui te manque, c'est la volonté. Si tu veux que cette épée t'accepte, il te faudra la forger avec ton propre esprit. »
Yoru acquiesça faiblement, trop épuisé pour parler. Malgré la fatigue écrasante et les échecs répétés, au fond de lui, une flamme venait de naître, une flamme qui refusait de s'éteindre, peu importe les difficultés. Il avait trouvé un nouveau but, une nouvelle raison de se battre.