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Chapter 3 - Un marché maudit

"Il cherche une épouse ?" La baronne tressaillit quand Evangeline lui saisit soudain les mains mais hocha néanmoins la tête.

"Oui, j'ai entendu dire qu'ils essaient d'acheter une noble. C'est un secret de polichinelle qu'ils ont offert une récompense à la famille si elle leur donnait sa fille. Je plains les jeunes dames issues de familles nobles déchues. Elles pourraient souffrir de la cupidité de leurs familles." La femme soupira de manière exagérée, attirant l'attention de nombreux nobles.

Evangeline se leva. Elle eut presque envie de sortir de la chambre en courant, suivant l'homme quand l'idée lui traversa l'esprit.

"Votre grâce ! Votre grâce." Elle appela quelques fois quand elle eut du mal à respirer mais l'homme ne s'arrêta pas.

Son aide se retourna déjà vers elle puis vers son maître, confus.

Bien que son maître fût froid et dominateur. Il ne se comportait jamais ainsi.

"Mon seigneur, la dame vous appelle. Elle n'avait pas l'air bien." Ses pas s'arrêtèrent lorsqu'il entendit la dernière phrase.

Evan prit enfin une profonde inspiration et arriva à sa hauteur.

Elle se tint devant lui et fixa de nouveau ses yeux rouges. Une preuve qu'il était un démon, quelqu'un qui ne possédait pas d'âme.

"J'ai entendu dire que vous cherchez une épouse. Vous êtes prêt à offrir n'importe quelle récompense en échange d'une femme."

"..." ses lèvres se courbèrent vers le haut. Cela ressemblait à un sourire mais en même temps, ce n'en était pas un.

"Oui, je cherche une mariée. Avez-vous quelqu'un en tête ?" L'aide hocha la tête encore et encore. Il serait libéré du tourment s'ils trouvaient une épouse pour son maître.

Il avait frappé à toutes les portes de l'empire mais personne n'avait le courage de l'épouser.

"Oui, je veux me présenter comme votre mariée."

Ian se figea d'incrédulité. N'était-elle pas l'épouse du Marquis Harold ? La dame aînée de la maison. Cela faisait un an qu'elle était mariée. Se moquait-elle de leur maître !?

Evan se tint droite avec confiance, elle avait rassemblé tout son courage pour faire cela.

Damien la regarda intensément. Il pouvait sentir son cœur battre à tout rompre, la sueur couler de son visage jusqu'à son cou. Ses pupilles se dilataient et son corps tremblait, mais elle ne détournait pas son regard.

Elle continua de le fixer. La femme était prête à tout ! Même la mort était bienvenue si elle pouvait l'épouser.

Deux minutes plus tard, les lèvres de l'homme tressaillirent légèrement alors qu'il répondait d'un seul mot, "D'accord !"

"Mais.. mais mon seigneur !" Ian était pétrifié. La femme était folle mais son maître l'était davantage.

"Vous n'êtes pas capable de le gérer ?" Ces cinq mots eurent un tel impact sur Ian qu'il en trembla.

Il n'y avait rien qu'il ne ferait pas pour son maître.

"Je vais préparer les arrangements nécessaires." Ian voulait pleurer. Il sentit sa gorge lui brûler lorsque les mots sortirent de sa bouche.

Génial ! Maintenant, il devait contraindre un noble à divorcer de sa femme puis organiser le mariage de son maître avec cette femme !

"Cela prendra trois jours pour régler l'affaire. Mon aide restera en contact avec vous et viendra vous chercher pour notre cérémonie de mariage. Je n'ai personne à inviter. Vous pouvez amener vos invités avec vous à ce moment-là. Si vous avez besoin de quelque chose entre-temps, vous êtes libre de parler." Il attendit mais la femme secoua la tête.

"Mais après le mariage, je veux récupérer ma position en guise de récompense !" Il s'arrêta, la femme obtiendrait la position de duchesse après l'avoir épousé.

Elle pourrait jouir d'une position bien plus élevée avec toute la richesse à sa disposition pourtant elle voulait cette position.

"Ne serait-il pas mieux de le laisser être le marquis tandis que vous serez la duchesse ? Vous savez que je possède toutes vos entreprises, n'est-ce pas." Elle serra sa robe fermement alors que son corps trembla.

Non ! Elle ne savait pas. Son père n'avait jamais contracté de prêt. Ils avaient suffisamment de richesses. Pourquoi diable posséderait-il leurs entreprises ?

Voyant le choc dans ses yeux, un sourire narquois se forma sur ses lèvres.

"Nous pouvons discuter des détails après le mariage. Vous avez beaucoup de choses à régler d'ici là." Il se remit à marcher laissant derrière lui Evan stupéfaite.

Elle était celle qui avait proposé l'accord, pourtant elle se sentait forcée dans un marais, d'où elle ne serait pas capable de sortir.

Mais elle était prête ! Même si elle devait vendre son âme au diable. Elle allait se venger de lui.

"Ma dame, pourquoi avez-vous soudain couru comme cela ?" Daisy était là, à quelques pas seulement tout ce temps.

L'aura de l'homme était si forte qu'elle n'arrivait pas à respirer si elle s'approchait davantage.

Son corps était écrasé par le poids invisible. Elle s'inquiétait que sa maîtresse soit en difficulté. Mais elle fut choquée de voir ce sourire paisible de retour sur son visage.

"Ma dame !"

"Je suis fatiguée, Daisy. J'ai besoin d'aller me reposer. Peux-tu m'aider ?" Daisy oublia toutes ses questions et prit la main d'Evan.

Evan sentait les regards d'Elene et Harold sur elle lorsqu'elle rentra. De nombreux invités la dévisageaient aussi.

Personne n'avait jamais osé interpeller Damien et elle avait osé l'arrêter alors qu'il partait et soutenir son regard. N'avait-elle pas peur de mourir ?

Elle les ignora tous et s'en alla. Fermant la porte de sa chambre, Evan se coucha dans son lit.

"Daisy." elle regarda la jeune femme de chambre avec inquiétude et culpabilité, "Je vais quitter le palais dans trois jours. Je... je vais me marier avec le Duc Lancaster."

La surprise était un mot faible pour décrire son expression, Daisy avait l'air que son âme avait quitté son corps.

"Qu'avez-vous dit, ma dame ? Mais.. vous êtes déjà mariée." Evan tenait fermement les draps dans ses mains.

"Oui, mais il va s'en occuper. Il viendra me chercher. Je ne te demanderai pas de me suivre. Je sais combien de dangers ce palais recèle. Mais ils ne te laisseront pas rester ici une fois que je serai partie. Alors, je veux que tu quittes ton poste demain et que tu ne reviennes jamais."