Damien restait là, à fixer la femme alors qu'elle continuait de donner des leçons à l'humain sur ce qu'il devait et ne devait pas faire autour des changeurs de forme.
Il était assez sûr qu'il devrait se soucier de la façon dont elle dénigrait les autres changeurs de forme, surtout les loups, mais en même temps, il le comprenait. Elle appartenait à une espèce de proies si petite qu'elle pouvait facilement être écrasée et même potentiellement mangée.
La seule façon pour elle de survivre jusqu'à présent était de se méfier de tout le monde et de tout. Mais cela allait changer.
Ils étaient désormais quatre à la protéger. Elle ne manquerait de rien. Elle pourrait quitter ce travail de serveuse et vivre confortablement et heureusement avec eux pour le reste de sa vie.
L'enfer, elle pourrait même amener l'humain avec elle si elle le voulait. Même si la meute pourrait ne pas être contente au début, ils apprendraient à vivre avec. Après tout, les loups sont faits pour protéger.
Et là, ça lui a frappé. Cette femme vibrante, magnifique était sa compagne. Il avait enfin une compagne !
Il allait ouvrir la bouche pour se présenter au gardien de sa compagne quand il l'entendit poser la question à un million de dollars. "Allez-vous me dire ce qui s'est passé hier soir?"
Damien reposa son attention sur sa femme et la regarda se crisper, semblant plus qu'un peu embarrassée.
"Ils sont venus à la porte juste au moment où je la verrouillais," dit-elle, et Damien pouvait dire que tout le monde à l'intérieur du restaurant se penchait en avant, anticipant avec impatience sa prochaine parole.
"Ces quatre?" demanda Paul, levant un sourcil en lançant un regard noir à Damien et aux autres.
"Non, les stupides gamins d'avant. Vous savez… les lémuriens qui commandent pour leurs petites amies, juste pour que les petites amies disent qu'elles n'avaient pas commandé ça et que les assiettes de nourriture soient renvoyées en cuisine," soupira sa compagne… Adaline… semblant franchement peu impressionnée.
"Ah, eux," grogna Paul. Lucien et Damien se regardèrent. Tous les louveteaux qui suivaient Jamie allaient avoir droit à une session d'entraînement intense. Ils auraient de la chance de s'en sortir avec seulement quelques os cassés. Comment pouvaient-ils penser que c'était correct de se comporter ainsi en public?!?
Et faire en sorte que leur compagne les serve à tous les égards ? Non, ils ne l'acceptaient pas.
"Alors, ils se sont frayés un chemin dans le restaurant et l'un d'eux a verrouillé la porte derrière eux. Je me suis précipitée dans la salle du personnel et j'ai verrouillé cette porte avant de monter sur le frigo, de me transformer, et de me tirer d'ici," continua Adaline si rapidement que ses mots se mélangeaient.
"Et quand tu es sortie du restaurant ?" demanda Paul, levant à nouveau un sourcil pour étudier la petite femme. "Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?"
Adaline poussa un long soupir et sembla se dégonfler devant l'homme. "Ma souris a trouvé ces quatre qui attendaient devant la porte d'entrée, a réalisé qu'ils étaient ses compagnons, et s'est glissée dans l'une de leurs poches pour faire une sieste."
Damien regardait alors que Paul attirait Adaline plus près et la serrait dans ses bras avant de l'embrasser sur la tête. "Il y a beaucoup là-dedans que nous allons devoir déballer, d'accord ?" murmura-t-il doucement dans ses cheveux. "Mais merci d'être revenue saine et sauve chez moi."
En la repoussant juste un peu, l'humain se tourna pour regarder Raphaël, le pistolet maintenant fermement en main.
"Alors, pourquoi étais-tu dehors quand ton petit frère terrorisait ma fille à l'intérieur ?" demanda Paul, sa voix calme et posée, même si ses mots ne l'étaient pas.
"Nous ne savions pas qu'ils étaient à l'intérieur," répondit Raphaël. Bien qu'il semblait ne pas être dérangé à l'extérieur, à l'intérieur, son loup était absolument furieux… et ce n'était pas à cause du pistolet.
'Ces louveteaux auraient pu l'emmener loin de nous avant même que nous sachions qu'elle était notre compagne,' grogna le loup. Sa fourrure blanche ressortait comme un phare dans l'obscurité de son esprit alors qu'il faisait les cent pas. 'Il faut s'occuper d'eux.'
'Et nous le ferons,' répondit Raphaël, tenant fermement le loup même s'il sentait ses dents s'allonger et s'aiguiser dans sa bouche.
'Non. Pas par toi. Tu es trop doux pour blesser ton frère. Ton coeur est trop grand. Tu détestes voir souffrir qui que ce soit. Et à cause de cela, tu as presque perdu notre compagne. Que vas-tu faire quand les femelles de notre meute commenceront à la défier ?'
'C'est leur droit. Cela fait partie de notre loi,' répondit Raphaël, n'aimant pas du tout où cela menait depuis une seule seconde.
'Blah,' renifla le loup, s'arrêtant juste devant lui. 'Les lois sont faites par l'alpha. Si tu ne veux pas que quelqu'un défie ta compagne, alors tu n'autorises personne à défier ta compagne. C'est vraiment aussi simple que cela.'
'Tu ne comprends pas comment ça fonctionne,' siffla Raphaël pour la première fois. 'Je ne deviendrai pas un tyran comme mon père. Je ne forcerai pas mes loups à revenir à l'ordre encore et encore. Je refuse.'
'Et c'est pourquoi tu ne mérites pas notre compagne.'
Avec ces derniers mots, le loup de Raphaël disparut dans l'obscurité de son esprit.
Raphaël poussa un long soupir frustré en passant ses doigts dans ses cheveux.
"Oh, je suis désolé. Est-ce que je te retiens de quelque chose d'important ?" demanda Paul, sa voix ramenant Raphaël à lui.
"Bien sûr que non," répondit l'alpha, essayant de reprendre un semblant de contrôle. "Juste en train de discuter avec mon loup."
Paul acquiesça comme s'il comprenait puis se tourna vers Lucien.
"Tu vas régler ces loups avant que je le fasse," le menaça l'agent de sécurité. "Je ne supporterai pas que la vie d'Addy soit mise en danger encore et encore. Vous voulez que nous restions dans la ville ? Alors assurez-vous que ces louveteaux sont tenus en très courte laisse."
Raphaël s'attendait à ce que son loup sorte de sa cachette pour menacer l'humain d'avoir parlé ainsi de sa meute, mais tout ce qu'il ressentit fut une énorme sensation de satisfaction et d'approbation émanant de l'animal.
'Il sait comment protéger ce qui est important. Il est également prêt à le faire au coût potentiel de sa mort. Il n'a peut-être pas de loup et il n'est peut-être pas un alpha, mais je le respecte.'