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L'Ombre de nos Secrets

Lalie_9621
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Synopsis

Chapter 1 - Chapitre 1 : L'Ombre du Destin

Il pleuvait ce soir-là, comme si le ciel essayait de laver la ville de ses péchés. C'était une de ces soirées d'automne où l'air devenait plus lourd, plus oppressant, comme si quelque chose d'invisible guettait dans l'ombre. Nina sortit du café où elle travaillait, refermant soigneusement la porte derrière elle. Ses doigts étaient glacés par la fraîcheur de la nuit, mais elle appréciait ce moment de silence, loin des murmures des clients et des regards curieux qu'elle sentait souvent se poser sur elle.

Nina était... ordinaire, du moins elle le pensait. Une jeune femme de 24 ans, les cheveux châtains toujours attachés en un chignon rapide et les yeux gris, parfois trop graves pour son âge. Elle n'avait rien d'extravagant, ni dans sa façon de s'habiller, ni dans son comportement. Pourtant, il y avait chez elle une douceur troublante, un éclat dans ses yeux qui capturait l'attention malgré elle. Elle évitait souvent les interactions inutiles, préférant se fondre dans la masse, dans ce monde gris et routinier où elle se sentait en sécurité.

Ce soir-là, cependant, tout allait changer.

Comme tous les soirs, elle prit le chemin habituel pour rentrer chez elle, traversant les petites rues pavées, les lampadaires projetant des ombres longues et difformes autour d'elle. Les bruits de la ville étaient étouffés par le brouillard qui s'élevait lentement, comme un voile épais. En tournant à l'angle d'une rue, quelque chose attira son regard. Une silhouette, en bas d'une ruelle sombre.

Un homme se tenait là, adossé à un mur, une cigarette entre ses doigts. Ses cheveux noirs tombaient en mèches désordonnées autour de son visage, et même à cette distance, elle pouvait voir l'intensité de ses yeux, fixés droit sur elle. Il était grand, la carrure imposante, avec une allure presque dangereuse, mais quelque chose chez lui attisait une curiosité irrésistible. C'était comme si, malgré la froideur de son apparence, un feu brûlait derrière ce regard sombre.

Elle accéléra légèrement le pas, se sentant étrangement exposée sous son regard. Mais plus elle avançait, plus elle avait l'impression d'être piégée, comme si quelque chose la tirait vers lui. Pourtant, elle ne le connaissait pas. Enfin, c'est ce qu'elle croyait.

Arrivée à sa hauteur, elle tenta de l'ignorer, mais lorsqu'elle le dépassa, il murmura, sa voix grave brisant le silence :

— Nina.

Son nom, glissé dans l'air comme une lame invisible, la figea instantanément. Elle se retourna lentement, le cœur battant dans sa poitrine. Comment connaissait-il son nom ? Elle plongea son regard dans le sien, cherchant une réponse.

Il s'avança d'un pas, sortant partiellement de l'ombre, et ce qu'elle vit la fit vaciller. Son visage… quelque chose de vaguement familier, mais plus sombre, plus effrayant que ce dont elle se souvenait. Il n'avait pas changé, pas vraiment. Mais il n'était plus celui qu'elle avait connu.

— Tu… murmura-t-elle, la voix tremblante, incapable de terminer sa phrase.

Il ne répondit pas tout de suite, tirant sur sa cigarette avant de l'écraser d'un geste lent sous sa botte. Un silence lourd tomba entre eux. Quand il reprit enfin la parole, sa voix était à la fois froide et brûlante.

— Il est temps, Nina. Temps de payer ta dette.

Son souffle se coupa, et une terreur primitive l'envahit, mais en même temps, une étrange chaleur se diffusa dans ses veines. Qui était-il ? Et surtout… que voulait-il ?

Le passé, qu'elle avait tenté de fuir, venait de la rattraper, sous les traits d'un homme qu'elle n'avait pas vu depuis des années. Mais cet homme, le Elias qu'elle avait autrefois connu, n'était plus celui qui se tenait devant elle. Cet inconnu aux yeux brumeux, avec une obscurité dans le regard qu'elle n'aurait jamais pu imaginer, semblait être une tout autre personne. Pourtant, malgré la peur, il y avait quelque chose en lui, une attraction inexorable, une tentation à laquelle elle ne pouvait pas résister.

Elle se sentit à la fois attirée et repoussée par cette énergie sombre qu'il dégageait.

— Qu'est-ce que tu veux de moi ? demanda-t-elle finalement, la voix cassée.

Elias esquissa un sourire, un sourire froid, sans joie.

— Tout.

Sans comprendre réellement la portée de ce mot, Nina sentit son monde basculer. Elle était tombée dans un piège, un piège qui s'était lentement refermé sur elle depuis des années sans qu'elle ne s'en aperçoive. Et maintenant, elle était face à lui.

Le sourire de Elias s'effaça aussi vite qu'il était apparu, laissant place à une expression plus grave, presque désabusée. Il se rapprocha, la pluie tambourinant sur ses épaules larges, l'obscurité semblant s'épaissir autour d'eux. Il n'était plus qu'à quelques pas de Nina, et elle pouvait désormais voir chaque détail de son visage. Ses traits, autrefois familiers, étaient marqués par des cicatrices invisibles, des années de secrets et de noirceur qui avaient changé cet homme à jamais.

Elle se recula instinctivement, le dos heurtant le mur froid de la ruelle. Son souffle s'accéléra alors que ses pensées tournaient en boucle, cherchant désespérément à comprendre ce qui se passait. Comment Elias avait-il retrouvé sa trace ? Pourquoi maintenant ? Et surtout, pourquoi parlait-il de dette ? Elle n'avait rien à lui devoir… du moins, c'est ce qu'elle pensait.

Il tendit une main vers elle, ses doigts à quelques centimètres de sa joue. Elle voulait reculer encore, s'échapper, mais ses jambes refusaient de bouger. L'attraction qui émanait de lui était puissante, presque surnaturelle. Tout en lui appelait une part profonde d'elle-même, une part qu'elle avait passé des années à essayer d'oublier.

— Tu ne te souviens pas, n'est-ce pas ? souffla-t-il en inclinant légèrement la tête, son regard la transperçant.

Elle secoua faiblement la tête, incapable de répondre, ses pensées brouillées par la peur et l'incompréhension. Elias esquissa un rictus, un mélange de frustration et d'amusement, comme s'il jouait un jeu dont elle ignorait les règles.

— Tu as tout effacé, Nina. Tu as cru que tu pouvais fuir, recommencer ta vie ici, dans cette ville banale, avec ce travail insignifiant… Mais tu ne peux pas échapper à ce que tu es.

Le ton de sa voix se fit plus dur, et une lueur dangereuse passa dans ses yeux.

— À ce que nous sommes.

Ces mots la frappèrent de plein fouet, résonnant comme une vérité oubliée. Des fragments de souvenirs, flous et incomplets, remontèrent à la surface de son esprit. Des souvenirs d'une autre vie, d'un autre temps, où elle avait rencontré Elias pour la première fois. Mais c'était impossible… Ce qu'elle revoyait, ce qu'elle ressentait, n'avait rien à voir avec la réalité qu'elle connaissait. Ce n'était pas des souvenirs de cette vie-là.

Un frisson glacial parcourut son échine.

— Qu'est-ce que tu racontes ? murmura-t-elle, les yeux écarquillés. Ce que nous sommes ? Je ne te connais pas, pas vraiment…

Elias se rapprocha encore, jusqu'à ce que son souffle chaud effleure sa peau.

— Tu le sauras bientôt. Il est trop tard pour reculer maintenant.

Avant qu'elle ne puisse réagir, sa main se referma sur son poignet, non pas violemment, mais avec une fermeté qui la paralysa. Un frisson la parcourut à nouveau, mais cette fois, c'était autre chose. Un mélange d'adrénaline, de peur, mais aussi… de désir. Elle détesta cette réaction instinctive, cette attraction inexplicable qu'il suscitait en elle.

— Lâche-moi, Elias, souffla-t-elle, essayant de garder le contrôle de la situation.

Mais il ne bougea pas. Son regard se fit plus intense, et à cet instant, elle comprit que ce qu'il voulait ne se limitait pas à une simple vengeance ou à une vieille rancune. C'était plus profond. Plus sombre.

— Tu ne peux pas me fuir, Nina. Pas cette fois.

Et puis, avant qu'elle ne puisse réagir, il tira doucement sur son bras, la forçant à s'approcher encore. Elle sentit son cœur battre à tout rompre alors que leurs corps se touchaient presque, son souffle devenant erratique. Les rues semblaient disparaître autour d'eux, la pluie, les lampadaires, tout se fondant dans une bulle étouffante où il n'y avait plus que Elias et elle.

Il s'inclina vers elle, ses lèvres effleurant son oreille, son souffle chaud la faisant frémir.

— Rappelle-toi, murmura-t-il, avant de relâcher brusquement sa prise et de reculer, laissant Nina vaciller contre le mur.

Il la laissa là, figée, alors qu'il s'enfonçait lentement dans l'ombre de la ruelle. Elle le regarda disparaître, le cœur tambourinant encore dans sa poitrine. Ce n'était qu'après qu'elle réalisa ce qu'il avait glissé dans sa main.

Un petit papier, plié soigneusement.

Elle l'ouvrit, les doigts tremblants, et y découvrit une simple phrase écrite à l'encre noire, tracée d'une main qu'elle aurait reconnu entre mille :

"Rappelle-toi ce que tu as oublié, ou je viendrai te le rappeler."

Les mots étaient une promesse, ou peut-être une menace. Quoi qu'il en soit, ils résonnaient en elle comme une sentence inévitable. Le passé qu'elle avait enfoui refaisait surface, et avec lui, un homme qu'elle aurait dû éviter à tout prix.

Mais il était trop tard pour reculer.

La pluie continuait de tomber, effaçant peu à peu les traces de la rencontre, mais Nina savait que rien ne pourrait effacer ce qu'il venait de réveiller en elle.