Cinq ans s'étaient écoulés, cinq longues années où le corps de l'heroïne reposait dans un cercueil de cristal, figé dans une sorte d'éternité silencieuse. Mais son esprit, lui, flottait dans un monde parallèle, un royaume vibrant d'énergie à la frontière de la réalité et des rêves, où les lois de la nature semblaient être façonnées par la volonté et le destin.
Dans ce monde étrange, elle se trouvait à bord d'un gigantesque navire pirate, ses voiles déchirées flottant sous un ciel éternellement crépusculaire. Le navire, entouré par les vagues sombres d'un océan infini, coupait à travers les flots avec la grâce d'une bête légendaire.
Entourée de ses camarades, chacun prêt à affronter l'inconnu, leurs visages étaient marqués par l'excitation et la détermination. Son équipage, des âmes perdues et guerrières, observaient l'horizon, en quête de proies monstrueuses qui surgissaient des profondeurs abyssales.
Le vent hurlait à travers les mâts, portant avec lui une tension tangible. Les yeux d'Émilie, aiguisés par des années de combats incessants, scrutèrent l'océan déchaîné, l'orsque, soudain, les eaux s'agitèrent, annonçant la présence d'un monstre marin colossal.
Un frisson parcourut le pont du navire, et ses coéquipiers se raidirent, brandissant leurs armes en préparation.
Soudain, un cri strident retentit. Un monstre jaillit hors des vagues, un poisson titanesque, sa peau écailleuse iridescente reflétant les éclats dorés du ciel étrange ses yeux, immenses et d'un rouge incandescent, fixèrent Émilie comme si elle seule représentait une menace.
Les mâchoires du monstre se refermèrent avec un craquement sinistre, prêt à engloutir le navire entier.
Le symbole sur son bras droit s'illumina soudain, pulsant de mille lueurs blanches. Émilie ressentit la force parcourir tout son corps, ses veines irradiant de pouvoir.
« C'est l'heure », murmura-t-elle, un sourire résolu se dessinant sur ses lèvres.
Elle bondit sur le bastingage, son cœur battant la chamade dans sa poitrine. L'eau salée éclaboussait son visage, mélangeant l'excitation à la peur s'élevant avec une grâce surnaturelle, ses cheveux flottant derrière elle comme une comète de lumière.
Dans un mouvement fulgurant, Émilie brandit la dague qui surgit dans sa main, étincelante d'une lumière vive, prête à fendre l'air avec une précision impitoyable.
Son armure, éclatante d'une blancheur presque aveuglante, semblait diffuser une lueur céleste, chaque plaque renvoyant la lumière avec une pureté immaculée. À mesure qu'elle bougeait, des reflets argentés dansaient sur sa surface, créant un contraste saisissant entre la douceur de l'éclat et la force implacable qu'elle incarnait.
Le monde autour d'elle semblait se figer l'espace d'un instant, alors que son regard croisa celui du monstre. Elle plongea en avant, fendit les airs, et s'abattit sur la créature avec la précision d'un prédateur. La lame perça les écailles du poisson géant, une lumière éblouissante de la plaie, comme si le ciel lui-même avait été fendu.
Le cri de la bête résonna à travers les mers infinies, un hurlement d'agonie et de désespoir. Les vagues, déchaînées par la force du combat, éclatèrent en gerbes d'eau scintillantes, tandis qu'Émilie, dans un ballet de violence et de beauté, esquivait les assauts furieux du monstre. Elle tourbillonnait autour de lui, ses mouvements aussi rapides et fluides que les vagues elles-mêmes.
L'équipage, en marge, regardait en silence, subjugué par le spectacle grandiose qui se déroulait devant eux. Le capitaine du navire, une ombre dominant à la barbe grise, murmura d'un ton presque admiratif : « Elle est vraiment née pour cet endroit… »
Lorsque le dernier coup fut porté, le monstre tomba dans les profondeurs avec un rugissement déchirant, sa masse colossale engloutie par l'océan noir. Le calme revint sur le navire, les vagues se mirent à nouveau à danser doucement sous le ciel crépusculaire. Émilie, debout sur le pont, essuya lentement la dague sur son bras, le symbole pâlissant à nouveau.
Elle se tenait droite, victorieuse, mais un poids continuait de peser sur son cœur. Malgré tous ces combats, malgré ces victoires contre des créatures immondes, elle savait que quelque chose lui manquait encore. Un souvenir lointain, une promesse qu'elle avait faite, une vie qu'elle avait laissée derrière elle. Son regard se perdit à l'horizon, là où le ciel rencontrait l'océan, se demandant combien de temps encore elle devrait chasser les ombres de ce monde.
« Ce n'est pas fini », murmura-t-elle pour elle-même, ses doigts se resserrant autour de la dague.
Dans un mouvement rapide, le navire se renversa sous l'attaque de créatures titanesques. La combattante et ses équipiers furent projetés dans les profondeurs, l'eau glaciale les enveloppant et les aspirant dans un tourbillon sans pitié. L'adrénaline pulsait dans ses veines, tandis qu'elle luttait pour émerger à la surface.
La lumière sous-marine dansait autour d'elle, ses éclats bleuâtres se mêlant aux ombres inquiétantes des créatures qui l'entouraient. L'eau salée, âcre et piquante, effleurait sa peau, chaque goutte comme une caresse glaciale. Les souvenirs de son ancienne vie — le doux parfum des fleurs, les rires avec Kayla — s'effaçaient, remplacés par l'odeur métallique du sang dans l'eau. Elle se redressa, déterminée, repoussant le désespoir qui menaçait de l'étouffer. Dans cette profondeur, elle n'était pas seulement une victime ; elle était une guerrière.
D'un mouvement fulgurant, Émilie brandit sa lame de combat étincelante à la lueur surnaturelle, fit face à un titan géant. Ses nageoires massives battaient l'eau avec une telle force que les vagues s'élevaient, créant un bruit assourdissant, une symphonie de chaos et de danger. Les écailles du monstre, sombres et brillantes, renvoyaient des reflets sous les éclats de lumière. Ses yeux, des puits de folie, brillaient d'une lueur sauvage, et chaque souffle qu'il exhalait créait des remous dangereux, emportant avec lui des ombres d'angoisse.
Serrant la poignée de son arme, sentant son cœur battre contre sa poitrine avec la ferveur d'un tambour de guerre. « Je suis ici pour lutter ! » hurla-t-elle, sa voix résonnant à travers l'eau comme un cri de défi. Elle savait que le combat serait difficile, mais elle n'allait pas abandonner. Le titan poussa un rugissement profond, un son qui ébranla son esprit, mais sans hésitation, elle se lança vers lui, sa dague long brillant comme un éclat de justice dans l'obscurité marine.
À mesure qu'elle s'approchait, la tension monta comme un orage. Elle esquiva les attaques du behemoth avec une agilité désespérée, chaque mouvement la rapprochant de son but. La mer se soulevait, des vagues hurlantes tentant de l'emporter, mais elle se battait, une rage déterminée dans ses yeux. Chaque coup porté était une libération, une évasion de la douleur qui l'ankylosait. Elle ne se battait pas seulement pour elle-même, mais pour les souvenirs de sa vie passée, pour les rires qu'elle avait perdus, pour l'amitié inébranlable qu'elle avait connue.
Alors qu'elle plongeait dans le combat, elle se remémora les rituels de leurs batailles passées, les stratégies qu'elle avait perfectionnées dans le monde des vivants. Chaque coup qu'elle portait contre le titan résonnait avec un écho puissant, la liant à son passé qu'elle avait laissés derrière. Mais à chaque coup, une douleur sourde pulsait dans son cœur, un rappel cruel de la vie qu'elle avait perdue. Le rire doux de Kayla résonnait dans sa tête, une mélodie lointaine qui contrastait avec le bruit assourdissant des vagues. Elle se remémora les après-midis ensoleillés passés à explorer les jardins, la fragrance des roses mêlée à la promesse d'une vie paisible. Ces souvenirs la hantaient, la poussant à se battre non seulement pour elle-même, mais pour tout ce qu'elle avait perdu. Des larmes se mêlèrent à l'eau, formant des perles cristallines autour d'elle, comme un hommage à son chagrin.
Soudain, un serpent de mer éclore des profondeurs obscures, était une créature imposante, aux écailles luisantes qui brillaient d'un vert sombre, presque hypnotique. Ses longs corps serpentins s'étendaient avec grâce dans l'eau, tandis que des membres griffus et puissants, semblables à ceux d'une bête mythique, jaillissaient de ses flancs. Chaque pied était armé de griffes tranchantes, prêtes à transpercer la chair de quiconque oserait s'approcher. aux yeux luminescents émergea des abysses.
Ses mouvements étaient rapides et imprévisibles, mais Émilie les connaissait, ayant répété ces batailles dans ses rêves. Dans un élan de lucidité, elle brandit sa dague longue la faisant jaillir avec une force qu'elle ne se savait pas capable de déployer. Elle plongea la lame dans la gorge du serpent, ressentant la résistance de l'écaillage sous son épée. La tête du monstre se détacha, et le corps s'effondra dans l'obscurité, laissant une traînée de sang dans l'eau sombre.
Mais un frisson de triomphe s'effondra rapidement dans une douleur sourde. Le rappel cruel de sa vie perdue l'assaillit. Des larmes, salées comme l'eau qui l'entourait, s'échappèrent de ses yeux. « Pourquoi suis-je ici ? » murmura-t-elle, sa voix brisée résonnant dans le silence oppressant.
En un instant, une silhouette apparut dans l'obscurité de l'eau. Un guerrier fantôme, son visage à moitié voilé par les ombres, s'approcha d'elle. Ses yeux brillaient d'une lumière spectrale. « Tu es ici pour trouver ta voie. Chasse et libère les âmes qui souffrent comme toi. »
Ces mots résonnèrent en elle comme une révélation. Elle n'était pas seule ; son combat avait un sens. Elle devait se battre pour ceux qui n'avaient pas eu la chance de se défendre, pour ceux qui étaient piégés comme elle. La douleur dans son cœur devint alors une source de force, une détermination immovable. Émilie se redressa, son regard plus résolu que jamais.
Avec un souffle profond, elle nagea dans les profondeurs de ce royaume mystérieux, prête à affronter tous les dangers qui se dresseraient devant elle, car maintenant, elle avait un but — et rien ne l'arrêterait.
FIN