Alors qu'il continue à supporter tant bien que mal l'étrange épreuve à laquelle il doit faire face dans l'étrange grotte de la cité Kiyuza, soudainement, Renko se retrouve allongé face contre terre, inconscient. Un gong l'extirpe de cet état.Il se lève tout en se tenant la tête, dans l'incompréhension totale de ce qui vient de se passer.Il voit un temple dont les fondations ressemblent fortement à celles de Safaiatera.
« Où suis-je ?
- Quinze ans avant le Conflit. lui répond la voix masculine rencontrée avant qu'il ne débarque ici.
- Pardon ? »
Des gens vêtus de toges blanches et pourpres sortent du temple. La marche lente. Les têtes un peu baissées. Les mains jointes.
« Qui est-ce ?
- Les premiers Kiyuzas du Centre.
- Attendez… Je suis devant mes ancêtres… Comment ?! Ramenez-moi dans le présent ! J'ai une mission à accomplir ! Je n'ai pas le temps de voyager dans le temps ! Surtout si c'est […] »
Soudain, des guerriers arrivent auprès d'eux et les visent de la pointe de leurs lames. Tout de suite, une peur s'installe chez les croyants. L'accoutrement des personnes armées tape dans l'œil de l'observateur temporel.
« Des Shirenais ! »
Ne prenant guère plus attention dans la situation temporelle dans laquelle il se trouve, nourri par une volonté féroce d'empêcher la venue d'un massacre, il serre les poings et se pense en train de déployer son énergie neutre.
« Zéréyon ! »
Malheureusement pour lui, rien ne se passe. C'est avec horreur qu'il assiste à l'assaut des premiers Shirenais. Certains, en criant les formules associées, tirent des boules de feu, des éclairs, des morceaux de glace et des rochers. Comme à ce moment-là le peuple Kiyuza était point habitué à vivre des attaques, une vague barrière constituée d'énergie neutre est installée. Cependant, la minceur de cette dernière constitue la raison pour laquelle elle se brise. Sous le choc, ils sont incapables d'empêcher l'assaut. Les épéistes les massacrent les uns après les autres.
« Arrêtez ! »
Désespéré, Renko court vers eux.
« Zéréyon ! »
Toujours rien. Les cris de peur et d'agonie des victimes l'assaillent. Cette fois-ci, il pense qu'il concentre de l'énergie dans son poing gauche. La cible qu'il a choisi ne le remarque pas.
« Péopar Ki ! »
Il passe à travers le Shirenai qu'il visait. Ce dernier continue d'assouvir sa soif de tuerie.
« Arrêtez ! »
Une fois tous les malheureux Kiyuzas morts, les manieurs d'éléments détruisent le temple grâce à leurs techniques. Une fois certains que leur travail de mort est terminé, ils quittent les lieux, sous les yeux remplis de terreur de Renko.
« Ce que tu viens de voir est […] » amorce la voix masculine.
- La vraie nature des Shirenais.
- Ils ne toléraient aucune autre maîtrise étrangère.
- Pourquoi je n'ai pas pu les arrêter ?!
- Tu n'existes pas ici. Tu n'es qu'un œil.
- Pourquoi m'avez-vous amené là ?
- Rien n'est plus dangereux qu'un ignare qui avance. »
Comme à l'intérieur de la grotte, ses pupilles disparaissent et de violentes crampes apparaissent sur tout son corps. Il émet un autre cri de douleur. Cette fois-ci, le dernier soldat de Daigaku et Aritsune se retrouve en plein milieu d'une clairière, allongé sur l'herbe. Il se relève. Quelques gouttes de sueurs parcourent son front.
« Où suis-je ? »
Alors qu'il se demandait si tout ce qu'il venait de vivre était réel ou non, soudain, des pas se font entendre. Il voit un Shirenai, à l'accoutrement plus abouti que ceux qui massacrèrent les Kiyuzas du Centre, menant ses hommes d'un pas assuré. Il le reconnaît immédiatement : il s'agit de Densetsu lui-même, avant qu'il ne devienne élément de la terre. Tout à coup, l'armée de manieurs d'éléments s'arrête.
« Qui êtes-vous ? demande l'homme qui la dirige, semblant s'adresser directement à l'étranger temporel.
- Vous me voyez ?
- Je vous retourne la question. » répond une autre voix masculine.
En se retournant, le Kiyuza épéiste découvre un groupe de personnes ne ressemblant en rien aux Shirenais. A sa tête, quelqu'un que Fraya a bien connu : Fumiaki.
« Le chef des Zigriks. commente la voix qui guide Renko à travers les époques.
- Qu'est-ce que vous allez me montrer cette fois ? Dois-je tout voir pour être libre ? »
Le second être dont la maîtrise de son élément n'est pas discutable est rejoint par les siens. Ses soldats arborent tous des accessoires variés : colliers, bracelets, sceptres en bois sur lesquels sont incrustées des pierres précieuses. Un homme s'approche de Densetsu.
« Chef, la chaleur de cet homme est anormalement haute. Il doit habité par le feu. » lui indique-t-il.
Face à cette information, celui qui deviendra l'un des deux maîtres de la future cité de Kigen ne répond pas, les yeux très légèrement plissés.
« Ils ne semblent pas armés à première vue. Au mieux certains portent d'étranges bâtons. Ces personnes pourraient tout de même posséder les mêmes pouvoirs que nous. C'est bien la première fois que nous en croisons. »
Malgré l'énigme que représente l'existence de Fumiaki et de ses soldats, le plus puissant des Shirenais ne semble pas montrer quelconque signe d'inquiétude, de peur ou de doute. Un autre homme s'approche.
« On attaque ? » propose-t-il.
Du côté du camp adverse, les sensations ressenties vis-à-vis des puissances qui se dressent devant eux perturbent les Zigriks. Celui qui deviendra l'autre maître-conseiller du futur quartier général des manieurs d'éléments, contrairement à son homologue, semble douter. Ne sachant pas ce qui cause ça chez lui, il feint être imperturbable. Une femme s'approche de lui.
« Cet individu… Je ressens une puissante vibration provenir de lui. lui glisse-t-elle à voix basse.
- A quel niveau ?
- Comme vous. »
Une telle affirmation déclenche chez lui un léger sourire. Comment un être à son égal a-t-il pu exister sans qu'aucun des siens ne puisse le ressentir auparavant ? Quelque chose cloche.
« Que faisons-nous ? »
Il lui ordonne, par un geste sec et simple, de s'écarter. Ce qu'elle fait sans remettre en cause l'attitude de son supérieur. Fumiaki active alors son aura au maximum devant tout le monde. Par réflexe, les deux Shirenais aux côtés de Densetsu dégainent leurs armes.
« Arrière ! Ou nous ripostons ! » menacent-ils.
Densetsu, par un geste, délivré certes avec assurance comme la tête des Zigriks vient de faire, leur demande de se calmer. Personne n'ose relever quoique ce soit. Le futur élément de la terre s'avance un peu. Les Zigriks, par volonté de refroidir ses ardeurs, le visent. Un petit moment d'inaction jusqu'à ce que des lignes vertes, très légères, apparaissent à l'intérieur de ses paumes.
« Hé toi ! Montre-moi ta force ! » lance son futur collègue de Kigen.
Sa provocation parvient à déranger certains de ses confrères et étonne tout le clan des épéistes manieurs d'éléments. Ces gens parlent la même langue qu'eux ? Comment est-ce possible ? Pourquoi n'apprennent-ils leur existence que maintenant ?
« Nous ne sommes pas dupes ! Montre-moi ta valeur ! Tout de suite ! »
Aucune réaction chez l'interpellé. Plus les secondes de passivité s'écoulent, plus l'énervement qui chauffe son sang envahit le corps de Fumiaki. Sa colère nourrit son aura. La végétation proche commence à brûler.
« Hors de question. » délivre avec calme Densetsu.
Une réponse qui surprend tout le monde, même l'observateur temporel. Un Shirenai pacifiste ? Non, ça n'existe pas. Pour ses fervents alliés, une interrogation circule. Aurait-il senti quelque chose provenant de cet inconnu qu'ils ne peuvent détecter ?
« Nous rencontrons pour la toute première fois de nos vies des semblables. Voilà la raison pour laquelle je ne t'affronterai pas. »
Une brève déclaration qui casse définitivement le préjugé bien ancré dans l'esprit du Kiyuza épéiste.
« Pourquoi les exploiteurs des éléments actuels ne sont pas comme lui ?! »
Par contre, en se regardant le plus puissant des Zigriks, c'est tout l'inverse. Son expression faciale, la crispation présente sur ses mains, sa posture désireuse de supériorité, dos courbé en avant, confirment l'aspect belliqueux que les Shirenais qu'il a connu ont adopté.
« Dis plutôt que tu as peur ! » relance Fumiaki avant de le viser.
Toujours rien de la part de son adversaire. Constatant une menace de plus en plus grande, les proches de Densetsu sont sur le point d'activer leurs auras.
« Vous devez riposter ! réclame le second homme qui lui avait adressé la parole.
- Calme-toi, Zatori. »
Le ton de sa voix, sous-entendant qu'il n'y a pas lieu de s'emballer, suffit amplement pour qu'il lui accorde sa confiance.
« Ibafaréfaï ! »
Il tire soudainement une boule de feu si importante qu'elle impressionne même le meilleur manieur de feu côté Shirenai. Alors qu'il pensait l'emporter, sa cible la bloque avec sa main droite. Un geste qui stupéfie tous les Zigriks, et plus particulièrement l'auteur de l'attaque.
« Impossible… » commente la femme qui s'était approchée de lui.
Le seul homme qui gardera sa statue à Kigen met fin à la puissante technique de celui qui désirait tant qu'il montre de quoi il est capable. Comprenant désormais à qui ils ont affaire, les confrères de Fumiaki commencent à reculer.
« Ils ne font pas le poids. affirme Zatori.
- Attaquons les maintenant ! avance avec vigueur le Shirenai.
- Non, Teru. répond son chef avant de s'avancer vers le Zigrik.
- N'approche pas ! » lui crie-t-il.
Ne tenant absolument pas compte de son ton agressif, celui qui deviendra l'élément de la terre lui tend la main. Ce geste étonne grandement son destinataire.
« Pourquoi tuer ceux qui nous ressemblent ? Construisons ensemble l'avenir. »
Sa phrase touche profondément l'observateur temporel. Quel homme ! Pourquoi tout ceci a mal tourné ? La seconde suivante, ses pupilles redeviennent intégralement blancs. Cette fois-ci, Renko se réveille cette fois-ci à côté d'une maison.
« Je connais cet endroit.
- Amis Zigriks. entame Densetsu.
- Amis Shirenais. » poursuit Fumiaki.
Alerté par leurs voix semblant se situer plus loin, le Kiyuza court. Après quelques secondes, il arrive sur la place principale de Kigen, où se trouve la statue du célèbre Shirenai dans le présent. Cependant, cette dernière est accompagnée par une autre statue, représentant le chef Zigrik. Une foule, composée à part égales de membres des deux peuples, se tient devant les tout premiers conseillers de l'Histoire de Faironne.
« Nous sommes tous les deux fiers, en ce jour si particulier, d'inaugurer la première cohabitation entre nos peuples. celui qui portera l'Hoshaku.
- Grâce à l'effort de tous, nous marquons aujourd'hui le début d'une nouvelle ère. complète celui qui habitera le Kirioku.
- Nous vous souhaitons la bienvenue à Kigen ! » proclament-ils à l'unisson.
Enflammé par leur discours certes court mais rempli d'espoir, le public applaudit un moment.
« Fumiaki et moi partageons le même pouvoir et le même titre. Désormais, vous êtes ici chez vous. »
Les premiers habitants de la toute nouvelle cité des manieurs d'éléments se dirigent alors vers leurs maisons et commencent à s'installer, sous les yeux attendris du Kiyuza.
« C'est trop beau… Laissez-moi dans le passé. Je m'y sens bien. »
Tout à coup, comme pour représenter une sorte de réponse de la part de la voix masculine qui le guide depuis le début, le basculement du jour à la nuit, s'enchaînant de plus en plus vite, indique que le temps est accéléré.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? »
Il se retrouve ainsi transporté sur un balcon, quelques mois plus tard, la nuit. Les deux conseillers sont là.
« C'est vous qui avez fait ça ? Répondez-moi !
- C'est un succès total. Tout le monde y a mis du sien. Je suis vraiment enthousiasmé. affirme Densetsu.
- Ravi que ça te plaise… Confrère... Et maintenant ? Que faisons-nous ?
- Avant de vous rencontrer, nous cherchions des individus capables d'utiliser les mêmes pouvoirs. Il est habituel parmi nous de dire que ce que nous avons en nous n'est pas à prendre à la légère. Nous avons une action concrète sur l'eau, la terre, le feu et la foudre. Des forces colossales que malheureusement les autres subissent. Nous sommes chanceux. Je pense que notre devoir est de les utiliser avec parcimonie. C'est une injustice que je veux minimiser le plus possible. Nous vivons dans le même monde. Nous avons une responsabilité à tenir envers ça.
- Bien parlé ! » commente Renko.
Malgré ce monologue rempli de bonnes intentions, Fumiaki ne réagit pas comme une personne normale. En témoigne son sourire narquois.
« Qu'en penses-tu ?
- Je nous vois comme des élus. » répond le Zigrik après un silence de quelques secondes.
Le mot employé résonne chez son interlocuteur.
« Ce monde est vaste. En tant qu'êtres exceptionnels que nous sommes, il est de notre devoir d'en connaître les moindres secrets. Ne pas savoir pourquoi nous possédons de telles capacités et persister ainsi, ça ne me va pas… Jusqu'où sommes-nous capables d'aller ? Franchissons les limites ! Si nous existons, c'est pour une excellente raison ! »
Face à ses propos, l'observateur temporel ne sait s'il doit lui donner raison ou tort.
« Nous avons encore beaucoup de choses à faire... Je dois aller me reposer... »
Sur ces mots, le Shirenai se retire. Le Kiyuza, encore marqué par le discours précédent, a les yeux rivés sur le conseiller restant. Comme pour traduire la frustration brûlante dans ses veines, il serre les poings.
« Je suis… Si faible. »
La Zigrik qui l'avait approché lors de leur rencontre avec l'autre peuple manieur d'éléments le rejoint.
« Chef !
- Qu'y a-t-il Vanka ?
- Nous venons de découvrir quelque chose d'incroyable ! Il faut absolument que vous voyez ça ! »
A en juger la joie qui dessine son visage, il s'agit d'une découverte majeure. La scruter ainsi ravive la curiosité chez Fumiaki.
« Je veux voir ce que c'est ! Pitié ! » supplie le Kiyuza épéiste à la voix masculine.
Le phénomène de voyage temporel se reproduit.Quelques instants plus tard, dans une salle peu éclairée, il aperçoit quelques Zigriks, vêtus de longues capes gris foncé à capuche.Quatre petits bols sont disposés en croix au centre de la pièce. La disposition rappelle étrangement celles installées par Arito, Yoru, ou encore Calibak. Un dessin ressemblant aux sceaux du présent les accompagne. Vanka et son chef arrivent.
« Nous avons observé que, lorsque nous activons les quatre éléments, selon une disposition bien précise, et que nous y concentrons une dose précise d'énergie vitale, une curieuse singularité apparaît. explique-t-elle.
- Montrez-moi. »
Les Zigriks tendent leurs mains vers l'installation. Renko et Fumiaki observent avec attention. Les manieurs d'éléments activent leurs auras et les condensent dans les bols. Le dessin s'illumine. Au bout de quelques secondes, les manifestations d'énergie se touchent. A leur contact, une petite faille, à l'apparence similaire à celles qu'utilisait Alnor avec son bracelet, surgit. Les deux observateurs sont subjugués. Une image d'œil inversé parvient à Renko, le forçant à reculer.
« C'est quoi ça ?! Enlevez-moi ça ! »
Lui revient alors le peu de la dernière mosaïque qu'il avait aperçu dans la cité Kiyuza. Les sens du futur maître de l'énergie noire sont en alerte.
« Cette chaleur… »
La faille s'agrandit. Les auras des Zigriks s'affolent, menaçant leurs auteurs.
« Arrêtez ! » crie Vanka sous la panique.
Ils obéissent dans la seconde. Le processus prend fin immédiatement. Renko reprend ses esprits.
« Continuez les recherches. ordonne le conseiller avant de se retirer, l'esprit de nouveau rempli d'ambition.
- Le problème ne proviendrait pas des Shirenais… Mais des Zigriks ! en conclut l'observateur temporel.
- Malheureusement pour toi, c'est plus compliqué que ça. lui indique la voix masculine.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Tu sauras la vérité le moment venu. »
Le temps est de nouveau accéléré. Le Kiyuza est alors transporté dans la salle du Conseil, encore en construction. Les deux représentants les plus puissants de leurs peuples respectifs sont seuls.
« Arrêtez de jouer avec moi ! s'indigne Renko.
- Ceci n'est pas un jeu. C'est l'unique vérité. »
Densetsu, encore marqué par les mots employés par son collègue, est plongé dans le doute. Depuis quelques temps, il a remarqué le changement d'attitude chez le Zigrik.
« Tu voulais me parler ? » engage-t-il après un silence glacial.
- En effet. J'ai eu une idée. Nous sommes bien d'accord que nous resterons ici désormais, n'est-ce pas ?
- En effet oui. Pourquoi ?
- Notre rencontre nous a prouvé que nous n'étions pas seuls. Pour aller dans ce sens, je te propose de créer des groupes de personnes, formées à la pratique des éléments, qui chercheraient d'autres personnes possédant les mêmes capacités que nous.
- Bonne idée... As-tu un nom à leur donner ?
- On appellerait ça… Des patrouilleurs… Qu'est-ce que tu en dis ?
- Pas mal... Comment les concevrais-tu ?
- Nous, les Zigriks, ne sommes pas des personnes de terrain. Vous, les Shirenais, aurez plus de facilité.
- Il ne veut pas envoyer les siens ? Qu'est-ce qu'il a en tête ? s'étonne Renko.
- Pas de problème. A condition qu'à leur retour ils soient pris en charge par tes unités au cas où.
- Avec plaisir ! » s'enthousiasme Fumiaki en tendant la main droite à son homologue hiérarchique.
En signe d'acquiescement, celle-ci est saisie. Une fois le plus puissant des manieurs d'éléments retiré, Vanka revient auprès de son supérieur, après être sortie de son camouflage.
« Bonne nouvelle. Dans peu de temps, vous recevrez vos premiers cobayes. Tout doit être prêt. lui adresse-t-il.
- Pardon ? s'offusque l'observateur.
- Ne vous inquiétez pas. Nous préparerons tout en avance.
- Tu peux disposer. »
Elle s'en va sans plus attendre. Une joie sans égale saisit Fumiaki si bien qu'elle lui déclenche un petit rire nerveux.
« Peu importe comment je dois m'y prendre, je deviendrai plus fort que toi... Je percerai le secret de ta force ! »
Même s'il s'agit du peuple qui le trompa sur ses possibilités, qui ne crût pas en son potentiel, des vies restent des vies. Indigné par le sort que le Zigrik leur réserve, sous la colère, Renko fonce vers lui.
« Péopar Ki ! »
Sans succès.
« Tu ne peux modifier le cours du temps. lui rappelle la voix.
- C'est quoi le but de tout ça ? C'est de la souffrance pure ! De la perte de temps ! »
Pour répondre à ses questions, un nouveau voyage est effectué. Au milieu d'un chemin en pleine forêt, comme prévu grâce à l'idée du conseiller Fumiaki, trois Shirenais vadrouillent.Tout à coup, des Zigriks, visages camouflés, menés par Vanka, débarquent et utilisent un sceau d'immobilisation.Elle place des pierres devant l'un d'eux.
« Ikazoyon ! » invoque-t-elle.
L'aura de sa cible est forcée et stockée à l'intérieur de ce qu'elle a installé devant elle. Selon l'élément volé, les pierres obtiennent la couleur correspondante. Une fois vidés des puissances qu'ils avaient pu éveillé, les Shirenais sont exécutés sur le champ.
« Ça, c'était de la souffrance inutile. indique la voix.
- Donnez-moi vos pouvoirs ! lui réclame Renko.
- Tant que tu te complairas dans ta condition d'ignare, non.
- Ça suffit ! Je sais tout ! Arrêtez ! »
Ses pupilles disparaissent à nouveau. Celui qui désire tant égaler Ki-Ramen se retrouve dans une salle peu éclairée. Les assassins remplacent les bols présents par les pierres contenant l'énergie de leurs victimes, sous les yeux de Fumiaki. Ils recommencent l'opération. Une nouvelle faille, plus grande et plus stable que la précédente, apparaît.
« Ça a l'air de tenir. » constate Vanka.
Attiré par la chaleur qui s'en dégage, Fumiaki s'approche et y plonge sa main droite.
« Que sentez-vous ?
- Du vide… »
Alors qu'une certaine déception commençait à envahir son visage, soudain, des filaments violacées agrippent son bras et l'entraînent.
« Chef ! »
Aucun Zigrik n'a le temps d'agir. Leur figure phare se fait aussitôt aspirer.
« Je ne veux pas aller là-dedans ! Sauvez-moi Ki-Ramen ! »
Le spectateur temporel entre à l'intérieur. Ainsi, Renko fait la connaissance de l'espace où seront enfermés plus tard Rai et Fraya pendant presque une année.
« Quel endroit cauchemardesque ! Sortez-moi de là ! »
L'homologue hiérarchique de Densetsu flotte au milieu des étranges débris qui serviront de plate-formes pour le second possesseur de l'Hoshaku.
« Où suis-je ? »
Le fameux œil unique inversé émerge. Le Kiyuza épéiste comprend immédiatement de qui il s'agit grâce à ce qu'il a découvert via les mosaïques.
« Janyaberon... » adresse-t-il à son visiteur dimensionnel.
Entendre l'ancienne langue qui régnait sur le monde de Faironne étonne grandement Fumiaki. Qui est l'étrange être qui ose lui parler ainsi ? Aucun de ses ancêtres n'a conté d'histoires le concernant. Une telle découverte le réjouit tellement qu'elle parvient à lui faire oublier un instant son complexe d'infériorité vis-à-vis de son complice Shirenai. L'excitation qui s'en suit l'amène à un rappel un peu bâclé des leçons qu'il avait reçu par rapport à la pratique de cette vieux dialecte.
« Janyaberon... Klotonazav mo... Zing omaza mé ? » prononce-t-il avec un accent approximatif.
Sa volonté de savoir où il se trouve ne rencontre pas de réponse pendant plusieurs secondes. Un instant pendant lequel une certaine crainte lui grignote les veines.
« Téam scunotam énarité omazat... Mumuntél. Omazat kach lanek zvé Faironne orazat banolazél ? »
La remarque sur son développement énergétique, apparemment dérisoire pour l'entité enfermée ici, enrage le Zigrik.
« Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?! Qui êtes-vous ?! Et puis, qui est cette Faironne ? L'entité qui a crée notre monde ?
- Orazas té zat ninbalmar od bartarar ? »
La question portant sur la quête de puissance l'interpelle particulièrement. Comment cette chose est capable de juger la maîtrise de la force qui coule dans ses veines ? Encore mieux, pour répondre à ce vivace besoin de combler l'écart existant entre lui et Densetsu, que peut- elle lui proposer ?
« Je veux être plus puissant ! Je veux savoir jusqu'où nous pouvons aller ! »
A quelques mètres à peine devant lui, apparaît une curieuse sphère noire, presque semblable à ce que le Kirioku est capable de produire. Renko est focalisé dessus.
« C'est... Une des deux énergies de l'Interdit ! »
Fumiaki y capte une chaleur de plus en plus grandissante, comme si elle rentrait en résonance avec lui. Voilà enfin quelque chose qui sort complètement de l'ordinaire. Une arme contre laquelle même Densetsu ne pourrait rien faire. Une joie sans pareille, une ivresse sans équivalence, s'empare du représentant ultime des Zigriks.
« Non ! Refuse ça ! supplie le Kiyuza.
- Amonazas laé. »
Envahi par la jouissance que lui procure l'envie irrésistible de dominer tous les êtres capables d'utiliser les éléments, Fumiaki dévoile ce qui lui permet de manipuler le feu : un rubis assez imposant incrusté sur sa ceinture.
« Refermez la faille ! Il ne doit pas […] »
Le spectateur temporel n'a pas le temps de terminer sa phrase que la sphère noire pénètre la pierre précieuse. A peine rentrée que de petits filaments noirs envahissent le corps du visiteur. L'accueil de cette nouvelle puissance déclenche de nombreuses crampes à la douleur indescriptible. En témoigne le cri qu'il émet malgré le grand sourire qu'il arbore, perçant presque les tympans du pauvre Renko. Un flash blanc englobe tout le monde, plongeant ainsi Renko dans l'inconnu le plus total.