Comme l'avait supposé Tencubo à Yoru lorsque le Kirioku prit la fuite, il suffirait que la menace qui se dresse se réveille subitement pour qu'ils se trouvent dans la pire des situations. Suite à la convocation ordonnée par les anciens conseillers, les deux lieutenants Kiyuzas reviennent dans leurs villages respectifs. Chacun regroupe leurs soldats, s'apprêtant à délivrer un discours pour terminer la consolidation de leur unité militaire.
« Izniens, Faironne est sur le point d'entrer dans une nouvelle ère ! amorce Chiyumi.
- Braliens, la suprématie des exploiteurs des éléments va toucher à sa fin ! Vous n'avez plus besoin d'être sous tutelle ! Vous n'êtes pas des enfants ! poursuit avec ferveur Taimudo.
- Vous pouvez vous défendre ! N'ayez plus peur d'eux ! Vous avez le ki avec vous ! Alors saisissez cette chance ! Ne gaspillez pas le don que Faironne nous a transmis ! Braliens !
- Izniens !
- Levez vous ! Défiez les ! Servez Faironne ! » scandent-ils simultanément bien qu'ils soient séparés géographiquement.
Leurs mots atteignent leurs destinataires en plein cœur. S'en suivent des applaudissements imbibés de joie et de détermination.
« Nous n'avons plus besoin d'eux ! Après tout, nous ne sommes pas comme eux ! avance avec fierté un habitant d'Izna.
- Nous pouvons nous affirmer notre identité ! » complète une Bralienne.
Chaque lieutenant se réjouit d'un tel engouement. Eux qui auparavant n'étaient rien, constamment piétinés dans leur dignité par les règles absurdes imposées par les Shirenais, les voilà maintenant porteurs de liberté. Enthousiasme également présent chez Renko qui en aurait presque les larmes aux yeux.Seule Fraya ne semble pas rassurée par tout ça.
« Maintenant, dès que vous lez verrez, chassez-les ! Protégez vos terres ! enchérit Taimudo.
- La seule suprématie revient à Faironne ! »
Dans la tête du déserteur, il n'y a plus besoin d'ancrer encore plus cette idée. Le lien entre lui et ses camarades d'entraînement : la même énergie, contrairement à ce qu'il a appris à Kigen. Une connexion beaucoup plus forte, beaucoup plus profonde. Ainsi, il se jure de les protéger. Gavée d'entendre de telle inepties, la Kozana se retire. Décision qui n'échappe pas à la lame de Faironne qui part l'espionner. Persuadée qu'elle est bien seule, les poings serrés, elle exécute quelques mouvements sans trop grande conviction. Le sentiment d'impuissance qui en découle l'amènerait presque à éclater en sanglots.
« C'est... C'est un embrigadement. Il lave leurs esprits déjà bien affaiblis par les actions à répétition du peuple Shirenai. Ils n'ont aucun recul... Vu comment ils ont progressé, ils pourront s'en prendre aussi à Kenshiro. »
Quel nom vient-il d'entendre ? Elle le connaît ? Comment ? Pourquoi ? Aurait-elle d'autres secrets à garder ? La curiosité de Renko vient de monter en flèche.
« Bordel ! Si seulement je pouvais récupérer ma maîtrise ! Pourquoi ça ne revient pas ?! Pourquoi ?! »
Sous la rage, elle prend une posture.
« Péopar Ki ! »
Énième échec.
« Je ne pourrais pas le protéger... S'il se fait tuer, je serai incapable de le supporter. Mais qu'est-ce que je peux faire ? Ce Kiyuza est très fort. Il ne doit pas agir seul. Si lui et ses collaborateurs veulent effectivement lever une armée, même les Shirenais ne pourront rien faire. Il faut faire quelque chose ! Mais quoi ?! »
Vu qu'elle vient d'avouer clairement une volonté d'anéantir ce que maître Taimudo construit, l'épéiste court le chercher. Une fois ce dernier trouvé, un peu sous le coup de l'adrénaline, il amorce :
« Maître ! Fraya veut se dresser contre vous !
- Pardon ?... Braliens, vous pouvez disposer. J'ai une affaire urgente à régler. »
Quelques instants plus tard, alors que cette dernière allait définitivement quitter cette influence infâme, le lieutenant et son fidèle subordonné viennent l'en dissuader.
« Alors comme ça, on se dresse contre la suprématie de Faironne ? On s'oppose à nous ? »
Pourquoi est-il là ? A cause de lui là ? Quel suiveur ! Offusquée par cette trahison, elle se doute bien que, vu son incapacité à se défendre, la sentence va s'abattre sur elle.
« Retire ton masque. Tout de suite !
- Vous êtes prêts à mettre la vie de tous ces gens en jeu pour une idéologie guerrière alors qu'être Kiyuza est loin de tout ça ?
- Ils abusent des éléments et jouent avec. D'après mes maîtres, il y a longtemps, une guerre éclata entre eux. Faironne a failli être détruite. Ils se croient au-dessus de tout. Ils créent et expérimentent comme bon leur semble. Ils en profitent pour asservir toute vie qui n'en a pas bénéficié ! C'en est assez ! L'énergie blanche et l'énergie noire sont les reflets de ce qu'ils sont ! Nous ne pouvons accepter que de tels actes se reproduisent ! Il est temps d'y mettre fin ! Retire ton masque, traîtresse ! »
Ce qu'elle fait après l'avoir regardé quelques secondes en le jetant au sol.
« Tue la. »
Calmement, malgré la joie que lui procure cette sentence, Renko s'avance et dégaine son arme. Fraya, dans son désespoir le plus profond, implore Kenshiro de lui venir en aide même si c'est impossible. Elle est toute seule. Elle est foutue. En même temps, alors qu'il poursuivait sa route vers sa proie, Fumiaki s'arrête brusquement avant de reprendre forme humaine sous les traits de Lyn. Pourquoi ? Un éclaireur de Shiki se trouve près de lui.Le plus illustre des Zigriks se lèche les babines.
« Hé ! Toi là ! Je sais que tu es là. Viens me retirer d'elle. Lance-moi dans cette direction. Je vais utiliser ce que j'ai dévoré pour me propulser. Ramène-la chez elle. N'aie pas peur, je ne te ferai rien.
D'abord réticent, toujours sous le choc qu'il a été repéré, l'associé du Négociant se fige.Ce n'est qu'après quelques secondes qu'il vient retirer la bague. La Shirenai tombe inconsciente. Comme indiqué, il lance le bijou. Une flamme noire s'y active. La force de propulsion octroyée lui permet de gagner alors en vitesse et de partir au loin. Renko s'apprête à tuer Fraya quand, soudain, le Kirioku le percute avant d'atterrir. Surprise que l'objet même de sa quête de liberté de l'époque soit là, la Kozana n'en revient pas. Taimudo marque un temps avant de comprendre de quoi il s'agit, selon les propos que lui a tenu un jour Daigaku : '' L'énergie noire réside dans une bague sur laquelle est insérée une pierre aussi noire que l'obsidienne.''. Le Kiyuza subordonné se relève. Sa lame brille.
« Empêche-la de la prendre ! » ordonne le lieutenant.
Tout à coup, sans hésiter plus que ça malgré les malheurs qu'il lui a précédemment apporté, elle se rue vers l'artefact.
« Gibar Ki ! »
D'un brutal mouvement de lame, une onde d'énergie neutre tente de lui barrer la route. En vain. Elle parvient à l'enfiler rapidement sur son majeur gauche. Fumiaki prend immédiatement le relais. En témoigne le brusque changement de couleur de ses yeux qui deviennent intégralement noirs. La seconde suivante, ilattrape la technique lancée et la brise en mille morceaux. Sa réactivité choquent les Kiyuzas. Le plus illustre des Zigriks profite de l'effet qu'il vient de générer chez eux pour tirer un projectile d'énergie vers Renko.
« Wovitam ! »
Grâce à une surpression de ki provenant de l'environnement, Taimudo parvient à le ralentir jusqu'à le bloquer, sauvant ainsi son subordonné.
« Léokatyon ! »
Il l'éclate. Voir un autre Kiyuza désole Fumiaki, le blasant presque. Ça devient une mode ?
« Première énergie de l'Interdit. Plus connue sous le nom de Kirioku. déclare le manieur d'énergie neutre à distance d'un ton à mi-chemin entre la sobriété et la solennité.
- Tu es plutôt bien renseigné toi... Ou alors on t'a fait une leçon. Mais ce ne sera rien comparé à celle que je vais te donner !
- Tu portes bien l'héritage de ce qui fait la base de la mentalité d'un des deux peuples dont tu proviens. Nous allons effacer toute trace de maîtrise énergétique autre que le ki, seule énergie digne de prospérer !
- Tu crois ?... Tout héritage de Faironne tombera ! » hurle le Kirioku à pleins poumons.
Deux flammes noires apparaissent dans ses mains. Grâce à elles, il balance une salve de projectiles. Leur cible exécute en moins de deux une série de mouvements inspirés par les chorégraphies déjà observées par Kenshiro et Fraya.
« Wovitam ! »
Nouvel arrêt brutal tout de suite suivi par un autre enchaînement de geste réalisé par son auteur.
« Dismiser ! »
Fumiaki bondit pour éviter ses propres créations une fois ces dernières renvoyées. Agacé par cette prouesse déconcertante et bien décidé à briser la confiance de son adversaire, il fonce vers lui.En utilisant une troisième posture, tout le ki latent de Taimudo émerge. Renko en attrape des sueurs froides d'admiration.
« Xénatyon Ki ! »
Une énorme masse de ki atteint durement le Kirioku. La perturbation qui en découle parvient à redonner le contrôle à Fraya tout effaçant toute trace d'énergie noire active. La bague émet d'étranges étincelles.
« Que s'est-il passé ? se demande-t-elle, en émergeant avec difficulté.
- Renko ! Maintenant ! »
Sa lame, grâce aux forces qu'il engage, se tord jusqu'à créer une demi-lune. Une fois le niveau d'énergie désirée atteinte, le subordonné préféré de Taimudo balance une onde possédant un angle plus aigu, plus fine et horizontale que la précédente. Fraya panique.
« Utilise ton ki ! » entend-elle.
Croyant tout d'abord qu'elle est juste en train d'halluciner, elle ne comprend pas ce qu'il se passe. Et puis, si c'était vrai, l'utiliser ? Elle l'a perdu !
« Je te l'ai rendu ! Utilise-le ! »
L'urgence de la situation balaye les doutes encore présents. Immédiatement, elle procède à un rassemblement normal d'énergie en elle.
« Péopar Ki ! »
Grâce à un simple coup de poing délivré sans calcul, la menace est brisée, sous les yeux écarquillés de stupeur de son auteur et de son supérieur hiérarchique. Elle ne leur avait donc pas menti ? La preuve qu'une récupération de la maîtrise du ki embarrasse Taimudo qui comprend que c'est de sa faute. Vu ce qu'elle peut représenter, l'objectif premier consiste maintenant à l'éloigner de Bral coûte que coûte. La Kozanarassemble l'énergie présente dans ses jambes, tout en esquissant un sourire.
« Zéréyon ! »
Elle lance la charge. L'épéiste semble paralysé, incapable de réagir. Les yeux du lieutenant s'illuminent de gris clair.
« Léokatyon ! » hurle-t-il.
En forçant le ki de Fraya à sortir de son corps sans qu'elle ne puisse s'en rendre compte, tout comme Kenshiro, elle perd en vitesse. La pauvre victime ne capte absolument rien au phénomène qui vient de se produire. Contrairement à Fumiaki qui, vivant à l'intérieur d'elle, a pu tout percevoir. L'intervention de Taimudo redonne un vent d'espoir à la lame de Faironne.
« Ce type maîtrise l'énergie neutre à distance et peut anéantir tout type d'attaque. Il a dispersé l'énergie que tu avais concentré. » lui souffle-t-il dans sa tête.
Renko profite d'un moment d'inattention pour foncer sur elle. Arrivé à sa hauteur, il tente un coup descendant. Par réflexe, sa cible l'attrape avec ses deux mainset la contient difficilement. Le ki dans ses jambes de cette dernière se consolide.
« Bétaram ! »
Grâce à la technique résultant à un renforcement musculaire loin d'être négligeable, elle ne rencontre plus aucune difficulté et commence même à repousser la lame. En réponse, Renko fait surgir son aura, lui permettant ainsi de reprendre l'ascendant.
« Tu vas mourir !
- Ne crie pas victoire trop vite. »
La manifestation concrète de l'énergie de la Kiyuza débarque à son tour. Elle repousse violemment l'épéiste. Déstabilisé par cette manœuvre, il n'est pas en mesure de réagir.
« Péopar Ki ! »
Elle lui décoche un crochet si violent qu'il l'envoie sur plusieurs mètres tout en lui faisant lâcher son arme entre temps. Sur le moment, l'efficacité de son attaque la surprend. Une fois cette émotion passée, les détails apportés par Fumiaki bien en tête, elle se tourne vers Taimudo.
« Tu ne m'avais pas menti à ce sujet. Tu étais bien une des nôtres. Tu te débrouilles bien, même trop bien. Qui es-tu ?
- A quoi ça te servirait de le savoir ?
- C'est donc toi qui a ramené à Faironne une des deux énergies responsables de l'oppression que nous subissons depuis plus de deux cents ans... Oser la réveiller... Quelle folie t'a poussé à cet acte ?!
- Je l'ignorais !
- Bien sûr... Comme si j'allais te croire. Tu oses polluer le monde offert par Faironne avec une telle horreur ! »
Le plus illustre des Zigriks, loin d'être sourd aux piques délivrées par le lieutenant Kiyuza, s'énerve. En résulte l'apparition de légères flammes noires dans l'aura de son hôte.
« Ça ne devrait pas exister ! »
La goutte de trop. La manifestation d'énergie de la Kozana se transforme subitement en une imposante flamme noire qui commence à dévorer les quelques émanations des éléments présentes autour d'elle. Le symbole en forme d'œil unique inversé typique de la possession du Kirioku réapparaît sur son front.
« Agent du Mal !
- Ferme-la ! »
Fumiaki fonce rapidement vers lui grâce à une explosion de flammes noires à l'arrière de ses jambes.
« Tu vas retourner d'où tu viens ! »
Il sort de sa poche une étrange pierre sur laquelle un pentagramme est gravé.
« Nektilyon ! »
Avec cette formule, en mêlant une partie de sa propre énergie à l'intérieur, une onde envahit toute la zone. Lorsque le Zigrik entre en contact avec, l'aura noire disparaît d'un seul coup. Sur le moment, la victime ne comprend rien du phénomène qui l'a atteint.
« Ton retour à Faironne n'était pas prévu. Tu devais rester dans cette faille ! Tu n'as pas le droit d'exister ! »
Cette phrase, à priori anodine et classique parmi ceux se proclamant être les véritables défendeurs de ce monde, met la puce à l'oreille chez son interlocuteur sur les propriétés du curieux objet que tient Taimudo, sans en être parfaitement sûr.
« Disparais ! »
Il lui jette la pierre qui, durant le trajet, ouvre une faille qui emporte immédiatement sa cible en son sein.Le passage dimensionnel se referme tout juste après. L'outil ayant permis une telle prouesse redevient qu'un simple caillou avant de tomber au sol. Quelques instants plus tard, Renko, encore un peu secoué par la dernière attaque de Fraya, rejoint son supérieur.
« Qu'est-ce qu'il vient de se passer ?
- Je l'ai éloignée d'ici avec un sceau de téléportation que m'ont si sagement prêté nos maîtres. Avec le ki concentré à l'intérieur, j'espère l'avoir emmené le plus loin possible. Désormais, le temps presse. Il faut absolument que j'aille les voir. D'ailleurs, je dois te présenter à eux. Es-tu partant ? »
Une telle proposition le désarçonne encore plus que le méchant poing dont il a été victime. Ses lèvres tremblent de joie. Lui, qui pourtant auprès de l'homme qui se prétendait être son instructeur fut incapable d'accéder à ses demandes, va enfin recevoir ce qu'il est venu chercher depuis son arrivée dans le village.
« Oui ! » répond-il avec ferveur.
Peu de temps après, dans le continent du Sud. Un endroit isolé. Une flore peu voir pas présente. Quand, soudain, la même faille employée par Taimudo s'ouvre. Fumiaki en est expulsé.Le moyen de transport qui l'a amené jusque là disparaît. Le Zigrik se relève, un peu étourdi par le voyage.
« Il m'a... Téléporté ? »
Une fois ses esprits complètement retrouvés, dans un certain doute sur les circonstances de ce qu'il considère comme étant une défaite honteuse, il serre son poing droit. Y surgit une flamme noire. Pendant plusieurs longues secondes, celle-ci ne semble pas changer d'apparence.
« Pourquoi je n'arrive pas à augmenter ma puissance plus que ça ? Pourtant, quand j'allais détruire la base des Shirenais, j'étais invincible ! »
Après une frustration dont le sujet principal réside en la personne de Taimudo, l'être du Kirioku se recentre sur son objectif principal : l'Hoshaku. Une fois qu'il l'aura retrouvé, même cet homme aux capacités pour le moment incompréhensibles ne pourra rien faire. Tout à coup, événement qui ne s'était pas produit depuis longtemps, la bagueproduit de nouvelles étincelles. S'en apercevant, Fumiaki met immédiatement fin à son aura. Comment est-ce possible ? Conscient du danger qu'incarne ce symptôme, il se résigne à abandonner la possession qu'il exerce. Certainement que cet immonde individu lui a balancé trop d'énergie neutre d'un seul coup, ça expliquerait le résurgence de cet effet indésirable. Le symbole en forme d'œil inversé présent sur le front de la Kozana s'efface, permettant ainsi le retour de Fraya, l'esprit bien embrouillé.
« Où… Où suis-je ?
- Ce type nous a expulsé hors du continent central et nous sommes sur l'un des quatre autres mais j'ignore lequel. lui explique-t-il dans sa conscience.
- Je peux t'entendre comme ça maintenant ? C'est nouveau !
- Nous avons avons été envoyés loin de notre position précédente.
- Il faut que j'y retourne ! Mon ki retrouvé, je peux protéger Kenshiro de cet allumé ! »
Après quelques secondes, suivant l'idée qu'elle vient d'évoquer, elle regarde l'objet qui l'a motiva à fuir son bourreau paternel.
« Du coup, je n'ai plus besoin de toi. »
Elle tente de retirer la bague. Un échec. A chaque tentative, Fumiaki rit de plus en plus en fort jusqu'à complètement dissuader son hôte de poursuivre.
« Pourquoi je n'arrive pas à l'enlever ?
- Nous sommes liés. Si, par quelconque miracle, tu me retires, je t'enlèverai ta si précieuse maîtrise une fois de plus.
- Quoi ? Et comment tu fais ça ?
- Lorsque je t'ai englobé pour la première fois, j'ai dévoré la quantité que tu avais réussie à éveiller. Cependant, qu'elle fut ma surprise par ce que j'ai découvert en toi !
- De quoi parles-tu ?
- Tu as le don d'en accumuler et d'en produire encore et encore. J'ai eu un véritable banquet rien que pour moi. Quel régal ! »
Donc, depuis tout ce temps, le talent qu'elle cachait était un mélange étrange entre celui de l'accumulation et celui de la genèse. Pouvoir banni par les siens. Une telle révélation la chamboule. Le posséder représente à la fois une bénédiction vu ce qu'il apporte et à la fois une malédiction vu comment il est considéré. D'une part, elle ressent un soulagement assez flou que ce dernier ne s'est pas réveillé plus tôt. D'autre part, le fait qu'il fut livré au Kirioku lui apporte un profond dégoût. Elle conclut qu'elle est désormais condamnée à ce qu'il continue à vivre à travers elle avec toutes les informations qu'elle vient de recevoir.
« Retourne à Kigen et laisse-moi combattre l'énergie [...] »
Fumiaki n'a point le temps de terminer sa phrase qu'une lumière commence à émerger en face de son hôte.
« Qu'est-ce que c'est ?
- Encore une faille ?
- Qui mènerait où ? »
Poussée par la curiosité, elle s'en approche. Plus elle s'avance, plus la lumière émise s'intensifie. Par réflexe, Fraya se protège les yeux. Le chaleur qui l'accompagne parvient jusqu'au Zigrik. Signature énergétique loin d'être étrangère pour lui.
« Il est là-dedans ! hurle-t-il dans sa tête.
- Qui ? Le Shirenai de foudre ?
- Rentre dedans !
- Pourquoi devrais-je t'obéir ? Après tout, nous sommes condamnés à rester liés à tout jamais, n'est-ce pas ? Rien ne m'oblige à céder à tes demandes.
- Vas-y tout de suite ! Ou je dévore tout ce que tu as en toi ! Jamais tu ne reverras ton Kenshiro ! »
Ne sachant point s'il en est réellement capable, intimidée par sa menace, elle ne s'oppose plus. Ainsi, elle tente d'emprunter la faille mais, lorsqu'elle touche la lumière, elle reçoit une violente décharge qui parvient à la repousser.
« On ne peut pas y rentrer ? s'étonne le Zigrik.
- Et bien, apparemment, non. Donc... Tu n'y verras pas d'inconvénient à ce que je tourne les talons et retourne à Kigen illico, non ? Je dois vite alerter Kenshiro de ce qu'il se passe avant qu'il ne soit trop tard.
- Non ! Tu réessayes tout de suite ! Hors de question qu'on m'empêche d'y aller ! Une fois que tu auras assez récupéré, tu retenteras !
- Est-ce que j'ai vraiment le choix ?
- Non.
- Bien... »
La Kozana s'assoie, dos à la faille histoire de ne plus être aveuglée jusqu'au moment venu. Comme elle n'a aucun argument pouvant remettre en question tout ce qu'avance son gêneur, tout ce qu'elle peut faire c'est repenser au combat qu'elle vient de vivre. Peut-être trouvera- t-elle un moyen de contrer le lieutenant Kiyuza le jour où Kigen se fera attaquer ? Presque le même cheminement de pensées pour Fumiaki. Juste la cible change. Autre questionnement qui le taraude. Pourquoi ce Rai se trouve derrière cette ouverture dimensionnelle ? Que prépare-t-il ? Personne sur Faironne ne se doute de ce qui s'y déroule. Tout comme personne sur Faironne ne peut jauger la menace que représente Daigaku, Aritsune et l'armée qu'ils forment.