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Chapter 98 - Arc 6 – Épisode 2 : Un Candidat Déterminé.

En extérieur avec les nouvelles patrouilles, Kenshiro sort son arme. Presque aveuglément, les Shirenais qui viennent de rejoindre le corps armé l'imitent. Le premier réflexe pour les Zigriks présents est de dévoiler leurs Obujepawas spécifiques, aussi variés soient-ils, comme par exemple des bijoux ou des grigris.

« Vous ne ressentez rien ? »

Personne ne répond.

« Et si je vous disais qu'en ce moment même, un mercenaire vous observe ? »

Étonnés par cette affirmation, certains d'entre eux tentent de faire appel aux aptitudes acquises durant leur long apprentissage. L'aspect perplexe de leurs visages convint Kenshiro de couper court à sa patience. A priori, ça ne l'enchante pas vraiment.

« Mercenaire Calibak, montrez-vous. »

L'être qu'il méprise le plus sur Faironne apparaît à côté de lui dans un éclair. Son entrée impressionne les soldats.

« Frimeur... lâche à voix basse l'instructeur.

- Non ! Démonstratif !

- C'est pareil...

- Absolument pas ! »

Leur attitude déconcerte leurs spectateurs. C'est ça l'élite des leurs ? Deux hommes qui s'embrouillent sans cesse ? Quel exemple !

« Il faut en imposer devant les nouveaux ! Sinon, de quoi avons-nous l'air, cher ami de foudre ? appuie allégrement Calibak avec une pointe d'ironie sur la fin de sa seconde phrase.

- Vous allez être observés tout le long de vos tournées. Ils vous noteront sur votre attitude, votre cohésion, la qualité de vos interventions et procéderont de temps en temps à des tests. détaille Kenshiro tout en ignorant volontairement l'attitude provocante de son homologue élémentaire.

- Et nous serons impitoyables ! »

Face au comportement excessif de l'ancien Kiyuza, l'instructeur se retient de plus en plus. Et pourtant, il aimerait tant régler ses comptes avec lui. Sauf que, s'il agit ainsi, la vie de Fraya risque d'être menacée à cause de l'existence de cet homme. Son sang bouillonne mais il garde la tête froide. Aux yeux des nouveaux, contrairement à Calibak, l'attitude de leur formateur est plus honorable.

« Tout ça a pour but de vérifier si vous êtes capables de diplomatie et de sang-froid. Vous êtes nos représentants. Vous défendez nos valeurs. Servez-les honorablement.

- Pour vous les Shirenais, vous serez noté sur le respect du Code des Shirenais. Quant à vous les Zigriks, ce sera porté sur l'éthique que m'a transmise notre professeur. Compris ? »

Les patrouilleurs acquiescent d'un simplement mouvement de tête. Pour en mettre plein la vue aux spectateurs et ridiculiser par la même occasion son homologue de foudre, Calibak, en activant son aura et en dévoilant ce qu'il y a sous son manteau (des petites sphères jaunes brillantes, deux sur ses épaules, une sur son ventre et deux sur ses cuisses), il s'en va par un éclair produit par son arsenal. L'instructeur préfère ne rien relever sur sa manœuvre.

« Autre chose, vous êtes censés savoir que je suis également un mercenaire. J'ai également le droit de vous tester. Sur ce, bonne patrouille ! »

Quelques secondes à peine après le départ des nouveaux soldats de Kigen, le Zigrik armé réapparaît à côté de Kenshiro. Pensant que le moment tant attendu de régler leurs comptes vient d'arriver, le Shirenai met la main sur son fourreau. C'est alors qu'un son que seul lui est capable de percevoir l'alerte. Intrigué, il observe les environs afin d'en déterminer l'origine.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu n'entends rien ?

- Entendre quoi ? T'as bu ou quoi ?

- Si tu ne captes rien, c'est que tu es encore loin de nous égaler.

- Qui est le frimeur maintenant ?!

- Nous avons un espion.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Le seul à être qualifié ainsi c'est toi, vu ce que tu nous as fait. »

De légères lignes jaunes translucides entourent la main droite du sabreur.

« Firaizer ! »

Il tire un éclair dans la direction qui lui semble la plus prometteuse. Pris de panique, l'espion, qui n'est d'autre que le Shirenai sans patrouille auquel il a été confronté, sort de sa cachette.

« Qu'est-ce que tu fais encore là ? Il me semble t'avoir expliqué que tu ne peux pas participer aux patrouilles.

- Je veux en être un ! Je veux y aller ! Je veux servir Faironne ! Donnez-moi une chance de vous prouver que je peux le faire ! »

Face à sa détermination, la foudre la plus rapide du Continent Central ne sait pas quoi rétorquer. Son caractère lui rappelle un peu ceux de Rajik et de Fraya.

« Ton instructeur t'a dit non et tu dois respecter sa décision. répond sèchement Calibak.

- Et bien je le ferai seul ! Et mieux que tous les autres ! Vous verrez !

- Tu m'as l'air bien sûr de toi. Tu veux prouver ta valeur ? Affronte mon collègue.

- Pardon ?

- Si tu parviens à le toucher, je reconsidérerai ta demande. Cependant, si tu échoues, tu devras attendre la prochaine session.

- Pourquoi ? Pourquoi devrais-je l'affronter ? Pourquoi tu ne le fais pas toi ? Monsieur a pris du zèle depuis son si lointain séjour ?!

- Tu n'es pas obligé de parler de [...]

- C'est d'accord. acquiesce le Shirenai solitaire en dégainant son épée.

- D'accord... Madame veut pas se salir... On en reparlera plus tard, hypocrite ! »

Lorsque l'inconnu découvre tout l'attirail développé par le Zigrik de foudre, il est perplexe. Aucune lame apparente. Comment est-ce sensé l'attaquer ? Pas de temps d'en comprendre le fonctionnement que Calibak procède à quelques manipulations pour la rendre opérationnelle.

« Firaizer ! »

Un éclair frôle sa cible. Pris par surprise, son adversaire est déstabilisé. Le tireur en profite pour sortir une pierre, dont l'aspect ressemble plus fortement à une munition, et la place sur son arbalète.

« Onbéklaraï ! »

Trois nouveaux assauts, l'un après l'autre . Son adversaire esquive chacun d'entre eux en sautant juste avant qu'ils ne frappent le sol.

« Bokfaraï ! »

Cette fois-ci, les trois éclairs sont tirés simultanément. Ne pouvant les éviter à cause de la différence de vélocité par rapport aux précédents, le Shirenai se sert de son épée comme un bouclier et encaisse le triple tir. Sauf que ce dernier est si violent qu'il le fait tomber et lâcher sa précieuse amie. Mais, malgré tout ça, bien décidé à prouver sa valeur, l'épéiste se relève et reprend position. Sa lame se met à briller légèrement. Un signal étrange parvient aux oreilles sensibles de Kenshiro. Sur le moment, il ne parvient pas à en identifier la source, contrairement à l'ancien Kiyuza. La brève lueur grise qui traverse ses yeux et le fait que son épée semble être attirée vers lui ne font plus aucun doute dans son esprit. Cet homme appartient à son peuple d'origine. Pour l'instructeur, il pense qu'il est affilié à l'élément de la terre. Cela pourrait expliquer pourquoi il ressent une telle gêne pour déterminer son énergie.Calibak cherche à tout prix quel talent habite son corps afin d'éviter que ces mécréants de Shirenais s'emparent de lui. S'il réussit, il pourra le sauver. Seul moyen de le dévoiler : le pousser à un certain stade.

« Bloque ça ! »

D'un seul coup, il relâche son aura électrique.

« Mais t'es malade ! Pas ça face à un nouveau ! s'insurge Kenshiro.

- Tu es trop sentimental !

- Et toi un fou furieux ! »

La lame du Shirenai brille plus intensément. Le son qui jusque là secouait l'audition de Kenshiro sans le gêner s'amplifie à un tel point qu'il commence à ressentir de légers vertiges. En guise de réplique, Calibak dégaineune autre munition, différente de toutes celles vues précédemment de part la grande quantité de topazes incrustées dessus.

« Sortons le grand jeu ! »

Ni une ni deux, il s'élance.

« Ibafaraï ! »

Un énorme boulet électrique fonce à vive allure sur son adversaire. D'un coup, l'épée du prétendant au poste de patrouilleur revient dans sa main droite.Il s'en sert pour frapper la munition et la dévier. Les deux manieurs de foudre en sont choqués. Directement, Calibak fait le lien avec un talent de renforcement. Instantanément, le signal qui perturbait Kenshiro ne peut plus être aussi obscur. Ce soldat habite une énorme quantité d'énergie neutre. Aussitôt, le Shirenai encore sans nom se rue vers son adversaire avec une vitesse assez élevée, amorçant au passage un coup. L'ancien Kiyuza ne peut pas répliquer. C'est alors queKenshiro intervient en se téléportant entre eux grâce à un éveil partiel de son Kuwanoren. Pris par surprise, l'attaque prend fin immédiatement. Ses yeux et sa lame redeviennent normaux.

« Tu es doué. » accorde l'instructeur.

Le Shirenai recule, un peu perdu par ce qu'il vient de vivre. Son attitude convint Calibak qu'il n'a pas fait ça volontairement. Ainsi, il se tient bien de garder cette information.

« Dis-moi, où as-tu appris à faire ça ?

- Je ne vois pas de quoi vous parler. »

Le sabreur s'approche de lui et vient lui parler à l'oreille.

« Ne joue pas avec moi. Je suis un expert en énergie et celle que tu as utilisée m'est très familière alors, je serai toi, je réfléchirai à deux fois. »

Dans une totale incompréhension sur la raison pour laquelle il vient de recevoir ce redressage, le prétendant au poste de patrouilleur recule un peu.

« Si tu fais tes preuves en solo, je verrai pour t'accorder ce grade. Tu peux y aller. »

Sur le moment, Calibak s'étonne de la décision que son homologue d'élément vient de prendre. Quand au concerné, il se retire tout de suite après.

« L'énergie qu'il a utilisé contre toi était semblable à du ki mais sous une forme que je n'ai jamais vu auparavant. Qui a pu lui apprendre ça ? Et, surtout, je ne sais pas si c'est à cause de mon Kuwanoren, il me semble que, à part cet étrange magnétisme semblable aux affiliés à l'élément de la terre, son talent ne s'est pas manifesté. Suis-je aveugle ou quoi ?

- La preuve que tu n'as rien retenu de nos leçons !

- Tu l'as identifié ? »

Au lieu de lui répondre, l'ancien Kiyuza explose de rire pendant quelques secondes.

« Vous êtes risibles les élémentalistes. Tu as pillé nos connaissances et tu n'as rien assimilé. Alors que moi, j'ai tout retenu de vous. Vous ne méritez pas de gouverner Faironne. Et nous sommes bien heureux de ne pas être des collaborateurs de cette sinistre supercherie ! Bien que moi, si j'avais été assigné, je vous aurai mener une guerre méritée !

- A la prôner comme tu le fais, tu es pire que nous. Tu as encore beaucoup à apprendre, faux affilié. 

- Faux frère. » répond-il sèchement avant de se retirer pour de bon.

Dans l'esprit du seul Shirenai restant, le cas qui vient de se produire devant lui constitue une véritable énigme. Aurait-il été faire un tour dans les écrits comme lui ? La sécurité a été renforcée, c'est impossible. Ce petit s'est éveillé au ki tout seul comme Rajik ? Un mystère qu'aimerait Yoru. Pour le moment, l'urgence se trouve ailleurs. Il est grand temps pour lui qu'il passe à l'étape supérieure, une fois qu'il aura fait son rapport à Tencubo. Quelques instants plus tard, au bureau de ce dernier, il est en train de signer avec une petite flamme allumé au bout de son index droit quelques documents quand, soudain, on cogne à la porte.

« Oui ?

- Maître conseiller Tencubo, le mercenaire Kenshiro demande à vous voir. lui annonce un garde derrière la porte.

- Qu'il entre. »

La foudre la plus rapide du Centre pénètre dans la pièce.

« Alors ? Les patrouilles sont lancées ?

- Oui. Avec un supplément. J'ai dû accepter qu'une recrue y aille en solo. Il a réussi à tenir tête à notre Zigrik de foudre et a balayé son sort comme si c'était une simple balle. J'ai remarqué qu'il utilisait une forme dérivée de ki.

- Curieux... Mais bon, comme tu l'as autorisé à faire ses armes en solitaire, je suppose que, selon ton expertise, c'est la meilleure solution le concernant. Bonne nouvelle : Lyn a pris ses fonctions.

- C'est parfait. Je suis bien content pour elle... Dis-moi... J'ai pas encore fait ma demande auprès de Fraya et... Yoru est d'accord pour être mon témoin. Sais-tu où elle est ?

- Devant l'entrée principale. Tant que vous n'êtes pas officiellement ensemble elle n'est pas autorisée à entrer, tu comprends.

- Je sais...

- Je sens une température anormalement haute émanant de toi... Qu'est-ce que tu as ?

- Je tremble d'avance pour sa réponse.

- Ne t'en fais pas. Elle va dire oui, j'en suis sûr. Tu vas y arriver.

- Merci pour le soutien.

- De rien. »

Sous le coup de l'adrénaline, Kenshiro s'en va précipitamment. Pendant ce temps, la Kozana, non-loin devant l'entrée de Kigen, essaye de reproduire les techniques qu'elle savait utiliser avant que son corps ne soit détenu par le Kirioku. Une sorte de tente est plantée à quelques mètres d'elle, témoin de sa situation depuis tout ce temps.

« Péopar Ki ! »

Elle exécute le mouvement. Cependant, aucune onde de choc dans l'air n'est produite. A son grand désarroi, elle n'y croit pas. Son poing tremble.

« Pourquoi je n'y arrive plus ? »

Après quelques respirations pour ne pas que cette angoisse ne l'envahisse, elle se remet en position.

« Péopar Ki ! »

Nouvelle tentative et nouvel échec. Malgré le contrôle qu'elle exerce sur elle-même, la croyance que plus jamais elle ne pourra effectuer quelconque technique s'imprègne. La présence de Calibak dans les environs peut à tout moment la relarguer dans les griffes de son paternel. La pire des situations. Dans un dernier élan, elle prend une position de sprint et se concentre un instant.

« Zéréyon ! »

Elle court sur une courte distance mais aucune accélération ne se produit normalement lorsque la formule et l'énergie nécessaires sont employées. Ce second échec ébranle le peu de confiance en elle-même qu'elle avait réussi à se construire depuis la récupération de son corps. Peut-être que le simple fait qu'elle a dû se reposer pendant un bon moment en est la cause. Dernier recours : se rappeler de tout ce qu'elle a appris dans son pays d'origine.Elle tend les mains et ferme les yeux, concentrée sur son toucher et son ouïe. L'air caresse sa peau. Mais aucune énergie ne vient la chatouiller. C'est fini. Plus rien ne lui permettra de pratiquer tout ce qu'on lui a fourré dans le crâne. Sans ki, son identité ne vaut plus rien. Si Calibak l'emmène, c'est la mort qu'elle recevra. Aussitôt, elle comprend pourquoi de tels préjugés sur les Shirenais et autres manieurs d'éléments s'étaient développés auprès des siens. A peine la remise en cause débutée que l'homme qui voulait tant la protéger lorsqu'elle vivait encore là-bas arrive.

« Te voilà ! »

Un soupir l'aide à ne pas craquer devant lui.

« Que faisais-tu ?

- Rien rien... Qu'est-ce que tu faisais toi ? J'ai attendu longtemps ici !

- C'est vrai. Ça fait déjà deux cycles lunaires que tu es là. J'ai pas eu le temps de parler de toi à mon supérieur. Entre les cours à donner aux nouveaux et les entraînements à effectuer, je n'ai guère eu l'occasion que de t'apporter de quoi vivre. Désolé si tu te sens seule en ce moment, le maître conseiller Tencubo m'a confié des fonctions importantes et... C'est pour son projet tu comprends. Mais promis, dès que ce sera fini et que quelqu'un sera apte à prendre ma place, je te jure, je consacrerai beaucoup plus de temps avec toi. »

Malgré la sincérité avec laquelle il délivre ses justifications, elle ne répond pas.

« Qu'est-ce que tu as ? Tu as l'air triste. C'est de ma faute ?

- Non... C'est que... Je ne sais pas si ma présence dans ton village est réellement légitime. Me promener parmi les tiens, ceux que j'ai failli détruire malgré moi, ça va me faire bizarre. J'ai peur qu'on me regarde de travers ou pour qu'on me prenne encore pour l'énergie noire en personne.

- Tu n'as aucune crainte à avoir. Si quelqu'un te cherche des problèmes, je le remettrai à sa place ! Tencubo expliquera ton cas et tout ce qui s'est passé à tout le monde.

- Tu en es sur ?

- Évidemment. Fais-moi confiance. Ce n'est l'affaire que de quelques jours. Tu n'as nulle part où vivre et hors de question que tu reviennes là-bas, surtout après tout ce que tu as vécu. Tout ce que je veux c'est ton bonheur. Rien d'autre... Et... »

Il se met à genoux devant elle. Prise par surprise, sachant ce qui est en train de se passer, elle commence à paniquer.

« Fraya, tout le temps qu'on a passé ensemble m'a fait réaliser certaines choses. Je m'en suis voulu après ta fuite. Jusqu'au réveil du Kirioku, je ne comprenais pas ton geste. Là-bas, pendant un bon moment, j'ai subi de trop nombreuses interrogations de la part de qui tu sais. Dans son regard n'existait que haine et colère. J'avais si peur pour toi. Je n'en dormais quasiment pas. Le reste de mon séjour fut un calvaire sans nom. Heureusement, au fil de mes différentes leçons et autres visites dans leurs écrits, l'occasion rêvée de te retrouver survint. J'ai usé d'une technique complexe de téléportation pour revenir en ces terres. Malheureusement, qui dit retour en territoire interdit, dit aussi dissimulation pour ne pas être attrapé. Et, lorsque j'ai pu te retrouver, tu étais sous l'emprise de cette atrocité qui s'est servie de toi. Je m'en suis énormément voulu encore. J'ai combattu cette chose qui te dirigeait quitte à risquer ma vie. »

Son monologue la prend aux tripes. L'imposante émotion qui agite son être lui compresse la gorge, l'empêchant de lui donner la raison de sa fugue.

« Fraya, tu comptes tellement à mes yeux. Je n'ai jamais ressenti ça auparavant. Tu as changé ma vie. Fraya, je t'aime tellement et je ne veux que ton bonheur. C'est pour ça que [...] »

Soudain, ses sens s'excitent.

« Que quoi ? demande-t-elle.

- Il y a quelqu'un.

- Ah oui ? Où ça ? »

Il se relève et dégaine son katana. Sur le moment, la Kozana pense qu'il s'agit de Calibak revenu l'enlever.

« Laisse-moi m'en occuper. »

Tout l'amas de sentiments qu'elle vient de vivre amène des tremblements de plus en plus incontrôlés.

« Sortez de votre cachette ou je vous foudroie sur place ! »

Rien ne se passe.

« Vous l'aurez voulu ! »

Il amplifie fortement son aura. Les espions se dévoilent : une patrouille constituée d'une Zigrik et de deux Shirenais.

« Je savais que c'était une mauvaise idée. se plaint la femme soldat, dépitée de la situation.

- Vous avez écouté notre conversation ?

- Non non... Du tout. répond l'un des deux épéistes.

- On attendait que vous terminiez. » complète l'autre.

Fraya comprend qu'ils mentent. Pour elle, ils ne voulaient qu'une chose : avoir un grain à moudre pour promouvoir une quelconque rumeur qui pourrait totalement la discréditer aux yeux des frères d'armes de son sauveur.

« Vous avez une mission à accomplir ! Si vous n'y retournez pas, j'annulerai votre passage à l'examen final ! leur somme-t-il.

- J'ai essayé de les en dissuader, pardonnez-nous instructeur Kenshiro. On ne dira rien. relève la Zigrik pour tenter de dédouaner ses compagnons.

- Vous avez intérêt à tenir votre parole ! Dégagez ! »

Recadrés, les trois espions se retirent aussi vite qu'ils sont apparus.

« Notre vie privée ne les regarde pas... Bon, où en étais-je ? »

Il s'aperçoit que sa protégée tire une drôle de tête.

« Fraya ? Tout va bien ?

- J'espère qu'ils n'ont pas retenu mon visage.

- Je ferai payer leur indiscrétion. Ne t'en fais pas.

- Et s'ils font le lien avec ce qu'il s'est passé avec cette bague ? Ils vont répandre la vérité ! Comme ça, lorsque je serai exposée aux yeux de tous, on me jugera et c'est quelque chose que j'ai du mal à supporter. Je ne veux pas vivre ainsi. Je ne m'installerai pas parmi les tiens.

- Je n'ai jamais dit que tu allais t'implanter ici. Lorsque les conditions seront réunies, je me retirerai définitivement de ma vie de Shirenai actif. Nous irons ailleurs, loin de tous les tracas qu'elle implique. Je te l'ai promis.

- Combien de temps dois-je encore attendre pour ça ? Et dans combien de temps serez-vous attaqués ? Je n'ai pas oublié le peu que tu m'as dit aussi là-dessus. Je ne suis clairement pas à l'aise avec tout ce qui se trame. »

Point apte à apporter de meilleurs arguments pour la rassurer, Kenshiro se sent désemparé. La demande qu'il allait lui déclarer se voit mis en suspens lorsqu'elle commence à s'en aller. Il aimerait tant la retenir. Sauf que, avec les fonctions qui l'accablent, il doit se résigner à la laisser, pensant que l'absence d'un quelconque signal en elle représente finalement un bon pour elle de ne pas être récupérée par les siens. Un peu à contre cœur, il repart dans le quartier général, en priant Faironne de tout cœur que tout se passera bien pour elle.