Au bureau du maître-conseiller Tencubo, Yoru, après s'être servi dans les archives, consulte quelques documents en compagnie de son collègue, affairé aux autres problèmes en cours au sein de Kigen. Son rôle l'y oblige malgré l'urgence de la situation. Cependant, avec tout ce qu'il se passe en dehors de la muraille de Kigen, il ne trouve pas la concentration nécessaire.
« C'est quand même ahurissant quand on y pense. Comment des inconnus ont-ils pu les réactiver ? engage Tencubo.
- Selon mes observations, le sceau utilisé par les anciens conseillers combinait les cinq éléments et l'énergie neutre à parts égales. Grâce à cette méthode, il est possible de modifier l'effet de n'importe quel sceau en inversant simplement l'emplacement des symboles élémentaires représentés dessus. Cependant, une telle manipulation nécessité une grande connaisance de la maîtrise de l'énergie neutre car c'est elle qui lie l'ensemble. Or, Kenshiro et Rajik ont l'air de ne pas démordre de leur témoignage.
- Je vais lancer une enquête en parallèle afin d'identifier ce duo de perturbateurs et de connaître leurs intentions. Car, si les auteurs de ce que tu viens de m'expliquer ont rappelé l'énergie noire, ce n'est sans doute pas pour faire joli. Puisqu'ils n'ont rien à avoir avec nos cibles principales. Il nous faut Rai.
- Mon assistante est actuellement à sa recherche.
- L'invocatrice ? Tu es sérieux ?
- J'ai confiance.
- Yoru, permets-moi d'en douter. Je ne suis pas convaincu. Elle avait une drôle d'attitude pendant le tournoi. Je ne dis pas ça parce que je l'ai combattu. Attention. C'est juste qu'elle me paraît trop suspecte.
- Je ne trouverai rien ici. Cher collègue, je souhaiterais en savoir plus en me rendant aux ruines avec nos témoins.
- Accordé. »
Le vice-conseiller part rejoindre Rajik, Kenshiro et Lyn qui traînaient dans le couloir à côté. Le Kiyuza, adossé contre le mur, baille copieusement. Son attitude irrite la patrouilleuse.
« Alors ? Des nouvelles ? demande le sabreur.
- Non. Tencubo m'a autorisé à mener mon enquête là où la faille a été forcée. J'aurais peut-être besoin de vous.
- J'aurais aimé revoir Rai, moi. se plaint Rajik.
- Mon ami, je comprends ce que tu ressens mais j'ai besoin d'obtenir plus d'informations sur le procédé que nos intrus ont utilisé pour ramener lui et le Kirioku. Peut-être que je mettrais le doigt sur un moyen de la renvoyer elle et non Rai.
- Je pars à la recherche de Fra- euh je veux dire- l'énergie noire. s'avance Kenshiro, piqué à cœur par la supposition du Zigrik.
- Vous êtes fou !
- Elle va te tuer ! alarme Rajik.
- Comme elle a failli le faire la dernière fois !
- N'ayez crainte. Je saurais me montrer vigilant. Je vous retransmettrai sa position. Ne vous en faîtes pas. Je saurais gérer la situation.
- Tu as une faible probabilité de réussir.
- Tu es trop pessimiste ! Décoince toi bon sang ! Pourquoi n'iriez-vous pas retrouver votre ami ? Ça fait un an que vous ne l'avez pas vu. »
Cette proposition ravit son élève au plus haut point.
« Yoru ! S'il te plaît, faisons ce que maître Kenshi a dit ! »
Sans que son ami ne comprenne pourquoi, le spécialiste de la glace, via l'expression de son visage, émet certaines réserves à ce sujet. Lyn, touchée par les propos du manieur de foudre, pense enfin saisir le bon moment pour briller.
« Si je puis me permette, serait-ce possible de vous accompagner ? s'avance-t-elle.
- Tu sais te battre ? lui demande Rajik.
- Bien sur ! Quelle question ! Je suis une patrouilleuse !
- Et alors ? Ça veut rien dire ! Je suis pas un Shirenai et pourtant je suis fort ! »
Face à ce sursaut d'orgueil selon elle, se souvenant ce qu'il s'est passé pendant le tournoi, un petit gloussement lui échappe. Comprenant qu'elle se moque de lui, Rajik relève les manches, prêt à en découdre avec elle.
« Oh ! On se calme ! Sinon je vous gèle sur place !
- Je sens que vous allez bien vous entendre. Allez je ne me tarde pas plus. Chaque instant compte. A la prochaine !
- Au revoir Maître Kenshi ! »
Il s'en va sans témoigner quelconque signe pouvant rassurer ses amis. Le Zigrik ne peut s'empêcher de penser qu'il emprunte un chemin trop dangereux et que quelque chose va mal tourner. Pareil pour le Kiyuza. Mais, ne voulant point montrer la moindre faiblesse devant une femme qui ose s'incruster, ce dernier préfère serrer les poings et feindre un sentiment de confiance sur son visage.
« Mettons-nous en route. Je veux savoir quel procédé ces deux Zigriks ont-ils pu utiliser pour réactiver les ruines avant la date supposée de leur réactivation. Quel est votre nom ?
- Je m'appelle Lyn et je viens du Continent du Sud.
- Oh, comme le maître-conseiller, tiens donc. Si vous possédez les mêmes attraits que lui, vu votre origine, ce que vous nous avez déclaré tient la route alors. »
Flattée par ce compliment, elle fait tout son possible pour ne pas rougir. Chose renforcée par le regard inquisiteur qui lui lance en permanence le spécialiste du combat au corps-à- corps. Pendant ce temps, comme le craignait Rai et Tencubo, le Kirioku est debout, au milieu de quelques villageois allongés au sol, presque vidés de leur ki endormi.
« Il m'en faut plus. Beaucoup plus ! »
Elle aperçoit une femme qui, à la croisée de leurs regards, prise par un sentiment puissant d'effroi, tente de s'échapper.
« Oh, j'en ai oublié une. »
En un instant, son déplacement est si vif qu'on croirait qu'elle s'est téléportée en un claquement de doigt devant elle.
« Où comptes-tu aller comme ça ? Reste là, ça ne va pas durer longtemps. Je te le garantie, petite être sans valeur. »
Alors qu'elle allait lui prendre l'énergie endormie en sa proie, tout à coup, l'entité du Kirioku sent une onde de feu arriver à vive allure. Elle se retourne et la bloque. Un Shirenai apparaît à côté de la fuyarde et la prend pour disparaître juste après. Deux autres guerriers marchent vers elle.
« Énergie Noire ! Au nom du maître-conseiller Tencubo, tu es en état d'arrestation ! Ne bouge plus ! » ordonne-t-il.
Une fois la victime mise en sécurité, le premier à être intervenu rejoint son camarade. L'entité du Kirioku brise l'onde. A les voir, elle en salive d'impatience, prête à dévorer des énergies plus appétissantes. Ils se mettent en garde.
« Venez... Venez... Venez ! »
Ses trois adversaires du moment activent leurs auras en même temps et, via les formules associées, changent l'aspect de leurs armes selon leurs éléments : un pyromancien, un aquamancien et un géomancien. Le premier assaut est donc lancé. Mais quelle lenteur pour elle ! Ces mouvements si prévisibles lui donneraient envie de rire. Afin d'enfoncer encore plus le clou dans le cercueil de l'incompétence adverse, elle disparaît subitement. Surpris, tous les trois cherchent par tous les moyens à la localiser au plus vite. Soudain, une onde d'énergie noire les percute par l'arrière et les repousse avant que la responsable ne se dévoile.
« Dîtes-moi. La régression devient une habitude chez vous ou c'est juste moi qui devient trop fort pour vous ? »
S'en est trop pour la force armée de Faironne, humiliés, les patrouilleurs se relèvent.
« Tu vas voir ! Tu vas goûter à une de nos spécialités ! En position ! » annonce l'affilié au feu.
Ils activent tous leurs auras en même temps et joignent leurs lames.
« Voilà notre véritable puissance ! Lorbar Okjé Faironaï ! »
Trois ondes, correspondant chacune à l'élément de chacun d'eux, sont envoyées simultanément et fusionnent pour n'en former plus qu'une, composée des trois couleurs d'origine. Face à cette manœuvre inattendue, le Kirioku érige un bouclier d'énergie noire. L'impact généré entre celui-ci et l'attaque combinée des patrouilleurs crée une explosion. S'en suit une épaisse fumée.
« On l'a eu ! se réjouit le géomancien du trio.
- Finalement, elle n'était pas si puissante que ça. On mérite notre promotion, les gars. » ajoute l'affilié à l'eau.
Le dernier membre semble plus inquiet que ses collègues. N'était-ce pas trop facile ? Dans les rapports confinés dans la salle des archives, il avait été rapporté qu'elle avait mis à mal le maître-conseiller en personne.
« Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'es pas content ? C'est bien ce qu'on disait l'autre jour. Les légendes, ce ne sont qu'un ramassis de conneries inventé exprès pour nous effrayer. Grâce à notre victoire, nous allons être promus mercenaires directement !
- On pourrait même défier les conseillers et prendre leur place ! C'est Shipé qui avait raison ! »
Soudain, un rire macabre met fin à leur sursaut d'enthousiasme. La fumée s'estompe d'un seul coup. Ils découvrent avec stupeur qu'elle est toujours debout, indemne, en train d'applaudir avec ironie.
« Bande d'idiots ! Je vais vous montrer ce qu'est la véritable puissance ! »
Son aura noire grandit au point de prendre un aspect flamboyant d'une hauteur d'une dizaine de mètres. Sa forme imposante sème la terreur chez ses ennemis. Elle envoie trois projectiles noirs en même temps. Ils tentent de les dévier. Malheureusement, leurs lames sont brisées à l'impact. Ils sont atteints au niveau des épaules et tombent net. Elle se téléporte auprès du soldat affilié au feu, le relève grâce à son aura et aspire toute son énergie élémentaire. Une fois vidé, elle le consume via un flux continu de feu noir jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des cendres. Même sort pour le géomancien. Le dernier survivant tente de s'échapper. Elle l'accroche par la cheville gauche grâce à un flux d'énergie noire et le ramène à elle. Tué comme avec ses frères d'armes. Il ne reste plus que leurs lames brisées.
« La journée aura été bonne ! » se réjouit leur meurtrière en s'essuyant le coin de la bouche.
La joie est de courte durée. Une brume envahit les lieux.
« Tu vas regretter ce que tu viens de faire, énergie noire ! » lui hurle Shipé.
Le mercenaire d'eau réapparaît grâce à la condensation de la brume.
« Toi ?... Prêt à recevoir une nouvelle correction ?
- Très drôle... Je suis venu exprès prendre ma revanche ! Cette fois-ci, avec mes impressionnants progrès, tu ne pourras plus rien faire, énergie noire ! Aujourd'hui sera un jour qui marquera l'Histoire ! Car, aujourd'hui, je vais t'écraser !
- Mais quel beau discours ! Plein de mensonges ! Normal pour un Shirenai, n'est-ce pas ? Allez, pour une fois, je vais éviter de juger trop vite. Montre-moi de quoi tu es capable, petit homme à l'épée. »
Cette petite provocation suffit largement à le rendre fou de rage.
« Tu vas payer pour ce que tu viens de faire à mes confrères ! Tu vas payer pour cette insulte ! Rejeton des Enijiakkus ! » jure-t-il tout en déployant sa manifestation physique d'énergie, devenue beaucoup plus bleue foncée qu'avant.
Ce changement par rapport à la première fois où ils se sont affrontés n'échappe pas au Kirioku, qui y voit un festin.
« Awor ! »
Sa lame se change en un torrent perpétuel. L'épéiste fonce vers sa cible, l'attaquant plusieurs fois. L'entité possédant Fraya esquive aisément. A chaque fois, elle lui lance un sourire narquois.
« Saleté ! »
Le torrent s'accélère d'un coup. Il l'attaque une fois avec énormément de force. Son adversaire embrase son index droit avec une flamme noire. Elle intercepte le torrent avec. Le coup pourtant puissant se retrouve bloqué par juste un doigt. Shipé n'y comprend plus rien.
« C'est tout ? »
Furieux, il multiplie les assauts, tous arrêtés par un simple doigt. Après plusieurs échecs, il s'arrête. Elle lâche un petit rire moqueur. La goutte de trop pour l'orgueil du Shirenai. Hors de question pour le soldat d'élite d'être une nouvelle fois déshonoré de la sorte par le même corps.
« Tu ne me laisses plus le choix... Peu importe les conséquences ! Quitte à en mourir, je t'emporterai avec moi ! »
Contre toute attente pour elle, il range son arme. L'humidité naturelle des lieux vient s'agglomérer en lui.
« Kuwanolaï ! »
Les transformations spécifiques apportées par cette technique s'opèrent en trois secondes. La surcharge d'humidité qui l'accompagne envahit l'espace. Les cours d'eau à proximité s'agitent de plus en plus au fur et à mesure qu'ils ressentent l'influence de Shipé. Le Kirioku ne peut que dénoter l'incroyable gain en puissance.
« Rejeton des Enijiakkus. Horreur sur pattes. Comme si prendre le corps de celle qui m'a salement humilié ne suffisait pas... Voilà ce que je t'ai promis. Voilà mes progrès ! Voilà l'arme qui signera ta mort ! »
Des sphères d'eau apparaissent dans ses mains, accélérant sur elles-mêmes.
« Awor ! »
Provenant d'elles, plusieurs courants d'eau violents sous haute pression sont tirés. Leur cible les évite, manquant plusieurs fois de se faire toucher. Un détail la frappe. Le Shirenai n'utilise pas son arme. Point extrêmement important, ramenant du fin fond de son être un souvenir refoulé. A une époque lointaine, un épéiste, ressemblant fortement à la statue qui trône sur la place principale de Kigen, est debout. La vue en contre-plongée suggère qu'il est face à l'entité lorsqu'elle était encore un être vivant. Son arme blanche est plantée dans le sol. L'inconnu joint ses poings. Une aura verte jaillit de lui. Distraite par cet écho du passé, le mercenaire fige ses courants.
« Awor ! »
Ils sont ramenés violemment en arrière grâce à un mouvement de bras vers leur cible. Lorsque la menace se rapproche, le Kirioku reprend ses esprits et se protège grâce à un barrage de feu noir. L'eau le contourne.
« Je n'en ai pas fini avec toi ! »
Les courants se rassemblent et s'unissent.
« Olowar ! »
Ils forment une vague qui fonce violemment vers son adversaire, l'emportant sur plusieurs mètres avant d'être brutalement plaquée au sol à cause de la pression. Shipé maintient à distance toute l'eau de la vague en l'air et la soulève en levant les bras en l'air. Les effets secondaires du Kuwanoren commencent à agir en l'affectant d'abondantes larmes.
« Voilà ta mort ! »
Son aura atteint son paroxysme en taille et en teinte.
« Peganyon ! »
La pression à l'intérieur de l'eau augmente d'un seul coup.
« Juntkar ! »
L'eau vient fracasser son ennemi toujours au sol à une vitesse et une force phénoménales. Elle la plaque au sol au point où, à l'impact, cela crée un petit cratère. Pensant sa victoire acquise, il redevient normal, essoufflé par tous les efforts fournis.
« J'ai réussi... Je l'ai fait... Quand ils sauront ça à la base... Je défierai Tencubo et je gagnerai ! Je serai alors le Maître Conseiller ! L'unique et puissant Shipé ! Et ils feront une statue de moi à côté de celle de Densetsu ! » s'exclame-t-il avant de rire aux éclats.
Les autres victimes de l'artefact noir restent toujours inconscients malgré tout le brouhaha généré auparavant et l'exultation de joie de Shipé.
« Je suis le meilleur ! » poursuit-il.
Puis, progressivement, un rire, plus grave, se superpose au sien. Lorsqu'il s'en rend compte, il arrête tout de suite.
« Non... Ce n'est pas possible. »
Il la découvre, marchant vers lui, une sphère bleue luminescente à la main. La terreur le gagne à nouveau. Une drôle impression de déjà-vu.
« Qu'ai-je entendu ? Une statue à ton effigie ? Tu ne mérites pas d'être érigé à côté de lui, misérable Shirenai. Il n'y avait que moi qui a pu en être capable ! »
Pétrifié par la stupeur et l'effroi, l'ambitieux Shipé se décompose, terré dans un silence de mort imminente. Il n'ose pas y croire. C'est impossible. Il avait tout donné. Elle avale goulûment la sphère.
« Délicieux… »
Arrivée à sa hauteur, sans qu'il ne tente quoique ce soit pour se défendre, elle lui assène un uppercut dévastateur, chargé en énergie en plein ventre. Il est propulsé sur plusieurs mètres, hurlant de douleur.
« Encore ! »
Son instinct de survie prime sur tout le reste. Guidé par ce dernier, il tente de s'enfuir. En vain. Elle réapparaît juste devant lui. Un violent direct du droit l'envoie valser dans le décor. Une petite aura bleue apparaît à l'endroit où il s'est fait frappé, mangée par les réminiscences noires de l'attaque. Une fois allongé sur le sol, lui revient sans cesse le moment où il a balancé la plus puissante de ses techniques. Il n'y croit toujours pas, pourtant absolument convaincu d'être devenu plus fort. Avec les dernières forces qui lui reste, il se relève très difficilement et, dans un dernier élan de fierté personnelle, tente de réactiver son aura. Un échec.
« Tu n'as plus rien à m'offrir ?... Quelle immense déception... Tu n'es pas digne d'égaler l'unique Densetsu. Comment as-tu pu te prétendre d'être de sa trempe, espèce de petit joueur ? Tu as salement insulté son nom ! Tu m'as appelé comment déjà ?... Rejeton des Enijiakkus ? J'ignore ce que ce mot signifie mais, d'après ce que j'ai compris, vous l'avez affecté à mes descendants... Déjà qu'à mon époque, vous étiez loin de l'image que vous vouliez imposer. Mais là, c'est encore plus fragrant. Alors, laisse-moi te corriger. L'énergie noire n'est pas notre invention, mais notre découverte. Depuis le jour où je l'ai rencontré, j'ai fusionné avec. Les éléments vont tomber en désuétude lorsque j'accomplirais ma mission. »
Son interlocuteur, complètement paumé mentalement, au bout du rouleau, ne daigne même pas comprendre ce qu'elle raconte.
« Shirenai, successeur de Densetsu, au nom des miens, au nom de sa Majesté, je me dois de porter le jugement que tu mérites. »
Elle enchaîne avec une salve de boules de feu noir. Il se les prend sans réagir. A chaque impact, la douleur est encore plus forte. Ses habits sont brûlés par endroits, laissant entrevoir des plaies ouvertes. C'est la fin. Une sphère d'énergie noire dense apparaît dans la main droite du corps de Fraya. Le regard du plus ambitieux, prétentieux et haineux de Kigen, envers son bourreau, à moitié éteint, témoigne pour la dernière fois un brin de peur. Pour sonner le coup de glas, elle la lui balance. Il se la prend de plein fouet. Les derniers vêtements qui le distinguaient d'un simple soldat sont déchirés ou brûlés. Peu après l'avoir reçu, une légère fumée sort de lui.
« Prie Yamos pour qu'il t'accorde une seconde chance. » lui adresse-t-elle.
C'est ainsi que tomba celui qui désirait la paix par la force, dévoré par la terreur qu'il voulait prôner par dessus tout, humilié, déshonoré, exécuté. Alors que son cadavre venait à peine de toucher terre, elle vient jusqu'à lui et l'attrape par le col.
« Laissons les poissons mordre à l'hameçon ! »
Elle tourne la tête pendant quelques secondes, à chercher où se trouve le quartier général des ennemis. Une fois la bonne direction captée, elle sourit.
« Cadeau ! »
Elle enclenche son aura. Puis, grâce à une vive impulsion d'énergie, elle propulse le corps de sa victime dans cette direction avec une vitesse phénoménale. Une fois ceci réalisé, elle laisse éclater un rire aussi sinistre que possible, message de sa haine et de sa jouissance. La première pierre vers la reconquête de Kigen est désormais placée. Bientôt, comme prévu, elle brisera l'équilibre de Faironne. Voilà sa mission. Un bruit brise l'intense extase qui l'animait. L'origine ? Un homme encapuchonné qui sort de sa cachette. A le voir, un grand sourire arbore le visage de celle qui vient de commettre un horrible massacre.