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Chapter 6 - chapitre 6

Amina resta silencieuse, son cœur battant à tout rompre. Elle sentait que Malik l'amenait doucement vers une conclusion qu'elle redoutait d'entendre.

— Je t'aime, Amina, et ça, rien ne le changera. Mais je ne peux pas te demander de continuer à te battre avec moi dans cette guerre. Il y a trop d'enjeux, trop de conséquences. Je ne veux pas que tu sacrifies ta famille, ton avenir, pour quelque chose qui pourrait nous détruire tous les deux.

Les mots de Malik résonnèrent dans l'esprit d'Amina comme une tempête. Elle comprenait ce qu'il voulait dire, mais elle n'était pas prête à accepter cette réalité.

— Malik, non... Nous ne devons pas abandonner maintenant. Nous avons traversé tellement de choses pour en arriver là.

Malik prit doucement ses mains, ses yeux tristes mais déterminés.

— Amina, parfois, aimer quelqu'un signifie aussi le laisser partir. Pour son propre bien. Nous devons nous protéger, toi et moi. Et cela signifie peut-être faire un choix que nous n'aurions jamais voulu faire.

Les larmes montèrent aux yeux d'Amina, mais elle savait, au fond d'elle-même, que Malik avait raison. Leur amour était fort, mais les pressions du monde extérieur étaient en train de les étouffer.

Ils restèrent ainsi, en silence, se tenant les mains, sachant que la décision qui s'imposait à eux serait la plus difficile de leur vie.

Les jours suivants, Amina et Malik se séparèrent progressivement, leurs rencontres devenant de plus en plus rares, presque inexistantes.

Le silence qui s'était imposé entre eux résonnait comme un vide insupportable, mais aucun des deux n'avait la force de revenir en arrière. Ils avaient pris une décision, et même si elle leur brisait le cœur, ils savaient que c'était la seule manière de préserver ce qui restait de leurs vies respectives.

Amina, quant à elle, se réfugia dans son travail. Chaque matin, elle se réveillait avec une lourdeur dans la poitrine, mais elle se forçait à avancer. Son cabinet d'architecte était en pleine expansion, et elle se plongea dans des projets de plus en plus ambitieux, espérant que l'adrénaline du travail effacerait la douleur de l'absence de Malik.

Mais malgré tous ses efforts, il lui était impossible de se débarrasser des souvenirs de leurs moments passés ensemble, des promesses murmurées dans le noir, et des regards qui parlaient plus fort que les mots.

Un soir, alors qu'elle feuilletait des plans pour un nouveau projet, elle reçut un message inattendu de Malik.

**Malik** : "Je pense à toi chaque jour. J'espère que tu vas bien."

Simple, court, mais assez pour raviver une flamme qu'elle essayait désespérément d'éteindre. Elle fixa l'écran de son téléphone pendant de longues minutes, hésitant à répondre.

Une partie d'elle voulait l'ignorer, continuer à avancer sans se retourner, mais une autre, plus forte, ressentait le besoin de lui parler, de le sentir à nouveau proche, même si ce n'était qu'à travers des mots.

Finalement, elle répondit.

**Amina** : "Je pense à toi aussi. Rien n'est simple."

Ce bref échange leur rappela à tous les deux que, malgré la distance qu'ils s'étaient imposée, leurs sentiments restaient inchangés.

Mais ils savaient aussi que ces messages, bien que réconfortants, ne changeaient rien à la réalité de leur situation.

Pendant ce temps, la famille al-Rashid ne restait pas inactive.

L'oncle de Malik, Abdul, voyant que son neveu n'avait pas encore officiellement mis fin à sa relation avec Amina, décida de prendre les choses en main.

Il avait déjà perdu patience et estimait que Malik n'était plus capable de gérer cette situation délicate.

Abdul ne voulait pas seulement protéger l'honneur de la famille, mais aussi éviter que toute cette histoire ne ternisse leur réputation auprès des autres familles influentes du pays.

Abdul convoqua une réunion familiale, un rassemblement où les anciens et les membres influents des al-Rashid devaient discuter de l'avenir de l'entreprise et des décisions importantes à prendre.

Malik y fut invité, bien qu'il pressentît que cette rencontre ne présageait rien de bon.

Lorsqu'il entra dans la grande salle de réunion, il sentit immédiatement la tension dans l'air.

Son oncle Abdul trônait à la tête de la table, entouré des autres membres de la famille, tous fixant Malik avec une expression sévère.

— Malik, nous avons longtemps fermé les yeux sur cette situation, mais il est temps de trancher, déclara Abdul d'un ton autoritaire.

La relation que tu entretiens avec cette femme menace tout ce que nous avons construit.

Nous avons des partenariats à protéger, des alliances à maintenir, et cette affaire est devenue un problème.

Malik serra les poings sous la table, luttant pour ne pas exploser.

— Mon oncle, je vous ai déjà dit que je suis prêt à assumer mes choix. Amina ne menace rien, elle...

— Elle menace tout ! l'interrompit un autre membre de la famille, Hisham, un cousin éloigné.

Les rumeurs circulent déjà, et nos partenaires commencent à douter de notre stabilité.

Cette femme est une distraction, un danger pour notre image et pour toi.

Malik sentit la colère monter en lui, mais il savait que se battre ouvertement ne mènerait à rien.

Sa famille avait déjà pris sa décision.

Il était seul dans cette salle, entouré de ceux qui ne comprenaient pas son amour pour Amina, et qui ne le verraient jamais autrement que comme un acte de rébellion contre les traditions familiales.

— Que voulez-vous que je fasse ? demanda-t-il, la voix tremblante mais ferme.

— Tu dois te marier, déclara Abdul.

Nous avons arrangé une union avec la famille Al-Muhtadi. Leur fille, Leila, est parfaite pour toi.

C'est une famille puissante, respectée, et cette alliance renforcera notre position.

Malik resta figé.

Leila Al-Muhtadi ? Il connaissait à peine cette jeune femme, et pourtant sa famille avait déjà décidé de son avenir sans même lui demander son avis.

Cette situation, qui ressemblait à un piège, l'étouffait.

— Je refuse, trancha-t-il finalement, malgré le regard noir de son oncle.

Je ne vais pas épouser une femme que je ne connais pas et que je n'aime pas.

Abdul se leva brusquement, frappant du poing sur la table.

— Tu n'as pas le choix, Malik.

Si tu continues à t'entêter, tu perdras tout.

Nous te déshériterons, nous te couperons de nos entreprises, et tu seras seul.

Est-ce cela que tu veux ?

Malik savait que ces menaces n'étaient pas vaines.

Sa famille était puissante, et ils avaient la capacité de lui retirer tout ce qu'il avait construit.

Mais pouvait-il vraiment vivre sans Amina, sans cette partie de lui qui avait trouvé la paix auprès d'elle ?

Sans un mot de plus, Malik se leva et quitta la salle de réunion.

Il avait besoin de réfléchir, de comprendre ce qu'il était prêt à sacrifier pour l'amour qu'il portait à Amina.

Malik quitta la réunion en sentant la pression sur ses épaules s'intensifier.

Il erra dans les rues de la ville, ses pensées tourbillonnant, incapable de se décider sur la voie à suivre.

D'un côté, il y avait Amina, la femme qu'il aimait profondément et avec qui il voulait passer sa vie.

De l'autre, il y avait sa famille, ses responsabilités et les attentes qui pesaient sur lui.

Chaque pas qu'il faisait résonnait comme une marche vers une décision inéluctable.

Il se rendit compte que pour choisir Amina, il devrait renoncer à tout ce qu'il avait toujours connu, tout ce qui avait fait de lui l'homme qu'il était aujourd'hui.

Pouvait-il vraiment sacrifier sa famille, son statut, et la sécurité que cela impliquait pour un avenir incertain avec Amina ?

Cette question le hantait.

De son côté, Amina ressentait le poids de la séparation avec une intensité grandissante.

Chaque jour sans nouvelles de Malik lui paraissait plus difficile que le précédent.

Elle se demandait s'il allait finir par céder aux pressions de sa famille, s'il allait choisir le chemin le plus simple, celui qui préservait son héritage et sa position.

Elle avait l'intuition que des forces invisibles œuvraient contre eux, et cela la rendait de plus en plus anxieuse.

Un soir, alors qu'elle sortait du bureau, elle reçut un appel de Leila Al-Muhtadi, une connaissance lointaine qu'elle avait rencontrée lors d'événements mondains.

Amina décrocha, intriguée par cet appel inattendu.

— Amina, bonsoir.

Je suis désolée de te déranger, mais je pense que tu devrais savoir que ma famille a arrangé une union avec Malik, dit Leila d'une voix douce mais assurée.

Amina sentit le sol se dérober sous ses pieds. Leila poursuivit, apparemment insensible à la tempête qu'elle venait de déclencher.

— Je voulais simplement te prévenir.

Malik et moi avons discuté, et il semble qu'il soit en train de céder à la volonté de sa famille.

Je pense que tu comprends ce que cela signifie.

Amina raccrocha sans un mot de plus, ses mains tremblant de rage et de tristesse.

Elle savait que les choses étaient compliquées, mais entendre que Malik était en train de céder aux pressions familiales la blessa profondément.

Elle s'assit sur le trottoir, tentant de contenir ses émotions.

Tout ce qu'elle avait craint était en train de se réaliser.

La tentation du conformisme était en train de détruire l'homme qu'elle aimait.

Le choc de l'appel de Leila déstabilisa Amina au point qu'elle passa les jours suivants dans un état de torpeur.

Elle se demandait comment Malik pouvait envisager un tel mariage sans même la prévenir.

Était-ce possible qu'il ait cédé, qu'il ait abandonné leur amour si facilement ? Leila avait-elle raison ou exagérait-elle leur conversation pour mieux l'éloigner de Malik ?

Amina hésitait à confronter Malik.

Son cœur voulait des réponses, mais la peur de ce qu'elle pourrait entendre la paralysait.

Elle passait ses journées à réfléchir à cet appel, à tenter d'imaginer toutes les scénarios possibles, tout en sachant que, tôt ou tard, elle devrait le confronter à cette réalité.

Elle ne pouvait pas continuer à vivre dans l'incertitude.

Un matin, alors qu'elle préparait nerveusement un dossier pour un client important, son téléphone vibra.

C'était un message de Malik, simple mais inattendu.

**Malik** : "Nous devons parler. Je suis désolé pour ce qui s'est passé."

Ce message ne fit qu'accroître sa confusion.

S'excusait-il d'avoir été absent ces derniers jours, ou parlait-il du mariage arrangé avec Leila ? Elle le relut plusieurs fois avant de finalement répondre, le cœur lourd.

**Amina** : "D'accord. Ce soir, au café ."

Elle n'était pas prête à affronter cette conversation, mais elle savait qu'il était temps de clarifier les choses.

La journée sembla s'étirer à l'infini, chaque minute renforçant l'anxiété d'Amina.

Elle ne savait pas à quoi s'attendre, mais elle devait être prête à tout.

Le soir venu, Malik arriva au café , l'air plus abattu que jamais.

Son visage trahissait la fatigue accumulée des dernières semaines, ses yeux marqués par l'angoisse.

Il ne semblait plus être le même homme, celui qui, autrefois, inspirait confiance et force.

— J'ai parlé à Leila, finit par dire Amina, brisant le silence tendu.

Elle m'a dit que ta famille a arrangé un mariage entre vous.

Malik baissa la tête, ses mains tremblantes reposant sur ses genoux.

— Je ne voulais pas que tu l'apprennes ainsi, murmura-t-il.

Mais oui, c'est vrai.

Ma famille fait tout pour me pousser dans cette direction.

Ils veulent que j'épouse Leila pour renforcer les alliances familiales, et ils ne lâcheront pas tant que je n'aurai pas cédé.

Amina sentit une vague de colère monter en elle.

— Et tu comptes céder ? Tu vas vraiment les laisser te dicter ta vie ? Et nous, dans tout ça, Malik ? Que reste-t-il de nous ?

Il leva les yeux vers elle, et dans ce regard, Amina vit toute la douleur qu'il tentait de dissimuler.

— Je ne veux pas de ce mariage, Amina.

Mais je ne sais plus quoi faire.

Ils menacent de tout me prendre.

Mon travail, ma réputation, tout ce que j'ai construit.

Et toi, ils te considèrent comme une ennemie, comme celle qui m'a détourné de mes responsabilités familiales.

Amina secoua la tête, incrédule.

— Alors quoi ? Tu vas les laisser gagner ? Tu vas te marier avec une femme que tu n'aimes pas juste pour préserver ce qu'ils considèrent être ta place ? Je pensais que tu étais plus fort que ça, Malik.

— Et tu crois que c'est facile pour moi ? Tu crois que je ne souffre pas de cette situation ? Je t'aime, Amina, mais je suis pris au piège ! Ma famille m'enferme dans une cage dorée, et je ne sais plus comment en sortir.