Quand il pénétra dans la brume, la conscience de Noctis vacilla, puis sombra. Son point de vue devint étrange.
Perché à une altitude vertigineuse, il plongeait son regard dans l'immensité du monde. Il reconnaissait les monts majestueux et discernait les rivières sinueuses, mais ce qui capturait réellement son attention, ce furent ces minuscules fourmis en procession, se frayant un chemin vers la grande forêt Miyang, comme des voyageurs déterminés.
- « Ce sont des humains. Une armée entière... Merde »
Une armée colossale progressait du nord vers le sud, et sur son itinéraire se dressait l'immense et implacable forêt de Miyang, tel un mur de verdure invincible.
La conscience de Noctis vacilla encore, et
Il se réveilla dans un endroit complètement inconnu.
Un endroit froid, et gris. Il était dans des ruines... Des ruines inimaginablement complexes. Le garçon secoua la tête, puis regarda autour de lui pour constater avec soulagement qu'Artémis était toujours à côté de lui. Elle semblait un peu perdue, mais leva lentement la tête et le regarda sans le voir.
- « La... La forêt... Le domaine... »
Sa voix tremblait, elle avait dû voir la même chose que lui.
La conclusion était simple ; la brume s'était élevée haut dans le ciel, les transportant vers une destination inconnue. À ce moment, les voyageurs étaient alors sensés êtres inconscients, pourtant, ils avaient bien vu le monde depuis le ciel.
Noctis avait bien reconnu le monde qu'il avait étudié sur la carte du livre de la bibliothèque, mais la vision de l'armée du nord qui se dirigeait vers le domaine de Throne était néanmoins choquante.
« Lucius d'Ébène... Ce bâtard n'a pas perdu de temps pour lancer un assaut...»
Heureusement, la forêt n'était pas dénuée de protection. Noctis doutait que quiconque puisse percer le mur brumeux, du moins pas avant plusieurs années de siège...
Le garçon serra la main d'Artémis dans la sienne, sentant son anneau d'or se presser contre sa paume, et parla d'une voix assurée.
- « Il est temps pour nous de devenir plus puissants et de monter au niveau de Maître... Non, de Seigneur ! Ensuite, et seulement ensuite, il nous faudra braver les terres sauvages pour porter secours au domaine. Sinon, nous finirons par mourir stupidement à vouloir traverser ces zones dangereuses hâtivement. Même si, par chance, nous arrivons à Miyang, nous ne pourrons pas vraiment les aider, car trop faibles...Trop inutiles. Aller, ressaisis-toi, tu es plus forte que ça ! »
Elle le regarda un instant, l'air d'avoir pris un coup. Puis elle hocha la tête.
- « Bien. Concentrons-nous sur cet... Endroit. »
Rapidement, elle retrouva son sang-froid ; c'était l'une des vertus d'Artémis, elle comprenait la justesse des propos de Noctis et choisit de chasser son émoi, afin de leur laisser le plus de chance d'échapper au danger.
Soulagés, ils regardèrent autour d'eux.
C'était une architecture tout à fait incompréhensible ; il y avait des escaliers au plafond, d'autres biens au sol, mais me menant à rien, et des arche de pierres menant à des endroits tout aussi chaotiques.
Le garçon fut pris d'un sentiment désagréable.
- « Marchons un peu... »
Ils entreprirent une exploration de l'endroit, et comprirent vite sa véritable nature.
- « Noctis... C'est un labyrinthe. », murmura Artémis. Elle avait raison.
Il y avait des puits profonds et sombres, des couloirs qui tournèrent en rond, des portes qui cachaient des murs, et même des passages secrets derrière des tapisseries ou sous des trappes.
Tout était en brique de pierre, hormis les nombreuses portes en bois, les tapis et les tapisseries présentes dans certaines salles, et même des armures et des gargouilles. Cependant, il n'y avait aucune trace d'un être vivant ici, ou d'une potentiel sortie.
Pourtant, il y avait dans chaque salle des braseros, chandelier et autre candélabre allumés de flammes blanches, et ils ne s'éteignais jamais.
À un moment, pourtant, ils trouvèrent enfin quelque chose.
C'était une porte en bois géante, ou en tout cas la plus grande qu'ils aient trouvé dans le mystérieux labyrinthe.
Noctis et Artémis échangèrent un regard inquiet, et c'est cette dernière qui parla.
- « Autant essayer, non ? »
Noctis soupira.
- « Autant essayer, j'imagine. Prépare quand même une armure et une arme, juste au cas où. »
Noctis invoqua lui-même le [Manteau traître] et le [Manteau d'Ao Guang], tandis qu'Artémis, déjà vertu de sa tenue de chasse noire, n'invoqua que son jian blanc. Ensemble, ils poussèrent la porte, et ce qu'elle cachait...
Était une gargantuesque bibliothèque.
Noctis cligna des yeux, et Artémis laissa échapper une exclamation de surprise.
L'endroit était au moins deux fois plus grand que la bibliothèque de l'Académie, mais elle semblait plus vielle, bien qu'il n'y est aucune trace de poussière ou de toiles d'araignée. Elle était baignée dans une lumière sans source, et chaque étagère comptait des milliers de livres et faisait plusieurs douzaines de mètres de haut !
Il y avait de quoi s'émerveiller, on venait de pénétrer dans un paradis pour érudit, surtout si on considère que L'endroit se trouvait dans les terres sauvages. Le savoir de ses ouvrages antiques était sûrement inconnu !
Tandis que Noctis était ébloui, Artémis lui saisit l'épaule.
- « Tu n'entends pas ? »
Noctis lui jeta un regard perplexe, puis tendit l'oreille. La, il l'entendit. Un bruit d'aile... Quelque chose volait.
Silencieusement, ils s'enfoncèrent dans la bibliothèque, jusqu'à l'origine du bruit... Puis tombèrent directement face à lui.
Un livre ouvert volait, se servant de ses pages commes d'ailes, les battants dans le vide. Sans prendre la peine réfléchir, ils se jetèrent sur lui, Noctis l'attrapant avec ses gantelets blindés et Artémis le transpercent à de nombreuses reprises avec son jian.
Enfin, le Monstre-livre s'immobilisa, et Noctis le laissa tomber avec une longue expiration.
- « Qu'à dis la Lettre d'Hérésia ? »
Artémis le regarda, puis attrapa son poignet.
- « Elle n'a rien dit. Cours. »
- « Que...! »
Soudain, la bibliothèque explosa en mouvement. Des milliers de livres sortirent de leurs étagères et volèrent en nuée dans leurs directions, transformant les deux voyageurs en proies du savoir. Ils étaient rapides, mais pas aussi rapides qu'Artémis ; elle et Noctis passèrent les étagères en un éclair et sortirent à temps de la pièce, puis le garçon claqua la porte. Il n'y eut cependant pas d'impact : les livres semblaient s'être contenté de les chasser de la bibliothèque, sans les poursuivre au-delà.
Noctis, avec une sueur froide lui coulant sur le front, demanda à Artémis :
- « Tu dis que la Lettre d'Hérésia ne t'a pas annoncé la mort du livre ? »
Celle-ci hocha la tête par le positif. Cela ne pouvait vouloir dire qu'une chose : les livres meurtriers n'étaient pas vivants. Il pouvait s'agir d'un pouvoir mystique, comme la brume de miyang, ou du pouvoir d'un monstre, ou encore d'un monstre contrôlant un pouvoir mystique, ou peut-être de quelque chose d'inconnu et d'infiniment plus terrible.
Noctis jura en fixant le plafond.
« Bordel... C'est quoi, cet endroit !? »