PDV Joshua École pour enfant particulier Montmur. En sortant de ma chambre, je me rends compte de l'effervescence qui règne ici, chose bizarre, en temps ordinaire tout est calme. Je le sens, je le ressens, il se passe quelque chose. Les élèves chuchotent entre eux, ils ne me fixent pas quand je passe donc je doute être l'objet de leurs bavardages. Je croise Madame LaVega en larme, elle court se réfugier dans une salle déserte. Prêtant davantage attention autour de moi. Je me rends compte de la tristesse qui se lit sur les visages et dans les regards de mes camarades. Il me paraît également voir de la peur, une réelle frayeur. Virgil me fonce dedans, rien de bien inhabituel. Il est élancé, baraqué, il me fixe de ses yeux sombres, passe la main rapidement dans ses cheveux blonds bouclés. Il est la définition même du mec sur de lui et imbu de sa personne. Et pour couronner le tout, c'est mon frère bien que nous soyons de parfaits opposés. Il ne prend pas la peine de s'excuser et continue sa route. Je le héle malgré tout, curieux de comprendre ce qui se passe. Il se retourne, souffle en me voyant et s'approche de moi. - Quoi ? Me crie-t-il dessus. - Salut à toi ! Le saluais-je avec un large sourire. Blague à part ! Qu'est-ce qui se passe ? Il regarda tout autour de nous, comme s'il désirait rester discret, sauf que dans notre école la discrétion, c'est mission impossible. - Les Trevil se sont fait buter ! La surprise doit se lire sur mon visage. Les Trevil ? Les meilleurs profs de cette école, les personnes que je respecte le plus, tous les deux, morts, je ne comprends pas, pour quelle raison ? Qui voudrait leur faire du mal ? Ils ne sont une menace pour personne ! - Comment ? Il se pencha un peu plus vers moi, visiblement, il s'agissait de quelque chose de grave. - On ne sait pas encore tous les détails, mais ce n'est pas un truc naturel. Je lève les yeux vers lui, surpris d'entendre cela, une idée me traverse l'esprit. - Tu penses... Il ne me laisse pas finir et me fait oui de la tête. Mon cœur pense de suite à leur fille, est-elle aussi morte ? Il se serra à cette pensée. Levant à nouveau les yeux vers mon ainé, je me risque à poser cette question, de toute manière, je vérifierais cette information personnellement. - Et leur fille ? Il me regarde surpris. - Quelle fille ? - Ils avaient une fille, elle est où ? Visiblement, il me prend pour un fou. Car il semble vraiment perturbé par ma question. Comme si je lui apprenais quelque chose à lui Virgil Mallor. Le mec qui se targuait de tout savoir sur tout, d'être au fait des secrets les plus secrets du monde. - Aucune idée ! Je n'étais pas informé qu'ils avaient ... - Si, ils en ont une, elle a notre âge ! Le coupais-je ne désirant pas qu'il parle un peu trop d'elle, ne souhaitant pas la mettre davantage en danger. - Pourquoi n'est-elle pas en cours ici alors ? Elle doit être une enfant particulière ! Réflexion logique, ses parents étant particuliers, elle l'était sans doute. - Je ne sais pas ! Lui répondis-je, même si, j'avais ma petite idée là-dessus. Il me fixa tentant de comprendre des choses, de rassembler les pièces du puzzle. Je connaissais très bien mon frère, on se fréquentait depuis une éternité et ses pensées n'avaient plus de secrets pour moi. Certes, nous étions totalement distincts, lui préférant son coté sombre, moi le coté lumineux de ma personnalité. - Laisse tomber Virgil, je vais me renseigner moi-même ! Il me saisit le bras, m'empêchant de partir, du moins comptant m'interdire de m'en aller. Regardant sa main, qui se trouvait sur moi, là où elle ne devrait pas être au vu de notre relation très peu fraternelle. Je levai les yeux afin de rencontrer son regard qui se voulait autoritaire. - Personne ne quitte l'école ! Aboya-t-il J'ai failli rire à ses mots. Il est indispensable de dire que des fois, il pouvait être comique. Encore plus s'il pensait avoir la capacité de m'interdire de quitter les lieux. - Et tu comptes t'y pendre comment pour me défendre de sortir, je ne suis plus un enfant Virgil depuis bien longtemps. Je fais ce que je veux ! Je n'interviens pas dans tes embrouilles, tu me laisses en paix, tel est de deal ! Il baissa les yeux. Manifestement, il n'avait pas pensé à cet accord que nous avions passé il y a bien longtemps qui nous permettaient à chacun de vivre notre vie comme on l'entendait sans intervention de l'autre. Comme nous prenions des chemins extrêmement éloignés, il était préférable de respecter l'autre avec cette règle, et ainsi de se protéger au mieux. - On ne sait pas ce qui a tué les Trevil, peut-être que nous sommes les prochains. Je ne pus me retenir de lever un sourcil de surprise, s'inquiétait-il vraiment qu'il puisse m'arriver malheur ? J'avais du mal à croire qu'il était capable d'oublier ça, notre particularité. - Virgil, tu sais bien qu'il ne peut rien m'arriver ! - C'est ce que je pensais pour Alaric, et tu vois où il est à présent, visiblement, nous ne sommes pas si invincibles que nous le pensions ! Il est vrai qu'Alaric était un des nôtres, et j'ai encore peine à croire qu'il est réellement mort. Raison de plus pour moi de retrouver la personne qui a osé lui ôter la vie à lui et Adonia. J'ai en moi cette envie de vengeance et surtout de justice. Posant la main sur l'épaule de mon frère, je lui dis : - Je ferais attention ! Il inclina la tête en signe d'accord, puis chacun partons dans des directions opposées. Bien que j'ai laissé entendre que je ne savais rien de plus sur leur fille, j'en savais bien plus que beaucoup de personnes. Elle était étudiante dans un lycée de banlieue, elle était belle et tellement fascinante que je passais des heures à la regarder. Naturellement, elle ne m'a jamais vu et c'était aussi bien ainsi, les Trevil n'auraient pas vu d'un œil approbateur l'intérêt que je lui portais. Je l'ai cherchée dans tous les lieux qu'elle fréquentait d'ordinaire, le lycée, sa maison, le parc, la bibliothèque, tous, sans exception. Elle était introuvable et j'ai commencé sérieusement à craindre pour sa vie. Mon portable s'est mis à vibrer, le consultant, je venais de recevoir une notification, j'avais un message sur mon répondeur que je n'avais pas interrogé. "Joshua, c'est Alaric Trevil, je ai conscience que tu es au courant pour Aurora, je t'ai aperçu en train de traîner dans le coin. S'il te plaît, veille sur elle. Je ne peux rien te dire de plus, quand tu auras connaissance de ce message, nous ne serons malheureusement plus de ce monde. Rends-toi au pont Rotchild immédiatement. S'il te plaît, ne la laisse pas mourir, il en va de la survie des nôtres." Il ne m'en fallu pas davantage pour me précipiter à l'endroit indiqué, espérant ne pas arriver trop tard. La nuit allait bientôt tomber, et je venais d'arriver sur les lieux. Je ne voyais rien, elle n'était pas là, et visiblement elle n'y était pas venue. Je me demandais ce qu'elle pouvait bien ressentir pour en arriver à souhaiter mourir ainsi. Certes, ses parents venaient de perdre la vie d'une manière des plus cruelle. Mais d'autres enfant avaient le malheur de subir ce genre de traumatisme et ils n'en arrivaient bien heureusement pas à cette extrémité. Elle ne semblait pas instable, ni prédisposée à ce genre de réaction extrême alors pourquoi ? Mon questionnement s'arrêta quand de là où j'étais, je la vis enjamber le pont, se mettant dos au vide. Pendant un instant, j'ai prié pour qu'elle n'en arrive pas à cette solution. Qu'elle se reprenne et passe de l'autre côté de cette fichue barrière. Malheureusement, elle lâcha ses mains et commença à tomber dans le vide. Sans réfléchir, je me jetais après elle afin de la sauver. Déployant mes ailes, je la rattrapais de justesse, la prenant délicatement dans mes bras, ralentissant sa chute. Elle fermait les yeux, courageuse mais pas téméraire. Pendant ces infimes secondes, je pus la regarder de prés, voir la beauté de son visage, la clarté de sa peau, le rouge de ses lèvres. Je la déposais délicatement sur le sol de la rive avant de m'éclipser, elle ne devait pas me voir. Elle ouvrit les yeux, regardant autour d'elle surprise de ne pas avoir perdu la vie. Ne comprenant pas comment elle avait atterri sur la rive sans une égratignure. Je suis contraint d'avouer que s'il m'arrivait la même chose, je serais extrêmement perturbé. Elle se releva titubant, regardant le pont de toute sa hauteur, perplexe. Je l'ai contemplée, elle était tellement belle dans son jean slim et son top noir. Ses longs cheveux retombaient jusqu'au creux de son dos, ses merveilleux yeux bleus scrutaient l'horizon à la recherche de réponses. J'aurais pu l'espace d'un instant me jeter auprès d'elle, lui avouer tout ce que je ressentais, ce que j'étais, et pourquoi j'étais là. Malgré tout, mon esprit était plus posé, mon cœur trop fougueux pourrait l'effrayer. J'ai veillé sur elle jusqu'à ce qu'elle rentre chez sa tante. Je ne désirais pas prendre le risque qu'elle retente une fois de plus de mettre fin à ses jours. Si Alaric m'avait imploré de sauver sa vie, c'était pour une raison. Je me devais de faire tout ce que je pouvais pour qu'il ne lui arrive rien quitte à mettre ma propre vie en danger.