Chereads / LE MANOIR DU DERNIER SOUFFLE : TOME 1 / Chapter 4 - IV. LES ÉCHOS DU PASSÉ

Chapter 4 - IV. LES ÉCHOS DU PASSÉ

Les ténèbres du manoir semblaient s'épaissir à chaque pas qu'ils faisaient. Le silence pesant était rompu uniquement par le bruit de leurs chaussures sur le sol de pierre froide. Le couloir dans lequel ils s'engouffraient paraissait interminable, un dédale tortueux qui aspirait toute lumière. Le manoir lui-même semblait avoir une conscience propre, chaque mur chuchotant des mots inaudibles, des avertissements murmurés que seuls les plus attentifs pouvaient percevoir.

Ryu, en tête du groupe, s'arrêta brusquement. Il n'aimait pas ce qu'il ressentait. Ce manoir était plus qu'un simple bâtiment hanté ; c'était une entité vivante, un piège conçu pour les attirer vers une fin inéluctable. Mais il était trop tard pour reculer. Le groupe ne pouvait qu'avancer, dans l'espoir de découvrir la vérité derrière ce jeu diabolique.

« Pourquoi est-ce que ça ressemble à un piège… » murmura-t-il, plus pour lui-même que pour les autres.

Elena, juste derrière lui, jeta un regard perçant autour d'elle. Ses instincts de survivante étaient en alerte maximale. Elle sentait l'étau se resserrer, mais elle n'avait pas peur. Pas encore. « Parce que ça en est probablement un. Gardons l'œil ouvert, » répondit-elle, d'un ton froid et calculateur.

Aminata, qui essayait désespérément de maîtriser les tremblements de ses mains, hocha la tête. « Nous devons aller de l'avant, sinon on va rester coincés ici pour toujours. »

Le groupe continua à avancer, leur détermination renforcée par la peur. Au bout du couloir, une porte massive en bois se dessina dans la pénombre, ornée de symboles anciens gravés dans la matière. Chaque symbole semblait respirer une énergie propre, une force ancienne et mystérieuse qui émanait de la porte.

Ryu, prenant une profonde inspiration, posa sa main sur la poignée glacée. « Peu importe ce qu'il y a derrière, nous devons être prêts, » dit-il d'une voix ferme.

La porte s'ouvrit avec un grincement sinistre, révélant une immense bibliothèque plongée dans la pénombre. Des étagères hautes jusqu'au plafond pliaient sous le poids de milliers de livres anciens, dont certains semblaient n'avoir pas été ouverts depuis des siècles. Au centre de la pièce, une grande table en bois massif était recouverte de parchemins éparpillés, certains déchirés, d'autres encore scellés par la poussière du temps.

Le groupe se dispersa immédiatement dans la pièce, chacun attiré par quelque chose de différent. Ryu et Elena se dirigèrent vers la table centrale, où un grimoire imposant était ouvert, dévoilant une illustration inquiétante : une figure encapuchonnée, enveloppée de ténèbres, entourée de chaînes s'étendant depuis ses mains pour emprisonner tout le manoir.

« C'est lui… le Gardien. Il contrôle tout, » murmura Ryu, le regard rivé sur l'image.

Elena, toujours méfiante, scruta le dessin avec attention. « Ou du moins, c'est ce qu'il veut nous faire croire. Ce manoir est plein de mensonges et de manipulations. Rien n'est ce qu'il paraît. »

Pendant ce temps, Aminata fouillait les étagères, ses doigts tremblants frôlant les reliures poussiéreuses. Son regard s'arrêta sur un livre dont le titre était gravé en lettres dorées : **"Les Échos du Passé"**. Intriguée, elle le tira de l'étagère avec précaution.

« Ce livre… Il pourrait contenir des indices, » murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour les autres.

Elle l'ouvrit doucement, mais au moment où elle le fit, une rafale d'air glacé traversa la pièce, éteignant d'un coup toutes les bougies. La bibliothèque fut plongée dans une obscurité totale, et des bruits de pas résonnèrent soudainement, venant de toutes les directions, comme si quelque chose ou quelqu'un approchait.

« Qui… qui est là ?! » s'écria Sarah, la panique montant dans sa voix.

Une voix fantomatique, un murmure spectral venant des ténèbres, répondit : « Vous n'auriez pas dû venir ici… »

La terreur s'empara du groupe alors qu'ils tentaient désespérément de rallumer leurs lampes. Mais les ombres semblaient prendre forme, se mouvant lentement autour d'eux, devenant des silhouettes menaçantes.

« Ne vous laissez pas avoir ! Ce sont des illusions, des pièges pour nous briser ! » tenta de raisonner Elena, mais même elle sentait sa confiance vaciller.

« Tout le monde, rassemblez-vous ! Nous devons rester ensemble ! » cria Ryu, essayant de rassembler les autres.

Les ombres se rapprochaient inexorablement, prêtes à les engloutir. Dans un élan de panique, Aminata ouvrit le livre qu'elle tenait toujours, et commença à réciter une incantation inscrite à l'intérieur, sans vraiment comprendre ce qu'elle disait. Un éclat de lumière jaillit soudainement du livre, repoussant les ombres et illuminant à nouveau la pièce.

Aminata, encore sous le choc de ce qu'elle venait de faire, murmura : « Je… je ne savais pas que ça marcherait… »

Ryu s'approcha d'elle et posa une main rassurante sur son épaule. « Tu as bien fait. On s'en est sortis grâce à toi. »

Avec la lumière revenue, ils réalisèrent que la bibliothèque cachait plus de secrets qu'ils ne l'avaient imaginé. Derrière une étagère déplacée par l'explosion de lumière, un passage secret se révélait, comme une invitation à découvrir les mystères enfouis du manoir.

« Nous devons savoir où cela mène. C'est notre seule chance de trouver la vérité, » déclara Elena, sa voix chargée de détermination.

Le passage secret les mena à une série de catacombes sous le manoir. Les murs étaient couverts de fresques dépeignant des scènes d'un rituel ancien, où des silhouettes humaines étaient offertes en sacrifice à une entité sombre, étrangement similaire au Gardien.

Sarah, l'air inquiète, observa les fresques avec attention. « Ces fresques… elles montrent que ce manoir a un passé encore plus sombre que ce que l'on pensait. »

Ryu, pensif, murmura : « Le Gardien n'est peut-être pas seulement un gardien… mais une victime. »

Elena se tourna vers lui, ses yeux perçants essayant de déceler une quelconque vérité dans ses paroles. « Que veux-tu dire ? »

« Et si ce manoir… retenait quelque chose, ou quelqu'un, depuis des siècles ? Quelqu'un qui cherche à se libérer, en utilisant nous, les joueurs, pour accomplir son dessein, » répondit Ryu, hésitant, comme s'il n'était pas encore sûr de sa propre théorie.

Le silence tomba lourdement sur le groupe. L'idée que ce qu'ils avaient pris pour un jeu macabre n'était en fait qu'un moyen pour le Gardien de se libérer d'une ancienne malédiction commençait à s'installer dans leur esprit.

Alors qu'ils avançaient plus profondément dans les catacombes, ils découvrirent une chambre centrale, dominée par une immense statue représentant le Gardien. Cette fois, les chaînes qui l'entouraient sur les fresques étaient brisées, gisant à ses pieds. Un autel, placé devant la statue, soutenait un artefact brillant, une clé ornée de symboles mystérieux.

Aminata, attirée irrésistiblement par l'artefact, murmura : « Ça doit être important… peut-être même la clé pour sortir d'ici. »

Mais au moment où elle tendit la main pour le saisir, les murs commencèrent à trembler, et des voix fantomatiques se mirent à hurler dans la pièce. La statue du Gardien sembla s'animer, ses yeux de pierre s'illuminant d'une lueur sinistre.

Sarah, terrifiée, cria : « Recule, Aminata ! C'est un piège ! »

Mais il était trop tard. La statue prit vie, ses bras de pierre se levant pour écraser les intrus. Le groupe se dispersa, chacun esquivant les coups de justesse, le sol tremblant sous l'impact de la créature.

« On ne peut pas la battre de front ! Trouvez un moyen de l'affaiblir ! » hurla Ryu, le désespoir commençant à percer dans sa voix.

Elena, remarquant quelque chose sur les murs, hurla à son tour : « Les fresques… elles montrent comment les sacrifices ont été faits pour calmer la créature. Peut-être que nous pouvons inverser le rituel ! »

Sous sa direction, le groupe commença à reproduire les gestes montrés sur les fresques, récitant des incantations extraites du grimoire. La statue ralentit, ses mouvements se faisant moins précis, moins menaçants. Finalement, elle retourna à sa position initiale, laissant tomber l'artefact sur l'autel, avant de se figer complètement