Une semaine s'était déjà écoulée depuis le début de la simulation. Alors que les autres royaumes prospéraient, dans les montagnes du sud, les Aegyls, bien que très nombreux, se retrouvèrent vite confrontés à un problème majeur : la faim. Les ressources alimentaires trouvées dans les montagnes, comme des champignons et certains rongeurs et boucs, n'étaient pas suffisantes pour Corvus et ses sujets. Ils allaient bientôt mourir de faim. Corvus réfléchissait à une solution.
"Icare, les réserves actuelles suffiront pour combien de jours ?" demanda Corvus à Icare, son bras droit.
"Disons 2 jours tout au plus. Nous avons chassé tous les animaux aux alentours. Pour avoir plus de nourriture, il faudra chercher bien plus loin," répondit-il.
"Ça craint. Si on doit uniquement se concentrer sur la nourriture, nous allons être en retard sur les infrastructures," pensa Corvus, l'air inquiet.
"Avez-vous remarqué des monstres aux alentours ?"
"Oui, il y a des monstres dans les ravins, mais nous aurons besoin d'équipements adaptés pour la chasse."
"Récoltez du bois et de la pierre. Et faites des armes pour qu'on ne soit pas sans défense," ordonna Corvus.
"Entendu, chef !" dit Icare.
"Chef ! Nous avons fini d'aménager le terrain. Il est assez grand pour construire une forteresse. Nous avons aussi remarqué beaucoup de points stratégiques aux alentours où nous pourrions construire des tours," annonça un autre Aegyl en arrivant.
"Parfait, récupérez de quoi construire et commencez les constructions. Icare, mobilise deux équipes : une pour la création d'armes et l'autre pour la récupération de ressources pour la chasse," ordonna Corvus. Soudain, une personne qu'ils ne s'attendaient pas à voir si tôt fit son apparition.
"Je vois que vous êtes en retard partout, Corvus," dit Anos en s'approchant, sa stature droite dégageant un charisme naturel. Les autres Aegyls se mirent en position défensive.
"Que fais-tu ici, Anos Sendaris ?" demanda Corvus, l'air surpris, préparant un éclair dans sa main. Anos était venu seul, laissant ses gardes un peu plus loin.
"Du calme, je ne suis pas venu me battre. Inutile de charger un éclair pour moi," dit Anos d'un ton sérieux.
"Tu as du culot de t'aventurer sur un terrain ennemi sans soldats, sachant que ta force a été réduite," dit Corvus.
"Je ne vois pas pourquoi je devrais m'inquiéter, étant donné que je ne suis pas venu seul," commença Anos, instaurant de la frayeur dans le regard des autres Aegyls. "Quand mes gardes et moi avons découvert où vous vous êtes installés, j'ai renvoyé l'un d'eux informer Zyriel dans notre territoire, puis j'ai ordonné aux autres d'explorer rapidement votre région pour trouver des zones exploitables pour des assauts optimaux," expliqua Anos, sa voix se faisant plus grave.
"Et tu es venu ici seul, espérant repartir vivant ? Je me demande bien quelle est cette arrogance qui caractérise les Devas," dit Corvus, puis il lança son éclair. Anos, sans trop de difficulté, contrôla l'éclair de corvus du bout de ses doigts et dit : "Quand on détient une puissance et une expérience comme la mienne, l'arrogance n'est plus un défaut, mais une manière silencieuse de dire aux faibles que le monde fonctionne selon les règles des forts." Il renvoya l'éclair avec une puissance accrue, paralysant Corvus sur le coup.
"Chef !" cria Icare en rattrapant Corvus dans sa chute. Les autres Aegyls s'apprêtaient à attaquer Anos quand soudain il dit : "151... c'est le nombre de soldats que nous avons avec nous." Les autres Aegyls se figèrent instantanément.
"Tu... tu mens, je ne vois pas comment ça serait possible," dit Corvus, se redressant.
"Et pourtant, c'est la vérité. Il y a 50 Metaryons qui nous ont rejoints, certains qu'ils seraient morts s'ils avaient suivi Troy," répondit Anos.
"Vous avez reçu l'aide de 50 Metaryons !?" s'exclama Icare. Cette nouvelle plongea Corvus dans une réflexion rapide.
"S'il dit la vérité et qu'ils ont bel et bien des Metaryons à leur disposition, alors je serais prêt à parier qu'ils ont déjà des infrastructures solides en ce moment. Et vu la maîtrise du métal de ceux-ci, ils ne manqueront pas d'armes de mêlée," pensa Corvus, inquiet des implications.
"Chef, je propose qu'on le capture, on demandera des armes et des rations en guise de rançon," proposa Icare.
"Bonne idée, général !" s'exclamèrent les autres.
"Hahaha... vous croyez ? Je me fous un peu de l'examen des prodiges. Donc que j'échoue à cet exercice ou non, ça m'est égal," commença Anos.
"Quoi ?! N'essaie pas de nous faire marcher !" dit Icare.
"Si j'avais vraiment envie de réussir l'examen de prodige, je serais venu de moi-même à l'académie Moore ; 'je n'aurais pas attendu que Klaus me demande de l'aide'," dit Anos, ses paroles calmes et mystérieuses laissant plus de questions que de réponses.
"Te demander de l'aide ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ?" demanda Corvus, intrigué, le visage énervé.
"Juste que mes compagnons savent que je n'en ai rien à faire de l'examen, donc ils n'auront aucun scrupule à me laisser mourir si nécessaire, surtout que je n'ai pas autant de force que dans la réalité," commença Anos, le ton devenant plus grave. "Mais vous pouvez être sûrs d'une chose, si vous me capturez ou me tuez, ils viendront vous tuer, tous autant que vous êtes," lança Anos.
Les Aegyls se regardèrent entre eux, partagés entre l'action et la peur d'agir. Corvus se résigna finalement, prêt à écouter ce qu'Anos avait à dire.
"Pourquoi es-tu là ?" demanda-t-il.
"Je vois que vous n'êtes pas aussi bête que je ne le pensais," commença Anos, humiliant davantage Corvus et ses sujets. "Je suis là pour vous proposer une colonisation," ajouta-t-il.
"Quoi !? Une colonisation !?" cria un Aegyl, perplexe.
"Vous vous prenez vraiment pour les maîtres du monde, ma parole," cria un autre, la rage dans sa voix.
"Et vous pensez vraiment qu'on va accepter ça ?" dit Icare, énervé.
"Réfléchissez-y correctement. Vous n'avez aucune structure bâtie jusqu'ici, vous n'avez pas d'armes, et sachant nos capacités réduites, vous ne pourrez pas utiliser votre chi indéfiniment. Nos réserves d'énergie ont considérablement diminué, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué," répondit Anos, exposant les Aegyls à la dure réalité. "Vous avez 24 heures pour faire un choix ; soit vous nous rejoignez, soit vous mourrez." Il conclut finalement, se retourna et partit. Les Aegyls ne purent même pas oser l'arrêter.
"Chef... que fait-on ? Nous ne pouvons quand même pas les laisser nous marcher sur les pieds comme ça," demanda Icare, une pointe de désespoir dans sa voix.
"Je vais y réfléchir..." dit Corvus, l'air préoccupé. "Faites ce que je vous ai demandé en attendant," ordonna-t-il. Les Aegyls se mirent au travail, le poids de la peur toujours dans leur cœur.
Pendant ce temps, un groupe d'elfes équipés d'arcs et de flèches prit la direction à l'ouest de leur royaume, arrivant éventuellement devant le grand désert qui s'étend au centre de la carte.
"Tu penses qu'il y a des gens qui ont décidé de s'installer au centre de la carte ?" demanda Cynthia à Arwyna.
"Des Metaryons, probablement. Mais ça serait assez idiot, sauf s'ils ont de l'eau et de quoi manger," répondit-elle, l'air pensif.
"Nous pouvons aller vérifier, et peut-être qu'ils nous échangeront des armes de mêlée contre nos armes à longue portée," proposa Cynthia.
"Mais oui ! C'est une très bonne idée. Et peut-être même qu'on pourra faire alliance," dit Arwyna.
"C'est vrai, je n'y avais pas pensé ! Avec eux et les Aegyls à nos côtés, nous serons assez forts pour pouvoir éliminer les autres," affirma Cynthia.
"C'est vrai," dit Arwyna, puis pensa : "J'espère qu'on ne trouvera pas le royaume d'Areyos. Cet exercice me donne la possibilité de priver de l'examen des prodiges les étudiants les plus dangereux de la classe. Si j'arrive à faire une alliance avec Corvus et Troy, on aura beaucoup de chances de s'en sortir lors de l'examen des prodiges."
Le plan d'Arwyna s'annonçait bien... mais c'était avant de voir qui résidait au centre du désert. De l'autre côté d'une dune de sable, la vision de ce qui semblait être un champ de bataille s'étendait devant un point d'eau. Alors que des bâtisses d'une muraille entouraient cette oasis gigantesque autour de laquelle Troy voulait créer une muraille pour se protéger des envahisseurs, Zayren, inspiré par la sagesse de sa sœur, avait trouvé l'oasis avant Arwyna et semblait y avoir lancé un assaut. Arwyna, choquée par le nombre de soldats de Zayren, ordonna à ses troupes, constituées d'une trentaine de guerriers armés d'arcs et de flèches, de rester en retrait. Elle vit Troy se lever, essoufflé, devant Zayren, qui n'avait que quelques égratignures.
"Allez, mon grand, je te pensais plus endurant que ça," dit Zayren d'un air provocateur.
"Ahh... Ahh... Je n'ai pas encore dit mon dernier mot..." répondit Troy, blessé.
"Tu ne tiendras pas bien longtemps. Nos capacités ont certes diminué, mais notre expérience de combat et notre intelligence sont restées les mêmes.
Pour des gens comme toi, qui ne comptent que sur la force brute, voir ton principal atout réduit a dû te déstabiliser devant mes techniques," commenta Zayren.
"Dis ce que tu veux, tu nous as pris par surprise. Nos réserves de chi étaient déjà épuisées à cause de la construction de la muraille. Et de plus, vous êtes plus nombreux, c'est uniquement pour ça que vous avez gagné," rétorqua Troy.
"Ça n'explique pas comment j'ai tué seul 16 de tes soldats sans même utiliser mon chi. Mon épée aura été largement suffisante. Faut croire que vos techniques au corps à corps sont vraiment minables," dit Zayren, d'un ton hautain. Les autres Metaryons ne pouvaient que contempler leur infériorité face à l'armée de Zayren.
"Pitié, ne nous tuez pas," dit l'une des metaryones en posant son front contre le sol.
"Espèce de lâche, lève-toi, c'est moi ton roi !" cria Troy, indigné.
"Je n'ai pas l'intention de vous tuer. Au contraire, je suis venu vous sauver d'une mort certaine," dit Zayren, ce qui surprit les metaryons.
"Alors on va rester vivant ?" demanda un autre, tremblant.
"Disons que vos chances de mourir seront considérablement réduites," dit Zayren en plantant son épée dans le sol, ses deux mains reposant sur le pommeau.
"Explique-toi," demanda Troy.
"Eh bien, nous sommes venus vous coloniser."
"Nous--" commença l'un.
"C-coloniser ??" termina l'autre.
"C'est ça. Voyez-y un avantage. Vous ferez partie de notre royaume et bénéficierez donc de notre protection ainsi que de nourriture. Vos amis, ayant compris les avantages qu'il y avait à nous suivre, se sont volontairement joints à nous," expliqua Zayren, un sourire mystérieux sur les lèvres.
"Quoi ?? Vous voulez dire que les 50 Metaryons qui nous manquent sont chez vous ??" s'exclama Troy.
"C'est exact," affirma Zayren.
"Mais combien êtes-vous ??" demanda Coddy, qui jusque-là était resté silencieux. Zayren sourit légèrement avant de répondre : "Nous sommes en tout 151. Et nous avons en notre possession presque tous les éléments. Nos infrastructures sont déjà construites, que ce soit des hôpitaux, des tavernes, ou des logements, y compris des zones d'entraînement sécurisées. L'eau et la nourriture ne sont pas un problème pour nous."
Les Metaryons se regardèrent entre eux, réalisant peu à peu qu'ils avaient plus de chance de survie s'ils se faisaient coloniser.
"Qui voudrait avoir des adversaires comme eux ?" dit un Metaryon en jetant son épée au sol. Les autres en firent de même.
"C'est notre seule chance de survivre, Troy," dit Chad, une main posée sur l'épaule de Troy. Les Metaryons se résignèrent face à la puissance de Zayren et ses hommes.
"C'est d'accord, j'accepte ma défaite. Mon royaume est à vous maintenant," dit Troy.
"Parfait. Faites vos bagages et direction l'ouest," ordonna Zayren.
Au loin, légèrement en hauteur, Arwyna était choquée de ce qu'elle avait entendu malgré la distance qui la séparait de Zayren.
"Qu'est-ce qu'il a dit ?" demanda Cynthia.
"J'ai pas tout entendu, mais de ce que j'ai compris, ils sont en avance sur nous. Que ce soit au niveau des infrastructures, de l'organisation ou du nombre..." dit Arwyna, marquant une courte pause.
"Combien ?... combien sont-ils ?" demanda Cynthia, l'air inquiet.
"Maintenant, ils sont à 181... ils viennent d'absorber le royaume de Troy," dit Arwyna, la crainte dans ses yeux. Au même moment, un message semblant venir des cieux interrompit toutes les activités dans ce monde.
"Votre attention, chers étudiants. C'est votre professeur de psychologie. J'ai oublié un détail extrêmement important. Quelque part dans ce monde se trouve une tour regorgeant des centaines de monstres. Au sommet de celle-ci se trouve un artefact magique," commença-t-il. Tous les étudiants, l'attention piquée, se demandèrent à quoi pouvait bien servir cet artefact. Rapidement, ils eurent leur réponse.
"Cet artefact est le seul objet magique de ce monde. Écoutez bien ; il permet d'accélérer la simulation jusqu'au dernier jour, exécutant les tâches précises et projets que vous prévoirez pour les 200 ans à venir."
"Quoi !?" s'exclamèrent l'intégralité des étudiants.
Cette nouvelle venait de changer les priorités de chaque royaume, car quiconque posséderait cet artefact aurait l'avantage sur tout royaume qui n'est pas encore stable. L'exercice venait de prendre une autre tournure.
À suivre...