Anastasia regardait son reflet dans le miroir de sa coiffeuse dans sa chambre. Elle était toute apprêtée, prête à se rendre à l'hôtel de ville pour récupérer son certificat de mariage.

Elle sortit du portail du manoir pour héler un taxi qui l'emmènerait à l'hôtel de ville. Bien qu'étant la première fille de la famille Harrison, on ne lui avait jamais donné de voiture.

C'était une frustration quotidienne que de devoir prendre un taxi où qu'elle aille, un rappel de l'indifférence de sa famille pour son indépendance.

Soudain, Anastasia vit une voiture s'arrêter juste là où elle se tenait.

« Salut, Ana. Tu vas aussi à l'hôtel de ville ? Tu veux que je te dépose ? » lui demanda Michelle, sa jeune sœur, en la toisant de haut en bas avec un air dégoûté comme si elle était un fléau.

Anastasia savait que Michelle ne lui 'proposait' pas réellement une course. Elle se moquait d'elle car elle n'avait pas sa propre voiture.

Leur relation avait toujours été désagréable. Avec Michelle en tant que fille préférée de la famille Harrison, elle obtenait toujours ce qu'elle voulait.

Même quand Anastasia le voulait aussi, elle était forcée de l'abandonner pour Michelle. C'étaient les devoirs de la fille aînée, disait-on.

« Non, merci, » répondit Anastasia.

« Comme tu voudras, » renifla Michelle avant de démarrer en trombe, laissant derrière elle un nuage de poussière qui fit tousser Anastasia.

En peu de temps, Anastasia put trouver un taxi.

Arrivée à l'hôtel de ville, Anastasia trouva Michelle devant un employé ; c'était le même employé qui avait appelé Anastasia pour venir récupérer son certificat de mariage.

Il se trouvait qu'elles s'étaient enregistrées auprès du même employé.

Anastasia voulut faire demi-tour pour éviter une autre rencontre avec Michelle. Malheureusement, la chance n'était pas de son côté.

L'employé reconnut Anastasia et l'appela rapidement.

« Madame Wallace, j'ai votre certificat de mariage avec moi. Veuillez venir le chercher, » dit l'employé.

Aussitôt, Michelle se retourna avec un sourire narquois quand elle vit Anastasia.

« Ana, viens prendre ton certificat de mariage, » l'encouragea-t-elle.

Anastasia lut entre les lignes. Elle se moquait d'elle pour avoir épousé le mouton noir alors qu'elle était mariée au PDG de l'entreprise Wallace.

Anastasia afficha un petit sourire qui n'atteignait pas ses yeux, prit le certificat de mariage de l'employé, et se retourna pour partir, mais Michelle l'en empêcha.

« Allez, je veux le voir. Je veux voir le bon à rien que tu vas appeler ton mari pour le reste de ta vie, » insista-t-elle, ses yeux remplis de moquerie et son ton étouffé, pour que l'employé ne l'entende pas.

« On le verra plus tard, » répliqua Anastasia, sur le point de sortir, mais Michelle lui attrapa la main, l'arrêtant.

« Ne me fais pas me répéter, » menaça-t-elle d'un regard noir.

En un clin d'œil, l'expression de Michelle revint à la normale, comme si elle n'avait pas menacé Ana.

« Anastasia. » Ana entendit quelqu'un l'appeler. Elle se retourna pour trouver Richard marchant vers elles.

Lorsqu'ils étaient venus s'enregistrer, il lui avait clairement dit qu'il ne viendrait pas avec elle pour chercher les certificats.

« Que fait-il ici ? » se demanda-t-elle.

« Salut Michelle, » la salua-t-il, pendant que Michelle essayait de cacher le dégoût sur son visage en le regardant. Elle ne pouvait être que plus heureuse d'être mariée à Xavier.

Se tournant vers Anastasia, il suggéra, « Rentrons à la maison et célébrons en s'amusant un peu ce soir. » Il lui fit un clin d'œil avec un sourire malicieux sur les lèvres tout en mâchant un morceau de chewing-gum. Il posa sa main sur sa taille, la faisant tressaillir.

Anastasia l'ignora, faisant semblant de ne pas l'entendre parler. Elle avala sa salive, inspira puis expira, espérant que cela calmerait ses nerfs.

« Je te parle, » lui lança presque Richard lorsqu'elle ne lui répondit que par le silence.

« Tu me fais mal, » réussit-elle à murmurer, les yeux baissés, incapable de croiser son regard. Son emprise sur sa taille s'était resserrée.

« Ah, donc tu peux m'entendre ? Je pensais que tu étais devenue sourde un instant, » dit Richard, léchant ses lèvres avec convoitise en la détaillant.

Des larmes montèrent aux yeux d'Anastasia alors que ses mains se crispaient sur l'enveloppe, le papier qui indiquait clairement qu'elle était enfin mariée à Richard, qui était le mouton noir de la famille Wallace.

Alors que sa jeune sœur, Michelle devait épouser son premier fils, Xavier, qu'elle n'avait vu qu'une seule fois lorsqu'il et sa grand-mère étaient venus dans leur manoir pour finaliser quelques affaires avec sa famille.

Elle savait que son monde entier s'était écroulé et qu'il n'y avait aucun espoir de renaissance. Elle aurait pu s'enfuir, loin de ces gens, mais elle ne le pouvait pas. Son père l'avait déjà menacée que si elle le faisait, il détruirait l'ONG qu'elle possédait.

L'ONG était un lieu rempli d'enfants heureux, un lieu qu'elle avait travaillé dur à bâtir avec ses économies. Le centre avait été dirigé par sa cousine qui vivait dans la peur constante du père d'Anastasia. Donc, pour le bonheur des enfants, elle avait dû sacrifier sa liberté.

Michelle ricana en voyant Anastasia pleurer.

« Richard, j'ai demandé à Ana de me montrer le certificat, mais elle ne veut pas. Mais maintenant que tu es là, tu n'as pas envie de voir à quel point tu es beau dessus ? » lui demanda-t-elle avec un large sourire.

« Je veux voir à quoi je ressemble sur la photo, même si je ne serai pas surpris par mon apparence puisque j'ai toujours été beau gosse. Montre-le-moi, chérie, » pressa Richard.

« Idiot, » pensa Michelle pour elle-même.

Anastasia ne voulait pas tarder et rendre les choses plus difficiles. Ses mains tremblaient alors qu'elle déchirait l'enveloppe contenant le certificat de mariage. Elle pouvait sentir le poids de leur regard sur elle alors qu'elle l'étalait, la respiration coupée.

Ses yeux tombèrent sur la photo jointe et le certificat lui échappa des mains, voltigeant sur le sol. Son cœur battait la chamade, sa poitrine serrée par un mélange d'incrédulité et de peur.

« Ce n'est pas Richard, c'est Xavier. »