"Ils m'ont dit que le bâtard de la Famille Lux mérite un banquet," dit un homme d'un ton condescendant. Il éclata de rire, "Je ne suis pas d'accord. Je ne serais pas à ce banquet si mon père ne m'avait pas forcé à envoyer les présents sous son nom."
"Que voulez-vous dire ?" répondit la femme.
"Vous savez très bien ce que je veux dire. Ne vous cachez-vous pas ici parce que vous voulez éviter la menace ? La malédiction de la Famille Lux ?"
"Monsieur Anthony, je vous prie de surveiller votre langage. N'importe qui dans ce jardin peut vous entendre."
"Il n'y a personne aux alentours," dit l'homme nommé Anthony. "N'avez-vous pas confiance en mes compétences ?"
La femme gloussa. "Il paraît que Monsieur Anthony va bientôt avoir sa cérémonie d'adoubement en tant que chevalier ?"
"Il semble que la rumeur— "
Rosalinde fronça les sourcils. Elle regarda Milith à côté d'elle et lui fit signe en silence de ne pas déranger ceux qui parlaient dans le jardin-labyrinthe.
Les murs de plantes qui les séparaient avaient environ deux mètres de hauteur. Cela signifiait que s'ils ne se révélaient pas intentionnellement, l'autre partie ne saurait pas qu'ils étaient là.
Bien sûr, il y avait d'autres méthodes pour sentir la présence de quelqu'un. Et généralement, les chevaliers étaient très doués pour cela. Cependant, il semble que l'homme de l'autre côté du mur n'était pas aussi compétent qu'il le croyait.
Rosalinde fronça les sourcils avant de s'éloigner avec Milith qui la suivit rapidement. Si elle ne se trompait pas, la personne de l'autre côté était Anthony Delibar et c'était le fils du Comte Delibar, un proche allié du Roi. L'homme n'avait aucun véritable talent à part son arrogance.
On disait qu'à la Capitale, personne ne pouvait rivaliser avec lui dans son aptitude à se vanter.
Ecouter des gens comme ça n'avait aucun intérêt. Elle était ici pour se reposer et souhaitait s'éloigner des nobles qui avaient commencé à arriver, apportant des cadeaux de leurs familles.
Elle savait très bien pourquoi ces gens lui envoyaient des cadeaux, c'était parce que c'était Victoria qui les avait invités. En réalité, la seule raison pour laquelle ces personnes osaient venir et se montrer, c'était parce que c'était la Matriarche actuelle de la Famille Lux qui les avait invités.
"la Jeune Dame, ces gens— "
"Laisse-les, Milith," murmura Rosalinde en décidant de retourner au banquet. Elle avait perdu l'intérêt de se reposer car elle ne voulait pas entendre une autre conversation à propos d'elle étant la malédiction de la Famille Lux.
Elle avait beaucoup de choses en tête, des événements futurs qu'elle devait organiser, et des plans qu'elle devait terminer.
Jusqu'à présent, tout se passait bien, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'un terrible événement était sur le point de se produire.
Dorothy doit être très heureuse d'apprendre que son bien-aimé a réussi à la convaincre d'épouser le Duc. Actuellement, ses actions étaient encore un peu limitées et, pour être honnête, lentes. Ce n'était pas quelque chose qu'elle pouvait contrôler.
Elle voulait faire preuve de plus de prudence car elle ne voulait pas qu'aucun d'eux soupçonne ses motivations. Elle ne voulait pas commettre d'erreurs.
"Jeune Demoiselle, je suis tellement contente de vous avoir trouvée."
"Lellana, quelque chose s'est-il passé ?" Rosalinde fronça les sourcils en voyant la servante de Dorothy. La robe bleu ciel de Lellana attira immédiatement son attention. Aussi bien la servante de Dorothy, Lellana, que celle de Victoria, Grace, portaient toujours des robes qui semblaient encore plus belles que celle de Rosalinde.
Elle n'était pas tout à fait sûre si ces deux là le faisaient exprès.
Par exemple, Lellana portait actuellement une magnifique robe bleu ciel qui semblait scintiller sous la teinte orange du coucher de soleil. Rosalinde ne put que soupirer intérieurement. Elle se demanda ce qu'elles tramaient cette fois-ci.
Jeames lui avait dit que Dorothy avait tenté de mettre fin à sa vie à cause de sa tristesse, mais Rosalinde savait que cela ne se produirait jamais. Néanmoins, elle ne leur montrerait jamais qu'elle savait qu'ils mentaient.
"la Jeune Dame a entendu ce que vous avez dit et— "
"Et quoi ?"
"Elle souhaitait vous inviter à prendre le thé."
"Mais le banquet— "
"La Madame est déjà au courant et a donné sa permission."
"Vraiment ?" Rosalinde avait toujours l'air inquiète.
"Ne souhaitez-vous pas prendre le thé avec la Jeune Dame ?"
"Non, c'est juste que— Mr. Sencler m'a dit qu'elle ne se sentait pas bien ces derniers temps et souhaitait être seule."
"Vous n'avez plus à vous en soucier. Veuillez me suivre, la Jeune Dame voulait vous voir et vous remercier personnellement pour l'importante faveur."
"Très bien… veuillez me montrer le chemin. Ah, Milith, tu n'as pas besoin de me suivre. Je serai bien. Je suis certaine que ma sœur s'assurera qu'il y ait quelqu'un pour moi ici."
"Oui, Jeune Demoiselle." Milith fit une révérence et les laissa.
"Il semble que vous n'avez pas parlé de votre plan à votre servante ?" demanda Lellana.
"Non. Je pense qu'il serait mieux pour ma sœur si moins de personnes étaient au courant du plan." Ce plan n'était en fait que Rosalinde demandant à son père et à son grand-père d'épouser le Duc. Évidemment, cela ne serait pas suffisant.
Elle n'était en aucune position pour épouser réellement le Duc ou demander quoi que ce soit à sa famille. C'est pourquoi elle était certaine que Victoria et Dorothy planifieraient autre chose pour que ce mariage se réalise.
Encore un peu, pensa-t-elle intérieurement en suivant la servante dans une zone reculée du jardin-labyrinthe.
"la Jeune Dame a insisté pour se joindre au banquet rien que pour vous voir. Cependant, la matriarche ne lui permettait pas de quitter sa chambre. J'ai donc organisé une rencontre en ce lieu. J'espère vraiment que la Jeune Miss ne s'en offusquera pas."
"Non. Bien sûr que non." Rosalinde sourit en voyant Dorothy qui l'attendait. Une magnifique table en fer avec des pâtisseries et du thé pouvait être vue devant elle.
"Sœur— " Dorothy essaya de se lever mais vacilla rapidement, ce qui fit que sa servante dû l'assister pour qu'elle puisse se tenir droite.
"la Jeune Dame, il n'est pas nécessaire que vous fassiez ça. Votre santé est— "
"Me dites-vous de ne pas au moins faire l'effort de prendre ma sœur dans mes bras, Lellana ?"
"Non— Non— Ce n'est pas ça Ma Dame."
Rosalinde resta sans voix. Cette représentation était plutôt bonne, mais encore une fois, Dorothy avait réussi à la tromper pendant plus de quatre décennies dans sa vie passée. Elle prit sa sœur dans ses bras, mais bientôt, son expression changea.
Elle examina le thé et remarqua immédiatement quelque chose.
Alors… c'est ainsi qu'elles veulent jouer la partie ?