Il n'existe pas de chose telle qu'une âme sœur... et qui voudrait que ça existe ? Je ne veux pas la moitié d'une âme partagée. Je veux ma propre putain d'âme.
-Rachel Cohn-
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La brume rampait vers le bas en même temps que la pluie bruinait sur le visage de Raine.
La jeune fille rabattit son capuchon sur sa tête pour se protéger de l'humidité, même si cela n'allait pas être d'une grande aide. Elle laissa ses longs cheveux noirs et lisses tomber sur le côté de son visage, rendant difficile pour les gens de voir sa pâleur.
Les yeux noirs de Raine regardaient vers le bas et se fixaient sur la rue en dessous d'elle, évitant de bousculer les gens autour d'elle en regardant leurs chaussures.
Elle n'osait pas lever la tête.
Peu importe où elle se trouvait, elle voyait souvent des choses que les autres ne pouvaient pas voir. Il y avait d'autres créatures autour d'eux et cela la terrifiait puisque personne d'autre qu'elle ne semblait les voir.
Elle avait essayé de faire semblant de ne pas les voir, de faire comme si elles n'existaient pas. Elle essayait depuis un an, depuis sa sortie de l'institution mentale, mais c'était plus facile à dire qu'à faire—essayer. C'était tellement difficile.
'Ces créatures' étaient partout.
Désormais, elle avait pris l'habitude de fixer ses chaussures pour s'épargner de les voir. Elle avait appris que ces créatures ne lui prêteraient pas attention si elle agissait comme si elle ne les voyait pas en premier lieu.
C'était une nuit pluvieuse et Raine détestait errer seule dans la rue, surtout lorsque le soleil s'était couché depuis des heures, car les créatures qui rôdaient à cette heure étaient plus effrayantes que jamais.
Les gens de l'orphelinat, l'endroit où elle vit maintenant, diraient qu'elle souffrait d'Agoraphobie, c'était un trouble anxieux où la personne percevait son environnement comme inexplicablement peu sûr.
Raine ne pouvait pas contester cela, littéralement, et c'était aussi une explication plus simple pour ses attaques de panique plutôt que d'avoir à expliquer ce qu'elle vivait réellement au quotidien depuis son enfance.
Si elle n'avait pas eu à récupérer les médicaments de Mme Sullivan pour son asthme à la pharmacie parce qu'elle était à court de stock, Raine n'aurait pas eu à être dehors et à moitié mouillée ce soir-là.
Elle sécurisait le sac de médicaments sous son sweatshirt marron en les enlaçant.
Quand elle arriva au passage piéton, elle appuya sur le bouton et leva légèrement la tête pour voir les feux de circulation, quand elle vit la lumière clignoter en vert avec un symbole de personne qui marchait, elle traversa précipitamment la rue.
Au même moment, à l'intérieur d'un SUV noir.
Raphaël ne remarqua pas que le feu de circulation était passé au rouge quand Calleb et lui tournèrent leurs têtes vers la direction de Torak qui était assis sur le siège arrière.
"Qu'est-ce que tu as dit ?" Raphaël était surpris.
"Une âme sœur ?" Calleb se joignit à la conversation. "Alpha, tu plaisantes maintenant ? Je croyais que c'était impossible pour toi d'avoir une âme sœur..."
Torak lança un regard noir à Calleb qui le fit frissonner sous son regard menaçant, il pensait souvent que sa bouche l'emmènerait à la mort plus vite, littéralement. Il baissa la tête, devenant aussi soumis que possible et tripota ses propres doigts.
En attendant, Raphaël regardait toujours Torak intensément dans le rétroviseur, la bouche bée, ses lèvres bougeaient comme s'il voulait dire quelque chose, mais il ne semblait pas trouver les bons mots en réponse à ce que Torak venait de dire.
À côté de lui, Calleb vit la lumière passer au rouge, mais comme il pensait que Raphaël la verrait également, il ne lui rappela pas, il était le conducteur après tout. Cependant, lorsqu'il se rendit compte que la voiture ne ralentissait pas même au feu rouge, et qu'il y avait une jeune fille piétonne sur le point de traverser le passage pour piétons, ses yeux devinrent sombres d'horreur.
"Merde !" Calleb jura sous son souffle. Avec sa vitesse de lycan, il souleva sa jambe, appuyant fort sur le pied de Raphaël et enfonça le frein.
Les pneus dévorèrent la route d'asphalte avec un crissement qui leur faisait mal aux oreilles.
"Bon sang." Raphaël marmonna quand il vit une fille en sweatshirt marron à un pouce près de heurter leur voiture.
"Je t'en prie." Calleb lui offrit un sourire nerveux alors que ses yeux reprenaient leur couleur verte.
Ils ne pouvaient pas bien voir la fille à cause de son capuchon et de ses cheveux en désordre, mais d'un coup d'œil, ils étaient certains qu'elle allait bien. Sous le choc, mais bien.
Cela se confirma quand la jeune fille s'éloigna de leur vue en hâte, elle courait pour être exacte.
"Arrête de jeter des coups d'œil furtifs à notre Alpha mon cher Bêta. Tu as failli tuer quelqu'un." Calleb le réprimanda.
Quand Raphaël allait dire ce qu'il voulait, un bruit de porte qui s'ouvre et se referme violemment les surprit, et la prochaine chose qu'ils surent, c'est qu'ils virent leur alpha se précipiter sous la pluie.
"Et maintenant ?" Calleb jeta un coup d'œil à Raphaël.
"Sors !" Raphaël ordonna en poussant la porte ouverte, glissant hors de la voiture et poursuivant Torak.
"Sortir ? Maintenant ? Il pleut…" Calleb grogna en débouclant sa ceinture de sécurité.