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Chapter 42 - Dernier Souper

Rui plia le dernier de ses vêtements dans un grand sac en tissu. Il avait vérifié et revérifié pour être sûr qu'il avait tous les ensembles de vêtements dont il avait besoin. Cinq ensembles de sous-vêtements ainsi que des vêtements à usage général. Il emballa soigneusement toutes ses nécessités et affaires, s'assurant qu'ils rentreraient tous une fois qu'il aurait plié et noué le tissu. Ce monde possédait l'équivalent des valises, mais elles étaient un peu chères.

Rui avait décliné l'offre de l'Orphelinat qui voulait lui en acheter une, il n'était pas prodigue, pourquoi gaspiller de l'argent précieux lorsqu'il y avait une alternative parfaitement adéquate et bon marché ? Heureusement, pour la même raison, il avait peu d'affaires. Ses bagages finirent par être agréablement légers et petits.

« Le jour est finalement arrivé... » songea Rui pour lui-même.

Près d'un mois s'était écoulé depuis la Cérémonie d'Induction, le début tant attendu et recherché de la première année Académique de Rui était le lendemain. Demain, Rui quitterait l'orphelinat Quarrier pour se rendre à la branche Mantienne de l'Académie Martiale Kandrienne où il resterait jusqu'à ce qu'il devienne un Écuyer Martial, ou, à Dieu ne plaise, qu'il soit renvoyé. Non que Rui avait l'intention de se faire renvoyer. Durant le mois passé, il avait bien mémorisé les règles de l'Académie, il était déterminé à ne leur laisser aucune faille pouvant être conçue comme une violation des règles.

« Rui, c'est l'heure du dîner ! » appela Myra.

« Yeah, j'arrive dans une seconde. » Répondit-il, ayant noué son sac en tissu de fortune et l'ayant posé sur son lit. Il se dirigea vers la salle à manger, s'arrêtant sur place, tout le monde s'était déjà rassemblé autour des tables, même les ustensiles et la nourriture étaient en place, pourtant ils attendaient tous que Rui prenne sa place. Ils étaient dix-huit enfants et quatorze adultes, bien plus que d'habitude.

Beaucoup d'anciens membres de l'Orphelinat du temps de Rui, qui étaient partis et avaient fondé leur propre famille, étaient également présents. Ces personnes avaient tissé des liens forts avec Rui tandis qu'il grandissait, le connaissant pratiquement toute sa vie. Ils avaient pris du temps loin de leurs familles pour être présents et envoyer Rui.

La vue évoquait de l'émotion. Elle rendait son départ inévitable beaucoup plus douloureux.

« Oh ? On dirait que la star de la célébration de ce soir est là. » Nina sourit en coin, lui offrant le siège à la tête de la table.

« Il nous a vraiment fait attendre. » grommela Farion, prenant un air grognon.

« Allez allez, il a une grosse journée demain avec beaucoup de préparations, laissez-lui un peu de répit, voulez-vous ? » reprit Alice.

« Viens Rui. » Julian sourit, incitant Rui. « Mangeons. »

La salle toute entière exprima son amour pour lui à sa façon, l'accueillant. Il sourit et s'assit sans un mot ; il était submergé par l'émotion. Il ne se fiait pas à lui-même pour ne pas éclater en sanglots s'il ouvrait la bouche. Il ne voulait pas gâcher l'ambiance avec de la tristesse.

Les adultes commencèrent à servir, ce qui prit un certain temps. Myra avait prévu un festin pour ce jour ; le dernier jour où Rui vivrait avec eux pendant un bon moment.

Il se laissa aller à la nourriture et à l'amour alors que le dîner se déroulait avec une énergie bruyante. Il y avait de nombreuses retrouvailles, l'atmosphère était extrêmement joyeuse.

Voir tout le monde le frappait durement. C'était cela qu'il abandonnait. En valait-il vraiment la peine ? Ce n'est pas comme s'il n'y avait pas pensé auparavant. La réponse était toujours la même aussi. Pourtant, aujourd'hui, de tous les jours, il lui était difficile de la réaffirmer.

« Ne sois pas si triste Rui. » Julian le consola avec un sourire serein. « Je sais exactement ce que tu ressens. Après tout, j'ai ressenti la même chose quand je suis parti pour l'Institut Kandrien des Sciences. »

Julian avait passé deux ans à l'Institut Kandrien des Sciences pour y faire des études supérieures à l'âge de seize ans, avant d'obtenir son diplôme et d'être accepté en tant qu'apprenti savant.

« C'est douloureux d'être séparé de ta famille. Mais ta vie est ta vie, Rui. Tu dois la vivre, tu te le dois. »

« Ouais... »

« Ne t'inquiète pas, nous te verrons pendant les vacances et pour te féliciter quand tu seras diplômé avec succès en tant qu'Artiste Martial. » Julian consola.

« Ouais... »

« Allez Rui, ne sois pas si morose ! » Alice remplit à nouveau son assiette d'une grande portion.

Il obtempéra, autant qu'il le pouvait. Alice lui servait vraiment beaucoup trop. Il regarda le gros tas de viande et de riz qui occupait son assiette, soupirant en résignation.

('J'espère que manger autant ne me rendra pas malade le premier jour de l'Académie.')

Il espérait que l'Académie avait des potions pouvant instantanément soigner une indigestion. Ce n'était pas trop demander, considérant les miracles dont les potions étaient capables.

Malgré tout, il appréciait, même si c'était déconseillé pour l'estomac. La nourriture était vraiment extravagante. L'Orphelinat avait sorti le grand jeu pour cette célébration et cette soirée d'adieux. Il mangea son repas tout en discutant avec diverses personnes qui venaient lui parler. En tant que star du dîner et centre d'intérêt de la soirée, beaucoup de personnes, enfants et adultes confondus étaient intéressés à converser avec lui.

Après un moment, il s'excusa pour prendre l'air, se dirigeant vers le balcon. Il n'était pas habitué à gérer autant de nourriture ou de personnes, certainement pas simultanément.

('On dirait qu'ils essaient de me faire profiter en une seule soirée de toute la nourriture faite maison et de la famille qui me manquera pendant mon temps à l'Académie.') Il médita, faisant un petit rot pour libérer de la place dans son ventre ballonné.

('Et nous n'avons même pas encore entamé le dessert...') Heureusement, Rui croyait au dicton disant que le dessert allait au cœur. Il n'avait que rarement des repas à plusieurs plats. C'était quelque chose que l'Orphelinat ne pouvait pas se permettre de faire, du moins, même occasionnellement.

('Eh bien, tout compte fait, je ferais mieux d'en profiter tant que ça dure.') Rui se résigna. Il retourna à la salle à manger.