Point de vue d'Adrien
Cela faisait plusieurs jours que je parcourais la forêt, patrouillant sans relâche pour protéger notre territoire. Mais malgré les distractions que le devoir imposait, mon esprit revenait toujours à mes enfants. Leur absence pesait lourdement sur mon cœur, et l'idée de ne pas les avoir vus depuis si longtemps me hantait. Ce soir, je revenais enfin, décidé à passer du temps avec eux.
En arrivant au camp, une étrange tension flottait dans l'air. Tout semblait trop calme, trop silencieux, comme si quelque chose n'allait pas. J'accélérai le pas vers la hutte où mes enfants devraient être. Mais en poussant la porte, je découvris une pièce vide. Pas de rires, pas de désordre habituel, seulement un vide glacial qui m'étreignit.
"Qu'est-ce que…" murmurais-je, mon cœur s'emballant d'inquiétude.
Je fouillai chaque recoin, appelant leurs noms, mais il n'y avait aucune trace d'eux. L'angoisse monta en moi, une colère sourde bouillonnant dans mes veines. Je savais où je devais aller pour obtenir des réponses.
D'un pas rapide, je traversai le camp jusqu'à la hutte d'Estelle. Elle était là, assise près de la table, l'air sereine, presque trop détendue pour la situation. Lorsqu'elle leva les yeux vers moi, son sourire légèrement moqueur ne fit qu'alimenter ma colère.
"Estelle," grondai-je, ma voix plus grave que je ne l'aurais voulu, "où sont les enfants ?"
Elle haussa un sourcil, feignant l'ignorance. "De quels enfants parles-tu, Adrien ?"
"Ne joue pas à ça avec moi," crachai-je, me rapprochant d'elle. "Les enfants d'Aelynn. Où sont-ils ? Je ne les trouve nulle part."
Elle soupira, croisant les bras avec une nonchalance qui me mit hors de moi. "Oh, tu veux dire ces petits ingrats ? Je leur ai donné des corvées ce matin. Peut-être qu'ils traînent quelque part dans le camp."
Je serrai les poings, essayant de contenir ma frustration. "Tu es censée veiller sur eux, Estelle. Pourquoi ne sont-ils pas dans la hutte ? Pourquoi ne sont-ils pas avec toi ?"
Elle haussa les épaules, un sourire narquois sur les lèvres. "Peut-être qu'ils ont décidé de se cacher. Qui sait avec ces enfants ? Ils sont tellement… indisciplinés."
"Indisciplinés ?" répétai-je, furieux. "Ce sont mes enfants, Estelle. Si tu ne peux pas t'occuper d'eux, alors ne te mêle pas de leur vie !"
Son sourire s'effaça, remplacé par une lueur de défi. "Et que veux-tu que je fasse, Adrien ? Ces enfants ne m'écoutent pas. Ils te voient encore comme leur seul repère. Ce n'est pas ma faute si leur mère les a laissés derrière."
Son commentaire me frappa comme un coup de poing. La douleur de perdre Aelynn était encore fraîche, et entendre ces mots de la bouche d'Estelle ne fit qu'aggraver la blessure.
"Ne parle pas d'elle," grondai-je.
Elle se leva, s'approchant de moi, ses yeux brillants d'une colère froide. "Alors peut-être devrais-tu commencer à regarder ce que tu as ici, Adrien, au lieu de courir après un fantôme."
Je la fixai, incapable de répondre. Une partie de moi savait qu'elle avait raison. Aelynn n'était plus là. Mais mes enfants étaient tout ce qui me restait d'elle, et je ne pouvais pas supporter l'idée qu'ils soient négligés ou maltraités.
Sans un mot de plus, je tournai les talons, décidé à retrouver mes enfants par moi-même. Ils étaient quelque part, et je devais m'assurer qu'ils allaient bien, peu importe les obstacles.
******
Je quittai la hutte, le cœur lourd et l'esprit en ébullition. Chaque recoin du camp fut passé au peigne fin : la clairière où ils jouaient parfois, les abords de la rivière, même les caches secrètes qu'ils aimaient tant. Mais rien. Pas la moindre trace d'eux. Le désespoir montait, accompagné d'une colère sourde qui se retournait contre moi-même, contre ma négligence.
Alors que la nuit commençait à envelopper le camp, je fis demi-tour, décidé à retourner voir Estelle. Cette fois, elle allait répondre à mes questions.
Je poussai violemment la porte de sa hutte, la trouvant tranquillement installée, un sourire satisfait sur les lèvres. Elle n'avait même pas l'air inquiète.
"Tu savais qu'ils ne seraient pas là, n'est-ce pas ?" lançai-je, ma voix grondant comme un tonnerre.
Elle leva les yeux, visiblement agacée par mon interruption. "Adrien, cesse de dramatiser. Ils finiront par revenir. Ce ne sont que des enfants."
"Ne me prends pas pour un idiot, Estelle," rétorquai-je, m'approchant d'elle. "Je t'ai laissé en charge pendant mon absence, et maintenant ils ont disparu. Qu'as-tu fait pendant ce temps ?"
Son sourire s'effaça légèrement, remplacé par une expression défensive. "J'ai fait de mon mieux, Adrien. Mais je ne suis pas leur mère."
"Non," dis-je, les mâchoires serrées. "Tu ne l'es pas, et tu ne le seras jamais."
Elle écarquilla les yeux, choquée par ma dureté. Je sentais que ma colère débordait, que je ne pouvais plus retenir les soupçons qui s'étaient insinués en moi.
"Dis-moi, Estelle," commençai-je, ma voix basse mais pleine d'intensité, "que faisais-tu pendant que mes enfants disparaissaient ? Tu étais occupée, n'est-ce pas ? Avec qui ? Taylor ? Tu n'arrêtais pas de regarder son torse l'autre soir à la réunion."
Son visage se figea, mais je continuai, implacable. "Ou était-ce Jason ? Sur qui tu as malencontreusement frotté tes seins ce midi ?"
"Adrien, arrête," tenta-t-elle, mais je ne lui laissai pas le temps de répondre.
"Est-ce que ton envie constante de… sexe… a pris le dessus ? Est-ce que mes enfants ont subi ton incapacité à te contrôler ?"
Elle se leva, furieuse. "Comment oses-tu ?" cracha-t-elle. "Je fais tout ce que je peux pour cette meute, pour toi ! Et c'est ainsi que tu me remercies ?"
"En quoi négliger mes enfants fait partie de 'tout ce que tu peux' ?" rétorquai-je. "Ne te cache pas derrière cette façade d'épouse parfaite, Estelle. Si tu ne peux pas gérer tes responsabilités, alors dis-le."
Elle me fixa, ses yeux lançant des éclairs. "Je n'ai rien fait de mal," répondit-elle, ses paroles tranchantes.
"Alors pourquoi ne peux-tu pas répondre à mes questions ?" insistai-je, mon ton glacé.
Un silence tendu s'installa entre nous. Je pouvais sentir qu'elle hésitait, que quelque chose ne collait pas dans son attitude. Elle baissa légèrement les yeux, un geste presque imperceptible, mais suffisant pour alimenter mes doutes.
"Si je découvre que tu as mis mes enfants en danger, Estelle," dis-je d'une voix plus calme mais non moins menaçante, "tu ne pourras pas te cacher de moi. Pas même derrière cette meute."
Je sortis sans attendre de réponse, laissant derrière moi une Estelle visiblement troublée. Mon esprit était en feu, partagé entre l'urgence de retrouver mes enfants et la méfiance croissante envers celle que j'avais laissée prendre soin d'eux. Si elle m'avait menti, si elle les avait négliger. Je la punirais.