Chereads / Le bûcheron et la belle Suzie / Chapter 38 - Partie 5 (8)

Chapter 38 - Partie 5 (8)

Ainsi l'aide-de-camp du feu gouverneur étendit sa main de nouveau en l'air et les troupes se tranquillisèrent.

"Maintenant, camarades, faisons un triomphe pour notre commandant en chef !" beugla-t-il avec un grand enthousiasme.

Les hommes en uniforme se déchaînèrent de nouveau et lorsque Babida surgit de derrière et se rapprocha de la balustrade accompagné de Suzie et de l'oncle Bibi, l'euphorie atteignit à ce moment-là son paroxysme.

Après quelques temps, le moment de folie s'estompa finalement. Les soldats impériaux s'agenouillèrent alors pour saluer leur nouveau leader qui leur retourna la politesse mais en restant débout.

Le bûcheron prit ensuite la parole et s'adressa du fond de son cœur aux hommes dont il avait désormais la charge.

"Camarades, aujourd'hui Sa Majesté Batang V a choisi l'humble serviteur que je suis pour poursuivre la grande mission qu'avait commencée le défunt gouverneur Kola II. Prions pour le doux repos de son âme ! Nous savons tous quels sont les défis devant nous. Il est temps de vaincre une fois pour toutes nos enemis qui mettent à mal la paix sur notre territoire. Préparez-vous à aller jusqu'à l'ultime sacrifice si nécessaire !" dit-il aux troupes qui étaient suspendues à ses lèvres et ensemble ils crièrent à la victoire.

Son discours achevé, le bûcheron retourna à l'intérieur du quartier général avec Polo ainsi que ses compagnons oncle Bibi et la belle demoiselle Suzie.

Ils se rendirent dans le bureau de l'aide-de-camp du défunt gouverneur alors que la nuit tombait sur Okundé.

Avant la première moitié de la soirée, la nouvelle de la nomination de l'élagueur faisait les choux gras de tous les ménages au sein de l'empire.

La grand-mère de Suzie était toute seule dans leur chalet au village d'Ékulé et comme à l'accoutumée, elle était affaissée sur sa chaise en rotin et écoutait la radio locale.

La matriarche n'accordait pas vraiment beaucoup d'attention à ce que le journaliste relatait jusqu'à ce que celui-ci prononça le nom de Babida le bûcheron.

"...cheron deviendra le nouveau commandant en chef des forces impériales à la troisième lune suivant le décès de l'ancien gouverneur Kola II. Un décret de Sa Majesté Batang V. Par ailleurs, l'empereur promouvra le nouveau commandant au poste de gouverneur s'il parvient à remplir sa mission qui consiste à exterminer les enemis de la nation, à savoir le bébé monstre et les chauves-souris meurtrières," captèrent les oreilles de grande mamie qui rêvassait. 

Elle sursauta de sa chaise et son attention grandit. Elle pensa que les esprits essayaient de se jouer d'elle.

Alors, elle ouvrit davantage les oreilles pour bien saisir ce que le journaliste disait mais il ne se répéta pas et continua avec d'autres dépêches sur l'empire.

"Zut! Quand est-ce la prochaine session d'information ?" s'écria-t-elle, vexée.

À Okundé, le futur commandant en chef des forces impériales, Babida, ainsi que l'oncle Bibi et son amour Suzie, contemplaient les sculptures d'animaux sauvages dans le bureau de Polo.

"Quel chef d'oeuvre ce léopard de Kigali !" s'émerveilla le bûcheron.

"Qui est l'auteur d'une telle perfection artistique ?" demanda-t-il à l'homme de main du défunt gouverneur.

"Mon Commandant, je suis vraiment navré de n'avoir pas de réponse à cette question mais je peux vous dire sans risque de me tromper que la sculpture accumule plus d'une vingtaine d'années d'âge," lui répondit Polo.

"Hmmm…vraiment très impressionnant !" affirma l'élagueur.

Toc, toc!

Un garde impérial frappa à la porte du bureau, puis vint à l'intérieur.

Polo et ses visiteurs interrompirent leur admiration des sculptures et regardèrent tous vers l'entrée.

La sentinelle impériale les salua, puis leur fit une annonce.

"Pardonnez-moi, mes commandants, mais le dîner est prêt ! Vous êtes attendus à la salle à manger," leur dit-il.

"Oh ! Parfait !" réagit Polo.

L'aide-de-camp du feu gouverneur se tourna ensuite vers le futur commandant supérieur de l'armée imperiale et l'invita à aller se restaurer avec ses compagnons oncle Bibi et la jeune demoiselle Suzie.

Ils quittèrent ainsi tous le bureau et furent escortés par la sentinelle impériale jusqu'à la cantine du quartier général.

Le quatuor entra dans une salle spacieuse et remarqua une grande table à l'autre bout qui était remplie de grosses quantités de nourriture.

Il y avait pratiquement tous les mets traditionnels de l'empire Batang. Mais alors, Babida était plus attiré par la sauce gombo aux crabes et ne se gêna pas pour en mettre une énorme portion dans son assiette.

Oncle Bibi était tout aussi affamé. La viande de serpent que ses associés et lui avaient mangée dans l'après-midi, était totalement digérée et il avait de nouveau la panse vide.

À l'instar du bûcheron, l'homme mi-âgé se servit une grande part de sauce gombo aux crabes qu'il combina avec du couscous maïs.

La jeune femme Suzie fut quelque peu embarassée par le comportement de gloutons de ses compagnons, toutefois, elle se garda d'émettre des critiques à leur égard devant l'hôte Polo.

Elle afficha plus de bonnes manières et prit juste un peu de riz cuit avec du poisson frit et une cuillerée de piment. Contrairement à ses acolytes épicuriens, elle avala ses aliments avec grâce et style.

Le maître des lieux, Polo, se réjouit en voyant ses invités passer du bon temps. Il ordonna qu'on leur apportât du vin blanc, le plus fermenté de la région, afin que la soirée fût des plus mémorables.

Il ne lui fallut pas attendre trop longtemps après son instruction pour qu'un garde impérial revînt avec la bouteille de vin blanc le plus raffiné qu'il trouva dans la cave du quartier général.

La sentinelle impériale la remit à Polo qui la décapsula aussitôt.

Puff!!! Le bruit qu'elle fit en s'ouvrant. Son contenu contenant du gaz, un peu de son breuvage alcoolique s'en échappa et finit par terre.

Une atmosphère amicale s'installa et tout le monde profita à fond de l'occasion.

Après des heures à manger, à bavarder, à crier, et à esquisser quelques pas de danse, ils étaient tous fatigués et somnolents.

Polo, l'aide-de-camp du défunt gouverneur, enjoignit alors qu'on conduisît Babida et ses compagnons dans les appartements pour étrangers sis au quartier général : ce que deux gardes impériaux s'empressèrent de faire.

Ils emmenèrent le futur commandant en chef des forces impériales dans la plus grande et la plus belle des chambres.

Puis, ils installèrent oncle Bibi dans le logis à côté qui était certes plus petit que celui du futur maître des lieux, mais néanmoins était très confortable.

Enfin, ils accompagnèrent Suzie dans la chambre des femmes qui était presqu'aussi spacieuse que celle du bûcheron et calibrait avec le charme de la jeune demoiselle.

Tous les convives ayant été attribués un appartement, les sentinelles impériales retournèrent auprès de Polo et lui firent le rapport de leur petite mission.

Le bras droit du feu gouverneur les remercia et leur demanda de disposer, puis alla se reposer également.