Le désert d'Orient nous dévoilait ses étendues une nuit où les étoiles dansaient dans le ciel. Cependant dans cette obscurité paisible, un cataclysme s'y abattit, invoquant la colère des éléments. Des éclairs furieux zébraient le ciel, illuminant la tourmente de sable tourbillonnante dont nul ne pouvait s'échapper. La terre tremblait sous des affaissements massifs, créant des failles au profondeurs inquiétantes. Au cœur de ce désastre, un jeune garçon apparut, seul, au milieu de la furie qui venait de se déchaîner.
Le garçon, à la peau foncée, arborait des cheveux noirs ondulés qui encadraient avec élégance son visage. Ses yeux, d'un noir de jais profond, dévoilaient des teintes mystérieuses de bleu, conférant une dimension captivante à son regard. Sa silhouette, assez maigre, portait une présence discrète mais résolue.
Un marchand, fortuitement présent avec sa caravane, observa cette scène apocalyptique, scellant le destin du jeune homme dans le sillage de la magie dévorante.
- Dis donc jeune homme, que fais-tu dans un endroit pareil et comment as-tu pu survivre à ce désastre ? À moins que ce ne soit toi qui l'aies provoqué ?
- Non.. ce n'est pas.. de ma faute. Je ne sais pas de quoi vous parlez. Pitié ne me faites pas de mal je me suis simplement réveillé ici, répondit-il avec désarrois.
Le marchand arborait un visage froid qui contraste avec son sourire bienveillant. Son regard calculateur trahissait une intelligence aiguisée derrière cette apparence joviale. Malgré sa silhouette dodue, il émanait de lui une assurance calculée à chaque pas. Une barbe bien soignée encadrait son visage, ajoutant une touche d'élégance à sa prestance. À sa ceinture, une épée finement ouvragée, indice de sa préparation à toutes les éventualités, soulignait le fait que ce marchand astucieux ne laissait rien au hasard.
- Comment t'appelles-tu et d'où viens-tu ?
- Je m'appelle... Raikuto et je n'ai aucune idée d'où je viens. Mais cette réponse sembla étonnement satisfaire le commerçant qui dépêcha un de ses sbires.
- Hé toi ! Rapporte une couverture ainsi que tu sais quoi.
Cela n'inspira aucune confiance au jeune garçon, qui tenta désespérément de s'échapper. Cependant, la brutalité fut à son comble lorsqu'un autre subordonné le rattrapa impitoyablement, lui passant violemment une chaîne autour du cou.
- Pourquoi... est-ce que...vous me faites ça ? ! Je... ne vous ai rien fait, laissez-moi partir ! Dit-il en se débattant du mieux qu'il pouvait. Mais son opposant était beaucoup trop fort pour lui ce qui a fatalement mené à sa capture.
- Eh bien mon jeune ami, je vais simplement te vendre et me faire un peu de sous avec ta personne. Il éclata de rire suite à sa déclaration et pointa du doigt sa caravane stationnée non loin de là. Je capture des gens comme toi puis je les vends, c'est comme ça que je gagne ma vie.
Ce fut une mine d'or pour le marchand, il pourrait vanter l'exploit du jeune garçon d'avoir survécu à une catastrophe mais surtout accentuer sur le fait qu'il ne se rappelait rien de sa vie donc aucune chance qu'il ne tente de résister.
Les nuits passèrent et Raikuto se retrouva au sein d'un marché opulent bien connu du royaume de Topaza. Les échos des transactions emplissaient l'air d'une effervescence commerciale. Les charmes magiques scintillaient dans une danse étincelante autour des esclaves exposés, créant une aura d'excitation. Des personnes issues de diverses origines, capturées pour diverses raisons, étaient alignées comme des pièces précieuses à vendre.
Les échoppes regorgeaient d'articles luxueux et exotiques, témoignant de la richesse et de la diversité des marchandises disponibles. Des objets enchantés, des vêtements somptueux ainsi que des bijoux étincelants étaient exhibés. Le prix des esclaves était mesurée en pièces d'or, la devise ayant le plus de valeur.
Des parfums enivrants flottaient dans l'air, mélangeant des arômes d'épices exotiques et de parfums raffinés. Des stands de nourriture présentaient des mets délicats, des fruits frais et des plats cuisinés avec art. Les marchands de tapis déployaient des étoffes somptueuses, tandis que des musiciens ambulants créaient une bande-son exquise pour cette pièce théâtrale du commerce.
Au milieu de cette opulence paradoxale, Raikuto se demandait ce qu'il allait advenir de lui. Les lumières éclatantes et les offres somptueuses ne pouvaient masquer la réalité brutale de la vie dans cet univers où l'humanité elle-même était à vendre.
- Notre meilleure offre du jour, un jeune homme sans mémoire, messieurs dames ! S'exclama le marchand d'une voix haute. Un mystère vivant, une énigme prête à être dévoilée ! Fort, déterminé, un ajout parfait à vos propriétés.
- Et que dit-on de ses compétences ? Un esclave spécial, dites-vous ? Prononça Ghadib, un homme fort respecté au sein du royaume de Topaza et propriétaire de multiples esclaves et commerces. Il inspectait Raikuto en haussant un sourcil comme s'il lui était familier.
- Oh, maître Ghadib, s'exprima le marchand avec une assurance calculée, ses compétences sont aussi vastes que l'horizon. Un tableau blanc, prêt à être façonné selon vos désirs. Une toile vierge dans laquelle vous pouvez inscrire l'histoire que vous désirez.
- Vingt-cinq pièces d'or, qu'en dites-vous ? En même temps qu'il dit cela le médaillon autour de son cou s'illumina un court instant. -Avec un sourire malicieux étirants ses lèvres- Vous me vendez la promesse d'une histoire encore à écrire. Il servira ma fille vu qu'ils ont l'air d'avoir le même âge.
- Vingt-cinq pièces d'or, et il est vôtre, maître Ghadib, dit-il en inclinant sa tête. Un investissement pour un homme de votre carrure.
Raikuto passa de la sphère des enchères à celle de la propriété, son destin était maintenant lié à Ghadib par le fil de la servitude. Un chapitre de sa vie s'était conclu, mais un nouveau commençait.
Alors que Ghadib, accompagné de son fidèle gouvernant Abraham, quittaient le marché, les pas lourds des chevaux tractant les caravanes résonnaient . Leur convoi avançait lentement, laissant une caravane comportant les achats, dont Raikuto, suivre derrière.
- Abraham, nous avons fait une acquisition remarquable aujourd'hui. Ce Raikuto que je viens d'acheter, le médaillon a réagit lorsque je me suis approché de lui.
- Vraiment ? D'un ton intrigué. Mais qu'espérez-vous tirer de quelqu'un sans souvenirs, maître Ghadib ?
- La beauté réside dans le mystère, Abraham -esquissant un sourire sournois- Les secrets cachés dans son esprit pourraient être plus précieux que n'importe quel trésor. Et le médaillon de la prêtresse n'avait encore jamais réagi avant cela.
- Vous croyez qu'il pourrait être la clé pour mettre la main sur le reste ? En étant perplexe.
- Je n'exclus aucune possibilité. Les mystères ont un coût, Abraham, mais les récompenses peuvent être incalculables. Nous devons découvrir ce qui est enfoui dans sa mémoire, ce qui pourrait nous ouvrir les portes de la richesse et du pouvoir.
- Vos plans sont toujours aussi énigmatiques, maître Ghadib. Mais je vous suivrai dans cette quête, espérant que cela nous conduira vers la grandeur que vous poursuivez.
- La grandeur, mon cher Abraham, est façonnée par ceux qui savent saisir les opportunités. Avec cet enfant, nous sculpterons notre destinée. Preparez-vous à des temps intéressants.
À la cité de Samarkhrystal, le domaine de Ghadib s'étendait. Les esclaves, dirigés vers leurs quartiers, étaient laissés dans l'ombre des murs imposants. Aisha, la fille de Ghadib, descendit l'escalier du palais avec une grâce silencieuse. Son regard croisa Raikuto, nouvellement acquis. Dans ce lieu de secrets, des liens inattendus étaient sur le point de se tisser.
- Aisha, ma chère fille, permets-moi de te présenter Raikuto. Un ajout spécial à notre demeure-avec un sourire machiavélique-.
- Un nouvel esclave, père ? Il semble bien différent des habituels.-De manière curieuse-.
- C'est parce qu'il est spécial, ma chère. -clin d'œil- Un mystère à dévoiler. Raikuto, voici Aisha, ma fille. Elle sera ta compagne dans notre maison.
- Un mystère, dis-tu ? -regarde Raikuto avec intrigue-. J'aime les défis. Elle se tourne ensuite vers le garçon. Ne t'inquiète pas, tu ne seras pas seulement un travailleur. Nous partagerons beaucoup plus que cela.
- Aisha est d'une curiosité insatiable, ajouta Ghadib. Elle sera une amie précieuse si tu choisis de coopérer. Nous pourrions tous en bénéficier.
- Bienvenue à bord, Raikuto -En souriant-. On s'amusera bien ici, je te le promets. Et qui sait, peut-être que tu trouveras quelque chose dans cette demeure qui éveillera des souvenirs perdus.
Ghadib se dit ensuite à lui-même "Montre moi que je n'ai pas perdu ni mon temps ni mon argent..."
Les deux enfants se retrouvent ensuite dans la chambre d'Aisha. Cette dernière évoquait une oasis de douceur au sein du palais. Les murs étaient peints de tons apaisants, des étagères regorgeaient de livres soigneusement rangés. Un grand lit drapé de voiles blancs trônait au centre, invitant au repos. Des jouets, soigneusement disposés, apportaient une touche joyeuse à l'ensemble, créant un havre où l'enfance et l'innocence semblaient intacts malgré les mystères qui enveloppaient le domaine.
- Alors, Raikuto, parlons un peu. Tu as l'air de quelqu'un qui a beaucoup à dire.
- Je... je ne me souviens de rien -d'un ton hésitant-. C'est comme si une partie de ma vie avait été effacée.
- C'est difficile, je l'imagine, répondit-t-elle avec compassion. Mais ne t'en fais pas, tu es entre de bonnes mains ici. Mon père a une manière bien particulière de découvrir les secrets.
- Pourquoi tant d'intérêt pour mes secrets ? Demanda le garçon. Qu'est-ce que votre famille cherche à accomplir ?
Un petit temps de silence se fit avant qu'Aisha ne puisse lui donner une réponse.
- Mon père a ses raisons, des objectifs personnels. Mais tu ne devrais pas te préoccuper de cela pour le moment. On trouvera une façon de te rendre la mémoire.
- Merci, Aisha, dit-il de manière sincère. C'est étrange de se retrouver ici sans souvenirs, mais quelque chose me dit que ma rencontre avec votre famille n'est pas simplement le fruit du hasard.
- Le hasard n'existe pas selon moi. Peut-être que le destin t'a conduit jusqu'à nous pour une raison. Nous découvrirons cela ensemble. Tout d'abord viens que je te montre tout ce que tu dois savoir.
Ils sortent ensuite dehors afin de visiter le domaine. Aisha guida Raikuto à travers les vastes étendues du domaine de sa famille, dévoilant une splendeur insoupçonnée.
- Bienvenue dans ma maison, Raikuto. Ici, chaque recoin raconte une histoire.
Ils traversèrent d'abord un jardin luxuriant, où des fleurs aux couleurs éclatantes formaient un tableau vivant. Des fontaines dansaient au rythme d'une mélodie silencieuse, créant une ambiance apaisante.
- C'est magnifique, Aisha. Je n'aurais jamais imaginé qu'un tel endroit puisse exister. Surtout dans une région aussi sèche.
- Mon père croit en la beauté autant qu'en la puissance. Viens, il y a plus à découvrir.
Ils se dirigèrent ensuite vers les écuries, où des chevaux majestueux attendaient, leurs crinières brillant sous le soleil. À proximité, des équipes d'esclaves s'affairaient à l'entretien des enclos, ajoutant une touche de vie au domaine.
- Des chevaux aussi beaux que ceux-ci doivent valoir une fortune.
- Mon père est un collectionneur passionné -en riant-. Ces chevaux sont bien plus que de simples montures, ils sont une partie de notre histoire.
Le voyage les mena à travers des champs fertiles où des travailleurs récoltaient les fruits de la terre. Des rires et des chants flottaient dans l'air, témoignant de l'harmonie qui régnait parmi ceux qui laboraient ici. Du moins, en apparence.
- La terre nourrit notre famille depuis des générations. Chaque récolte est une célébration de la vie.
Enfin, ils atteignirent la bibliothèque, un sanctuaire du savoir qui renfermait des parchemins anciens et des volumes rares. Les rayonnages s'étendaient à perte de vue, un trésor de connaissances soigneusement préservé.
- Une bibliothèque impressionnante. Que contient-elle ?
- Les sagas de nos ancêtres, des secrets oubliés et des mystères à dévoiler. Mon père croit en la sagesse du passé pour éclairer notre avenir.
À chaque endroit, Raikuto découvrait une nouvelle facette du domaine d'Aisha, un lieu où la beauté, l'histoire et la prospérité se mêlaient dans une harmonie enchanteresse. Mais un domaine aussi sain d'apparence cachait en fait une facette beaucoup plus sombre.
À travers des corridors sombres et étouffants du domaine, Aisha conduit Raikuto vers la misère tapie dans les quartiers des esclaves. Des chaînes usées tintent tristement, tandis que des plaintes murmurées enveloppent les deux jeunes d'une mélodie poignante.
- Euh.. Aisha où sommes-nous ? Cet endroit fait vraiment partie du domaine ? -En chuchotant-.
- Oui ce sont les quartiers des travailleurs. Mais ne t'inquiète pas, je dirai à mon père de ne pas te laisser avec eux mais de prendre la chambre à côté de la mienne hehe -d'un air serein-.
Au cœur de cette désolation, ils découvrent une scène d'injustice brutale. Des gardes sadiques, sans pitié, tourmentent un groupe d'esclaves résignés. Raikuto, imprégné d'une détermination féroce, ne peut supporter l'indifférence face à la souffrance.
- Raikuto, s'il te plaît, ne t'interpose pas. Ces gardes sont brutaux -avec appréhension-.
- Je ne peux pas rester là à rien faire. C'est injuste !
Quelque chose d'incroyable se produisit. Raikuto canalisait sa magie naissante, une étincelle d'électricité crépitait autour de lui. Les gardes, surpris, se figèrent brièvement face à ce phénomène inattendu. Aisha, les yeux écarquillés, observa cette lueur éphémère avec étonnement.
Les esclaves, témoins muets de l'acte téméraire de Raikuto, partagèrent des regards furtifs chargés d'une admiration mêlée de crainte. Certains, étonnés par la manifestation du pouvoir, laissaient entrevoir des lueurs d'espoir dans leurs yeux abîmés par toutes les souffrances qu'ils ont endurées. D'autres, plus pragmatiques, murmurèrent des avertissements à voix basse, conscient des conséquences possibles.
- Je ne vous laisserai pas faire plus de mal à ces pauvres gens !
Quel est donc cette force que le jeune garçon est en train de nous dévoiler ?